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DISCOURS DE NOUVEL AN DU CHEF DE L’ETAT : Des hommes politiques réagissent

Publié le mercredi 6 janvier 2010 à 02h12min

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A l’occasion du nouvel an, le chef de l’Etat a sacrifié à la tradition en délivrant un message à la nation qui a été diffusé dans la nuit du 31 décembre 2009. Comme d’habitude, ledit message ne laisse pas indifférente l’opinion nationale. Qu’est-ce que les uns et les autres pensent du message du chef de l’Etat ? Qu’est-ce qui a retenu leur attention ? Nous avons recueilli à ce propos les sentiments d’hommes politiques de tous bords. Nous leur avons également demandé leurs voeux pour le nouvel an.

SALIFO TIEMTORE (DEPUTE CDP) : "Le discours du président du Faso était consistant"

"Le discours du président est un acte très important dans la vie de la Nation. Ce discours était consistant et donne la vision du chef de l’Etat pour la paix et la prospérité du Burkina. Après avoir témoigné sa solidarité avec tous les compatriotes dans la souffrance, notamment les malades, il a relevé les changements climatiques, face auxquels toute la communauté internationale doit se mobiliser, selon lui, afin que nous puissions relever ce défi écologique. La crise économique n’a pas été occultée par le président qui s’est appesanti, par ailleurs, sur la paix dans la sous-région et au Burkina car il y va du développement de nos Etats. Le secteur minier constitue à ses yeux un réel espoir pour le Burkina au regard des exploitations ayant cours de part et d’autre, entre autres choses. Je ne peux vous citer tous les points enregistrés par notre pays en 2009 et contenus dans ce discours que je qualifie de complet, et je retiens que le dynamisme du monde des affaires, des services publics et privés a permis au Burkina de faire des pas importants, toute chose que le chef de l’Etat a relevée. Un certain nombre de textes réglementaires et au nombre desquels la définition du chef de file de l’Opposition, la loi sur le quota genre ou encore la signature de la convention collective des médias privés et de la politique nationale genre ont vu le jour et contribueront à améliorer les conditions de travail pour certains et à approfondir la démocratie pour d’autres. Pour l’année 2010, le président a insisté sur la valorisation du capital humain.

Aussi, des écoles et des infrastructures diverses devraient voir le jour, tout comme l’adoption d’un statut particulier pour les enseignants-chercheurs au niveau de nos universités. Au plan social, la gratuité des ARV pour les malades du Sida constitue un acte très important à saluer à plus d’un titre. Le président a une vision constante de la mise en oeuvre de son programme quinquennal, en témoignent toutes les actions déjà entreprises ou les chantiers annoncés dans son discours. Notre population est, en grande majorité, jeune et des formations au profit de cette frange de la population sont prévues en plus du travail combien important qu’abat déjà le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi. Le président a relevé la nécessité du dialogue permanent pour la construction de la paix sans laquelle il n’y a pas de développement dans l’unité et la justice dans notre cher pays le Burkina Faso. Le chef de l’Etat, apôtre de la paix qu’il est, ne cesse de nous appeler à la cultiver en nous chaque jour que Dieu fait. C’était et je le répète, un discours consistant.

Je remercie d’abord le bon Dieu pour tous ses bienfaits et pour nous avoir permis d’atteindre 2010. Pour la nouvelle année, je présente mes voeux de santé, de paix, de succès de prospérité et d’amour à notre peuple ainsi qu’à nos électeurs. Je crois que l’année nouvelle porte en elle beaucoup d’espoirs. A l’endroit des gouvernants, je leur souhaite d’avoir plus de force, de perspicacité et de clairvoyance dans l’accomplissement de leurs tâches. A l’endroit de tous les compatriotes, je leur souhaite d’avoir plus de courage au travail. Je n’oublie pas les hommes politiques que j’invite à travailler pour des échéances électorales apaisées même si des écarts de langage et de ton peuvent survenir. Que Dieu guide nos pas ! Je rends hommage, entre autres acteurs, aux hommes de médias, de la santé et de la sécurité qui se sont distingués par leurs actions multiples, l’année écoulée.


Me HERMANN YAMEOGO, PRESIDENT DE L’UNDD : "Un discours lénifiant et rabat - joie"

Si dans son message du 10 décembre, le chef de l’Etat a étonné en se proposant d’ouvrir les volets de sa gouvernance au vent des réformes, le 31 décembre, il a produit un discours plutôt lénifiant et rabat-joie qui n’apportera pas les lumières demandées pour une meilleure compréhension de son célèbre appel aux citoyens. Il a certes, dans son propos du 31, évoqué l’année 2010 comme étant l’année de l’approfondissement de cette culture démocratique exigeant l’élaboration et la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles répondant à notre aspiration commune de bâtir une société d’espérance et de solidarité mais c’était, sauf démenti ultérieur à espérer, à la dérobée, comme par manière d’acquis. Ceci dit, je trouve que dans sa forme, le message du 31 aurait gagné à être mieux liaisonné et que dans le fond, il ressemble beaucoup plus à une litanie d’autosatisfactions, à un catalogue de bonnes intentions, plutôt décalés par les temps qui courent. Les problèmes évoqués tant politiques qu’économiques ou environnementaux l’ont été de façon superficielle sans toucher au cœur des problématiques qu’ils soulèvent. Mais surtout, ils n’ont pas été assortis de propositions susceptibles de provoquer les adhésions collectives indispensables qu’exige la nature des crises qui en découlent.

Par exemple, pour Copenhague, on se serait attendu, tant qu’à en parler, à un Blaise Compaoré revenant requinqué et proposant une politique écologique à tout casser, propre à motiver le peuple, à assumer ici et maintenant sa part de mobilisation et de sacrifice à la protection de la Planète. Rien n’est venu en ce sens sinon qu’un souci de contribuer à motiver la communauté internationale à endosser ses responsabilités notamment financières pour rétablir les équilibres écologiques rompus… ! Qu’est-ce qu’on fait donc en attendant la grosse manne ?

Au plan économique, le chef de l’Etat a dressé le constat d’une crise monétaire internationale qui a fragilisé notre croissance mais en choisissant de flatter outre mesure le dynamisme du monde rural, du monde des affaires, des services publics et parapublics auxquels il reconnaît le mérite d’avoir aidé le pays à garder la tête émergée. C’est bien mais il a oublié de reconnaître combien on tire la langue pour grappiller les quelques 260 milliards de F CFA pour boucler le budget (qu’au passage, par manque de 20 milliards, nous sommes partis pour passer aux pertes et profits la mise en œuvre du vote des Burkinabé de l’extérieur !). Il s’est aussi gardé d’évoquer le fait que nombre de partenaires prédisent que nous risquons d’avoir quelques deux ou trois points en moins dans nos prévisions de croissance. Au plan des réformes politiques et institutionnelles, nous avons eu droit aux mêmes appréciations extatiques alors que l’impéritie des institutions va grandissant, que les interrogations sur l’introuvable démocratie, le futur et le vague à l’âme, se font lourdes. L’évaluation ici est franchement surréaliste surtout lorsqu’elle en vient, en bouquet final, à la conclusion qu’au plan de la Décentralisation, tout se passe correctement alors que les dérives et autres dysfonctionnements ne se comptent plus, que même bien de bailleurs expriment de plus en plus leur déception sur le sujet.

Le chef de l’Etat aura, c’est vrai, fait plaisir en annonçant le statut particulier tant attendu des enseignants-chercheurs et en promettant que pour 2010, le traitement pour le Sida sera gratuit. Mais à la différence, quoiqu’on dise d’un Nicolas Sarkozy ou d’un Ali Bongo mais contrairement surtout à un Amadou Toumani Touré, il n’a pas dévoilé ce projet emballant et rassembleur de fin d’année à même de nous aider à faire face à nos défis complexes. Il a oublié par exemple d’évoquer la question lancinante de la sécurité et s’est gardé de nous parler à juste hauteur de l’ampleur de la corruption, de la réforme de la justice. Quant au cinquantenaire de l’indépendance, évoqué chez nous de façon pionnière, comme étant une opportunité pour une thérapie nationale, il a damé dessus, laissant le leadership sur ce plan au Cameroun, à la Côte d’Ivoire, au Sénégal et même à la France, ancienne puissance colonisatrice qui nous prépare sur la question, un grand jeu. Si Blaise Compaoré est revenu sur les facilitations à l’extérieur (son dada), il a oublié de relever qu’autant le dialogue facilité à l’extérieur à des Africains en conflit, peut garantir notre propre sécurité, autant le défaut de ce même dialogue en interne peut être dévastateur, et pour nous, et pour les autres !

Au total donc, ce message du 31 n’est pas le genre de discours sorti des tripes et qui nous aide à passer d’une année à l’autre, portés par les ailes de l’optimisme ! Blaise Compaoré a dû peut-être tenir compte de pesanteurs multiples propres aux charges qui sont les siennes mais comme disent les enseignants, il aurait pu tout de même nettement mieux faire.


Me BENEWENDE SANKARA, PRESIDENT DE L’UNIR/PS : "Ce discours ne permet pas aux Burkinabè de rêver"

Je voudrais tout d’abord présenter au peuple burkinabè et en particulier aux lecteurs du journal "Le Pays", mes voeux les plus sincères pour l’année 2010. C’est une année de défis, mais si on a la santé, la paix dans nos coeurs et la foi, nous pourrons atteindre le bonheur. La plupart des Burkinabè qui ont eu le courage d’écouter M. Blaise Compaoré (parce que nombreux sont ceux qui trouvent que ses discours manquent d’innovation et préfèrent zapper quand il parle) se sont rendu compte que c’est la langue de bois. Je ne vois pas de grandes innovations si on doit prendre le recueil des discours du chef de l’Etat. Les attentes des Burkinabè sont toujours déçues même si on annonce pour 2010 la gratuité des ARV. Ce discours ne permet pas aux Burkinabè de rêver. Ce tonus dans son discours pose problème.

D’ailleurs, les gens sont sceptiques. J’ai suivi la réaction de quelques responsables d’associations de lutte contre le Sida qui doutent de cette promesse. Ils disent que dans le passé, des déclarations de ce genre n’ont pas été suivies d’effet. Les gens se posent donc des questions. Est-ce qu’il y aura par exemple des mesures d’accompagnement ? Les Burkinabè n’ont plus foi en Blaise Compaoré dans ses discours. Quand un chef d’Etat prononce un discours et son peuple est dubitatif, cela veut dire qu’il y a fondamentalement un problème. Sur le second plan, il a parlé d’enracinement de la démocratie. On n’enracine pas un arbre mort. Aujourd’hui, que le chef de l’Etat s’aperçoive que notre démocratie a besoin d’être approfondie, on peut se demander avec qui cela se fera. Avec ceux-là même qui ont créé les conditions d’asphyxie de cette démocratie ? C’est pourquoi l’enjeu de 2010 devient important parce que je reste convaincu qu’il faut un changement qui permettra au peuple burkinabè d’avoir un destin et son rêve à lui qu’il peut réaliser. Je pense que le Burkina a besoin d’un changement pour pouvoir consolider sa démocratie et aller de l’avant dans le progrès économique et social avec un nouvel espoir. Et c’est cela qu’il faut peut-être offrir aux Burkinabè en 2010.

J’ai noté avec intérêt les propos du directeur général des Editions "Le Pays", M. Boureima Jérémie Sigué, qui a dit qu’il ne faut pas souiller l’article 37. Personne ne conteste la révision d’un texte. Mais la Constitution est la projection de toute une vision, d’un destin. Ce n’est pas pour rien que les grands pays ont des constitutions pérennes. Au Burkina, le Collège des sages a recommandé de ne pas toucher à la limitation des mandats parce que cela pourrait être source de dérives. Notre Constitution a opté pour la séparation des pouvoirs. On ne doit donc pas changer la Constitution pour permettre à M. Blaise Compaoré (qui concentre déjà tous les pouvoirs entre ses mains) d’être un roi ou un empereur ; ce que certains dans ses propres rangs ont dénoncé. Je suis inquiet de ces révisions qui vont enlever toute l’essence de la Constitution. Cela peut conduire au chaos, ce que personne ne souhaite pour ce pays. Ne faisons pas des combats archaïques tendant à faire porter au peuple nos intérêts égoïstes. Offrons-lui plutôt les moyens de sortir de la misère, du sous-développement et d’avoir accès à la justice sociale par la répartition équitable des fruits de la croissance.


AMADOU DIEMDODA DICKO, PRESIDENT DU GROUPE CFR : « Les initiatives annoncées par le Chef de l’Etat vont contribuer à apaiser le climat »

J’ai une réaction positive par rapport au discours du Chef de l’Etat dans la mesure où il a embrassé les points sensibles de la vie de notre nation. Je veux notamment parler du domaine de la santé avec l’annonce de la gratuité des anti-rétroviraux au bénéfice des malades du Sida. C’est une mesure très salutaire. Il y a aussi qu’au niveau de l’enseignement qui constitue un secteur primordial, il a affirmé son engagement à faire de la valorisation du capital humain, une réalité. Je pense que cela va contribuer à apaiser le climat social quand on sait que notre université a été secouée ces dernières années par de nombreuses crises. Il a également évoqué la question du désenclavement qui constitue une préoccupation fondamentale dans le cadre de la décentralisation. Il est évident que la décentralisation doit s’accompagner de réalisations de désenclavement, à savoir les voies de communication que sont les routes. Ce sera un grand ouf de soulagement pour les populations.

J’ai noté avec beaucoup de satisfaction sa promesse de faire du renforcement des initiatives en faveur des personnes les plus démunies, un défi majeur.

Pour des vœux du nouvel an, qu’il ne faut pas confondre avec un discours-programme, je trouve qu’il a pris en compte les aspirations les plus profondes de notre peuple. Le président a annoncé sans démagogie des projets réalisables au cours de cette nouvelle année. Je me félicite du réalisme dont il a toujours fait montre dans ses initiatives en faveur des populations. Pour moi, lorsqu’il dit qu’il pense aux populations les plus démunies, je crois que ce ne sont pas seulement les populations rurales qui sont concernées, il y aussi des personnes démunies au sein des agents de l’Etat. De ce point de vue, je vois cela comme un engagement à prendre des mesures bénéfiques pour tous. Quand on sait qu’un seul fonctionnaire peut avoir souvent 10, voire plus de membres de sa famille à sa charge, si on soulage ces personnes, je pense que ce fonctionnaire se trouvera soulagé. En ma qualité de président du groupe Convention des forces républicaines, je voudrais profiter de l’opportunité pour présenter mes vœux les meilleurs aux Editions ‘’Le Pays’’, aux populations burkinabè notamment celles du Sahel qui, je ne doute pas un seul instant, ont suivi avec beaucoup d’intérêt le discours du Chef de l’Etat.

Propos recueillis par Philippe BAMA, Dayang-ne-wendé P. SILGA, Abdoulaye TAO et Paul KABORE (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 janvier 2010 à 05:13 En réponse à : DISCOURS DE NOUVEL AN DU CHEF DE L’ETAT : Des hommes politiques réagissent

    le discours du president est nul tres nul.c’est un discours qui me fait vomir je prefere ecouter le discours de barack obama que le discours de notre president.on t’attend au tournant mr le president.

  • Le 6 janvier 2010 à 17:10 En réponse à : DISCOURS DE NOUVEL AN DU CHEF DE L’ETAT : Des hommes politiques réagissent

    Hé vous là ! arrêtez de menacer le Président, vous allez lui faire peur et il va encore perdre la tête et s’accrocher encore plus au fauteuil présidentiel. Mais rassurez-vous, on va le faire partir. JE VOUS LE PROMETS, IL IRA EN RETRAITE, NOUS NE LUI DONNONS AUCUN CHOIX. MAIS NOUS ALLONS TOUT DE MÊME GARANTIR SA SÉCURITÉ.

  • Le 13 janvier 2010 à 10:59, par leboud En réponse à : DISCOURS DE NOUVEL AN DU CHEF DE L’ETAT : Des hommes politiques réagissent

    je pense que repondre a un article sur le net nessecite beaucoup de reflexion car tu doit te dire que ta reponse est lue patout dans le monde.meme si tu n’aime pasle lievre reconnais qu’il est grand coureur.pour moi il faut faire partir quelqu’un de son poste si je suis convaincu que le remplaçant sera a la auteur.il n y a pas d’a peu pret pour diriger un peuple.soignons reflechie et cherchons la personne qu’il faut si les opposant se font une meme voie.

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