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CONFERENCE SUR LE CLIMAT : Le temps se gâte sur Copenhague

Publié le vendredi 18 décembre 2009 à 02h16min

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Avis de mauvais temps sur la capitale danoise. La grisaille de la ville (neige, vent, pluie) semble peu à peu engourdir les efforts des participants à la conférence sur le changement climatique de Copenhague (COP 15). A Bella Center où se tiennent les travaux, les ONG ont été vidées pour laisser la place aux chefs d’Etat et de gouvernement. Ils sont ainsi environ 120 à fouler le tapis rouge déroulé pour eux. Mais le cœur n’est franchement pas à la fête. Les résultats que vont fournir les sherpas aux têtes couronnées ne sont pas fameux. Aucun document consensuel et solide n’a pu être rédigé. A quelques heures de la clôture des travaux, le spectre de l’échec plane donc sur cette grand- messe destinée à sauver la planète.

Plusieurs éléments se sont bousculés ces derniers jours, et qui sont venus crisper l’atmosphère. Il y a eu d’abord le coup d’éclat de la délégation africaine qui a claqué momentanément la porte des travaux. Puis, un autre coup de théâtre est survenu avec la démission de la présidente de la conférence, la ministre danoise des Affaires étrangères, Connie Hedegaard. Il y a eu aussi d’incessantes querelles de procédure qui ont entraîné une perte de temps à un moment aussi crucial. Les critiques ont dès lors commencé à fuser sur la qualité de l’organisation de la conférence, l’Inde allant jusqu’à parler de « bazar intégral ». Et pour tout corser, il y a ces affrontements récurrents entre forces de l’ordre et activistes d’ONG, ceux-ci exigeant de pouvoir dire ce qu’ils pensent aux politiques. Bref, les derniers jours de la conférence ressemblent plus que jamais à une foire d’empoigne.

Pour désamorcer la bombe, la France a pris les devants à travers une série de propositions, tantôt seule, tantôt en partenariat avec d’autres puissances. Le président français Nicolas Sarkozy, qui se montre tant combatif, a-t-il d’abord des visées électoralistes ? On sait que la France se prépare à des élections régionales pour lesquelles le parti présidentiel tient à renverser la vapeur. On sait aussi que les Français sont de plus en plus sensibles aux questions écologiques. Toutes choses qui font croire que Sarkozy pense à l’avenir du monde, mais aussi à celui de son parti, l’UMP. C’est de bonne guerre. Quel dirigeant de pays industrialisé n’a-t-il pas d’ arrière-pensées en se présentant à Copenhague ? Même Barack Obama, que l’on dit très engagé dans la lutte contre le changement climatique, ne peut faire fi des puissants lobbys industriels de son pays.

A la suite de la France, qui, la première, a annoncé, dans le cadre de l’Union européenne, une aide climatique chiffrée de 3,5 milliards de dollars par an sur trois ans, d’autres pays occidentaux ont commencé à annoncer quelques contributions. Comme dans un téléthon, où certains agissent par philanthropie, chacun a sorti son chéquier. On peut faire rapidement le calcul : Etats-Unis, 1,2 milliards de dollars ; Japon, 19,5 milliards dont 15 d’argent public ; Australie, France, Japon, Norvège, Royaume-Uni et Etats-Unis pour 3,5 milliards par an en vue de lutter contre la déforestation dans les pays pauvres. Par rapport aux 100 milliards de dollars par an demandés par l’Afrique, le compte n’y est pas. Mais l’Afrique peut-elle refuser cette offre, même insignifiante, au risque de tout perdre ? On peut parier qu’elle fera sien cet adage selon lequel « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Maigre consolation…

C’est désormais clair, le monde industrialisé a décidé de sacrifier l’avenir des futures générations sur l’autel de ses intérêts bassement matériels. Pour des pays qui se disent démocrates, c’est une attitude pour le moins bizarre, que de refuser le principe du pollueur-payeur. Décidément, la météo n’est pas bonne à Copenhague. Une telle conférence, si elle était organisée dans un pays sahélien, sous 45° degrés à l’ombre, aurait peut-être eu le don de mieux réchauffer les ardeurs des pays riches.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 décembre 2009 à 20:11, par Le citoyen en RCI En réponse à : CONFERENCE SUR LE CLIMAT : Le temps se gâte sur Copenhague

    Très bel article d’ailleurs j’invite les pays africains en particulier le Burkina Faso à vite ouvrir l’œil sur les graves conséquences des changements climatiques plutôt que de se laisser emporter par les dollars de je ne sais qui. Ces dollars sont destinés à "protéger les forêts" et non à secourir des sinistrés ou venir en aide aux paysans burkinabè victimes d’une mauvaise pluviométrie.Comprenez vite que le monde est un Far West et que de toute les façons les plus forts sont préoccupés les problèmes de chômage engendré par la crise récente.
    NB : Les scientifiques ont montré qu’on est soumis à de graves conséquences si la température augmente de 2 °C. On tend donc vers la mort

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