Assana et Fuseina font tout ensemble et voudraient même épouser le même homme ! Seulement, sur ce point, elles ont rencontré l’opposition catégorique de papa et maman. « Ce n’est pas grave, nous respectons la volonté de ceux qui nous ont donné la vie, et qui nous encouragent dans notre carrière musicale », ont signifié en chœur les sœurs jumelles, dans un grand rire. Pour l’instant, elles ne se pressent pas sur ce terrain, afin de ne pas faire des choix précipités qu’elles regretteraient. Une chose dont elles sont certaines, c’est qu’elles s’occuperont bien des deux enfants - de préférence un garçon et une fille - qu’elles souhaitent avoir, « par la grâce de Dieu ».

C’est depuis l’enfance que les deux sœurs jumelles s’investissent dans la musique, sous la houlette de leur manager, Burning Rock. Leur premier album, sorti en 2000, porte le titre évocateur de « Yon ka mam », qui signifie « ça m’a attrapé » en mooré, langue nationale la plus parlée au Burkina. « Oui, nous sommes Burkinabè et Ghanéennes », révèlent-elles, toutes heureuses. Elles étaient du reste les « guest-stars » du plateau d’animation de la rentrée télévisuelle 2007 de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB-Télévision nationale). Et de ce séjour sur la terre de leurs ancêtres, elles n’en gardent que d’excellents souvenirs ! « Nous aimerions qu’on nous invite plus régulièrement pour des prestations chez nous, au Faso », ont souhaité, de leurs voix cristallines, les « twin sisters » (sœurs jumelles). Du reste, Assana, la grande sœur, ne rêve que d’un Burkinabè comme époux…

Croyant dur comme fer en ce qu’elles font, Assana et Fuseina mettent sur le marché musical un deuxième album. Aussi enlevé que le premier, « Small girls » est sorti en 2007, et est vendu tant au Burkina, au Ghana, qu’ailleurs dans le monde. Dans la continuité de leur carrière prometteuse, les deux jumelles constituent, avec une troisième fille, un groupe qu’elles ont baptisé Zugus & Chaka beat. Elles s’érigent ainsi en « patronnes de la joie » et distillent à souhait tous les rythmes du continent. Leurs compositions s’inspirent d’une thématique très variée. Cependant, l’éducation et les conseils à la jeunesse demeurent les thèmes favoris de ces jeunes filles, qui chantent aussi aisément en mooré, haoussa, tui (langue du Ghana), ewe (langue du Togo), qu’en anglais et en français.

En quête d’un producteur…

Les deux albums des désormais « Zugus & Chaka beat », se comportent assez bien sur le marché discographique africain, sans pour autant combler les attentes financières des jumelles. C’est quand elles ont beaucoup de sollicitations pour des concerts qu’elles renflouent un peu leurs caisses. Aussi, espèrent-elles davantage d’invitations du Burkina.
La fabrication des batiks et la teinture, constituent les autres cordes à l’arc des jumelles, mais la musique reste leur activité principale, celle dans laquelle elles entendent s’épanouir pour la vie.

Musulmanes pratiquantes, Assana et Fuseina ont cette foi inébranlable qu’Allah guidera leurs pas vers le succès. Car, même si « la musique, ce n’est pas facile », pour ces artistes toujours en quête d’un producteur, elles ne sont pas moins impatientes de faire connaître davantage leur grand talent, qui ne demande qu’à exploser à la face du monde. En attendant, elles se réjouissent d’avoir un homme comme Sini Pierre Sanou, ambassadeur du Burkina au Ghana, lui-même jumeau et l’un des présidents d’honneur de la Fondation des jumeaux et triplets du Ghana, comme père spirituel : « C’est un grand homme. Il nous considère comme ses enfants et ses conseils sont pour nous comme une étoile polaire que nous suivons… »

Morin Yamongbe

Fasozine