LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Ibrahim Cissé, DG de "IBC Consulting" : "Le monde du recrutement est obscur et fermé"

Publié le jeudi 12 août 2004 à 08h09min

PARTAGER :                          

Après 17 ans passés en Europe à se former et à acquérir une certaine expérience notamment dans des sociétés qui ont pignon sur rue, Ibrahim Cissé est depuis peu à la tête d’IBC Consulting, une société de Conseil en management des ressources humaines, en stratégie et organisation d’entreprise...

L’une de ses préoccupations de l’heure, mettre un peu d’ordre dans le monde du recrutement et de formation "qui semble un peu obscur et fermé" et où certains font un "travail de charlatan".

Comment êtes-vous arrivé dans le métier du Conseil en ressources humaines ?

• J’ai fait mes premiers pas dans le métier des Ressources humaines au sein du groupe caisse des dépôts et consignations à Paris à ma sortie de l’Institut de gestion sociale (IGS) de Paris en 1995.

Après un passage chez Kenzo, le Groupe LVMH et BPI - Leroy consultants (spécialisé dans la gestion des plans sociaux et des bilans de compétences), j’ai intégré Accenture, (anciennement « Andersen consulting ») en septembre 1998, où j’ai occupé successivement les postes de responsable à la formation pour les compétences technologiques, responsable de la gestion des affectations et de Chargé du développement des ressources humaines pour le secteur de la Finance (Banques, Assurances, Santé).

Après donc 5 ans au sein de ce géant américain du Conseil mondial, qu’on appelait un des « Big five », j’ai rejoint le Cabinet Africsearch international à Paris comme Associé chargé du pôle Formation et renforcement des compétences.

Après plus de 17 ans passés en Europe, je rentre aujourd’hui au pays pour faire partager toutes ces années d’expérience en créant IBC Consulting, qui est membre du Réseau Africsearch présent à Abidjan, Cotonou, Dakar, Jobourg, Lomé, Paris, Washington et bientôt Bamako et Bruxelles.

Que va proposer IBC Consulting au Burkina ?

• IBC Consulting est une société de Conseil en management des ressources humaines, en stratégie et organisation d’entreprise, en communication.

Elle intervient auprès des entreprises publiques et privées présentes dans la zone Burkina - Mali - Niger et en Afrique en général (à travers son réseau) et pour le compte de multinationales en gestion des ressources humaines (renforcement des capacités, recrutement, évaluation, gestion des carrières, formation et développement des compétences, gestion de la mobilité, politiques de rémunération, gestion du turnover, audit et bilan social, etc.).

Nous proposons des concepts très innovants comme la mise en place de bases de gestion et de partage de connaissances (« Knowledge management »), « le eLearning », la formation à distance ou l’autoformation, l’Ergonomie, qui vise l’amélioration des conditions de travail comme moyen de prévenir ou de corriger les atteintes à la santé et pour favoriser l’atteinte des objectifs économiques. En ce sens, elle contribue à ajouter de la valeur aux situations de production, etc.

Nous avons développé des kits de management RH prêts à l’emploi, car nous savons que l’un des problèmes que rencontrent les professionnels du métier sur notre continent, c’est le manque d’outils de gestion.

Nous avons un volet « Externalisation », qui prend en charge tout ou partie de la gestion des ressources humaines de nos clients pour leur permettre de se concentrer sur leur cœur de métier.

Pour ce qui concerne l’activité de recrutement, nous sommes ce qu’on appelle des « chasseurs de têtes ». Nous allons à la recherche de toutes les compétences dont le client a besoin et nous allons les « chasser » partout où il le faut.

Cela suppose qu’il faut avoir un bon réseau à travers le monde et des entrées dans les meilleures écoles.

• Effectivement, nous disposons aujourd’hui d’une base de données très riche, qui contient les CV les plus recherchés de cadres et de jeunes diplômés africains. C’est un vrai travail de recherche, de networking et surtout de longue haleine à travers tout le réseau que nous avons mis en place dans les plus grandes écoles et universités du monde et aussi dans les entreprises.

Nous avons une relation privilégiée avec beaucoup d’Associations d’étudiants pour ce qui concerne les profils des jeunes diplômés.

Ensuite, notre partenaire, Africsearch, organise tous les ans à Paris et à Dakar le Salon international africain de recrutement et d’information sur les hautes études, qui s’appelle « www.africtalents.com », une sorte de foire à l’embauche où les entreprises, les jeunes diplômés et les cadres qui souhaitent travailler en Afrique se rencontrent.

Mais ce type de salon ne concurrence-t-il pas votre activité « recrutement » ?

• Pas du tout... Au contraire, il le sert. D’une part, comme je l’ai dit plus haut, c’est notre véritable vitrine et l’occasion pour nous d’attirer les meilleurs diplômés et cadres en fonction.

D’autre part, cela démystifie le monde du recrutement, qui semble un peu trop « obscur » et fermé. Ça n’empêche nullement les entreprises de venir vers nous pour nous confier leurs demandes et ça contribue surtout à rassurer ceux qui n’arrivent pas à passer le cap de la sélection des dossiers dans les cabinets. Je parle des candidats. Ils ont pour une fois l’occasion de se trouver face à un « employeur » potentiel.

Vous savez aussi bien que moi qu’il y a un peu de discrédit sur le recrutement dans nos pays. Les candidats sont sceptiques lorsqu’ils postulent (voire ne postulent même pas), car ils se disent (peut-être à tort, car certains font quand même bien leur boulot) que de toutes les façons les dés sont pipés...

J’ai rencontré certains chefs d’entreprise qui m’ont dit la même chose, ce qui explique que malgré les difficultés, ils préfèrent gérer eux-mêmes leurs recrutements. Les raisons, nous les connaissons tous. Tout le monde se dit « cabinet de recrutement »... Le moindre cabinet de comptabilité, d’études ou d’avocats qui se crée (ou même des individus, le chômage aidant) court après les marchés de recrutement (en cassant les honoraires), quitte à les sous-traiter après, ou à faire un travail de « charlatan ». Ça ne peut pas continuer.

Il est important d’avoir une rencontre avec mes confrères des autres cabinets de conseil RH et de recrutement pour organiser notre métier afin de le crédibiliser. Il faut qu’à l’instar des avocats, des architectes, des médecins, etc. qui sont organisés en « ordre » nous ayons une structure chargée de réglementer l’exercice de notre métier. On y gagnera tous en crédit.

Vous savez, nous les cabinets, on a une bonne longueur... de retard sur les professionnels du métier dans les entreprises, ceux qui gèrent les ressources humaines (donc nos clients). Il existe déjà une association de gestionnaires des ressources humaines du Burkina à Ouaga et une amicale à Bobo, très actives.

Vous pensez que cette initiative sera bien accueillie ?

• Je l’’espère. Je suis très content d’arriver au moment où la promotion de l’emploi occupe une place très importance dans le débat national et au plus haut niveau, comme en témoignent l’engagement pris par nos chefs d’Etat à Addis-Abeba et la prochaine tenue, à Ouaga, du Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l’Emploi.

Les profondes réformes structurelles engagées en Afrique sous l’égide des grandes institutions économiques et monétaires mondiales depuis plusieurs années semblent augurer d’un nouveau développement socio-économique. Ainsi, avec le retour de la croissance économique en Afrique, accompagnée d’un désengagement de l’Etat au profit de l’initiative privée, l’efficacité des entreprises est au cœur de ce redéploiement.

Aussi, les organisations gagnantes ont compris qu’elles ne pouvaient pas développer le meilleur de leur potentiel sans développer le potentiel de leur capital humain.

Les entreprises africaines, qu’il s’agisse des entreprises locales ou des filiales de sociétés multinationales, sont aujourd’hui en quête de création de valeur avec les hommes, pour affronter les mutations économiques (libéralisation, privatisation, restructuration, mondialisation...) auxquelles elles sont confrontées.

Or, ces entreprises disposent de très peu de structures compétentes localement, susceptibles de leur apporter des prestations de haut niveau avec des méthodologies novatrices, une approche issue des meilleures pratiques internationales adaptées à la culture locale, et surtout un Réseau de consultants et de cadres construits en Europe ou aux Etats-Unis.

Au-delà des entreprises, le problème se pose également aujourd’hui à nos collectivités locales qui, avec la décentralisation, vont se poser les mêmes questions que les entreprises sur le renforcement des capacités.

A la vue de ta photo, beaucoup de personnes vont se dire « Cette tête, on dirait qu’on la connaît ! », n’est-ce pas « Mamadi » ?

• Oui effectivement, je suis chef d’entreprise, mais aussi comédien et danseur (avec l’âge, ce volet prend un coup de vieux).

J’étais effectivement l’acteur principal de Dani Kouyaté dans le film « Sia, le rêve du python » où je jouais le rôle de « Mamadi », le fiancé de Sia. J’ai également joué avec St Pierre Yaméogo dans « Silmandé - Tourbillon », le rôle d’Eric Nongsida et d’autres courts métrages en Europe.

Entre la comédie et le conseil, monsieur Cissé, quel rapport ?

• La complémentarité... tout simplement. Je suis aussi sérieux et consciencieux quand je porte « le costume cravate » de DG que lorsque je porte une tenue du 16e siècle de Mamadi. C’est 2 personnes complètement différentes, mais qui participent à mon épanouissement personnel et professionnel. C’est une force qui n’est pas donnée à tout le monde, je pense, alors j’en suis fier.

En Afrique, on a un certain préjugé sur la comédie et l’artiste. Mais on a tort et des exemples célèbres nous le montrent... Ronald Reagan était comédien, Bill Clinton, tout en étant le président de l’Etat le plus puissant du monde, a poussé le souffle en jouant son saxo à Londres lors d’une visite officielle...

Vous savez, j’ai rencontré un ministre actuel du gouvernement burkinabè à Paris, qui m’a confié que non seulement il composait des chansons, mais qu’en plus, il jouait même de la guitare...

Mais en privé hélas ! Alors à quand les émissions télé comme on en voit aujourd’hui en Europe et aux USA où on invite les hommes politiques à parler d’autres choses que d’économie et de politique...

Ça va aider à décrisper beaucoup de gens... On est des hommes avant tout ! Pour terminer, je voudrais profiter de l’occasion que vous nous donnez, pour donner l’adresse de notre site internet qui est le suivant : www.ibcconseiI.com.

Propos recueillis par Philippe Bama
Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 12 août 2004 à 16:27 En réponse à : > Ibrahim Cissé, DG de "IBC Consulting" : "Le monde du recrutement est obscur et fermé"

    Article très intéressant à plus d’un titre. L’exemple d’un courage, celui d’un come back, après plus d’une quinzaine d’années passées à l’extérieur, pour mettre ses acquis au profit de son pays. Alors même qu’on assiste de plus en plus à des départs dans le sens Sud-Nord, Mr Cissé prouve par sa démarche la possibilité d’une autre alternative. Comme tout début, cela va être difficile. Il va falloir bousculer les mentalités, travailler de sorte à promouvoir des approches novatrices dans le secteur du travail en général et celui du recrutement en particulier. On y gagnera en crédibilité non seulement vis à vis des candidats à des postes eux-mêmes, mais aussi et surtout vis à vis des organismes internationaux, principaux animateurs des relations de services que suppose le monde du travail dans nos pays africains.
    Pour avoir été des campagnes africaines de Africsearch (Brazzaville, Yaoundé) avec Mr Cissé, je peux affirmer le sérieux, le volontarisme (il représente Africa 2005 au Burkina) de ce précieux collaborateur.

    Sounkalo DJIBO
    Docteur en Psychologie du Travail / Ergonome
    RATP (Paris)- Université de Picardie Amiens France

  • Le 12 août 2004 à 21:05 En réponse à : > Ibrahim Cissé, DG de "IBC Consulting" : "Le monde du recrutement est obscur et fermé"

    Salut . De l’intérieur, je trouve que l’article est pertinent à plus d’un titre, car nous sommes confrontés à ce manque de transparence dans les recrutements.
    comment comprendre qu’après avoir réussi à un test, vous deviez vous resoudre à attendre en vain sans qu’on vous appelle. oubien fallait pas l’organiser.
    Fousséni KINDO
    Journaliste

  • Le 17 avril 2009 à 17:07, par Ibrahim SOULAMA En réponse à : Ibrahim Cissé, DG de "IBC Consulting" : "Le monde du recrutement est obscur et fermé"

    Je trouve l’engagement de Ibrahim CISSE noble et intègre.Il aime son pays et fier de ce qu’il fait. Il montre un exemple d’humilité en faisant la comédie. Merci grand frère ! Avec vous ! nous osons croire à un autre monde possible. celui du travail.

  • Le 6 avril 2016 à 17:06, par perrot michèle (levicq) En réponse à : Ibrahim Cissé, DG de "IBC Consulting" : "Le monde du recrutement est obscur et fermé"

    changement de lieu de vie et j’ai repris mon nom contacte moi Bisous Michèle

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)