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Loi en cours sur les interprofessions agricoles : Les paysans émettent des doutes

Publié le mardi 22 décembre 2009 à 01h31min

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La loi en cours d’adoption sur les interprofessions agricoles suscitent déjà des remous. Au cours d’un atelier d’informations organisé par la Confédération paysanne du Faso le 17 décembre dernier à Ouagadougou, les producteurs redoutent que cette loi vienne chambouler l’organisation actuelle du monde paysan au détriment de la diversification des productions.

Pour les paysans, le fait qu’il n’aura qu’une seule interprofession par filière pose problème. Ils sont donc décidés à s’informer au cours d’un atelier de sensibilisation sur la nouvelle loi en cours d’élaboration.

En effet, l’avant-projet de loi stipule qu’une interprofession égale un produit regroupant uniquement les différents maillons (producteurs, commerçants, transporteurs, …). Or, certaines filières notamment les céréales (maïs, sorgho, mil) avaient déjà une organisation (comité interprofessionnel des céréales, conseils des oléagineux...).

Ces structures doivent ainsi se conformer à l’avant-projet de loi qui stipule qu’on ne peut avoir une interprofession qu’à partir d’un produit. D’où la pomme de discorde entre le législateur et les producteurs.

Ces derniers souhaitent qu’on leur donne la latitude de s’organiser en interprofessions « sans que le projet de loi ne soit une menace pour nos activités de production. Les producteurs craignent que si cette loi venait à être adoptée conduise à un chamboulement en profondeur de l’organisation actuelle du monde paysan, partant à limiter les possibilités de diversification des productions », souligne le secrétaire général de la CPF, Marc Gansoré.

C’est l’une des principales inquiétudes du monde paysan même si la loi ne dit pas explicitement qu’un producteur membre d’une interprofession ne peut adhérer à une autre. Mais M. Gansoré pense que « ça équivaut à aller à une spécialisation par produits ». Selon lui, les points de divergences doivent être discutés à nouveau afin de trouver un terrain d’entente pour une bonne mise en œuvre de la loi sur les interprofessions.

« On s’est dit qu’il faut ouvrir pour permettre aux filières économiquement rentables comme le maïs, de soutenir celles qui le sont moins tel le petit mil » , renchérit Salia Amaria Issouf, chargé d’assistance technique au comité interprofessionnel des céréales du Burkina.

L’enjeu pour les organisations paysannes est que la nouvelle loi tienne compte des préoccupations de la famille des producteurs en vue de contribuer à la sécurité alimentaire et à renforcer les revenus des ménages. D’autres points de divergences non moins importants portent sur l’instauration d’une contribution volontaire obligatoire qui sera imposée à chaque interprofessions dans la mobilisation des ressources.

« Nous ne voyons pas comment cette contribution va être mobilisable par les interprofessions si toutefois, le cadre institutionnel proposé ne satisfait pas toutes les parties », s’insurge Marc Gansoré. Pour l’heure, le montant n’est pas encore déterminé. Une position que le directeur de l’organisation des producteurs et de l’appui aux institutions rurales, une structure logée au sein du ministère de l’Agriculture, Etienne Z Kaboré, ne partage pas.

Pour lui, l’interprofession donne un cadre idéal aux producteurs de pouvoir se concerter avec les autres maillons d’une filière en vue de dégager ensemble des stratégies de promotion. « Cela a besoin de cadre juridique ». Rejetant en bloc les inquiétudes émises par les organisations paysannes, M Kaboré pense au contraire que « c’est ignorer que chaque filière constitue un cas à part et a donc besoin d’actions ciblées de promotion ».

En plus, a-t-il poursuivi, la loi donne la possibilité de créer des interprofessions mais ce n’est pas obligé que les acteurs d’une filière qui n’en ressentent pas la nécessité créent une interprofession. « Autrement dit, il ne sera aucunement fait obligation à des acteurs de créer une interpofession s’ils n’en veulent pas », a-t-il tenu à préciser, ajoutant que la loi sur les interprofessions vise une plus grande professionnalisation des acteurs.

S.N.C

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2009 à 16:15 En réponse à : Loi en cours sur les interprofessions agricoles : Les paysans émettent des doutes

    Mais Bon Dieu ! Réflexe de régimes d’exception, quand tu nous tiens ! Pourquoi dans nos pays pauvres l’administration tient toujours à contrôler tout ? La constitution ne dispose t-elle pas que la création de cadres de regroupements et d’ organisations (association, groupements, parties politiques ...) est libre selon les intérêts et les sensibilités des acteurs ? Pourquoi décréter qu’il ne saurait y avoir qu’une seule organisation interprofessionnelle à la quelle tout le monde doit se référer même si la direction est médiocre ? Voulez - vous créer une administration bis ? Revoyez profondément votre copie ? Le principe même est anticonstitutionnel.

  • Le 22 décembre 2009 à 16:43 En réponse à : Loi en cours sur les interprofessions agricoles : Les paysans émettent des doutes

    HE LES GARS. LAISSEZ LES GENS S’ORGANISER LIBREMENT. NE VOUS DONNEZ PAS DES OCCUPATIONS INUTILES. POURQUOI CETTE LOI QUI VA ETRE INUTILE ET IMPOSSIBLE A APPLIQUER ?

  • Le 5 janvier 2010 à 20:01, par sino En réponse à : Loi en cours sur les interprofessions agricoles : Les paysans émettent des doutes

    Je suis d’accord avec mes prédecesseurs et je m’interroge de savoir pourquoi élaborer une loi même pour les interprofessions, si elle ne va obliger personne y à l’appliquer ? A mon avis, c’est plutôt la loi coopérative, qui du reste n’a jamais été évaluée depuis sa promulgation, qu’il faut relire, en vue de l’adapter aux situations nouvelles que le monde des producteurs agricoles connait aujourd’hui. Car, c’est avec des organisations professionnelles de base, fonctionnant selon des règles précises au niveau des différents maillons des filières, que l’on construit les interprofessions, pas avant.

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