Pendant soixante-douze heures, formateurs, étudiants, professionnels des médias venus du Burkina, d’Afrique et d’ailleurs se sont instruits et ont débattu lors d’une série de quatorze conférences dont les sous-thèmes variés tournaient autour du thème central du renforcement des capacités des journalistes. Parmi ceux-ci, la problématique de la régulation et de la liberté de la presse dans l’espace francophone, l’accès aux sources d’information, et l’apport important des technologies de l’information et de la communication. Des sessions de formation ont été également initiées dont celle qui a porté sur les genres rédactionnels à l’adresse des correspondants de presse.

Malgré l’intérêt des échanges dont les sujets n’ont pas été épuisés, il a fallu néanmoins se dire au revoir. D’où la cérémonie de clôture au cours de laquelle il a été fait lecture du rapport de synthèse de cette 6e édition des UACO. Les participants ont fait un plaidoyer lu par Aimée Djiguemdé. Ce plaidoyer demande à toutes les bonnes volontés une contribution à l’enrichissement du savoir-faire professionnel des journalistes. Les participants demandent également, entre autres, aux gouvernements africains, à l’Organisation internationale de la francophonoie (OIF), à l’Union internationale de la presse francophone (UPF) de soutenir tous les efforts militant en faveur du renforcement des capacités des journalistes pour plus de professionalisme. Aux hommes et femmes des médias, aux instances de régulation des médias, aux instituts des sciences et techniques de l’information et de la communication, il a été demandé de faire bénéficier aux professionnels des médias de stages pratiques dans les médias africains et d’ailleurs, de mettre à leur disposition des équipements et outils adaptés aux mutations que connaît ce métier. Enfin, la Direction du développement des médias (DDM) et toutes les structures de formation ont été interpellées afin qu’elles soutiennent toute initiative allant dans le sens du renforcement des capacités.

Après ce plaidoyer, la parole a été donnée au ministre de la Culture, du tourisme et de la communication, Filippe Savadogo, pour mettre un terme à cette 6e édition. Il a d’abord assuré que le plaidoyer n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Puis, négligeant le langage des discours convenus et avec un ton dynamique et enjoué qui a eu le don de plonger l’assistance dans une ambiance bon enfant, le ministre, en guise de consolation au non-épuisement des sujets, a dit :"Mieux vaut débattre sur une question sans la régler que de la régler sans en avoir débattu." Pour lui, cette édition des UACO permettra à tout un chacun de repartir, en guise de cadeau de Noël, avec des têtes bien remplies et avec également des ... demandes en mariage ! Il a conclu que la formation doit continuer pour aguerrir des hommes et des femmes qui maîtrisent la plume mais dont les écrits ne seront pas ramollis par le "gombo" !

Filippe Savadogo, ministre de la Culture : "Faire du Burkina la capitale de la presse libre"

Je suis comblé dans la mesure où tous les participants ont dit qu’il faut que nous continuions à consolider nos compétences et nos capacités. On en appelle déjà aux UACO 2010. Il est important pour nous de débattre des questions, de trouver des alternatives et d’apprendre à nos jeunes frères qu’à ce métier, on ne vient pas quand on n’a pas de travail mais bien au contraire. Toute l’année, on va se former et on ne doit pas s’arrêter de se former car ce métier est exigeant et changeant. L’intérêt d’une telle rencontre, c’est de renforcer l’assise du Burkina comme la capitale de la presse libre. Nous sommes 6e en Afrique, ce n’est pas rien et il faut que cela continue. Aujourd’hui, celui qui ne maîtrise pas les TIC, ce n’est pas la peine de venir en journalisme. On ne peut plus faire ce métier en demandant à avoir une secrétaire pour faire un travail d’écriture.

Pr Serge Théophile Balima, parrain des 6es UACO : "Si le journaliste démissionne, la démocratie sera plus appauvrie"

Chacun a pris conscience de la complexité de la formation. Faut-il se former avant d’aller exercer le journalisme ou faut-il se former en exerçant le journalisme ? C’est une grande question mais je crois que dans tous les cas, la formation est indispensable. Et elle doit se faire en permanence car le journaliste ne sait jamais et doit savoir d’abord. Ensuite, il donne l’information, il explique le phénomène pour que le citoyen soit plus éveillé, plus regardant et plus responsable. Le journaliste est celui qui rapporte les faits avec le maximum d’exactitude en essyant de ne pas s’impliquer subjectivement mais en faisant en sorte que seule la vérité l’emporte sur les autres considérations. C’est cela le journalisme. Si le journaliste démissionne, la démocratie sera plus appauvrie, car ce qui enrichit la démocratie, c’est l’information, la vérité.

Par Abdou ZOURE

Le Pays