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Dr André Bationo, directeur Afrique de l’Ouest pour la révolution verte : “Les banques commerciales de nos pays ont mis de côté 80% de nos populations”

Publié le vendredi 5 février 2010 à 01h35min

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Dr André Bationo

Le “micro-dosage” est une technique de culture qui permet d’améliorer les rendements agricoles des sols dégradés. En expérimentation au Burkina Faso, au Mali et au Niger, cette technique a permis, selon l’Institut inter-recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides, de constater une augmentation des rendements de leurs productions. Explication du Dr André Bationo, qui y a consacré cinq années de recherche.

Sidwaya (S) : Qu’est-ce que le micro-dosage ?

Dr André Bationo (A.B) : Le micro-dosage, est l’application en petites quantités d’engrais sur les semences. Cette technique donne aux plantes une repousse rapide en boostant leur croissance à la racine.

La plante peut ainsi capter les petites quantités d’eau agronomiques, cette technologie permet aux paysans de facilement doubler leur rendement. Son application dans la zone sahélienne, pourrait contribuer à la sécurité alimentaire.

Et le plus intéressant, est que cela permet au paysan d’engranger plus de bénéfices, puisqu’il dépense moins dans les engrais. Sur chaque franc investi, le paysan qui vend sa récolte, peut obtenir un bénéfice de 7 francs.

S. : Comment comptez-vous développer ce projet dans les zones arides ?

A.B : Le micro-dosage, est développé en Afrique de l’Ouest, grâce au programme financé par l’AGRA (l’Alliance pour la révolution verte en Afrique) à hauteur de 8,9 millions de dollars, et devra profiter à plus 300 000 ménages de producteurs. Cela en association avec les organisations paysannes.

A terme, le programme vise à booster de façon durable, le rendement céréalier des paysans de 50% et leur revenu de 30%. Notre ambition, est de pouvoir atteindre un million de paysans. Sur les 8,9 millions de dollars, refinancement prévu dans trois pays sahéliens, trois millions de dollars seront investis au Burkina Faso.

S. : Les engrais utilisés sont-ils différents des engrais habituels ?

A.B : Ce sont les même types d’engrais ordinaires que nous utilisons. La seule différence est qu’on n’utilise pas la dose recommandée par la recherche par le passé, mais plutôt de petites quantités placées de façon stratégique au niveau des racines des plants.

S. : Comment l’AGRA va-t-il procéder à la dissémination de cette technique au niveau du pays. Est-ce qu’il y a une collaboration directe avec le ministère de l’agriculture ?

A.B : La technologie a été développée avec l’INERA. Mais pour la dissémination, on a impliqué l’INERA et d’autres ONG dans les provinces.

S. : Est-ce que le projet songe à résoudre le coût exorbitant de l’engrais ?

A.B : Au niveau de l’AGRA, il y a beaucoup de choses qui se font. On a un programme qui s’occupe de comment faire pour que l’engrais puisse arriver chez les paysans le moins cher possible. Si par exemple les pays pouvaient faire les commandes d’engrais de façon groupée, cela pouvait contribuer à réduire les prix.

Il y a aussi que les pays africains ont beaucoup de matières premières ; le Burkina a par exemple beaucoup de phosphates naturels. Reste à faire en sorte que ces matières premières puissent être profitables notamment dans la production de l’engrais.

S. : Parmi les pays où est implanté le projet, il y a de grands producteurs de coton comme le Burkina et le Mali. Est-ce que le micro-dosage peut être appliqué à la culture du coton ? Et si toutefois vous avez des projets dans se sens ?

A.B : Comme je le disais, la micro-dose est destinée aux cultures de faible productivité où dès que vous mettez un peu d’engrais, cela peut être rentable. Je fais allusion au mil et au sorgho. Mais par contre, les cultures comme le maïs où on sait que l’exigence des quantités est recommandée, la recherche se poursuit. Tout se base maintenant sur le fait qu’il faut recommander aux paysans la dose économique plutôt que la dose optimum de rendement.

S. : Est-ce qu’avec ce projet, les paysans peuvent s’attendre à des prêts venant de l’AGRA ?

A.B : L’AGRA est en train de formuler un système ou inventaire financier. On sait bien que le pourvoir financier des paysans ne leur permet pas d’avoir des garanties pour faire des prêts chez les banquiers. Les banques commerciales de nos pays sont en train d’opérer en dehors de 80% de nos populations paysannes.

Pour pallier le fait que les paysans ne peuvent pas avoir de collatéral, l’AGRA propose de déposer de l’argent auprès de la banque comme garantie. S’il dépose par exemple 10 millions de dollars, comme garantie, la banque peut prêter aux paysans 100 millions de dollars soit 10 fois plus. Cette technique que nous appelons le Warrantage sera développée dans les trois pays.

S. : Est-ce que vous avez déjà des banques partenaires qui vont se lancer dans ce projet ?

A.B : Au niveau du Kenya on travaille avec les banques. Au niveau du Ghana, de la Tanzanie et de l’Ouganda et du Mozambique, on

Sidwaya

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