Trop de temps perdu en escale, de frais d’hôtel pour des vols de moins de 8 heures. Asky veut redonner des couleurs au ciel africain et on ne peut s’empêcher de penser à la défunte compagnie Air Afrique qui avait à peu près les mêmes ambitions et qui remplissait si bien sa mission jusqu’au jour où elle a commencé à piquer du nez. Tous les sapeurs-pompiers appelés à la rescousse, en l’occurrence Yves Roland Billecart n’ont pu malheureusement empêcher son atterrissage forcé. Les stigmates de cette belle aventure transformée en cauchemar sont encore vivaces dans les familles de nombreux travailleurs. Ce qui est arrivé à Air Afrique est un véritable crash financier pour les Etats membres avec un lourd passif social à apurer auprès des travailleurs. C’est vrai, cette compagnie aérienne n’était pas un exemple de bonne gestion. Les gouvernants en ont abusé en émettant des billets pour un pour ou pour un non aux amies, copains et épouses. Les travailleurs, devant tant de gabegie ont aussi contribué, pour certains, à ternir l’image de la compagnie : mauvais accueil des clients payants, pertes de bagages, etc.

Inéluctablement, il fallait mettre un terme à cette compagnie vache à lait qui, au lieu de promouvoir l’image d’une Afrique qui s’intègre, a plutôt contribué à étaler l’incapacité et l’incompétence des Africains. Mais à la décharge des acteurs de cette époque, ils avaient la couverture de l’Etat providentiel dont la mort et la messe de requiem ont été constatées et dites au cours des années PAS.

Depuis, les Africains n’ont pas fait totalement le deuil de cette compagnie, c’est ce qui a peut-être motivé et justifié le projet ASKY. Celui-ci naît dans un contexte différent. C’est une initiative de privés africains avec une expertise avérée en la matière. Ethiopian Airlines est partenaire au projet. Les deux grandes banques communautaires que sont la BIDC et la BOAD ont contribué à la mobilisation des capitaux. Un groupe sud-africain y est actionnaire, toute chose qui renforce le caractère panafricain de la compagnie. On imagine donc mal, que les mêmes pratiques qui ont causé la chute de Air Afrique aient de nouveau cours dans cette nouvelle compagnie. Mais sait-on jamais ?

Il revient à cette compagnie naissante de gagner le pari de la qualité de service, de la ponctualité et surtout de la sécurité pour se construire un nom dans cette jungle aérienne où les compagnies nationales, du fait de leur privatisation, ont des dents de plus en plus longues. La présence de ASKY devrait faire jouer plutôt la complémentarité au lieu de cette concurrence sauvage qui aboutit le plus souvent à des dépôts de bilan pour les plus faibles. Il y a probablement de la place pour tout le monde, à condition de savoir conjuguer les moyens. Les clients sauront apprécier l’arrivée de ce nouveau et futur géant du ciel africain à l’aune du confort offert et surtout du prix à payer.

Zidzabda

Le Pays