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ABUJA : Questions et défis de l’intégration des TIC dans l’éducation en Afrique

Publié le jeudi 5 août 2004 à 18h32min

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Du 28 au 30 juillet dernier, s’est tenue à Abuja, dans la capitale nigériane, une conférence ministérielle sur l’intégration des Technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’éducation. Avant la tenue de la conférence des ministres, les techniciens de l’éducation et les experts africains et internationaux en TIC se sont réunis les 26 et 27 juillet afin de formuler des recommandations aux ministres de l’Education africains. 16 ministres étaient présents.

450 participants venus d’Afrique et d’ailleurs ont pris part à cette importante rencontre qui engage l’avenir de l’éducation par rapport à l’intégration des TIC dans les programmes scolaires et universitaires. Le ministre des Enseignement de base et de l’Alphabétisation, M. Mathieu R. Ouédraogo, y a représenté le Burkina Faso. Il était accompagné par trois de ses plus proches collaborateurs. De retour d’Abuja, notre confrère Evariste Zongo, membre du groupe de travail pour la communication et le développement (COMED) de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) rend compte de l’événement.

Fracture numérique, fossé technologique, voici les maux et les mots qui caractérisent aujourd’hui la situation des Technologies de l’information et de la communication (TIC) en Afrique. Notre continent est une fois de plus en retard sur le développement fulgurant des TIC. Parler de l’intégration des TIC dans l’éducation est donc un défi à relever, tellement les questions sont nombreuses et l’enjeu, de taille. Quelle est la situation des TIC en Afrique ? Pourquoi les intégrer dans l’éducation ? Comment les intégrer dans l’éducation ? C’est en réponse à ces multiples questions que les experts en éducation et ceux en TIC se sont retrouvés à Abuja afin d’apporter des éclairages à la conférence des ministres.

La situation des TIC en Afrique est le reflet du développement économique du continent. En Afrique de l’Ouest, une personne sur 160 a accès à l’Internet, contre une personne sur deux en Amérique du Nord. 5% des familles en Afrique possèdent des ordinateurs contre 85% au Nord. Parmi les obstacles qui bloquent le développement rapide des TIC en Afrique, il y a la résistance culturelle à adopter de nouveaux comportements, les coûts très élevés des équipements, les problèmes d’accès au réseau, le manque d’infrastructures telle l’énergie, et le manque de politiques cohérentes en matière de TIC.

Quand bien même la situation générale des TIC en Afrique serait critique, la conférence des ministres de l’Education a reconnu le rôle potentiel des TIC dans le développement de l’éducation en Afrique et convenu de la nécessité d’élaborer des politiques cohérentes pour l’application des TIC dans l’éducation. Il faut souligner que depuis 1998, des projets d’introduction massive des TIC en Afrique de l’Ouest ont été initiés par les organisations internationales. Cette mobilisation de la communauté internationale et des gouvernements africains se justifie par le fait que les TIC facilitent l’accès au savoir et la mise en œuvre des stratégies d’enseignement-apprentissage.

L’usage des TIC a été reconnue en outre par la conférence d’Abuja comme intrant de qualité, conformément au sixième objectif de l’Education pour tous (EPT) : « Améliorer sous tous les aspects la qualité de l’éducation, dans le souci d’excellence, de façon à obtenir pour tous des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante ». Aussi, Face à la croissance démographique actuelle et à l’impératif de garantir une éducation pour tous, l’intégration des TIC dans l’Education augmente les chances d’atteindre les objectifs de l’EPT.

Les ministres de l’Education ont décidé, sur la base des résultats de la réunion des experts, de regarder sous toutes ses coutures l’intégration des TIC dans l’éducation, en se posant des questions essentielles sur les implications financières et les stratégies possibles pour le partage et le recouvrement des coûts ; les questions d’équité, afin que les TIC ne renforcent pas les inégalités existantes, mais aident à les réduire ; la nécessité de constituer une expertise technique et pédagogique et d’inclure les TIC dans le programme de formation des enseignants ; la nécessité de formuler des politiques pour appuyer le développement des TIC et celui de l’enseignement à distance et de l’apprentissage libre (EDAL). Au cours de la conférence, des solutions relatives aux coûts et à l’application des TIC dans l’éducation ont été présentées aux ministres de l’Education. « Onpoint » est une agence sud- africaine spécialisée dans l’assemblage d’ordinateur et la vente de produits informatiques. Elle développe des solutions alternatives d’utilisation des TIC dans l’éducation et offre des possibilités d’accès à des coûts réduits.

Face aux questions d’énergie et d’accès aux zones non couvertes par le réseau électrique, Onpoint a fait des propositions par rapport à d’autres types et sources d’énergie. Cet aspect a retenu l’attention de plusieurs ministres de l’Education, qui se sont engagés à inviter cette agence à venir dans leur pays et à faire des simulations. La conférence d’Abuja a pris fin sur des recommandations portant sur la nécessité d’intégrer rapidement les TIC dans l’éducation et d’élaborer des stratégies et des politiques de mise en œuvre des TIC dans l’éducation. Abuja a eu surtout l’avantage de clarifier les TIC et de souligner leur importance dans l’amélioration de la qualité de l’éducation.

Il reste des défis que les ministres de l’Education se sont engagés à relever. L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), organisatrice de cette rencontre, s’est engagée à soutenir les ministres de l’Education et à mettre à leur disposition les outils nécessaires à la formulation des politiques adéquates pour l’intégration des TIC dans l’éducation, compte tenu des enjeux qu’elles représentent pour le développement de l’Afrique.

Evariste Zongo Abuja-Ouagadougou
L’Observateur

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