Instant de ferveur et de joie, l’on a surtout rendu hommage aux pionniers de cette école primaire de Bagassi qui date des temps coloniaux. 1949-2009, cela fait 60 ans que cette école primaire publique a ouvert ses portes. C’est donc plus d’un demi-siècle que ce temple du savoir est au service du développement humain dans cette commune rurale située à près de 230 km, à l’ouest de la capitale du Burkina Faso.

Pour commémorer cet anniversaire, l’Association pour le développement de la ville de Bagassi (ADVB) a voulu que tous les filles et fils de Bagassi, les anciens maîtres et élèves se retrouvent. Et ce fut des retrouvailles fort émouvants dans la cour de l’école. Poignées de main par-ci, accolades par-là, le nombreux public qui a fait le déplacement ne cachait pas sa joie de retrouver sa "vieille" école avec ses arbres qu’il a plantés ni de voir un ancien maître ou un camarade de classe.

Le clou de l’événement a été marqué par une cérémonie solennelle où de hautes personnalités (membres du gouvernement, députés, autorités politiques, militaires et paramilitaires de la région de la Boucle du Mouhoun) ont manifesté leur attachement à cette école. La série d’allocutions a permis à l’assistance de connaître non seulement l’histoire de cette école, mais aussi les difficultés auxquelles elle est confrontée aujourd’hui.

Selon Danou Jacques Bambio, qui s’est exprimé au nom des élèves de la première promotion de l’école :"il y a 60 ans, 85 enfants d’âges divers ont été contingentés, sinon prélevés de force pour ouvrir cette structure coloniale".

Les élèves de cette première promotion, a-t-il poursuivi, étaient presque tous issus du milieu défavorisé. Les apprenants ont d’abord commencé à prendre les cours sous des arbres, ensuite sous des paillotes, puis dans un bâtiment en banco réalisé par la population et enfin dans un bâtiment construit en parpaings.

Selon le témoignage de M. Bambio, sur les 85 élèves au départ (80 garçons et 5 filles), ce ne sont que 30 qui parviendront au cours moyen deuxième année (CM2) dont une fille. Les élèves présentés à l’examen du CEPE étaient au nombre de 17 et il n’y a eu que 2 admis que sont Bissilo Yé et Danou Jacques Bambio lui-même. Un témoignage émouvant qui montre jusqu’à quel point le taux de déperdition scolaire était élevé. De nos jours le taux de réussite à l’examen du CEP varie entre 60 et 70%.

Ces résultats sont certes, encourageants mais M. Korbéogo, chef de la Circonscription d’éducation de base de Bagassi notera que la première école primaire aujourd’hui école "A", souffre d’un manque de matériel. Le problème de table-bancs, de chaises et bureaux pour maître se pose avec acuité. Il a donc lancé un appel à l’assistance pour une aide.

La Boucle du Mouhoun aura bientôt son université.

Dans son allocution, Joseph Paré, ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, parrain de la cérémonie, a tenu à souligner l’importance de l’école dans le développement d’un pays. "En soixante ans d’existence, l’école primaire publique de Bagassi "A" a formé plus de 4 700 élèves.

En nous référant aujourd’hui au nombre et à la qualité des ressources humaines issues de cette école, nous devons nous convaincre que l’école est un puissant levier de développement", a-t-il dit. C’est pourquoi, il a invité les populations à la base à s’organiser davantage pour soutenir l’action de l’Etat et de ses partenaires dans le domaine de l’éducation en général et de celle des jeunes filles en particulier.

Pour lui, la célébration du soixantenaire est une occasion pour les filles et fils de la commune de Bagassi, de mener des réflexions approfondies afin de dégager des voies d’accompagnement de leurs frères, de leurs sœurs et de leurs enfants dans la quête du savoir.

Il a par ailleurs rassuré qu’il a pris bonne note des difficultés que connaît l’école "A" de Bagassi et a promis d’y apporter des réponses dans la mesure du possible. Joseph Paré a profité de cet anniversaire pour annoncer l’ouverture prochaine de l’Université de Dédougou. "C’est un projet qui tient à cœur le président du Faso", a-t-il souligné.

Avant l’Université, le chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun bénéficiera d’un lycée d’enseignement technique dont la pose de la première pierre est prévue au mois de mars. La cérémonie s’est achevée avec des remises de matériel didactique à l’école.

B. Léopold YE

Sidwaya