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Ouagadougou favorable au Protocole de Kyoto à la COP 15

Publié le lundi 12 octobre 2009 à 03h31min

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Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso a abrité du 9 au 11 octobre 2009 le VIIe Forum mondial du développement durable sous le thème “Changements climatiques : quelles opportunités pour un développement durable ?”. La réunion de haut niveau, qui a eu lieu à cet effet, s’est soldée par une déclaration dite de Ouagadougou, laquelle appuie la décision de l’Union africaine préconisant le maintien des acquis de la Convention et du protocole de Kyoto.

A deux mois de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 15) prévue à Copenhague (Danemark) en décembre prochain, l’Afrique s’arme pour parler d’une même voix. En effet, à la faveur du VIIe Forum mondial sur l’environnement et le développement durable tenu à Ouagadougou (Burkina Faso) du 9 au 11 octobre 2009 sous le thème “Changements climatiques : quelles opportunités pour le développement durable ?”, les chefs d’Etat africains, leurs ministres et des experts de tout bord ont adopté une position commune à défendre à Copenhague.

La déclaration dite de Ouagadougou, qui rend compte de cette position, a été peaufinée pendant deux jours de travaux d’abord par les experts puis les ministres. Elle a été validée dimanche 11 octobre 2009 au cours du Segment de haut niveau. La déclaration de Ouagadougou, forte de vingt-six décisions, situe les Africains par rapport aux actions à entreprendre face aux changements climatiques dans le sens d’assurer un réel développement du continent. A Ouagadougou, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont alignés sur l’option déjà arrêtée par l’Union africaine. Il s’agit “d’appuyer la position africaine qui plaide pour une reconstitution substantielle du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et préconise fortement le maintien des acquis de la Convention et du Protocole de Kyoto, surtout sur les engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays développés et l’appui aux pays en développement pour l’adoption, l’atténuation, l’accès à l’énergie propre, le transfert de technologie, le renforcement des capacités et les financements à travers des projets et des actions concrètes”.

Les participants au VIIe Forum mondial du développement durable de Ouagadougou ont décidé de soutenir la prise des engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici à 2020 par rapport au niveau de 1990 pour les pays industrialisés ainsi que l’adoption d’actions nationales appropriées d’atténuation pour les pays en développement. Une autre décision importante réside dans le plaidoyer pour l’assouplissement des conditionnalités de financement, la rationalisation des fonds, la facilitation de l’accès direct et rapide aux ressources par les gouvernements-parties en développement et la promotion d’un système d’allocation individuelle aux pays.

A cet effet donc, le président Blaise Compaoré, hôte du forum, a été non seulement mandaté par les participants pour faire en sorte que les résultats du présent forum puissent servir d’arguments pour les discussions de la XVe conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 15) mais également désigné pour convoquer les assises financières africaines en 2010 à même de faire émerger les régulations économiques et les compensations indispensables à un développement durable du continent. A Ouagadougou, le Forum mondial du développement durable a été reconnu comme instance de réflexion essentielle pour le devenir de l’Afrique. D’ailleurs sur recommandation de l’Union africaine, les pays africains sont invités à se l’approprier pour mûrir fréquemment les réflexions face au phénomène de changements climatiques.

Ismaël BICABA (elbicab@gmail.com.)


Que dit le Protocole de Kyoto ?

Le protocole de Kyoto est le plus important instrument visant à lutter contre les changements climatiques. Le protocole de Kyoto fait suite à la Convention sur le climat de 1992. Le Protocole de Kyoto fut adopté à COP 3 à Kyoto au Japon le 11 décembre 1997. Ouvert aux 189 pays-parties à la Convention, il a été ratifié par 184 pays en juin 2009. Il ne comporte toutefois d’engagement que pour 38 pays industrialisés, avec un objectif de réduction moyenne de 5,2% par rapport aux émissions de 1992 des émissions de six gaz à effet de serre entre 2008 et 2012. Cet objectif global se traduit par des engagements quantifiés modulés selon les pays : moins 6% pour le Canada et le Japon, moins 8% pour l’Union européenne. Le Protocole de Kyoto s’attaque aux émissions de six gaz à effet de serre : le dioxyde de carbone (CO2) ; le méthane (CH4) ; l’oxyde nitreux (N2O) ; l’hydrofluorocarbones (HFCs) ; l’hydrocarbure perfluorés (PFCs) ; l’hexafluorure de soufre (SF6).

Les engagements souscrits par les pays développés sont ambitieux. Pour faciliter leur réalisation, le Protocole de Kyoto prévoit, pour ces pays, la possibilité de recourir à des mécanismes dits “ de flexibilité “ en complément des politiques et mesures qu’ils devront mettre en œuvre au plan national. Ces mécanismes sont au nombre de trois :

- les “ permis d’émission “ : cette disposition permet de vendre ou d’acheter des droits à émettre entre pays industrialisés ;
- la “ Mise en œuvre conjointe “ (MOC) qui permet, entre pays développés de procéder à des investissements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en dehors de leur territoire national et de bénéficier des crédits d’émission générés par les réductions ainsi obtenues ;
- le “ Mécanisme de développement propre “ (MDP), proche du dispositif précédent, à la différence que les investissements sont effectués par un pays développé, dans un pays en développement.

L’un des enjeux centraux du rendez-vous danois (la COP 15 en décembre 2009 à Copenhague) est de renouveler - et surtout de renforcer- les engagements contraignants souscrits à Kyoto pour la période 2008-2012.
Les pays en développement, Chine et Inde en tête, qui en sont exonérés, tiennent à ce protocole qui offre une “paroi étanche”, selon les termes d’un négociateur, entre les pays du Nord, qui ont une responsabilité “historique” dans l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère, et le reste de la planète. Mais les Etats-Unis et plusieurs autres pays - Australie et Canada notamment - souhaitent tourner la page. L’UE martèle pour sa part son attachement aux acquis de Kyoto, tout en soulignant la nécessité de trouver un moyen d’intégrer les Américains, restés trop longtemps à l’écart.

I.B. (elbicab@gmail.com)

Sidwaya

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