Certes, il y a eu tentative d’assassinat mais la présente chasse à l’homme est exagérée. Accusé de tout, l’aide de camp, le lieutenant Toumba, ne parle plus après sa première sortie médiatique. Pourquoi ? Est-il en vie ? Où se cache-t-il ? Complice bien protégé ou chef d’orchestre d’une tentative de coup d’Etat ? En attendant sa réapparition ou la présentation de son corps, on fait trinquer ses proches à sa place. Demain pourrait être très triste pour la Guinée.

En effet, ce qui s’y passe rappelle les faits de la sinistre Gestapo de l’Allemagne hitlérienne. On semble même renouer avec la complotite, tendance maladive à voir surgir des complots de partout. Une fois l’atmosphère morbide peinte, on tente de justifier les intentions mafieuses et les règlements de compte. Un remake des précédents régimes avec des "cinquièmes colonnes" à occire !

Certains de ses éléments viennent de confirmer tout le mal qu’on redoutait de l’armée guinéenne : repaire de violeurs de femmes, nid de brigands, elle est aussi prompte à régler des comptes. Un risque sérieux pour le Général Konaté, nouveau patron par intérim du CNDD. Il pourrait en perdre son prestige. Considéré comme un homme d’ouverture jouissant de l’appui de l’armée, on le croit susceptible de faire le compromis historique avec les Forces vives et la Communauté internationale. A lui d’œuvrer de manière à préserver ce capital de confiance. Mais les adversaires du CNDD lui en laisseront-ils le temps ?

Il y a péril en la demeure car les récentes forfaitures mettent la médiation mal à l’aise. Les communiqués laconiques de la direction de l’hôpital cachent mal la vraie nature du mal dont souffre le capitaine Dadis et le silence des autorités politiques marocaines laisse perplexe. Sauver la démocratie en Guinée, exige au préalable l’arrêt immédiat de la chasse aux sorcières, de ces humiliations, tortures et agissements inhumains qui isolent le pays. Les forces de police et de gendarmerie ont besoin d’être réhabilitées pour se livrer aux pratiques d’investigation et de détention qui leur incombent. La Communauté internationale doit y veiller tout en intervenant au chevet de l’armée guinéenne qui souffre d’un manque de professionnalisme. Enfin, il faut mettre fin à l’arbitraire avant que les arrestations et les exécutions sommaires ne s’étendent aux opposants et aux défenseurs des droits humains. Ceux-ci ne doivent pas taire leurs critiques car il faut en finir avec cette culture de la violence, de la haine et de l’impunité. Elle a, pendant longtemps, marqué négativement l’histoire de la Guinée.

"Le Pays"