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Excédent céréalier : savoir gérer "l’abondance"

Publié le lundi 17 novembre 2003 à 12h17min

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Grâce à une bonne pluviométrie, la production céréalière de la campagne agricole 2003-2004 a été très bonne, voire excellente. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production estimée à environ 3 647 100 tonnes est en augmentation de 17 % par rapport à l’année dernière et de 31 % par rapport aux cinq campagnes passées. Il est même question d’un excédent évalué à 1 008 600 tonnes.

Cette production record, exceptionnelle est due, entre autres, à l’ardeur des Burkinabè au travail, au choix des semences utilisées, à l’utilisation de plus en plus croissante du fumier organique et bien sûr aux fortes quantités d’eaux de pluie qui ont arrosé plutôt que prévu et pendant longtemps tout le pays, sans oublier l’introduction de la petite irrigation villageoise.

En dehors de ceux dont les champs ont été inondés, ceux qui n’ont pas récolté sont ceux qui n’ont pas cultivé. Il a fallu encore une bonne saison de pluie pour que les Burkinabè prouvent une fois de plus qu’ils sont bien parmi les meilleurs cultivateurs de la sous-région. Si cette situation perdure, le Burkina pourrait bien être le "grenier" de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Il ne s’agit pas là d’autosatisfaction propre à flatter l’orgueil d’un peuple que tout le monde dit travailleur.

Les Burkinabè savent mieux que quiconque que tout est suspendu, chez eux, à la volonté du ciel qui s’est montré cette année très généreux. En sera-t-il toujours ainsi ?

Peut-être. Il va de soi que les Burkinabè le souhaitent pour tourner le dos à la famine pour longtemps sinon pour toujours, pourquoi pas.

En fait, la question de la famine ne se résume pas seulement au manque de ressources alimentaires. Elle est liée à la pauvreté.

L’insécurité alimentaire dont souffre nombre d’Etats africains est un problème de développement, de gouvernance. Il ne faut pas attendre les moments de famine ou de catastrophe pour en faire cas. La sécurité alimentaire devrait être un sujet de débat public permanent.

Dans un pays comme le Burkina qui n’a pas de techniques pour prévoir avec exactitude les modifications climatiques, le moindre changement du temps peut être une catastrophe. Avec, un patrimoine naturel défavorable, le Burkina est soumis aux caprices de la nature. Avec toutes les conséquences que cela suppose comme l’exil forcé de populations à la recherche de meilleures terres pour cultiver, la dégradation des sols, la déforestation.

Dans ces conditions, les Burkinabè devraient cultiver l’esprit de prévoyance. Avec les abondantes récoltes céréalières de cette année, personne ne devrait mourir de faim. Comme la prévoyance n’est pas toujours la chose la mieux partagée, il ne sera pas étonnant que certains de nos braves paysans en viennent à dilapider ce qu’ils ont produit. Et les voilà réduits, surtout pendant les moments de soudure, à solliciter la solidarité des autres pour manger.

Il ne sera pas non plus étonnant que des commerçants de céréales parcourent les campagnes pour acheter à vils prix les greniers des paysans. Et cela pour les revendre ailleurs, avec à court ou long terme le risque de pénurie alimentaire.

Face à ces situations, l’Etat ne saurait rester indifférent. Même s’il ne peut intervenir dans la gestion des biens du paysan, il a le droit et le devoir de mettre en garde. La politique de sécurité alimentaire fait partie de ses prérogatives.

La SOPROFA (Société de promotion des filières agricoles) est l’instrument indiqué pour aider les paysans à gérer leur "abondance" céréalière et à les délivrer des griffes de commerçants véreux. Cette structure dont les objectifs sont, entre autres, d’acheter et de commercialiser les produits agricoles devrait prendre en main le problème malgré les difficultés qu’elle rencontre sur le terrain.

Il appartient à l’Etat de donner à cette société les moyens de sa mission, la confiance des producteurs suivra.

Béssia BABOUE
Sidwaya

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