Les élections municipales du 23 avril 2006 ont doté la commune rurale d’Andemtenga d’un conseil fort de 50 conseillers en majorité du parti de l’Union pour la république (UPR). Ce fut donc en toute logique que la mairie échut à l’UPR. Le choix du poste de maire tomba sur M. Joahnny Kaboré, un entrepreneur qui venait de rentrer de la lagune Ebrié. Et voilà la jeune commune dans la nouvelle expérience de la communalisation. Un an, deux ans s’écoulèrent. Malgré l’inexpérience du conseil municipal, tout allait pour le mieux. Mais en 2008, une grave crise politique s’abattit sur le conseil municipal qui se divisa en deux camps.

D’un côté, les conseillers fidèles au maire, de l’autre, ceux qui souhaitaient son départ de la mairie. Coup sur coup, en l’espace de huit (8) mois, le maire Joahnny Kaboré va essuyer deux motions de défiance. Dans la même foulée, il est victime de deux accidents graves de la circulation. La crise s’étend à la sphère sociale. Dès lors à Andemtenga, la paisible vie entre populations fit place à la suspicion et à la haine. « Le deuxième adjoint au maire que vous voyez-là (il le pointe du doigt) ne m’adressait plus la parole. Pourtant, c’était presqu’un ami à moi », témoigne M.Z.

A Andemtenga, personne n’avait l’esprit pour s’occuper des projets de développement. Sans budget pendant près d’une année, toutes les activités du conseil étaient au point mort. Des partenaires tels que Plan Burkina, PNGT2 et PFDL/CE ont dû mettre en berne leurs investissements pour la commune. Si plusieurs observateurs voyaient en cette crise qui secouait le conseil municipal d’Andemtenga une guéguerre entre le CDP et l’UPR, d’autres y ont lu une rivalité cachée entre deux fils d’Andemtenga.

Il s’agit du député Saïdou Kaboré de l’UPR et de Tibila Kaboré, conseiller spécial du Premier ministre militant CDP. D’aucuns avaient raisonné que le dénouement de la crise était entre les mains des deux frères Kaboré. Mais, le temps s’écoulait et aucun espoir de solution ne pointait à l’horizon. A Andemtenga, presque tous attendaient maintenant inéluctablement la dissolution du conseil et son remplacement par une délégation spéciale. Et c’est en ce moment précis que les principaux acteurs dont le député Saïdou Kaboré et M. Tibila Kaboré ont fait montre d’une grandeur d’esprit pour une sortie de crise. Du reste, c’est sur leur initiative que cette journée de pardon et de réconciliation a été possible.

« Nous avons décidé de mettre l’intérêt supérieur de notre commune au-delà des intérêts partisans et personnels. Rien ne nous sert de tirer sur des inutilités », dira le député Saïdou Kaboré. Deux actes majeurs ont marqué la cérémonie. Tour à tour, l’assistance a dans un premier temps suivi les interventions du chef coutumier d’Andemtenga, Naaba Zom-Wobgo, celles du maire Joahnny Kaboré, du député Saïdou Kaboré, de Tibila Kaboré, conseiller spécial du premier ministre, du député Achille Tapsoba émissaire du CDP, du secrétaire général provincial de la section CDP du Kourittenga et du haut-commissaire Dramane Sanou.

Dans sa déclaration, le maire Joahnny Kaboré a tout simplement demandé pardon. « Je demande très sincèrement pardon et très honnêtement pardon aux populations, à tous ceux qui ont d’une manière ou d’une autre apprécié diversement notre action à la tête de la commune », a-t-il plaidé avant d’inviter tout le monde à oublier le passé et à regarder avec sérénité vers l’avenir. Des autres interventions, l’on retiendra des remerciements, l’expression de joie, la fierté et des éloges aux acteurs d’avoir pu parvenir au pardon et à la réconciliation.

Et pour sceller officiellement cette réconciliation, main dans la main et sous les acclamations de l’assistance, le chef d’Andemtenga Naaba Zom-Wobgo, le maire Joahnny Kaboré, Tibila Kaboré, conseiller spécial du Premier ministre, le député Saïdou Kaboré et le haut-commissaire du Kourittenga Dramane Sanou se sont présentés, et ont lâché des colombes, celles du pardon, de la réconciliation et de la paix retrouvées. Dans la même soirée, le conseil municipal se retrouvait en seance de concertation en vue de programmer sa session. L’adage moaga ne dit-il pas que « sugri kay ti yell saame ? » (1)

Onésime Aké Loba LANKOANDE

Sidwaya