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Moussa Sankara, directeur général du Projet ZACA : La ZACA est un pôle d’investissement de près de 500 milliards sur les cinq ans à venir”

Publié le mardi 12 janvier 2010 à 00h25min

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Le 14 janvier prochain, le Premier ministre procédera au lancement officiel des travaux de construction dans la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA). Ce geste marque véritablement la traduction en acte concret, d’un ambitieux programme urbanistique et architectural commencé dans les années 2000. Pourquoi tant de temps mis pour en arriver à cette étape ? Nous sommes allés à la rencontre du chef du projet qui a répondu, sans détours, à nos questions…

Sidwaya (S.) : Où en sommes-nous avec l’aménagement et les perpectives du projet ?

Moussa Sankara (M. S.) : Nous empruntons en ce moment, la dernière ligne droite du projet ZACA. Depuis 2000, le gouvernement a pris un décret portant extension de la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA).

De cette période à nos jours, les gestionnaires du projet se sont attelés à exécuter la phase viabilisation du site du projet. La viabilisation se résumant à la négociation pour le départ des ex-résidants et à l’indemnisation des résidants qui acceptent de céder leurs terrains, à leur réinstallation sur de nouvelles trames, à la démolition des bâtiments qui ne cadrent pas avec le cahier des charges, à la conception d’un nouveau plan de lotissement, à l’implantation de ce plan et à la réalisation des travaux de voirie et de réseaux divers…

Cette viabilisation était le préalable à la construction des nouveaux bâtiments sur le site du Projet ZACA. L’objectif de la ZACA est de soigner l’image de la ville en rendant ce site plus attractif, moderne et donner à Ouagadougou plus de fluidité dans le trafic, plus de moyens pour lutter contre l’engorgement du centre ville et la pollution.

(S.) : Peut-on dire que la viabilisation est terminée ?

M. S. : La viabilisation est en cours d’achèvement. Les travaux qui restent à réaliser ne gênent pas le démarrage des travaux de mise en valeur des parcelles que nous attendons depuis longtemps. Nous avions du reste, indiqué aux promoteurs qu’ils pouvaient construire pendant qu’on réalisait les travaux de voirie. On n’avait pas besoin d’attendre le bitumage des voies pour construire.

A la pratique, on s’est rendu compte que les souscripteurs attendaient de voir la zone complètement viabilisée avant de démarrer leurs chantiers. Plusieurs raisons peuvent expliquer leur attitude. Je veux parler notamment de la crise financière qui fait que la mobilisation des importantes ressources nécessaires à la conduite de ce genre de projets immobiliers n’est plus facile. Nous avons cependant, l’assurance qu’une vingtaine de promoteurs sont actuellement prêts à entamer leurs travaux, courant le 1er trimestre de 2010.

Nous avons enregistré au total 250 souscriptions, sociétés ou personnes physiques qui ont fait confiance au projet. Le plan de lotissement ayant dégagé 274 parcelles allant de 500 à plus de 1500 m2, il nous reste donc une vingtaine de parcelles à placer. Ces souscripteurs ont payé des avances et avaient un échéancier pour régler le reste. Sur les 250 souscripteurs, 65 ont soldé à ce jour, leurs parcelles. Ces promoteurs n’ont plus qu’à construire.

S. : Est-ce à dire qu’on peut encore acheter des parcelles à la ZACA ?

Moussa Sankara

M. S. : Il faut noter que certaines parcelles qui restent, contiennent une construction. C’est ce qui explique la lenteur de leur placement. Il est bon de savoir que le projet n’est pas venu pour chasser systématiquement les occupants du site. Parmi les résidants, il y en a qui ont choisi de rester et de se conformer au cahier des charges. Ils devaient donc procéder à la rénovation de leurs constructions. Ceux qui ne pouvaient pas remplir le cahier des charges ont été indemnisés et relogés sur des trames d’accueil à Saaba ou à Ouaga 2000.

Le cahier des charges prévoit que le souscripteur a 5 ans pour construire. La date de début n’était pas mentionné au départ. Aussi avons-nous considéré que la date du 14 janvier où le premier Ministre va lancer officiellement les travaux de construction, les contrats vont commencer à courir à partir de cet instant.

S. : Que sont devenus les investisseurs étrangers qu’on disait intéressés par ce projet ?

M. S. : Le projet a trois volets. Le volet viabilisation pouvait intéresser les investisseurs étrangers. Pour les bâtiments privés, on peut faire appel à des investisseurs privés locaux. Ce qui est sûr, pour la construction des équipements publics, on aura recours aux investisseurs étrangers tels que les Taïwanais.

Pour la viabilisation, l’Etat a géré cet aspect sur fonds propres et jusqu’à la fin de l’année 2010, on aura injecté plus de 53 milliards pour ce volet dont 18 milliards pour les indemnisations et les travaux de voirie. Les réseaux divers de l’ONEA, de l’ONATEL et de la SONABEL font autour de 8 milliards.

Pour les bâtiments privés, les promoteurs pourront compter sur les banques locales ainsi que pour le complexe hôtelier 5 étoiles qui fait 29 milliards, le Centre commercial Zangouettin, le parking paysager en face de la cathédrale…On a reçu des promesses d’investisseurs privés internationaux. Ces promesses tardent à se concrétiser mais nous avons bon espoir car les procédures sont généralement longues et complexes dans ce domaine.

Le lancement officiel des travaux de construction contribuera, du reste, à motiver encore plus les investisseurs étrangers qui veulent faire des placements au Burkina.

S. : Une certaine rumeur voudrait que les études préliminaires du projet aient été mal réalisées. Conséquence, il y aurait beaucoup d’eau sous le site de la ZACA. La nappe phréatique affleure pratiquement en certains endroits, rendant difficile la construction de certaines infrastructures. Qu’en est-il exactement ?

M. S. : Les gens se sont beaucoup inquiétés de la présence de la nappe phréatique au niveau de la ZACA. Cela est une réalité. La ZACA a deux sous-zones.

La ZACA extension qui porte sur 85 ha se présente de la façon suivante : on a l’axe central qui se situe autour de Kwamé N’Krumah. Côté Ouest, où se trouve la zone commerciale, on se trouve sur une élévation. Ce qui fait qu’on n’a pas beaucoup de difficultés avec la nappe. Par contre du côté Est, on a le canal qui passe vers le lycée Zinda et qui prend sa source dans la ZACA.

Le niveau de la nappe est très peu profond. Seulement, le problème, s’il est réel, comporte une solution technique. Les sondages de laboratoire révèlent la présence d’eau sur quelquefois 4 m, parfois 3 m. Cela peut engendrer quelques difficultés lors de la construction mais il n’est pas impossible de construire sur ces genres de site. Je ne pense pas que la présence d’eau empêche même la réalisation de sous-sols. Un sous-sol est finalement une sorte de caisson-blindé en béton habillé d’étanchéité.

Tout au plus, il faudrait observer quelques précautions dans l’affectation des sous-sols. Il ne faut pas y stocker certains objets qui craignent l’humidité dans ces sous-sols. Je veux parler des fournitures de bureau et autres documents. Par contre, ces sous-sols peuvent bien servir comme salles de jeux ou de parkings.

S. : Y a-t-il un lien entre ce problème et la limitation du nombre d’étages à construire sur le site ?

M.S. : Il n’y a pas de lien. Lorsque le terrain est mauvais, on préconise un radier général. Or, ce n’est pas le cas dans la ZACA. Nos sols sont solides et même avec la nappe phréatique qui est peu profonde, le site peut encore supporter d’importantes infrastructures pouvant aller de 15 à 20 étages, contrairement à d’autres types de sols dans la sous-région.

S. : Pourquoi ne pas laisser alors les souscripteurs qui le désirent, construire plus d’étages que ce que le cahier des charges prévoit ?

M.S. : Le cahier des charges précise que sur les petites parcelles, on se limite entre 3 et 5 étages, sur les grandes parcelles, on se limite entre 5 et 7 étages. Mais, il y a, en l’occurrence, des parcelles de très grande dimension et plus où il faudrait peut-être accorder la possibilité aux propriétaires d’aller à R + 10 ou R + 20. La question est à l’étude et je pense qu’au cas par cas, on pourra décider de certains réaménagements du cahier des charges ;

S. : A quand l’extension du projet vers d’autres sites voire d’autres villes ?

M.S. : Les perspectives immédiates de la ZACA, c’est le lancement officiel des travaux de construction. On a une vingtaine de souscripteurs qui sont prêts à démarrer leurs travaux, cette année. Au fur et à mesure, on verra des chantiers pousser sur le site jusqu’en 2014-2015. Au-delà, il y a les équipements dont la réalisation sera aussi lancée. Leur construction pourrait constituer le bouclage de la ZACA extension. Maintenant, est-ce qu’il y aura d’autres ZACA ? On y a pensé. La ZACA est une opération très ambitieuse, assez délicate.

Pour des extensions, on a opté d’harmoniser progressivement les constructions dans les quartiers périphériques avec celles qui sont sur le site de la ZACA. Nous avons pour cela, élaboré des cahiers de charges pour les quartiers limitrophes de la ZACA. Cela permettra d’éviter un développement anarchique de ses quartiers.

Est-ce que d’autres quartiers de Ouagadougou vont faire l’objet d’aménagement comme la ZACA ? Il faut savoir que toute opération d’envergure est avant tout politique avant d’être technique. Ce qui est sûr, il y a des villes comme Bobo et peut être Koudougou qui nécessitent qu’on y effectue quelques retouches au moins au niveau de leurs parties centrales. Avec l’expérience de la ZACA, l’autorité saura, en temps opportun, nous instruire sur la voie à suivre.

S. : Quel message avez-vous à l’endroit des souscripteurs et des populations ?

M.S. : Je souhaite à tout le monde, au seuil du nouvel an, de passer l’année 2010 dans la paix et la santé, que ceux qui engagent des projets de construction aient l’énergie et les moyens nécessaires de les mener à terme. A l’endroit des souscripteurs hésitants, je confirme que la ZACA est une réalité et une opportunité. C’est le grand pôle d’investissement. C’est le centre des affaires.

Celui qui aura souscrit à une parcelle dans la ZACA aura fait une bonne affaire. Il ne le regrettera pas. Il y a lieu donc pour les souscripteurs qui sont encore redevables au projet, de venir solder leurs parcelles et commencer effectivement leur mise en valeur. Je les conseille d’engager au plus vite ou d’accélérer les études architecturales pour la construction de leurs immeubles.

Ce qui leur facilitera amplement les travaux de construction. Pour ceux qui sont défaillants, après le lancement, ce n’est pas une menace, nous serons obligé de revoir un peu les conventions qui nous lient. Il y a une liste d’attente. Il y a des gens qui veulent des parcelles et parfois, on n’a pas la qualité de parcelles demandées. Si les souscripteurs défaillants ne se mettent pas à jour, au moment où certains construisent, on ne pourra pas admettre qu’ils aient souscrit, il y a 6 ans et qu’ils n’aient pas encore fini de payer.

C’est l’occasion d’encourager et féliciter ceux qui ont fini de payer leurs parcelles. Je les invite à démarrer rapidement leurs chantiers. A nos concitoyens, je dis que le projet ZACA est l’opportunité offerte par le chef de l’Etat, dans une ambition forte, de faire de cette partie de Ouagadougou, un pôle urbanistique moderne. Déjà l’aménagement de la zone a permis de mieux contenir les eaux lors de la pluie diluvienne du 1er septembre. Si la ZACA n’était pas là, il y aurait, sans doute, eu plus de dégâts notamment dans cette partie de la ville.

Enfin la ZACA, c’est un grand pôle d’investissement de 300 à 500 milliards de F CFA sur les cinq prochaines années. Ce qui procurera de nombreux emplois aux jeunes et relancera l’économie burkinabè. La ZACA contribuera in fine, à lutter contre l’exode des jeunes vers les pays voisins en leur offrant des emplois rémunérés qui leur permettront de retourner développer les régions de l’intérieur.

Interview réalisée par Victorien A. SAWADOGO

Sidwaya

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