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Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

Publié le vendredi 5 février 2010 à 01h36min

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Eprouvant des difficultés passagères à satisfaire sa propre demande intérieure du fait de la panne d’une de ses centrales, la Côte d’Ivoire a dû réduire sa livraison d’électricité au Burkina. Conséquence, des délestages que les clients de la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (SONABEL) subissent depuis quelques jours.

Ainsi que nous le disions dans notre édition du mercredi 03 février 2010, Ouagadougou est en fait plongée dans un cycle de délestages qui rappelle la série noire de mars 2008. Deux raisons avaient été invoquées pour cela, la première étant d’ordre accidentel : l’électrocution d’un agent SONABEL à la centrale n°1 sise à Paspanga qui avait entraîné des perturbations dans une partie de la ville. Sur ce 1er point, il convient de préciser qu’en fait d’électrocution, c’est plutôt une personne qui ne fait pas partie de l’effectif de la SONABEL qui a été électrisée. Fort heureusement, la vie de ce dernier, sous-traitant, serait hors de danger.

En outre, c’était juste le poste de distribution qui était concerné et non la centrale elle-même. La deuxième raison est de loin la plus importante. « Il nous revient en effet que la Côte d’Ivoire aurait interrompu sa fourniture d’électricité au Burkina parce qu’elle-même n’arrivant pas à satisfaire sa propre demande », écrivions-nous, à ce propos, annonçant également que le directeur général de la SONABEL, Salif L. Kaboré, serait, aux dernières nouvelles, en mission d’urgence au pays d’Houphouët pour certainement tenter de démêler cet écheveau énergétique qui a vite fait de prendre une tournure politique.

Ce déplacement est d’ailleurs confirmé par notre confrère ivoirien Fraternité Matin, qui ajoute que le DG de la nationale de l’électricité du Burkina a rencontré, lundi, les responsables du ministère ivoirien des Mines et de l’Energie, de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE). Selon de bonnes sources, le séjour en terre d’Eburnie de Salif L. Kaboré, qui serait rentré mercredi de sa mission d’urgence, n’aura pas été inutile puisque les deux parties seraient parvenues à un accord, qui reste cependant à être entériné par le politique.

Selon les estimations, si on recevait d’Abidjan 30 mégawatts (MW) jusqu’en fin mars et 50 à partir du mois d’avril jusqu’en fin juin, on devrait pouvoir traverser cette passe assez difficile. Les techniciens des deux côtés se seraient entendus sur le principe de cette demande qui attend bien sûr l’aval politique. A cet effet, à ce qu’on dit, le ministre burkinabè des Mines, des Carrières et de l’Energie (MMCE), Abdoulaye A. Cissé, devrait se rendre vers la mi-février à Abidjan pour rencontrer son homologue ivoirien en vue de finaliser les choses.

D’ores et déjà, on apprend que la partie ivoirienne n’a jamais coupé le jus. Ce sont les quantités fournies qui auraient diminué compte tenu des difficultés que la Côte d’Ivoire éprouve à satisfaire sa propre demande intérieure : l’arrêt, pour trois mois, de la centrale thermique AZITO ayant occasionné un manque de 150 MW sur l’ensemble de la production. Ce déficit représente pratiquement l’équivalent de toute la production burkinabè qui est de l’ordre de 200 MW. A cette panne s’ajoute l’équation de la gestion des points de pic de la journée (période de forte demande) des deux pays.

En effet, le Burkina connaît 3 points, à savoir : de 10h à 12h30 ; de 16h à 17h30 ; de 19h30 à 20h30 ; tandis que la Côte d’Ivoire n’en connaît qu’un : de 19h à 23h coïncidant avec le retour des travailleurs à la maison. C’est pourtant cette dernière tranche qui causerait des problèmes à l’Etat ivoirien pour fournir en énergie électrique les pays voisins avec lesquels il s’est engagé à le faire, notamment le Burkina Faso, le Bénin, le Ghana, le Mali et le Togo.

Ce serait donc la raison pour laquelle les clients de la SONABEL subiraient beaucoup plus les délestages pendant la tranche de 19h 30 à 20h30 ces derniers temps. Rappelons que, selon les clauses contractuelles qui lient les deux Etats dans le cadre de l’interconnexion, les Ivoiriens devraient fournir 83 MW à Ouaga et 30 MW à Bobo dont un minimum de 50 MW la première année. Beaucoup de gens se demandent alors si les accords internationaux qui règlent les problèmes de fourniture d’eau, d’électricité, etc., ne pourraient pas intervenir dans le cas présent.

Les textes en la matière, notamment ceux de la CEDEAO, comportent une clause « cas de force majeure », c’est-à-dire que ladite clause permet aux pays exportateurs d’énergie de surseoir à leur obligation de fourniture des pays-clients en cas de force majeure. Dans le cas ivoirien, la panne de la centrale AZITO constitue justement un cas de force majeure qui empêche actuellement les Ivoiriens de fournir conséquemment le Burkina en énergie, car il semble que même au temps fort de la crise ivoirienne, Bobo-Dioulasso n’a jamais été coupée en jus par Abidjan du fait du respect de cette clause.

Si tout se passe bien (la livraison effective de Ouaga d’au moins 30 MW par la Côte d’Ivoire), on devrait se sortir bientôt de cette nouvelle zone de turbulence qui repose le problème de notre indépendance énergétique car, comme dit l’adage, « Qui dort sur la natte d’autrui dort à même le sol ». Sur ce sujet, le problème de la dépendance ou de l’indépendance énergétique, c’est selon, a toujours été au cœur des préoccupations de la centrale de Komsilga avec ses 80 MW qui devrait être fonctionnelle vers juillet 2010 et le renforcement du centre régional de Ouahigouya devrait, dit-on, contribuer à résoudre ce problème.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 5 février 2010 à 08:13 En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

    CHERCHONS BIEN UNE AUTRE SOLUTION AVANT QUE LA SCENE DEVIENNE RUSSIE ET PAYS PAUVRES D’EUROPE DE L’EST QUI VIENT LE CHANTAGE RUSSE A CHAQUE HIVER PARCEQU’ILS DEPENDENT DU GAZ RUSSE.moi personellent je preferrais un tel projet avec le ghana que la C I

    • Le 5 février 2010 à 12:40, par bibi En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

      toi qui parle de chantage russe ... as tu lu l article ? la CI a t elle fait un chantage ? tu parles d un tel projet avec le ghana... saches que le ghana lui même est fourni en électricité par la CI. reflechissez vs même et produisez votre électricité.. c est simple !

  • Le 5 février 2010 à 10:00, par johnson En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

    Maintenant trop c’est trop et il est claire que si on dort sur la natte de quelqu’un on dort à terre.
    Il est temps d’investir même à crédit sur une centrale thermique qui fonctionne avec des plaques(captant la chaleur du soleil pour chauffer de l’eau qui fera tourner les turbines).
    On a assez de soleil pour chauffer de l’eau nécessaire à faire tourner des turbines et cette technologie existe déjà.
    Arretons les inter-connections couteuses et investissons dans ce genre de centrale thermique et l’on se suffira en énergie.
    Profitons cas même de ce soleil abondant que Dieu nous a donné pour nous sortir de la dépendance !!

  • Le 5 février 2010 à 11:57, par le Pasteur En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

    Ce qui arrive actuellement au Burkina est une bonne chose ;je dirais une bonne lecon.Maintenant, le Burkina doit chercher son independance en electricite avant que ses relations diplomatiques ne se deteriorent encore avec la Cote d’ivoire.

  • Le 5 février 2010 à 13:14, par EL KABOR En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

    Je vous le redis libéralisez le secteur de l’electricité est une solution les centrales solaires sont des solutions.pourquoi les gens quitent dans ça ne va pas pour aller dans ça ne va pas du tout.Il vaut mieux investir bcp dans des unités propres au burkina que de dilapider nos écomnomie à des solutions au rabais.L’inter connexion ne resoudra le probleme que pour un bout de temps.
    Salut fraternel au DG de la sonabel,prend en compte les conseils du conseiller special des conseillers qui conseillent gratuitement.in God we bilieve, God bless Burkina Faso

  • Le 5 février 2010 à 14:47 En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

    Voilà pourquoi on aurait dû nous battre pour que le projet Noubiel soit une réalité. Avec plus de 300 km d’eau avec une production d’électricité capable de satisfaire toute la demande nationale, on ne serait pas là en train de compter toujours sur les autres dans une situation pareille. Ne rêvez pas car, ils ne vendront que ce qu’il reste. Avant de signer certains accords, il faut réfléchir longtemps. NOUBIEL qui aurait pu nous sauver à jamais semble définitivement compromis. A qui la faute ? Ce projet mérite une bonne explication pour mieux comprendre les enjeux. Quel regret

  • Le 5 février 2010 à 15:29, par le bon citoyen En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

    Bonjour à tous

    Moi je ne comprends toujours les burkinabè quand ils parlent que dormir sur la natte d’autrui c’est dormir à terre. Il existe des conventions internationales qui régissent la distribution de l’électricité entre les pays.

    Arrêtons notre orgueil qui voudrait qu’ai tout pour nous même. Si c’était le cas aucun pays n’allait nouer des relations avec un autre. Dieu a fait que dans la vie, personne ne peut avoir tout ce dont il a besoin. Il faut que quelqu’un t’aide.
    Et si vous pensez que l’énergie est un secteur si stratégique pour le Burkina au point qu’on ne peut compter sur quelqu’un alors comment comprendre que les USA importe du Canada une partie de son électricité et l’Angleterre en fait autant avec la France et l’Espagne ?

    Arrêtons de rêver et soyons réaliste. Le problème énergétique du Burkina ne peut être résolu par le Burkina lui seul (tous les pays de l’Afrique de l’Ouest ont le même problème à des degrés différents).

    1) Il faut que nous formions une société sous régionale de l’énergie qui sous traitera avec AREVA pour la construction de centrale nucléaire. Nous aurons un courant abondant, stable et moins cher. Ce qui nous permettra de bouter l’économie.

    2) Le solaire peut être utilisé comme supplément à l’alternatif par les ménages. Cela nous permettra aussi de faires des économies.

    En dehors de cela tout politique énergétique nous mènera au fiasco.

    Je vous rappel qu’un seul central nucléaire peut alimenter tous les pays de l’Afrique de l’Ouest (y compris le Nigéria) en électricité.

    • Le 5 février 2010 à 18:07 En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

      Parler d’une centrale nucléaire dans un pays comme le Burkina est une ineptie. Déjà en Europe, ce n’est pas évident car à ce jour, on n’a pas résolu le traitement des déchets. Ne parlons pas ici où il manque d’abord toutes les ressources humaines dans ce domaine. Pour utiliser une centrale nucléaire, il faut beaucoup d’eau pour la refroidir !
      Une des solutions est de travailler sur le solaire au niveau local pour les besoins. Une autre est de travailler sur l’efficience énergétique : combien de climatiseurs obsolète, non entretenu ont un rendement dérisoire pour une consommation maximale de kwh ? Regardez les bâtiments qui sont des fours solaires qui emmagasine la chaleur et que l’on passe son temps à climatiser. Et, puis, économisons l’énergie à l’heure du réchauffement climatique.

  • Le 5 février 2010 à 16:39, par Ni-isongo En réponse à : Interconnexion Abidjan/Ouaga : De l’électricité à dose homéopathique

    Effectivement l’accès aux services énergétiques doit être traité dans une vision d’ensemble du territoire d’un pays. Et pour le Burkina, il n’y a pas mille solutions si l’on veut permettre au plus grand nombre de localités d’avoir accès à l’électricité que d’envisager les interconnexions. Non seulement l’interconnexion entre les localités à l’intérieur du pays mais également à l’extérieur pour réduction les coûts de production. C’est pour dire que cette option est très bonne car on constate que sur la ligne des interconnexions plusieurs localités qui n’espéraient pas avoir l’électricité l’ont aujourd’hui. Vivement donc que cette politique se poursuive pour le bonheur des populations mais tout en veillant à installer des centrales relais au cas ou le jus manque dans les lignes en cas de panne.
    La construction d’une centrale nucléaire semble être idéale pour l’Afrique de l’ouest mais avouons que ca ne sera pas la chose la plus aisée actuellement. des atouts forts existent dans la zone (uranium au Niger, ressource en eau assez importante,....). Mais il reste à trouver le consensus politique et financier des Etats membres de la CEDEAO et surtout du G8 qui n’est pas évident malgré l’existence du livre blanc en matière d’accès aux services énergétiques.

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