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MANDAT D’ARRET CONTRE LES OPPOSANTS NIGERIENS : Une stratégie de diversion ?

Publié le mercredi 4 novembre 2009 à 01h50min

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Apporter la bonne parole, telle est la mission que Mamadou Tandja assignait à ses émissaires, qu’il a envoyés récemment en tournée d’explication dans les palais présidentiels de la sous-région ouest-africaine. L’objectif était clairement affiché : plaider pour la cause du Niger auprès des dirigeants de la sous-région. Mieux, briser l’épaisse muraille d’incompréhension qui le sépare de tous ceux qui voient se profiler à l’horizon le péril pour Niamey, là où, lui, plutôt, ne voit se dessiner que bonheur radieux et bien-être total pour le peuple nigérien.

Pendant que le président nigérien tente donc un rapprochement avec les institutions sous-régionales et internationales, au Niger, la vie continue son cours, et comme d’habitude, sur fond de traque aux opposants et de tracasseries de toutes natures. Deux mandats d’arrêt internationaux ont été lancés contre deux figures emblématiques de l’opposition nigérienne. Il s’agit de l’ancien Premier ministre, Hama Hamadou et de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Mahamadou Issoufou. Tous deux en exil, le dernier a décidé de rentrer au bercail "pour se mettre à la disposition de la justice", estimant qu’il n’a rien à se reprocher. Quant à Hama Hamadou, il se comporte visiblement comme le chat échaudé qui craint l’eau des geôles nigériennes. Malgré donc le mauvais état des relations entre le pouvoir et l’opposition et les risques d’un tel retour, le président du PNDS (Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme) a donc osé franchir le pas. Ce pas va-t-il lui coûter cher ? Pour l’heure, en tout cas, il n’a nullement encore été inquiété. Il n’a toujours pas encore été arrêté.

La Justice nigérienne veut-elle s’accorder du temps, le juge d’instruction ayant laissé entendre qu’il attendait l’exécution du mandat d’arrêt ? L’épée de Damoclès sur la tête de l’opposant, depuis son exil, procédait-elle, en réalité, de l’intimidation ? Le pouvoir a-t-il une raison juridique valable pour attraire l’opposant devant les tribunaux ? Allez savoir ! En Afrique, la réalité de la séparation des pouvoirs est telle qu’il serait difficile d’imaginer que ce pouvoir n’agisse pas dans l’ombre. L’exécutif nigérien a-t-il fini par se raviser, lui qui semble à présent adopter un profil bas après le retour effectif de l’opposant au pays ? Si ce n’est pas un défi lancé aux autorités nigériennes et à la Justice, le retour de Mahamadou Issoufou y ressemble. L’avenir dira si ce mandat d’arrêt international n’était qu’une pure stratégie de diversion destinée à décourager tout retour au pays des deux opposants nigériens. Et, par ricochet, à permettre l’ancrage tranquille de la VIe République et de ses nouvelles institutions contestées.

Par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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