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Toubé Clément Dakio : L’homme qui voulut être président du Faso parle

Publié le mardi 15 décembre 2009 à 02h14min

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Il a fait partie des 12 candidats à la présidentielle de 2005 où il a terminé avant dernier. Il est le président de l’Union pour la démocratie et le développement, (UDD). Comme beaucoup de ses concurrents, il est parti ou reparti dans l’ombre. Le désir de savoir ce qu’est devenu cet homme qui voulait diriger le Burkina Faso, nous a conduits à le rechercher et le trouver.

Après les élections, on ne vous a plus revu en public si ce n’est quelques apparitions dans la presse. Que devient alors l’ancien candidat à la présidence que vous êtes ?

Je vis comme un retraité. S’il y a un problème social, je m’y associe. Sur le plan politique, nous avons eu à un certain moment à parler de refondation. Mon parti était parmi les refondateurs, avec Hermann Yaméogo, Soumane Touré, feu Cyril Goungounga et autres.

A l’élection présidentielle en 2005, vous étiez l’X de la course. Qu’en dites-vous ?

Chacun est un inconnu quelque part. Je suis inconnu au niveau des journalistes à Ouagadougou mais dans ma région, on me connaissait. De toute façon, la connaissance ou la renommée est relative. Si vous allez chez nous dans la Kossi, si vous demandez qui est le président Compaoré, les gens n’en savent rien.

Dans la Kossi, vous dites que vous êtes connu. Mais on se rappelle qu’en 2005, Blaise vous a battu avec un score de 73, 67%. Comment cela s’explique-t-il ?

Notre parti a été fondé en 2002 avec les moyens de bord. Vous savez qu’au Burkina Faso, le facteur financier est très déterminant. Le CDP a habitué les électeurs à l’argent. Certains de mes amis m’ont dit qu’ils voudraient me soutenir mais qu’ils souhaitaient manger d’abord. Alors si j’avais les moyens, j’aurais été soutenu. Il n’y a que le CDP et quelques partis qui ont de l’argent pour corrompre les électeurs.

Vous avez séjourné en un moment au CDP. Qu’est-ce qui vous avait conduit dans ce parti ?

De retour de Dakar, et quand j’ai voulu rentrer dans la politique, j’ai consulté des gens et tâter le terrain. Des amis et autres m’ont influencé. J’avais cru que j’allais pouvoir travailler correctement pour ma région. Mais j’ai vu qu’il y avait beaucoup de compétition et tant de pratiques moins orthodoxes au CDP.

De quel type de compétition faites-vous cas ?

Pour accéder à un certain nombre de poste, il fallait avoir une certaine capacité…

Il semble que vous n’aviez pas aimé la concurrence !

La concurrence est bien quand elle est sincère. J’étais un nouveau venu. Les responsables du CDP ne me connaissaient pas. Or pour avoir un poste dans le CDP, il fallait être connu.

Est-ce à dire que vous avez créé l’UDD parce que vous n’avez pas eu de poste au CDP ?

J’avais une certaine idée de la politique. J’ai mes opinions politiques, que je ne retrouvais pas au CDP.

Combien d’années avez-vous passées au CDP ?

Mon passage au CDP n’a pas couvert une année. Je suis arrivé en 1998 où j’ai fait la campagne avec le CDP. Après les élections, compte tenu de ce qui s’était passé, j’ai vu que cela ne correspondait pas à ma ligne politique…

Qu’est-ce qui vous amené dans la politique ? N’êtes-vous pas tombé dedans par hasard ?

D’une manière ou d’une autre, on est obligé de faire la politique. Dans ma région, étant donné mon niveau et mon expérience, certains n’auraient pas compris et accepté que je ne m’engage pas politiquement. J’ai beaucoup d’expérience, j’ai beaucoup voyagé dans tous les pays de l’UEMOA. Je me suis dit qu’en proposant mon expérience cela pouvait passer. Personnellement j’ai trouvé que c’était dommage de me mettre de côté, vivant une retraite aisée et paisible. Maintenant que j’ai essayé, que cela réussisse ou pas, j’aurai la conscience tranquille. Personne ne pourra m’en vouloir. Mais je ne crois pas être tombé dans la politique par hasard. Tout le monde fait la politique.

Quelles leçons avez-vous tirées de l’élection de 2005 ?

Personnellement je dis que le côté financier a beaucoup influencé les résultats. Et de toute façon comme le CDP est un parti qui couvre tout le pays avec tous les moyens matériels et humains, il était logique qu’il soit vainqueur. Cela ne veut pas dire que les autres doivent baisser les bras. Nous avons des idéaux à défendre. Quels que soient les moyens je vais continuer à défendre l’idéal que je considère noble.

Comment appréciez-vous le degré d’implantation de votre parti sur l’échiquier politique national ?

En 2005, j’ai quand même eu des électeurs partout, dans les provinces. Mais le parti en tant qu’organisation était surtout basé dans la Kossi, le Mouhoun, le Houet, les Banwa. On a une représentation vers Fada N’Gourma. Le parti ne couvrait pas toutes les provinces.

Cela ne semble pas avoir changé énormément !

Oui vous avez raison. Depuis les dernières élections, l’organisation du financement des partis est telle que les petits partis n’ont plus droit aux financements publics hors campagne pour leurs activités. Le CDP a conduit l’Assemblée nationale à prendre des lois qui font que le financement hors campagne revient seulement à quelques partis politiques.

N’est-ce une invite à plus de travail au niveau des petits partis ?

Pour se battre, il faut des moyens. Le moindre déplacement coûte de l’argent. On peut avoir les moyens pour créer un parti mais à un moment donné ces moyens peuvent faire défaut. En plus, au Burkina, les militants ne cotisent pas. Généralement ce sont les fonds des responsables ou du fondateur qui font vivre les petits partis. Avec la subvention ça pourrait aider dans l’agrandissement du parti. Mais hélas !

Comptiez-vous beaucoup sur la subvention ?

Vous savez qu’au Burkina, beaucoup comptent sur la subvention. Si elle existe, c’est qu’elle est nécessaire. Je me demande comment et pourquoi l’Assemblée nationale a pu voter des lois qui empêchent beaucoup de travailler correctement. Ces lois ne sont même pas dans l’esprit de la Constitution. Elles donnent la subvention pour aider les partis à mener leurs activités. La loi sur la subvention est donc anti constitutionnelle. On ne vit pas de subvention mais elle pouvait aider. De toute façon les partis continuent de vivoter.

La solution pour les petits partis n’est-ce pas de se regrouper ?

Il y a des partis qui se regroupent.

Votre parti n’est-il pas intéressé par ces regroupements ?

Si, mais il faut trouver des gens qui ont la même ligne politique.

Depuis la création de votre parti, n’avez-vous pas toujours trouvé des gens qui partagent votre ligne politique ?

(Rire et hésitation) Nous sommes en train de réfléchir et de chercher.

Quelle est votre position sur les velléités de révision de l’article 37 ?

C’est anti démocratique. Il y a une constitution. Il faut la respecter. La tendance des responsables africains à se pérenniser au pouvoir n’est pas une bonne chose. La pérennité au pouvoir ne garantit jamais l’efficacité.

Certains semblent dire que seul Blaise Compaoré peut diriger le Burkina Faso.

Ceux qui tiennent ce discours n’ont qu’à se justifier. C’est une conception politique qui nous retarde. Un chef d’Etat qui est à terme de ses mandats constitutionnels doit partir. Un autre viendra faire autant sinon plus que lui. Quand c’est le même qui règne, finalement il n’y a pas d’esprit d’initiative, c’est l’immobilisme total.

Votre discours aurait-il été le même si vous étiez resté au CDP ?

Au CDP, ils ne sont pas libres. C’est Blaise la référence de tous les militants. Avec ce même discours au CDP, je crois que j’aurais fait partie des refondateurs. Ou on allait m’exclure. Le CDP est un grand parti mais qui repose uniquement sur Blaise. C’est une grande faiblesse.

Comment expliquez-vous le fait que le CDP tourne autour d’une seule personne ?

Cela est lié, je crois, à l’origine du parti. C’est l’héritage du CNR. Nous avons un régime militaire qui tente de se transformer. Jusqu’à présent, ce régime est militaire. Et les militaires ont une grande influence.

Et pourtant le CDP est né d’une fusion de partis aux lignes politiques différentes au départ !

Oui. Mais cela n’empêche pas que le régime reste militaire. Evidemment cela ne saurait tout expliquer.

Dans le débat portant sur la révision de l’article 37, on constate une absence de l’opposition politique. Est-ce un aveu d’impuissance ou une politique du laisser faire ?

Nous ne partageons pas l’idée révisionniste. Seulement le système politique au Burkina Faso est tellement déséquilibré que parfois on n’a pas le courage. On est découragé à l’avance. Nous n’avons aucun moyen de contrecarrer une éventuelle révision.

Vous dites, aucun moyen ?

Il n’y a pas de moyen légal efficace en ce moment. Tout est bloqué par le parti au pouvoir. A-t-on d’autres moyens ? Je vous retourne la question (rire).

Peut-on en trouver un si on rentre dans le cadre de l’illégalité ?

Considérant les conséquences des arrivées illégales au pouvoir et les valeurs démocratiques que je défends, je préfère toujours la légalité. Il appartient aux Burkinabé de faire en sorte que ceux qui veulent et peuvent travailler réellement pour leur bien être, accèdent au pouvoir.

Nous pensons plutôt qu’il revient à ceux qui veulent travailler pour le bien être de la population de convaincre les citoyens !

C’est peut-être vrai. Mais nous sommes très limités. Au Burkina, pour tout ce qui concerne la politique, les gens raisonnent en termes d’argent. Cela biaise les démarches de mobilisation. Quand tu as l’argent, tu es encouragé et soutenu. Quand tu n’en as pas, tu es abandonné de tous. Alors, tu restes résigné et impuissant. Je souhaite que les Burkinabé se conscientisent, qu’ils ne tombent pas facilement dans les pièges de la corruption. Qu’ils considèrent en premier l’intérêt supérieur de la nation. Car nous sommes en train d’aller vers des situations dramatiques et ingérables.

Quelle est votre position sur la caution de 10 millions de F CFA et le parrainage politique imposés aux futurs candidats à l’élection présidentielle ?

Je l’ai déjà dit. Je suis contre ces mesures. Le parrainage est un luxe inutile qui nuit au Burkina Faso. Il est regrettable de vouloir éliminer des candidats valables par une telle stratégie. Ce n’est pas raisonnable. Pour la caution, on doit revenir aux 5 millions demandés par la Constitution. Pour le parrainage, on avait fixé la barre à 200 élus locaux. Mais constatant que les partis qui pourront répondre à ce critère se comptent du bout des doigts pour ne pas dire le CDP seulement, on est revenu à 50. Même avec les 50 élus, c’est toujours difficile pour beaucoup de partis. Un autre aspect que je profite aborder, c’est le nombre des candidats à l’élection présidentielle. Quand on prend l’exemple de certains pays, la Côte d’Ivoire en a 14, le Ghana en a eu plus, le Gabon était à 20 candidats. En 2005, nous étions 12 au Burkina Faso. Mais certains hommes de médias ont trouvé le nombre élevé. C’est le sous développement qui génère la multiplicité des partis. Plus on se développe plus les partis politiques diminuent en nombre. Le CDP est responsable de la prolifération des partis du fait qu’il est responsable du sous développement du pays. Je dirai enfin qu’il fallait encourager ces partis car le Burkina Faso doit continuer à grandir, politiquement dit. La mission d’information, de sensibilisation et d’animation de l’espace politique dévolue aux partis politiques ne fait que commencer.

Serez-vous candidat en 2010 ?

Le parti n’a pas encore pris de décision. Nous réfléchissons à une stratégie. Est-ce que avec les conditions draconiennes prises par l’Assemblée nationale, on pourra présenter un candidat ? Est-ce que nous allons trouver un candidat qui a les mêmes idées politiques pour le soutenir ? On verra !

Propos recueilli par BAMOGO Jean-Paul et NANA Michel

Bendré

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Vos commentaires

  • Le 15 décembre 2009 à 03:19, par BISONGO En réponse à : Toubé Clément Dakio : L’homme qui voulut être président du Faso parle

    he,,,,,ca vas ,,,,unitile le type la na pas 10millions pour donner cadeaux

    lui meme as de serieux probleme ils sest fait avoir par l´argent facile quil a voulu gagner sur internet ( bias des nigerian) par finir il a vendu certains des bien et preter l´argent de gauche a droite

    aujourdhui il dois a beaucoup de personne pour cela il veux vendre sa maison de patte doie a 90millions ,,,pour pouvoir payer ses dettes ...et qui es fou pour payer cette villa a a cette somme

    soyons court aidez notre Blaise a battre capagne okkkk,,,,ce la meilleure solucion pour vs

  • Le 15 décembre 2009 à 08:23, par midak En réponse à : Toubé Clément Dakio : L’homme qui voulut être président du Faso parle

    "Si vous allez chez nous dans la Kossi, si vous demandez qui est le président Compaoré, les gens n’en savent rien". Voici ce que Monsieur DAKIO a laché comme réponse à une question du journaliste. Je précise d’abord que je ne suis ni supporter du Président, ni ressortissant de la Kossi.Mais je ne pouvais rester indifférent pas à cette sortie catastrophique de ce "tonton". Cette déclaration est très grave de conséquence. Et notre pauvre candidat à la présidentielle de 2005 n’a pas remué sa langue 7 fois avant de parler. On peut comprendre qu’il soit foncièrement opposé au Président COMPAORE, mais de grâce, il ne faut pas mêler nos braves populations dans vos idioties. Comment pouvez vous dire que les gens de la kossi ignorent qui est le président du Faso ? C’est très grave, c’est de la malhonnêteté intellectuelle. Et on prétend diriger un pays avec ça. Pire, vous traitez les gens de la kossi d’ignorants. Ils ignorent même qui est leur président. Pauvre clément !!! Avec ça, tu veux diriger le pays, sous prétexte que tu as beaucoup d’expériences parce que tu aurais beaucoup voyagé dans tous les pays de l’UEMOA. C’est combien de pays, l’UEMOA ? Rien que 8.Et c’est ça que tu appelles "beaucoup voyagé". Connais - tu le nombre de pays que le Président COMPAORE a visité ?

    De grâce, évitez de nous empoisonner avec de telles inepsies. Et vous les journalistes, il ya mieux à diffuser.
    A bon entendeur !!!

    • Le 15 décembre 2009 à 22:50, par dj En réponse à : Toubé Clément Dakio : L’homme qui voulut être président du Faso parle

      il a raison quand il dit que dans la kossi,on ignore ki est blaise ! même à ouaga,il ya des gens qui ne le connaissent pas.les gens sont dans leurs petrads et ils ne regardent pas le village politique du faso sinon la famine que vivent leurs familles... je ne soutiens ni ce candidat malheureux ni blaise,c’est juste que la politik est fichue dans notre pays et qu’on n’y croit plus.ya juste kelk individus ki pompent le fric des partis comme le CDP.bof ! Dieu sauve le faso

  • Le 15 décembre 2009 à 12:17, par bogan En réponse à : Toubé Clément Dakio : L’homme qui voulut être président du Faso parle

    Toube avait manque de se faire elire maire de DEDOUGOU
    IL savait qu,il n,etait meme un figurant mais auto distracteur,

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