LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille : « Pourquoi Charles ne joue pas, c’est parce qu’il a coûté moins cher à l’OM »

Publié le lundi 18 janvier 2010 à 03h49min

PARTAGER :                          

Les supporters de L’OM l’appellent encore président même s’il n’est plus en fonction. Pape Diouf a marqué l’histoire de Marseille comme étant le premier noir à diriger un club de ligue 1. C’est cet homme charismatique présent à Luanda dans le cadre de la CAN que nous avons rencontré pour nos lecteurs. Il parle de Charles Kaboré et de sa difficulté à s’imposer à l’OM et jette un regard sur le football africain.

En tant qu’observateur avisé du football, comment voyez-vous l’évolution du football africain ?

L’évolution du football africain est à observer sous deux angles. Il y a deux versants. Le premier est que si l’on considère l’inventaire de tous les joueurs africains qui évoluent dans des championnats très importants, on peut effectivement parler de progression indiscutable. Aujourd’hui, quasiment toutes les nations africaines comptent en leur sein des joueurs qui s’illustrent ou qui se sont illustrés dans les grands championnats européens.

C’est quand même un facteur de progression incontestable. De l’autre côté, on peut également regretter ce départ massif de tous nos joueurs. Départs qui appauvrissent les compétitions locales. Alors, ça amène ce paradoxe que d’un coté les équipes nationales sont devenues plus fortes, mais localement le football africain n’a ni attrait ni intérêt et ça, on peut le regretter parce que si un joueur démontre quelques qualités, aussitôt il est l’objet de sollicitations extérieures, en règle générale d’une sollicitation européenne.

Selon vous, quelles sont les nations qui se détachent du lot au cours de cette XXVIIe CAN ?

La Côte d’Ivoire et le Cameroun ont été désignés par tous, comme les grands favoris de l’épreuve. J’avais ajouté à ces deux nations les pays du Maghreb à savoir l’Egypte, la Tunisie et l’Algérie et les deux pays anglophones, le Nigeria et le Ghana. J’avais aussi, dans la périphérie du pronostic, inclu le Gabon, le Burkina Faso et l’Angola qui joue à domicile en disant que ces pays-là peuvent avoir des prétentions. Donc cela signifie qu’il y a de mon point de vue un véritable nivellement de valeurs.

Dans l’entame de la compétition par contre, il y a eu des surprises. La hiérarchie a été bousculée, chahutée et on n’a pas vu les équipes qu’on attendait ou elles étaient tenues en échec comme la Côte d’Ivoire même si elle finit, du fait de l’infirmité du groupe, par se qualifier. On a vu le Cameroun perdre et l’Algérie subir une défaite spectaculaire.

En somme, tous les mondialistes ont connu un départ plus que laborieux. On s’aperçoit qu’il y a un nivellement qui n’est plus comme je l’avais dit au départ, par le haut mais plutôt par le milieu. C’est-à-dire que les nations qu’on avait désignées comme favorites ont marqué le pas et celles qu’on considérait comme plus petites se sont un peu rapprochées.

Dites- nous pourquoi un joueur comme Charles Kaboré peine à s’imposer à Marseille ?

Charles Kaboré a été longtemps considéré à Marseille comme un jeune joueur. Il a le tord entre guillemets de n’avoir pas coûté très cher ; peut-être que si Charles avait, avant de venir à Marseille explosé dans un club de L1 et avoir été acheté à un prix très élevé, il jouerait. On le voit aujourd’hui à Marseille avec Lucho qui a beaucoup de difficultés mais quand même à qui on donne un temps de jeu suffisant puisque avant de le mettre sur la touche, on regarde un peu la balance du prix auquel il a été payé.

C’est une explication. Une autre explication est que Charles n’a peut-être pas ce côté tueur qu’il faut dans le milieu. Il est à mon sens un peu trop gentil alors que dans ce milieu, il faut à un moment savoir montrer les crocs ; ce qu’il ne fait pas suffisamment de mon point de vue.

Mais les qualités, il les a pour s’imposer et d’ailleurs un homme comme Eric Gerets pensait beaucoup énormement du bien de lui. Dès qu’il est arrivé et qu’il l’a vu, il en a fait un de ses joueurs préférés. C’est aujourd’hui à Charles de confirmer cette idée qu’un entraîneur comme Gerets a de lui.

Vous avez été président de l’OM. Qu’est-ce qui vous a poussé à claquer la porte ?

La durée de vie d’un président à l’Olympique de Marseille en règle générale se situe entre deux ans et deux ans et demi. Moi je suis resté cinq ans. A part Bernard Tapis, personne n’a autant duré que moi à la tête du club. Donc, il arrive simplement à un moment où il y a une sorte de fin de cycle.

C’est un peu ce qui est arrivé. J’aurais pu probablement rester encore à la tête du club si simplement autour du club j’avais pu me mettre d’accord avec certains qui gravitent. Il aurait fallu que j’accepte un peu plus de choses que j’ai refusées, pour que peut-être le problème ne se pose pas. Dans la vie, j’ai pour habitude d’appliquer la fameuse devise de Samory Touré qui disait, « l’homme quand il refuse il dit non ».

A partir du moment où après cinq ans j’ai estimé que j’avais fait pas mal de chose, que la manière dont on voulait desormais que je dirige l’équipe ne me convenait pas, il etait plus raisonnable que je me decide à partir. Lorsque je suis arrivé, il y avait un déficit de 35 millions d’euros.

Quand je suis parti, il y a eu un bénéfice de 35 millions d’euros. Je pense que le courant populaire qui continue à me porter et dont je suis aujourd’hui l’objet quand je marche dans la rue ou quand je vais au stade participe de ce départ la tête haute.

Quel message voulez-vous véhiculer dans le récent livre que vous venez de mettre sur le marché ?

C’est un livre que je n’ai pas personnellement suscité. Ce livre est né dans la tête de Pascal Boniface qui est le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) que j’avais connu dans les cercles du football français.

Il présidait le jury de l’Union des clubs professionnels de France (UCPF), un jury qui chaque année, distribue le meilleur livre de l’année traitant des questions sportives. Je l’ai connu dans ce cercle et il m’a pris beaucoup par sympathie, me répétant parfois que j’étais un homme en dehors du football qui avait des idées qu’il trouverait intéressant qu’ensemble nous puissions les exprimer.

Ce n’était pas une autobiographie, ce n’était pas au départ même un livre de message. C’était un dialogue que j’ai eu avec un intellectuel français de haut niveau, de haute lignée.

Nous avons échangé sur beaucoup de sujets pas seulement sur le football mais sur des questions aussi diverses que le foot, le monde des agents, l’arrivée de Obama au pouvoir aux Etats-Unis, du racisme et infiniment de sujets susceptibles d’intéresser. C’est un livre de conversation à bâtons rompus que j’ai eue avec quelqu’un que j’apprécie et qui m’apprécie.

Quel est l’avenir du football en Afrique si on sait que bientôt l’Afrique du Sud organisera la prochaine coupe du monde ?

Ce qui s’est passé ici en Angola avec le mitraillage du bus togolais a amené les esprits chagrins, ceux qui considèrent toujours l’Afrique avec beaucoup de condescendance, à faire tout de suite un rapprochement et à se dire que va-t-il en être de la coupe du monde si déjà en Angola, on a connu un évènement aussi tragique. Pour moi, c’était d’une grande malhonnêteté intellectuelle que de faire un rapprochement entre l’Angola et l’Afrique du Sud, entre la CAN et la coupe du monde.

Ce sont deux pays différents et deux compétitions différentes. Mais on sait que certains, s’agissant de l’Afrique, sont toujours prêts à dégainer dans un sens très négatif. C’est vrai que l’Afrique du Sud a un défi très important à relever mais ce défi on l’oublie souvent, il l’a déjà réussi en organisant et en remportant la coupe du monde de Rugby qui était quand même un grand évènement.

Aujourd’hui je suis persuadé que l’Afrique du Sud réussira sa compétition. On oublie de dire qu’avant les jeux olympiques d’Athènes il y avait des craintes, à Munich en 1972, on sait ce qui s’est passé. Il faut rester résolument optimiste.

Interview réalisée par Béranger ILBOUDO

Envoyé spécial à Luanda (Angola)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2010 à 10:36, par Dona En réponse à : Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille : « Pourquoi Charles ne joue pas, c’est parce qu’il a coûté moins cher à l’OM »

    Merci, à DIOUF pour cette intervention si limpide et digne d’un visionnaire. A mon avis, Charles KABORE aurait mieux fait d’intégrer un club moins prestigieux que l’OM. Pour sûr, il aurait été plus visible et donc, plus cher. Chacun de nos professionnels doit apprendre à se faire un plan de carrière..

  • Le 19 janvier 2010 à 04:35, par etalon1er En réponse à : Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille : « Pourquoi Charles ne joue pas, c’est parce qu’il a coûté moins cher à l’OM »

    Dona tu as parfaitement raison !!ce qui manque a nos joueurs c’est une vision,une vision d’avenir,de carrière !!il faut aussi que les jeunes joueurs soient encadrés afin de faire les meilleurs choix pour leur carrière !!ne dit-on pas que tout vient a point a qui sait-attendre...en tout cas TOUS DERRIÈRE NOS ÉTALONS !!!

  • Le 19 janvier 2010 à 22:47, par DAWLISH En réponse à : Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille : « Pourquoi Charles ne joue pas, c’est parce qu’il a coûté moins cher à l’OM »

    Logique assez mediocre de Mr. DIOUF expliquant l incapicite de Charles a simposer a Marseille.."Il n est pas tres bon a Marseille..il aurait ete mieux dans un petit Club dans l anonymat..."

    Raisonnement tres tordu de sorcier.. mais ou le bas blesse c est Marseille est considere comme un grand Club.. par rapport a quelle equipe ? Real Madrid, Barcelone, AC Milan ? Arsenal ? Chelsea, Manchester United ?.. il n ya pas de grandes equipes en France.. les equipes de la Ligue 1 sont des equipes de deuxieme rang... un joueur est bon quelquesoit le club ou il joue.. il ne devient pas mauvais parcequ il joue dans un soit disant "grand Club". Charles n a pas la qualite requise s il est incapble de s imposer dans une equipe comme l’OM. Un club souvent elimine des le premier tour de la Champion League. En plus s aventurer a dire que Charles ne joue pas parcequ il est moins cher est une insulte sans honte a l egard de l entraineur de Marseille.. est-il un entraineur soucieux de gagner des matches ou de minimizer le cout unitaire des minutes jouees par chaque joueur de l OM.. Scandaleux...Vraiment incroyable a lire..j espere ce n est pas ce que Diouf a dit

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina/Reprise de la Ligue1 : Quatre chocs à l’affiche