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Ivica Todorov : « Qu’on me laisse travailler et on verra… »

Publié le mercredi 11 août 2004 à 08h25min

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Ivica Todorov

Malgré les résultats en dents de scie de son équipe après trois journées, Todorov, le sélectionneur national des Etalons, garde espoir. Selon lui, il n’y a pas péril en la demeure. Mais il veut qu’on le laisse travailler et le compte se fera après. Le franco-yougoslave, qui semble avoir une autre vision sur l’équipe nationale, nous a parlé des joueurs tels que Rahim, Cissé, Minoungou, Wilfried…

Les éliminatoires jumelées de la Coupe du monde et de la CAN 2006 étaient à leur troisième journée il y a deux semaines. Dans le groupe 2, votre équipe a enregistré une victoire et deux défaites. Que pensez-vous de ces résultats ?

A première vue, les résultats sont moyens mais on savait que ce groupe ne serait pas facile. Vous savez dans quelles circonstances nous avons préparé la compétition quand je suis arrivé au Burkina. Il me fallait sélectionner des joueurs et élaborer rapidement un calendrier de préparation parce que le temps courrait. A Lens où nous avons fait un stage de quelques jours, il me fallait d’abord faire connaissance avec les joueurs et leur faire passer mon message.

Les pros convoqués n’ont pas tous répondu à l’appel et j’ai travaillé avec ceux qui étaient à ma disposition. A notre retour à Ouaga, il a fallu au moins disputer deux matches amicaux pour se faire une idée de la forme des uns et des autres avant le début du tournoi. Mais là encore, des pros sont arrivés avec des petits bobos et la plupart étaient indisponibles.
C’est progressivement qu’ils ont intégré le groupe et à un moment donné, il fallait opérer des choix que je trouve indispensables.

Pour répondre à votre question, je dirai qu’après trois journées, je constate que presque toutes les équipes se sont tirées d’affaire à domicile. Mais quand elles étaient en déplacement, c’était autre chose. En ce qui nous concerne, lors de notre première sortie sur notre terrain, nous avons pris trois points face à une bonne équipe du Ghana qui a montré beaucoup de qualités. Ce match, nous l’avons gagné alors qu’on ne disposait pas de tous nos pros. Cette formation ghanéenne, chez elle, a pris le meilleur sur l’Afrique du Sud (3-0) avant d’aller tenir en échec l’Ouganda (1-1).

Quant à nous, nos deux matches à l’extérieur se sont soldés par des défaites. Mais sans chercher à me justifier, je crois que si l’arbitre du match RD Congo # Burkina n’avait pas été complaisant, on aurait obtenu un bon résultat. A Johannesburg, nous sommes tombés sur une excellente équipe sud-africaine qui tenait à remporter la victoire. Après sa défaite à Kumasi, elle s’est renforcée avec l’arrivée de cinq nouveaux joueurs. A Jo’Burg, nous avons fait une bonne deuxième mi-temps même si ce n’était pas suffisant pour arracher quelque chose de positif.

Je vous le dis sincèrement, cette rencontre m’a aussi permis de découvrir nos faiblesses auxquelles il faudrait chercher des solutions pour la suite du tournoi. La satisfaction que je tire de cette expédition, c’est le bon comportement d’Issouf Sanou qui était le meilleur de nos éléments sur la pelouse. Ce joueur, qui était avec moi au stage de Lens, a confirmé ce que je pensais de lui. A dire vrai, il m’a prouvé que je peux désormais compter sur lui. Maintenant, il nous faut un équilibrage pour pouvoir nous situer dans la perspective des matches qui nous attendent. Mais après trois journées, je crois qu’il n’y a pas péril en la demeure et nous devons continuer de travailler pour améliorer notre jeu.

Il y a des trous à boucher et nous travaillerons sous peu dans ce sens. J’ai demandé aux pros de tout faire pour être titulaires dans leurs clubs et surtout de ne pas négliger la préparation physique. Dans deux mois, il faut qu’ils reviennent dans de bonnes dispositions pour permettre à l’équipe de progresser. J’ai aussi dit la même chose aux locaux en les exhortant à travailler encore plus pour que, nous trouvions ensemble des solutions au niveau du bastion défensif. Je ne vous cache pas que nous avons des problèmes dans ce secteur.

A Jo’Burg, on n’a pas reconnu votre équipe qui est totalement passée à côté du sujet. Qu’est-ce qui n’a pas marché selon vous ?

C’est une question classique qui revient à tout moment. Dans un match de football, j’ai comme l’impression que les journalistes s’intéressent seulement à leur équipe. C’est peut-être normal, mais il faut aussi lire le jeu adverse et le disséquer de façon professionnelle. Je pense que si ça n’a pas marché à Jo’Burg, c’est tout simplement parce que les Sud-Africains ont mieux joué qu’à Kumasi. En outre, c’est leurs qualités qui nous ont empêché de nous exprimer. Ils avaient des joueurs rapides, vifs, techniques et qui permutaient beaucoup.

Nous n’avons pas eu de répondant. C’est en deuxième mi-temps que nous nous sommes retrouvés et je la trouve meilleure depuis que j’ai pris l’équipe en main. On dit qu’il ne faut pas juger un entraîneur après trois victoires, mais après une défaite. Nous avons enregistré deux défaites, mais je reste confiant parce que rien n’est encore joué. Nos prochains matches seront décisifs puisque nous recevrons l’Ouganda avant d’aller au Cap-Vert. Après, nous accueillerons la dernière équipe citée. Si nous prenons 7 points sur ces trois rencontres, je pense que nous serons sur la bonne voie. D’ailleurs, c’est notre but et nous sommes obligés d’y parvenir.

N’avez-vous pas le sentiment que votre équipe a eu des complexes en Afrique du Sud ?

C’est un peu mon sentiment et sur le chemin du retour, j’ai fait des remarques aux joueurs tout en remontant leur moral. C’est un problème qu’on ne change pas en un jour. Je crois que ce complexe s’est installé depuis des années et c’est à force de croire en soi qu’on se dira que ceux qui sont en face de vous ne sont pas les seuls qui savent jouer au football. Vous savez, j’ai été aussi footballeur ; et à l’époque, quand je montais sur le terrain, je ne m’occupais pas de savoir si l’adversaire avait des joueurs de grands renoms. Je jouais mon football sans complexe. Nous avons des joueurs murs pour obtenir des résultats et c’est sûr qu’avant chaque rencontre, les autres équipes nous prennent aussi au sérieux.

On constate, à chaque match, que les Etalons ont souvent montré deux visages et c’est surtout en deuxième mi-temps qu’ils sortent de leur torpeur. Comment expliquez-vous cela ?

Cela a plusieurs explications. Il y a un nouvel entraîneur qui est arrivé et il faut du temps pour que ce dernier et les joueurs se connaissent. Après, il faut adhérer à son message et que tout se mette en route. L’autre explication, selon ma compréhension, est simple. Notre dernier adversaire par exemple avait sur la feuille de match 15 professionnels qui sont tous titulaires dans leurs clubs respectifs en première division. Quant à nous, nous avons sorti 6 professionnels dont 3 figuraient seulement sur la feuille de match. Il s’agit de Dagano, Tanguy Barro et Alassane Ouédraogo qui jouent régulièrement avec leurs clubs.

Les autres font banquette et cela se ressent quand ils sont sollicités en équipe nationale. Il y a aussi que nous n’avons pas eu suffisamment le temps de disputer des matches amicaux pour essayer des schémas ou des solutions tactiques. On a des obligations de résultats, ce qui fait que les joueurs à chaque match sont crispés avant de se retrouver. Je pense qu’un joueur comme Dagano, qui a 23 ans, n’a pas une grande expérience de la haute compétition. Une ou deux années en Ligue 1 ne suffit pas pour faire de vous un joueur expérimenté. C’est plusieurs saisons avec en prime des matches de haut niveau qui font qu’on acquiert de l’expérience.C’est un ensemble mais toutefois je reste optimiste.

En trois matches, on a vu que l’attaque repose sur Dagano qui a du mal à se faire valoir. N’y a-t-il pas une autre solution de rechange quand ça coince devant ?

Il y a une solution à tout quand on cherche. Je vous avoue que dans ma carrière d’entraîneur, je n’ai jamais joué avec un seul attaquant. Qu’on le veuille ou non, nous n’avons pas de joueurs capables de jouer rapidement en défense. Si on veut voir les choses en face, il y a Amadou Coulibaly qui joue comme stoppeur dans son club et des fois comme arrière droit. Mais il n’a pas une grande expérience au niveau international. Sa vitesse est moyenne, et dans le replacement, il a souvent des problèmes. Moussa Ouattara dit « Bouffe-tout » a des qualités et grâce à sa taille, il n’hésite pas à aller au charbon. En outre, il a un bon jeu de tête et il a du cœur. Mais il était blessé et cette saison il n’a pas beaucoup joué avec Créteil.

Il y a aussi Lamine Traoré qui a des qualités et est rapide à sa façon. Il a joué une quinzaine de matches cette saison, mais ce n’est pas assez. Nous avons des insuffisances que nous devons réellement corriger. Aujourd’hui, nous n’avons pas de latéral gauche que ce soit au Burkina comme à l’extérieur. Je crois même qu’il n’existe nulle part. On croit que Madi Panandetiguiri est un latéral gauçhe, or il ne l’est pas en réalité. Il dépanne l’équipe à ce poste pendant les matches.

Moumouni Dagano

Au milieu du terrain, nous avons de bons récupérateurs mais ils ne sont pas rapides. Le fait qu’il n’y ait pas quelqu’un qui commande véritablement, on est obligé de diminuer des espaces dans notre moitié de terrain. C’est la raison pour laquelle Dagano se trouve un peu isolé. Mais il ne faut pas confondre les choses parce qu’il ne l’est pas souvent. Les autres attaquants, chargés de l’épauler, ne sont pas prêts physiquement ni tactiquement pour faire le passage de ligne en ligne assez vite pour lui permettre d’être en position de scorer. Maintenant, j’ai une autre solution à laquelle je pense surtout pour les matches qu’on jouera à domicile. En somme, j’ai mon idée sur le deuxième attaquant.

Ce deuxième attaquant jouera-t-il dans un autre registre que Dagano ?

Il peut être un attaquant de soutien dont la puissance devra se refléter dans le jeu. J’ai encore un mois pour revoir certaines choses et ce n’est pas le moment de dévoiler mes intentions.

Keré, Rahim et Ousmane Traoré n’étaient pas du voyage de Jo’Burg. Est-ce vrai, comme on le susurre, qu’ils ont été écartés de l’équipe pour indiscipline ?

Personne n’a été écarté de l’équipe mais je suis obligé de dire que des fois, certains joueurs s’écartent eux-mêmes. Moi je mets tous les joueurs sur le même pied d’égalité. Je ne m’intéresse pas au nombre de matches que tel ou tel joueur a joués en équipe nationale avant ma venue au Burkina. Pour moi, c’est la présence de ceux qui sont assidus aux entraînements et qui montrent qu’ils ont une envie de jouer qui retient mon attention.

Kéré est un garçon qui a un bon esprit et je l’admire parce qu’il a du cœur. On a toujours besoin d’un aboyeur de ce genre dans une équipe. Il était sur ma liste quand on s’apprêtait à partir pour l’Afrique du Sud. Mais lors de notre dernier entraînement, il a été touché au cours d’un duel avec un joueur et on l’a même envoyé dans une clinique de la place. On a eu tous peur, mais il y a eu plus de peur que de mal. Quand il est revenu, je ne voulais pas prendre le risque de le faire voyager avec nous. Je préfère la santé de Kéré à une victoire. J’ai pris mes responsabilités et j’estime que ce n’est pas le dernier match des Etalons.

Rahim, lui, était suspendu pour un match quand on recevait le Ghana, à Ouagadougou, à l’occasion de la première journée des éliminatoires. Après cette rencontre, il s’est entraîné avec le groupe et quelque temps après, il est venu m’expliquer qu’il a des problèmes de famille à régler. Il ne s’est pas entraîné comme je l’aurais souhaité bien qu’il soit titulaire avec son club. Je voudrais le découvrir davantage comme les autres. Quand on est revenu de Kinshasa où il était remplaçant, il n’est pas venu aux entraînements. Pour moi, si quelqu’un n’est pas là, je ne peux pas le faire jouer avec sa photo. Je crois qu’il s’est écarté de lui-même et, à ce que je sache, la sélection nationale n’est fermée à quiconque.

Quant à Ousmane Traoré, dès notre premier contact, il ne s’est pas montré heureux de jouer pour les couleurs nationales. Je suis désolé de le dire et parfois aux entraînements, il ne se donne pas et il est souvent à l’écart. Je ne sens pas qu’il est content d’être là et quand c’est comme ça, même si c’est mon beau-fils, je prends des décisions en mon âme et conscience. Je crois que mes réponses sont claires et nettes.

Yssouf Koné ne joue presque pas avec les Etalons alors qu’il rejoint souvent son club, le Raja de Casablanca, pour disputer des matches du championnat national marocain. Ce joueur n’entre-t-il pas dans votre système ?

C’est une bonne question que vous me posez parce qu’effectivement, il y a des gens qui se posent aussi des questions. Mais moi, je connais la vérité. La première chose, c’est moi qui l’ai fait venir même si les choses sont contradictoires. J’ai travaillé au Maroc pendant neuf ans et je le connais très bien de même que la plupart des entraîneurs. Ce que vous ne savez pas, c’est qu’il n’est pas toujours titulaire au Raja.

Quand j’étais au Maroc, à chaque fois qu’il entrait en cours de jeu il tirait son épingle du jeu. Ç’est pourquoi je l’ai convoqué pour le stage de Lens avant notre match contre le Ghana. Il était animé d’une bonne volonté et c’est un joueur qui a un bon esprit. De retour du stage où nous avons continué le travail, il me fallait faire un choix qui est surtout tactique. Et comme je disais dans une partie de mes réponses, j’avais décidé ne de jouer qu’avec Dagano devant et deux joueurs rapides à côté. Maintenant que nous avons quelques problèmes au milieu, il n y avait pas de place tactiquement pour Koné.

Après le match contre le Ghana, il ne devait pas repartir au Maroc. Mais il est de même parti en passant par Abidjan où il a fait quinze jours avant de rejoindre son club. Quand il est revenu, il n’était pas physiquement au point. Vous savez, j’ai un esprit observateur quand je bosse avec les joueurs. Je voulais l’associer à Dagano pour voir ce que cela allait donner, mais sa condition physique laissait à désirer. II me l’a avoué lui- même et c’est à lui de faire des efforts. Voilà l’explication que je peux donner à son sujet.

Après le match contre le Ghana, a-t-il demandé la permission au staff technique avant de partir au Maroc ?

Il appartient à un club et on est obligé de jouer le jeu. C’est la même chose quand nous nous adressons à son club pour sa libération. Les textes sont clairs à ce sujet et il ne faut pas se dérober.

Il y a trois joueurs qui, selon nous, peuvent apporter un plus à l’équipe. Nous voulons parler de Minoungou, Cissé et Wilfried. Ne sont-ils pas opérationnels ?

C’est encore une bonne question qui a sa place. Minoungou est un joueur qui a le sens du but et est combatif à souhait. Mais s’il n’a pas encore rejoint le groupe, c’est tout simplement parce qu’il a un problème de genou. Il s’est blessé lors de la dernière journée en National. Minoungou était à Tours et il a même participé au stage de Lens. Il a rejoint après le groupe, mais il souffrait toujours du genou. Il est reparti en France pour un contrôle et pour signer un contrat avec Brest qui a accédé cette saison en Ligue 2. C’est grâce à moi qu’il a eu ce club que j’ai entraîné par le passé. J’ai de bonnes relations avec le vice-président de Brest. Cette équipe a déjà évolué en ligue et j’espère que Minoungou donnera satisfaction à ses nouveaux dirigeants.

Wilfried est aussi blessé et après des examens médicaux, il a été mis au repos. Il doit être en ce moment en Allemagne où j’ai appris qu’il commence à trottiner. J’ai des renseignements sur lui et je sais qu’il a beaucoup joué avec Fribourg même s’il n’a pas marqué beaucoup de buts. C’est un joueur intéressant qui va vite et qui revient défendre quand le besoin se fait sentir. Le football moderne ne demande que ça et je suis pressé d’aller le voir. J’ai aussi des contacts avec son entraîneur qui m’a dit que d’ici trois semaines, il sera opérationnel.

Quant à Cissé, des journalistes ne cessent de me demander s’il y a un problème entre lui et moi. Je voudrais profiter de l’occasion que vous me donnez pour dire une bonne fois toutes, qu’il n’y a pas de problème « Todorov Cissé ». Comme !es autres, je l’ai convoqué pour le stage à Lens et il n’est pas venu. A notre retour, quand il s’est présenté, je l’ai reçu tout de suite. Nous avons échangé et je lui ai demandé de reprendre les entraînements comme les autres sélectionnés. Il m’a répondu qu’il a compris mais après je ne l’ai plus revu. Sur une radio de la place, j’ai eu à dire que Cissé s’est mis lui-même sur la touche et je n’ai aucun problème avec lui. Quelques jours après cette interview, Cissé est venu me voir et en s’excusant il m’a avoué ses problèmes. Selon lui, à cause de ses blessures répétées cette saison, il a perdu sa place de titulaire à Montpellier.

Après le championnat qui a vu l’équipe descendre en ligue 2, son président et son entraîneur ont décidé de le garder dans l’effectif pour la saison 2004-2005. Mais il doit en retour travailler pour retrouver son meilleur niveau s’il veut avoir une place de titulaire. Il a donc préféré repartir à Montpellier que de rester avec les Etalons pour préparer la nouvelle saison. Ayant été footballeur moi-même, je l’ai tout de suite compris sans en faire un problème. Voyez-vous, beaucoup de gens ne savent pas cela et quand ils ne voient pas un joueur, ils pensent qu’il y a effectivement des problèmes. Je suivrai aussi Cissé et croyez-moi, s’il retrouve ses sensations, je n’hésiterai pas à le convoquer.

On dit que Cissé refuse de jouer avec l’équipe parce qu’on lui aurait fait des promesses qui n’ont pas été tenues. Etes-vous au courant de cela ?

Ecoutez, je suis mal placé pour répondre à cette question et puis, je n’étais pas là. Si ce problème existe, ce n’est pas à moi de dire quelque chose. Moi, je suis là pour la mission qu’on m’a confiée et ce genre de problème ne m’intéresse pas du tout. Tout ce que je sais, c’est que Cissé n’a pas de problème avec moi et j’attends qu’il me confirme qu’il est en forme.

Avez-vous les coudées franches pour travailler ?

Je commence à comprendre pourquoi vous me posez cette question. C’est vrai, il y a des gens qui veulent danser plus vite que le son de la musique. Mais j’ai été clair quand j’ai pris l’équipe en main. Mon maître mot est qu’on me laisse travailler et on fera le compte après. Partout où je suis passé, j’ai entendu dire que si on laisse Todorov travailler, on ne le regrettera jamais. Ce n’est pas de la prétention. Quand on me sollicite pour entraîner une équipe, je prends le soin de dire à mon employeur de me laisser travailler. La seule raison qui peut me faire partir d’ici peut être ça. Mais pour le moment, il n’y a pas un problème qui peut m’empêcher de dormir.

L’environnement dans lequel vous travaillez est-il propice pour l’entraîneur professionnel que vous êtes ?

La richesse de notre métier n’est pas forcément de gagner un match ou toucher un salaire. Le football m’a permis de connaître des continents différents et de côtoyer des gens de couleurs différentes. Les relations sont très importantes dans notre métier et j’attache de l’importance à cela. Depuis que je suis là, je ne suis pas en froid avec quelqu’un. Je sais qu’il n’est pas facile de travailler en Afrique parce qu’il y a des dirigeants qui veulent vous imposer leur façon de voir les choses. Je suis venu pour travailler et je suis partisan des règles de la morale.

Depuis que je suis là, j’ai constaté que le Burkina est un pays qui a le sens de l’hospitalité. Je ne vous cache pas qu’il y a une dame que j’appelle affectueusement « Maman » parce qu’elle m’a dit qu’elle fréquente les stades du Burkina depuis 1956. Le premier jour que je suis allé au stade du 4-Aôuti c’est elle qui m’a accueilli. Après notre défaite à Jo’Burg, elle est venue nous encourager et cela m’a beaucoup marqué. On ne peut pas rester insensible quand une dame d’un certain âge vient vous réconforter et vous exhorter à poursuivre le travail que vous avez entrepris. Cela me motive à persévérer dans le travail pour donner le meilleur de moi-même.

Selon nos sources, après votre retour de Jo’Burg, vous avez été reçu il y a quelques jours par le président de la Fédération burkinabé de football. De quoi avez-vous parlé surtout que l’entretien a duré plus de deux heures,

C’est vrai, j’ai eu un entretien avec le président Diakité qui a dit ce qu’il pensait après notre défaite à Jo’Burg. Nous avons parlé pendant deux heures et je l’ai beaucoup écouté. Il m’a apporté son soutien et de ce côté-là, je suis content de sa réaction. J’ai aussi profité de l’occasion pour lui parler d’un certain nombre de choses, et ce que je veux que ça change pour qu’on avance sans accrocs.

Nous devons rester solidaires et l’entretien que j’ai eu avec lui a été instructif. Je précise que le médecin de l’équipe était là et nous avons fait ensemble le point de la situation. Je félicite le président qui a su tenir son rôle.

La position de votre équipe au classement ne vous inquiète-t-elle pas ?

Je ne suis pas du tout inquiet à partir du moment où la compétition n’est qu’à sa troisième journée. Mathématiquement, nous sommes dans la course et on peut redresser la situation. Notre prochain match, c’est contre l’Ouganda et si nous réussissons à gagner, nous aurons 6 points. Et ce n’est pas tout parce que cela peut nous permettre de faire un bond au classement si des équipes trébuchent. La logique voudrait que le Ghana qui reçoit le Cap Vert l’emporte. Quant à la RD Congo, elle accueillera l’Afrique du Sud et je ne suis pas sûr que les congolais pourront acheter tous leurs matches. Je le répète, rien n’est encore joué et si nous gagnons notre match, nous pouvons nous retrouver à la deuxième ou à la troisième place. Après cette rencontre, nous irons à Praia et si ça marche, nous aurons fait des progrès. C’est vrai que le football n’est pas logique, mais tout peut arriver dans ce groupe.

Des trois adversaires que vous avez déjà affrontés, lequel vous a le plus posé des problèmes ?

Dans notre groupe, les équipes jouent en fonction de leurs capacités. Le Ghana, l’Afrique du Sud et la RD Congo savent que nous ne sommes pas des enfants de chœur. Nous leur avons aussi posé des problèmes et je suis convaincu que nos chances existent.

La compétition reprendra en septembre prochain avec la quatrième journée. Quel sera votre programme de préparation ?

Au moment où je vous parle, la plupart des pros ont regagné leurs clubs pour la préparation foncière avant le début des différents championnats en Europe. J’aurai l’occasion d’aller voir certains matches de nos pros et m’entretenir avec eux. Je souhaite que les uns et les autres, avant la rencontre contre l’Ouganda en septembre, travaillent sérieusement pour être prêts. Ils ne doivent rien négliger, surtout la condition physique. Mon devoir est de les motiver sur tous les plans parce que le peuple attend de nous une qualification pour la CAN 2006.

Pour le Mondial en Allemagne, la course est toujours ouverte. Au début du mois d’août, nous ferons un stage de dix jours en France. J’ai déposé une liste de 16 joueurs locaux qui participeront à ce stage. J’ai échangé avec mon adjoint Brama avec qui j’ai de bonnes relations. Le 17 août, nous disputerons deux matches amicaux en Algérie avec l’équipe A et les espoirs. Cela nous permettra de faire des réglages parce que nous sommes en quelque sorte condamnés à battre l’Ouganda chez, nous. Les pros seront du stage et je tiens à ce qu’ils soient là pour que le travail profite à tous et cela dans l’intérêt de la sélection nationale. J’arrêterai le programme de préparation avec le directeur technique national, Jean Macagno.

Bientôt ce sera la reprise des championnats européens. Pourrez-vous disposer de tous les pros pour ce stage ?

Je ne suis pas sûr qu’ils seront tous là et peut-être même qu’ils n’atteindront pas le nombre de 7. Ils seront sûrement sollicités pour la reprise des différents championnats où chaque club veut prendre un bon départ et poursuivre sur sa lancée. C’est pourquoi, je compte partir avec 16 joueurs pour ce stage en France qui nous fera sans doute du bien. Il y a des jeunes parmi les locaux en qui je fais confiance et c’est certain qu’ils savent ce qu’on attend d’eux. Ils travailleront avec moi et quand on verra beaucoup d’entre eux sur la feuille de match, on s’étonnera en disant qu’ils n’ont pas leur place en sélection nationale. A quoi sert de travailler avec des locaux si on ne peut pas les utiliser au cours d’un match. Il faut que les gens sachent ce qu’ils veulent au lieu de vouloir à chaque fois tout remettre en cause.

Le travail que nous faisons n’est pas facile. Si des pros peuvent se déplacer pour prendre part à des matches amicaux, c’est une bonne chose puisque cela nous permet d’avoir une idée sur leur forme. Un pro qui débarque par exemple à deux jours de la fin d’un stage, on hésite souvent à l’aligner parce qu’on ne sait pas dans quelles dispositions il se trouve. Et puis, il peut arriver avec une blessure sans le dire à quelqu’un. C’est souvent le cas en Afrique et c’est dommage. Depuis que je suis là, le staff médical fait normalement son boulot et avec les différentes visites médicales, il est difficile de tricher. J’insiste donc pour que des pros ne boudent pas le stage puisque c’est en se retrouvant qu’on arrête quelque chose en commun.

Le match en Algérie, ce sera après votre retour du stage ?

Après le stage, nous nous rendrons directement en Algérie pour les deux matches amicaux. Ensuite, nous regagnerons Ouagadougou pour parachever notre préparation. A cinq jours de la rencontre contre l’Ouganda, il faudrait que les pros concernés par le faudrait que les pros concernés par le match nous rejoignent au plus vite.

Nous avons appris que vous vous apprêtez à partir en France. C’est pour combien de temps ?

Je pars ce soir (l’entretien a été réalisé le 7 juillet 2004) mais ce n’est pas évident que ce soit de vraies vacances. Comme je l’ai dit, je bougerai beaucoup pour voir les pros et m’entretenir avec leurs entraîneurs. Bien plus, je serai souvent en contact avec le président Diakité et son secrétaire général pour la préparation du stage. Les locaux me rejoindront dans quelques semaines quand tout sera arrêté.

Dans quelle ville de la France résidez-vous ?

J’habite à Cannes qui est une très belle ville. Je vais retrouver ma femme et ma fille qui me manquent depuis un bon moment. Il y a aussi mon chien sûrement. Après ces retrouvailles familiales, je me mettrai au travail parce que le temps presse et un rendez-vous important nous attend le 4 septembre. Je mettrai mes relations à profit pour que ce stage se déroule dans de bonnes conditions. Je penserai à Madi Panandetiguiri qui nous manque beaucoup. C’est un garçon consciencieux et j’espère que d’ici là, il se remettra.

De quoi souffre Panandetiguiri ?

Il a un problème de cheville et avec le temps il sera opérationnel. Il n’est qu’au début de sa, carrière et nous devons l’aider pour qu’il retrouve le groupe. Il y a deux jeunes joueurs, Ousséni Zongo et Aziz Nikiéma qui m’intéressent aussi et je souhaite qu’ils soient du groupe des locaux pour le stage. Il ne faudrait pas qu’ils aient le sentiment qu’ils sont écartés de la sélection nationale. Il faut leur donner aussi la chance de s’exprimer parce qu’ils ont aussi du talent. Ousséni, malgré sa petite taille, a une bonne vision de jeu au milieu de terrain surtout sur le côté gauche. Je vais ratisser au maximum pour que la concurrence s’installe et que des choses changent au niveau de la sélection.

Entretien réalisé par Justin Daboné
L’Observateur Dimanche

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