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Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

Publié le jeudi 14 janvier 2010 à 01h41min

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Depuis un certain temps, des rumeurs insistantes font état de la disparition des charognards qui, jadis, peuplaient nos dépotoirs et autres abattoirs. Le Dr Boukary Ousmane Diallo, chercheur au CNRST, en a également fait le constat et tente de donner, à travers ces lignes, une explication à ce phénomène.

Dans les conditions normales, les charognards (vautour africain : Necrosyrtes monachus) se trouvent presque au bout de la chaîne trophique (alimentaire). C’est donc dire le rôle combien important de cet oiseau auxiliaire dans le nettoyage de nos villes, de nos campagnes et des écosystèmes agro-sylvo-pastoraux. Ainsi, leur disparition à l’étape actuelle du développement urbain constituerait un problème de santé publique.

Cet article tire une sonnette d’alarme dans la diminution des populations de charognards dans les paysages burkinabè. Méprisé, cet oiseau de la famille des Acccipitridae s’appelle vautour, mais vulgairement il est appelé charognard à cause de son régime alimentaire. En effet, il se nourrit de charognes qui sont des cadavres d’autres espèces animales.

De temps à autre il consomme également des aliments devenus impropres à la consommation humaine qui se trouvent dans les ordures ménagères. Il s’agit là, d’un nettoyeur naturel qui débarrasse notre environnement des pourritures encombrantes. Pourtant, ces serviteurs loyaux qui s’investissent sans salaire, pour rendre notre vie agréable sont en voie de disparition progressive mais sûre.

Il suffit d’emprunter les grands axes routiers RN1 et RN2 et d’observer le ciel dans les grandes villes et même dans les campagnes pour s’en apercevoir. Seuls quelques individus sont encore cantonnés aux alentours des abattoirs. Depuis 2007 le constat est amère ; pourtant tout se passe comme si de rien n’était.

En effet, il n’y a aucune inquiétude de la part des décideurs politiques et encore moins de la communauté scientifique. Lors des voyages, on note que les cadavres d’animaux qui jonchent les abords des grandes voies restent longtemps en place même si la nature semble avoir trouver de temps à autre une solution de rechange à travers les corbeaux et les éperviers.

Malheureusement, le travail de ceux-ci est limité car ils ne sont pas équipés pour cette fonction noble de nettoyage. Les carnivores domestiques errants en l’absence de chacals « autres charognards qui ont disparu dans ces zones » n’arrivent pas à parfaire le travail. Ainsi, que ce soit à Ouagadougou ou à Bobo-Dioulasso ou le long des grands axes routiers le constat est là pour interpeller les autorités politiques et la communauté scientifique sur cette disparition.

Pour cela il faudra poser de bonnes questions pour trouver les bonnes réponses. Pourquoi une telle disparition brutale ? Plusieurs hypothèses ont été avancées par les Burkinabè. Sans exclure aucune des hypothèses, les deux premières relèvent beaucoup plus du sensationnel. Il s’agit de :

(i) l’intoxication volontaires ou involontaires à travers les pesticides (raticide, insecticide…) ;

(ii) un massacre clandestin organisé, mais par qui ? 3 cas ont été évoqués mais nul ne peut répondre.

Pourtant, derrière celles-ci se trouvent quatre autres hypothèses plus scientifiques : (i) la disparition ou la modification de leurs niches écologiques entraînant une absence totale des aires de reproduction ;

(ii) une maladie qui aurait décimé des populations entières. Dans ce cas la grippe aviaire est la première incriminée, d’autant que les oiseaux migrateurs d’Europe atteints viennent parfois mourir en Afrique, et comme tout charognard fidèle à ses principes ils consomment les cadavres de ces oiseaux et sont contaminés à leur tour ;

(iii) un succès reproducteur devenu trop faible à cause d’une forte consanguinité entraînant un vieillissement des populations ;

(iv) enfin une disparition liée à l’évolution même de l’espèce.

Il est important alors de trouver les voies et moyens pour mettre dans un premier temps en évidence les facteurs responsables de cette disparition. Puis dans une seconde étape élaborer une stratégie d’intervention pour y remédier.

Dr Boukary O. Diallo INERA/CNRST

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2010 à 09:42 En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    eh bien ca fait des vautours de moins et c’est tant pis !

  • Le 14 janvier 2010 à 10:17, par JOR En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    Monsieur du CNRST, arrêtez de poser des questions ! je pense que d’or et déjà votre centre pourrait s y penser pour mener des recherches par rapport à la disparition de ces oiseaux et mieux nous éclairer !

  • Le 14 janvier 2010 à 10:54, par baba deni En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    ca fait mal au coeur de lire cela’’c’est vrament dommage ;c’est comme si nous assistons a notre propre disparution’’au burkina ses noble vautours etaient presque partout ;moi dans mes souvenires dans le sud ouest’precisement a kampti’ils etaient un grand nombre remarquable toute la journèe par tous ;surtout autours des abattoire ;ils se deposaient comme des rois pour s’emparer des miettes just a côtè de tous ;c’est vrais qu’en lisant cet article ;on a la nostalgie deja de ses temps harmonieux dans nos village paisible ;ce sont nos ancêtres qui avaient raison’’respecter et comprendre notre environnement’’choisire l’harmonie a la brutalitèe ;chères frère et soeur africains’’il n’ya que nous qui pourrions apporter la dernière bonne reponse encord a l’humanitè ;biensûre avec la complicitèe de tout autre peuple’’qui on la même sagesse que nous.jah bless africa’’

  • Le 14 janvier 2010 à 11:40, par peace En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    Est-ce que a Paris ya Charognards ? Pourquoi voulez-vous qu’il en aient a "SIMONVILLE".

    Et puis vous avez fait quelle etude scientifique pour dire que cette espece est menacee dans son existence ? Le fait de ne pas les voir (les vautours) a Ouaga ne suffit pas a mon avis pour se lancer dans des speculations douteuses.

    merci.

  • Le 14 janvier 2010 à 13:16, par foronto En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    j ai une autre thèse : il ya un koudougoulai qui décime nos nobles nèttoyeurs peu na peu

  • Le 14 janvier 2010 à 14:32, par OUEDDY c’est sans rancune !! En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    Toutes ces hypothèses sont peut être vraies,Docteur ; mais il ne faudrait pas occulter la possibilité de la disparition des charognards du fait de l’homme. Y’en a qui raffolent de rôti de charognard ! Sur l’axe Abidjan Ouaga, on en trouve certainement en vente et croyez moi, beaucoup sont ces Burkinabè qui en ont consommé et apprécié sans s’en rendre compte. Les vendeurs de poulets rôtis ou braisés savent manoeuvrer pour métamorphoser un charognard en véritable "poulets". A bon entendeur, salut !

  • Le 14 janvier 2010 à 15:19, par Ouedraogo En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    On mange les charognards a koudougou. il va falloir prendre une loi pour l’interdire. ces animaux sont importants pour la societe

  • Le 14 janvier 2010 à 15:29, par franck ditaspirant Barde En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    Dans un pays ou la pitié et la charité n’exgiste pas le charognard ni est pas ,ily plus 35ans arrivé dans un pays autre que le Faso j’ai demandé a un grand père pourquoi depuis mon arrivé je n’ai jamais vue de charogard,il me dit depuis que tu est la tu as vue un mandient je lui dit non,alors sache que dans un pays ou il ya pas de charité ily a pas de charognard,il ne mange que ce Dieu lui donne,etpuis il est très sage il ne saute jamais sur ce qui a l’aire de mangable.Il dit a ses enfants que pour être un vieu charognard ,il faut attendre le don de Dieu,donc s’assuré que c’est bien mort et propre a la comsomation .Pour ceux qui doute observés un charoganrd qui descend ou s’aproche pour la première sur de la charogne.Et pour être un peu moderne je dit que leurs cites on été détruite par les hommes ,car ils habitent en colonie ala même place sur de grand arbres choisis ,ils ne craignin pas l’homme.

  • Le 14 janvier 2010 à 15:50, par BIGO En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    Vous avez raison mais le pleuple a trop de soucis pour s’attarder sur des charognards.on parle de fin du monde en 2036 si les vautours sont impatients et n’ont pas envie d’attendre et bien que leur espece repose en paix.

  • Le 14 janvier 2010 à 18:26, par Monsieur Gilles En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    n’y a t il pas une corrélation entre les nombreux débris de plastique qui peuplent maintenant les paysages du Faso et la disparition de ce volatile vorace qui ingère tout, de même que dans les océans les poissons absorbent de plus en plus de déchets plastiques mêlés au plancton ?

  • Le 15 janvier 2010 à 00:10, par br En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    Docteur, votre constat nous interpelle, mais je pense que vous devez faire une étude complète pas simplement poser des hypothèses.vous êtes docteur oui ou non ????????
    Vous devez être objectif et précis dans vos analyse.
    Je l’avais aussi constaté comme vous, avec quelques unes des mêmes hypothèses, seulement je suis pas docteur, mais j’ai interpellé mon entourage

    Mr BR

  • Le 16 janvier 2010 à 14:43, par Frédéric Bacuez En réponse à : Disparition de charognards : Où sont passés nos charognards ?

    Pour celles et ceux que cela intéresserait, un excellent document PDF "West african vultures decline", in revue ’Vultures news n° 51’ de septembre 2004, suite aux investigations des ornithologues Jean Marc Thiollay et Guy Rondeau. Leurs enquêtes sur le terrain, sur une période de trente ans, démontrent que les populations de tous les vautours (6 espèces étudiées sur les 8 présentes comme résidentes ou hivernantes en Afrique occidentale)sont en constante régression, en particulier depuis le début de ce siècle. Notre ’charognard’ des villes et villages a vu ses effectifs chuter de 45%, disparaissant même de certaines agglomérations. Quant aux autres espèces, c’est à une véritable hécatombe, mal expliquée pour l’heure, que les scientifiques assistent, impuissants : il ne subsiste que 5 % de leurs effectifs d’il y a trente ans ! Même dans les zones classées eet autres réserves, il est constaté une baisse de 42 % de leur nombre. Si en Asie, le déclin touche uniquement les populations des races gyps, on y sait aussi maintenant les causes : l’utilisation massive du diclofénac pour les soins du bétail est nocive par contre pour les vautours. En Afrique, le document des scientifiques envisage quelques pistes intéressantes (braconnage, sorcellerie, dénichage, abattage des grands arbres, dérangement par les alpinistes sur les falaises du Gourma malien aussi, etc., bref une multitude d’impacts sur des populations à l’origine déjà peu abondantes (à l’exception du ’charognard’ urbain). Si l’étude s’est intéressée à trois pays (Mali, où la forte régresion a commencé dès 1997 - P. Helsens, com. pers. ; le Burkina, où elle a commencé au début de ce siècle et s’accélère depuis 2004 ; au Niger), je dois signaler pour ma part deux points positifs :
    - la création (par décret pour l’heure...) d’un sanctuaire dans les montagnes du Fouta Djalon (Guinée)
    - la présence d’au moins 5 des espèces de vautours, encore en effectifs dynamiques, y compris près des routes, dans le nord-ouest sénégalais, où elles semblent bien tolérées par les Hommes et où les cadavres d’animaux domestiques sont abondants

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