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CEPI/Yatenga : La désignation des représentants de la société civile tourne au pugilat

Publié le mardi 26 janvier 2010 à 00h26min

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Ouahigouya a désigné finalement, le 22 janvier 2010, ses deux représentants de la société civile à la Commission électorale provinciale indépendante (CEPI). Le choix de ces deux personnes s’est déroulé sous une escorte de la gendarmerie après que les locaux du Haut-commissariat eurent été transformés en ring où tous les coups étaient permis. Récit d’une journée chaude à Ouahigouya.

C’est dans la douleur que la province du Yatenga a désigné ses deux représentants pour le compte de la société civile à la CEPI. Les membres de la société civile ont jeté les négociations aux oubliettes et se sont tabassés dans les locaux du Haut-commissariat du Yatenga le 22 janvier dernier.

Ce spectacle déplorable s’est passé sous les yeux impuissants du Haut-commissaire du Yatenga, Jean-Baptiste Zongo, des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) composés de Fimba Baoua Onadja et l’ancien bâtonnier, Me Barthélemy Kéré.

Les deux camps à couteau tiré sont composés de celui de l’ancien président de la CEPI, Tasséré Savadogo et de celui des regroupements des associations et ONG de la province du Yatenga qui ont pour porte-parole Ousmane Kindo de la Fédération nationale des groupements Naam.

Selon les explications du camp qui s’oppose à la candidature de Tasseré Savadogo, le président de la CENI, Moussa Michel Tapsoba serait à l’origine de ce qui s’est passé le 22 janvier dernier. On l’accuse de vouloir coûte que coûte maintenir Tasseré Savadogo à la tête de la CEPI en guise de remerciement du service rendu lors de son élection à la tête de la CENI.

Ce qui a poussé le représentant des regroupements des associations et ONG, Ousmane Kindo à lancer cette mise en garde à la CENI : « si vous voulez la paix au Yatenga, nos deux représentants s’appellent Jean Abdoul Karim Barry et Naaba Saaga. Maintenant si pour des relations personnelles vous voulez nous imposer des personnes, la CENI sera responsable de ce qui va arriver à Tasseré Savadogo et ses huit acolytes ».

C’est dans la nuit du 21 janvier 2010 que la mission de la CENI composée de Fimba Baoua Onadja et de Me Barthélemy Kéré est arrivée à Ouahigouya. Et selon le camp qui s’oppose à la candidature de Tasseré Savadogo, la mission était venue dans l’intention d’installer officiellement celui-ci dans ses nouvelles fonctions. Une situation que ses adversaires n’ont pas voulu accepter.

Ceux-ci se sont manifestés très matinalement dans les locaux du Haut-commissariat où Tasseré Savadogo était contraint de repartir chez lui suite aux menaces. Ses adversaires sont même allés se poster devant son domicile afin de l’empêcher de se rendre au Haut-commissariat. Suite à son appel au secours, la gendarmerie a pris position devant son domicile au secteur 13 de Ouahigouya.

A 10 h, ce vendredi 22 janvier, la mission de la CENI appelle Tasseré Savadogo au Haut-commissariat pour des raisons que nous ignorons. Quand celui-ci est arrivé avec un groupe de huit personnes motorisées, ils se sont heurtés au camp adverse à la porte. L’un voulant accéder à l’intérieur de la cour tandis que l’autre s’y opposait. S’en sont suivis des échanges de coups de poings, de pieds, de têtes, de gourdins dont beaucoup portent encore des séquelles.

Le président sortant de la CEPI qui s’est retrouvé à terre a dû utiliser sa corpulence imposante pour se frayer un passage. Nous l’avons aperçu étalé à même le sol dans la cour du Haut-commissariat ou il hurlait de douleur. Les autorités présentes sont intervenues pour calmer un peu la situation. Les échanges entre les envoyés de la CENI et les regroupements des associations et ONG se sont déroulés devant le Haut-commissariat juste après les échauffourées.

« Je pensais qu’en arrivant ici on pouvait s’asseoir et discuter », a laissé entendre Fimba Baoua Onadja. Et l’ancien bâtonnier de marteler « que ceux qui accusent le président de la CENI d’avoir un penchant pour Tasseré Savadogo se détrompent parce que la CENI n’a aucun parti pris dans aucune des provinces du Burkina. Ce qui se passe au Yatenga n’est pas particulier, c’est la même chose que nous avons fait en ce qui concerne l’ensemble des démembrements. Nous recevons des procès-verbaux, la CENI sur la base du code électoral examine les différents éléments et valide ou ne valide pas », a déclaré Me Barthélemy Kéré.

La CENI mise à l’index

Justement, c’est cette validation par la CENI du procès-verbal de la rencontre du 13 décembre 2009 organisée par le camp de l’ancien président de la CEPI, « malgré son caractère illégal », selon ses adversaires, qui irrite l’autre camp.

Et Me Barthélemy Kéré de préciser : « même lorsque la CENI valide, le président de la CENI prend un arrêté qui est un acte administratif que vous pouvez attaquer par la voie judiciaire ». Il n’en fallait pas plus pour que ce dernier attire le courroux de ceux qui ne veulent plus de Tasseré Savadogo.

Les associations et ONG accusent la CENI d’avoir validé le procès-verbal d’une rencontre tenue le 13 décembre 2009 alors que la date officielle donnée par la CENI était le 18 décembre 2009. « Le procès-verbal du 13 décembre a été validé par la CENI car la réunion du 18 décembre que la CENI avait programmée n’a pas eu lieu donc nous avons validé le procès-verbal », a confirmé Fimba Onadja.

Une autre rencontre, en l’occurrence celle du 27 décembre 2009 qui a connu l’absence du camp de Tasseré Savadogo avait choisi le premier ministre du roi du Yatenga, le Togo Naaba comme représentant de la chefferie coutumière. On se souvient que ce dernier cité avait signé dans les deux procès-verbaux des deux camps opposés.

Irrités par le comportement de son ministre, le roi du Yatenga, Naaba Kiiba le remplace par le chef coutumier de Namsiguia, le directeur provincial de l’enseignement de base et de l’alphabétisation du Yatenga, Seydou Ouédraogo qui fait partie d’un des démembrements du bureau du CDP/section Yatenga. Tasseré Savadogo s’en plaint auprès de la CENI et arrive à faire rejeté le procès-verbal du 27 décembre 2009.

Le camp qui s’oppose à Tasseré Savadogo avec l’accord de Naaba Kiiba remplace le chef de Namsiguia par Naaba Saaga, un de ses ministres et rendez-vous est pris pour le 23 janvier.

La tension était vive à tel point que les envoyés de la CENI ont tour à tour rencontré les autorités administratives, coutumières, la police et la gendarmerie pour mieux comprendre la situation. Ces entrevues ont donné raisons aux associations et ONG qui ont désigné finalement les représentants de la CEPI.

Il s’agit de Jean Abdoul Karim Barry et Naaba Saaga représentants respectivement les communautés chrétienne et coutumière. Venues pour un jour, les envoyés de la CENI ont été contraints de passer deux jours afin de décanter la situation.

« Nous avons pensé que c’était la société civile qui était la mieux placée pour arbitrer les bagarres entre l’opposition qui cherche le pouvoir et le pouvoir qui dirige. Aujourd’hui, le spectacle que nous avons vu de la société civile, n’est pas digne de la société civile », s’est offusqué l’ancien bâtonnier. Les affrontements entre les deux camps se sont soldés par des blessés.

C’est finalement, le 23 janvier 2010 aux environs de 12h que la CEPI a été installée officiellement par les représentants de la CENI. Interrogé sur le sort de Tasseré Savadogo et de ses hommes, Fimba Onadja répond : « Ce qui est sûr, nous avons installé les représentants de la CEPI sans Tasseré ». Nous avons appris quand nous bouclions ce reportage que Tasseré Savadogo à rendu sa démission.

Jean-Victor OUEDRAOGO

AIB/Yatenga


Composition du Bureau de la CEPI

- Président : Jean Abdoul Karim Barry (communauté chrétienne), société civile
- Vice-Président : Ahamed Ousseini (ADF-RDA), majorité présidentielle
- Trésorier : Souhaibou BARRY (CDP), parti au pouvoir
- Rapporteur : Adama OUEDRAOGO (UNIR /PS), opposition
- Les deux représentants de la Société civile à la CEPI/Yatenga : Jean Abdoul Karim Barry et Naaba Saaga (communauté coutumière).

JVO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2010 à 01:13, par boubabass@hotmail.com En réponse à : CEPI/Yatenga : La désignation des représentants de la société civile tourne au pugilat

    Cette pagaille n augure pas de bons lendemains au Yatenga.Rien ne semble etre preparer pour cette election.Que l on veuille ou pas on sent l absence de quelqu un.DEVINEZ ?

  • Le 26 janvier 2010 à 11:02, par yamekisi En réponse à : CEPI/Yatenga : La désignation des représentants de la société civile tourne au pugilat

    A la lecture de cet article c’est conternation et la desolation qui m’anime. Tous ces evènement vienne confirmé mon doute que j’aivait pour cette société civil quant a partialité ou pas. Au dela de ce qui s’est passé a Ouahigouya c’est toute les association de la société civile qui mettent en branle leur crédibilité. il est donc temps que les autorités compétentes prenne leur responsabilité quant a cette situation qui rique de pourir d’avantage.

  • Le 26 janvier 2010 à 12:01, par Une Burkinabè vivant à l’exterieur !!! En réponse à : CEPI/Yatenga : La désignation des représentants de la société civile tourne au pugilat

    Honte à vous !!!!!

  • Le 26 janvier 2010 à 13:07, par donmozoun En réponse à : CEPI/Yatenga : La désignation des représentants de la société civile tourne au pugilat

    Tout simplement honteux ! des pères de familles qui se comportent en délinquants. C’est là que les partis politiques et les organisations de la société civile doivent faire leur travail : former les militants. Les gens viennent en politique ou dans certaines organisations avec seulement à l’esprit, rien que pour se faire un peu de place au soleil quel que soit le prix à payer. Il nous reste encore du chemin à faire !!!heureusement que le ridicule ne tue pas sous nos cieux !!!!

  • Le 26 janvier 2010 à 15:18 En réponse à : CEPI/Yatenga : La désignation des représentants de la société civile tourne au pugilat

    Quand je regarde ce qui s’est passé à Ouahigouya, je pense qu’il faut trouver un autre titre pour le Moro Naaba car le mot Naaba est devenu une vraie poubelle.

  • Le 26 janvier 2010 à 17:04, par Paris Rawa En réponse à : CEPI/Yatenga : La désignation des représentants de la société civile tourne au pugilat

    Combien de drames faudra-t-il au Burkina pour que nos gouvernants comprennent qu’il est nécessaire de donner un statut juridique à la chefferie coutumière dans notre pays, pour que son rôle dans les affaires politiques soit clarifié et puisse donner lieu à un contrôle administratif ou judiciaire ? Mais non ! Au Burkina, on ne prévoit pas les difficultés et les conflits parce qu’on ne gouverne pas. C’est à peine si on ne les programme pas, plus ou moins consciemment !

    Le Burkina s’épuise à faire de la médiation en faveur des autres pays. Mais à l’intérieur du pays, on attend pour se disputer le pouvoir à coups de remodelage de la constitution et du code électoral. Les députés à l’Assemblée Nationale semblent ignorer qu’il y a beaucoup de domaines dans lesquels ils devraient légiférer pour combler des vides juridiques et renforcer le système de gouvernance de notre pays dans ce qu’il a de spécifique. On a l’impression que nos dirigeants aiment ce système de démocratie inachevée parce qu’elle leur permet de tout manipuler à leur guise. S’il existe une procédure de désignation des membres de la CENI, il faut la suivre rigoureusement, puis arrêter et punir les fauteurs de troubles, chef coutumier ou pas ! Les citoyens ne sont-ils pas égaux en droit dans notre pays ? Ne prétendons-nous pas être dans un état de droit ? Qu’on applique alors le droit !!!

  • Le 27 janvier 2010 à 16:01, par combat En réponse à : CEPI/Yatenga : La désignation des représentants de la société civile tourne au pugilat

    Ce qui se passe au sein de la CEPI/Yatenga n’a rien d’etonnant mais pose la problematique de l’alternance au Burkina. Pour tous ce qui aiment le Burkina,faisons en sorte que le "Mediateur" organise son depart d’ici 2015 car après tout, ce qui se passe dans le Yatenga traduit la volonté d’un pouvoir a s’eterniser par le maintien de ses valets locaux.
    Tous ensemble pour un Burkina sans poignard !

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