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Bouchers de Bogodogo : "Nous sommes prêts à partir, mais..."

Publié le mardi 17 août 2004 à 07h52min

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L’Associaton des bouchers de l’arrondissement de Bogodogo a réuni, jeudi 12 août 2004 sur le site de l’abattoir (route Ouaga-Pô), ses membres pour une assemblée générale. Au menu de cette concertation, les risques d’accidents aviaires du fait de la présence de vautours sur l’aire d’abattage. Les responsables en charge de la sécurité aérienne au Burkina étaient conviés à cette assemblée générale.

La rencontre de ce jeudi 12 août faisait suite à une réunion à laquelle ont pris part des membres du bureau de l’association. Réunion convoquée par les responsables de l’aviation civile. C’est ce qui expliquait la présense du directeur général de l’aviation civile et de la météorologie, du directeur de l’aéroport international de Ouagadougou et d’un technicien de l’aviation civile en charge du dossier à la rencontre. "Nous avons voulu que les responsables de la navigation aérienne viennent expliquer eux-mêmes à nos membres, ce qui nous a été dit à la réunion à laquelle nous avons pris part il y a environ trois semaines", a dit d’emblée, le secrétaire général de l’Union nationale des bouchers du Burkina, Issaka Bélem.

L’aire d’abattage de ces bouchers, du fait de sa proximité avec l’aéroport, pose problème à la sécurité aérienne. La présence de vautours sur le site constitue en effet, un danger permanent pour les avions. C’est ce qui a été signifié aux représentants des bouchers à la réunion et c’est également ce sujet qui était en débats à l’assemblée générale de ce jeudi. Il fallait l’expliquer aux bouchers et les responsables de l’aviation civile s’y sont donc attelés. "La semaine dernière seulement, un avion d’Air France a pris un de ces vautours dans son moteur...", a soutenu le directeur général de l’aviation civile, M. Raphaël Marie Salembéré.

Pour convaincre davantage les bouchers des dangers réels que font courir les charognards aux avions, des photos d’un accident causé par un de ces vautours en 2000 leur ont été présentées. L’oiseau en question que l’avion a pris en plein vol a transpercé le pare-brise de l’avion (un petit avion) et s’est retrouvé à l’intérieur de l’appareil sur un des sièges-passagers. Et selon M. Soumaïla Barry, technicien de l’aviation civile, un oiseau, quellle que soit sa forme, peut transpercer la carlingue d’un avion en vol.

Le Burkina, un pays redouté

A en croire celui-ci, le Burkina serait un pays redouté par les pilotes à cause de ces vautours que les avions prennent souvent dans leurs moteurs. Regroupés en associations à travers le monde, les pilotes à chacune de leurs réunions annuelles, interpelleraient les autorités burkinabè sur la question. "Cela ternit l’image de notre pays...", a-t-il affirmé aux bouchers.

Le Burkina s’apprête à accueillir de grandes rencontres comme le sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l’emploi et la pauvreté et celui de la Francophonie. Il y a donc une urgence à trouver une solution à court terme pour la sécurité des avions. "A long terme, il y a certes le projet de construction d’un nouvel aéroport à quelque 30 km de Ouagadougou. Mais en attendant il faut parer au plus pressé...", a poursuivi Soumaïla Barry.

Le message a été très bien compris par Daouda Compaoré, le président de l’Association des bouchers de Bogodogo et ses camarades. Ils doivent s’en aller de leur lieu de travail. Seulement, eux pensent que le problème de la sécurité aérienne est l’occasion toute trouvée pour leur faire rejoindre l’abattoir frigorifique de Ouagadougou situé à Kossodo (axe Ouaga-Kaya) et qui vient d’être réhabilité à plus de deux milliards de francs CFA. Cela, il n’en est pas question.

Daouda Compaoré affirme qu’ils (les bouchers) sont conscients maintenant des dangers que représentent les vautours pour les avions suite aux explications, mais ils refusent de rejoindre l’abattoir frigorifique pour plusieurs raisons. "Il y a près de mille personnes ici ce soir, à cette réunion. Ceux qui ne sont pas présents valent également ce nombre. Et parmi tout ce beau monde, ceux qui ont un bon moyen de locomotion pour aller à Kossodo à l’autre bout de la ville ne dépassent pas vingt personnes. Supprimer donc cette aire d’abattage équivaut à notre mort...", a-t-il expliqué. Des propos qui ont été nourris par des applaudissements.

"Nous ne sommes pas des rebelles"

Une des raisons qui justifient leur refus de rejoindre l’abattaoir frigorifique est que, selon lui, depuis leur installation sur cette aire il y a environ dix ans, un certain nombre d’activités se sont développées autour du site, faisant vivre de nombreuses familles.

Mais Daouda Compaoré affirme qu’ils ne souhaitent pas qu’un avion tombe avec des passagers du fait des charognards présents sur leur aire d’abattage. C’est pourquoi ils se disent prêts à quitter le site actuel pour s’installer (toujours dans la zone) à quelques km (4 à 5 km) afin de libérer le couloir des avions.

"Nous ne sommes pas des rebelles comme le laissent croire certaines personnes. Nous défendons seulement notre pain quotidien. Nous allons donc nous déplacer un peu plus loin pour continuer nos activités. Nous savons que les autorités sont soucieuses de rentabiliser les investissements opérés au niveau de l’infrastructure. C’est pourquoi nous sommes également prêts à payer les mêmes taxes que ceux qui seront à l’abattoir frigorifique...", précise-t-il. Cette proposition, le directeur général de l’aviation civile et de la météorologie, a promis de la soumettre à la prochaine réunion de la commission ad hoc créée à cet effet.

Etienne NASSA
Sidwaya

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