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PIRATERIE MARITIME AU BENIN : La Somalie fait des émules

Publié le jeudi 26 novembre 2009 à 02h09min

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On a coutume d’entendre parler du phénomène de la piraterie au large de la Somalie. De véritables palais ont poussé de terre comme de petits champignons sur une bonne partie des côtes somaliennes et sont la preuve que ce business pour être maudit, n’en est pas moins d’une extraordinaire rentabilité pour ceux qui le pratiquent. Que cette partie de l’océan indien par où transitent quantités de navires soit devenue la bête noire de pratiquement tous les armateurs n’est pas du tout leur préoccupation. Eux veulent de la monnaie sonnante et trébuchante et ils emploient les moyens qu’il faut pour parvenir à cette fin. Pour la morale, on repassera.

Malheureusement, leur exemple aura été contagieux et ces écumeurs de mers des temps modernes auront fait des émules. Des pirates ont lancé une attaque éclair contre un navire pétrolier au large du Bénin, il y a seulement quelques jours. Il en a résulté un mort (un marin ukrainien). En guise de butin, les voleurs des mers auraient réussi à prendre la fuite avec le contenu du coffre.

Au vu du scénario, on se doute bien qu’il est d’inspiration somalienne. A la seule différence près que l’on parle de ressortissants d’un géant d’Afrique, le Nigeria, pour ne pas le nommer, qui se sont construit une solide réputation dans le domaine de la course acharnée à l’argent facile. C’est vrai que cette forme de « pêche » rapporte gros. Et dans tous les cas, elle est plus fructueuse que l’escroquerie via le net dont tout le monde a fini par se méfier et surtout, elle présente à priori moins de risques que les hold-up diurnes ou les enlèvements d’enfants qui peuvent immédiatement valoir le lynchage d’une foule en furie.

Mais le fléau représente un danger certain non seulement pour la côte ouest-africaine, mais aussi pour l’ensemble des pays riverains sans oublier ceux de l’intérieur qui n’ont pas de débouchés sur la mer. Si les côtes ouest africaines devaient désormais se revêtir de cette insécurité, jusque-là triste apanage de la corne de l’Afrique, c’est l’ensemble des pays de cette zone qui en ressentirait économiquement les terribles conséquences. Car, tout comme cela est le cas pour la région du golfe d’Aden, peu de navires songeraient à s’y aventurer. La quasi-totalité des échanges commerciaux de ces pays s’effectuant essentiellement par le biais des ports, c’est l’économie entière de la zone qui en prendrait un sérieux coup. Même les pays enclavés n’en sortiraient pas indemnes : les commandes ainsi que les envois en provenance ou à destination des autres continents passent essentiellement par les ports des pays voisins. On a de la peine à imaginer l’économie de pays tels le Mali, le Niger et le Burkina Faso, si d’aventure les ports d’Abidjan, de Dakar, de Lomé ou d’Accra devenaient infréquentables.

La porosité des frontières maritimes à l’instar de celle des frontières terrestres, explique en grande partie l’aisance avec laquelle ces flibustiers des temps modernes s’équipent, d’armes d’assaut et parviennent à opérer avec presque une facilité déconcertante. Mais, là se trouve posée une fois de plus une question d’une ténacité récurrente : comment lutter contrer la circulation des armes à l’intérieur des pays de l’Afrique de l’Ouest ? Les embargos n’y sont pas respectés, les exemples existent à foison. Qui plus est, les foyers de guerre y sont légion et il est de notoriété publique que dans certaines villes de cette partie de l’Afrique, des armes s’achètent presque au prix d’une bouchée de pain. Cette possibilité étant offerte, le goût prononcé pour de larges gains faciles fait inévitablement le reste. Mais le problème est que c’est toute une région qui devra subir les conséquences drastiques qu’une quelconque insécurité des mers suscitera inéluctablement sur sa population, ses finances et son économie.

L’UA a le devoir de s’attaquer immédiatement à ce fléau. Il faut le prendre à bras le corps dans le but de lui trouver des solutions sans complaisance. De même, les Etats de la région devront se mettre à la tâche pour traquer sans relâche et sans merci tout ce qui aide de peu ou de loin à la perpétration de ces crimes commis en haute mer et dont les effets pervers se traduisent bel et bien sur terre.

Par ailleurs, la piraterie dans le golfe d’Aden peut s’expliquer aussi d’une certaine façon : la Somalie est en situation de guerre permanente depuis maintenant de nombreuses années, et l’absence d’un Etat digne de ce nom suscite l’émergence de toutes les formes de pirateries, y compris la flibusterie dans cette zone de l’Océan Indien. L’Afrique occidentale est bien différente, en la matière. Et si d’aventure chacun des pays de cette région de l’Afrique consentait à jouer sa partition dans la lutte à mener, l’œuvre commune ne devrait pas se révéler insurmontable.

En tout état de cause, c’est bien là, la sécurité maritime autant que la santé économique et partant financière de cette partie du continent qui se trouve menacée. On ne devrait pas chicaner ou marchander à l’infini l’acquisition de la thérapeutique qui convient. Et c’est à présent qu’il convient de s’atteler à le faire. Pour d’une part, étouffer dans l’œuf une malédiction qui promet d’être incontrôlable si elle grandit, et d’autre part, pour ramener la sérénité dans l’esprit de ceux qui choisissent de naviguer sur les eaux de cette partie africaine de l’Océan atlantique.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 29 novembre 2009 à 04:08 En réponse à : PIRATERIE MARITIME AU BENIN : La Somalie fait des émules

    Si nos gouvernants ne veulent pas des pirates, il n’ y aura pas de pirates. Voulez- vous me dire que si des bandes armees approchaient les cotes d’ abidjan, de lome, d’accra ou de Porto-novo avec en tete l’ idee de faire un coup d ’etat, ils vont reussir ? Donc s’ ils peuvent reussir quand il s’agit de simple acte de brigandage, c’est qu’ il y a anguille sous mer.

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