LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Lutte contre le blanchiment d’argent : La chasse aux criminels est ouverte

Publié le mardi 6 octobre 2009 à 05h06min

PARTAGER :                          

Les six membres de la Cellule nationale de traitement de l’information financière chargée de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme au Burkina Faso, ont été installés, le jeudi 1er octobre 2009 à Ouagadougou dans leurs nouvelles fonctions.

La traque à ceux qui s’adonnent au blanchiment d’argent et au financement d’actes terroristes est ouverte au Burkina Faso. La Cellule nationale de traitement de l’information financière (CENTIF) est opérationnelle. Ses six membres composés de hauts fonctionnaires du Trésor public, de magistrats, de policiers et d’un représentant de la Banque centrale ont pris fonction, ce jeudi 1er octobre. Nommés pour un mandat de trois ans renouvelable une fois, ils ont pour mission essentielle de barrer la route aux criminels qui se rendent coupables d’actes de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. La CENTIF vise ainsi à préserver le système financier en empêchant les criminels de tirer profit de leurs actes et comportements malsains.

Cellule de renseignement financier, elle va jouer un rôle central d’interface entre les instances de prévention et de répression de la criminalité financière. La CENTIF a maintenant carte blanche pour recueillir, traiter toute information financière ou toute dénonciation provenant d’un assujetti de banque. Dans le souci de réussir ses missions, la Cellule a déjà des correspondants dans certains services comme la gendarmerie, la police, le Trésor, la douane. Elle peut recourir à ces derniers en cas de nécessité pour avoir les données utiles au traitement des informations financières. Dans le fonctionnement de la CENTIF, les membres et les correspondants prêtent serment. Quant au personnel d’appui, celui-ci est tenu au secret professionnel après la cessation de son mandat au même titre que les membres et les correspondants. « La CENTIF est un outil régalien de bonne gouvernance et d’amélioration du système financier », a expliqué le président de la cellule, Robert Tondé. Première du genre, la CENTIF doit aussi proposer des réformes nécessaires au renforcement du dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent.

Elle est par ailleurs, habilitée à recevoir les déclarations de soupçons de la part des professions assujetties (avocats, huissiers, banquiers…) et des banques. La fraude fiscale, l’escroquerie informatique sont entre autres, dans le champ d’action de la CENTIF. Pour le conseiller technique auprès du ministre délégué au Budget, Jean-Baptiste Ouédraogo qui a présidé la cérémonie d’installation des nouveaux membres de la CENTIF, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme constitue une priorité du gouvernement. Car dit-il, « ces deux fléaux engendrent des conséquences dramatiques sur l’économie, la stabilité politique, menacent la paix et vont à l’encontre de la bonne gouvernance prônée par les plus hautes autorités ». M. Ouédraogo explique que l’opérationnalisation de la CENTIF au Burkina traduit l’engagement du gouvernement à lutter contre la criminalité financière. « Vous ne recevrez aucune instruction ni même de vos autorités de tutelle, vous saisissez directement le procureur du Faso (…).

Cela en dit long sur votre indépendance », a dit Jean-Baptiste Ouédraogo, aux six membres de la CENTIF, dans son discours d’installation. En attendant, la CENTIF va devoir fonctionner avec un dispositif juridique incomplet. En effet, la loi sur le financement du terrorisme n’a pas encore été promulguée par l’Assemblée nationale. Seule celle portant sur le blanchiment d’argent a été votée. Un vide qu’il va falloir combler rapidement pour permettre à la CENTIF d’être à l’aise et de veiller à la préservation du système financier.
Pour blanchir de l’argent sale, les criminels procèdent généralement par trois méthodes pour manipuler, dissimuler la nature douteuse de leurs fonds provenant d’activités illicites comme le trafic de drogue ou d’armes, extorsion, corruption, spéculations illégales, activités mafieuses. Primo, il y a le placement qui consiste à introduire les fonds issus du crime dans le système bancaire de sorte à le réinvestir dans des activités légales comme la construction immobilière.

Secundo, les criminels peuvent se servir de la technique de l’empilage qui consiste à dissimuler l’origine douteuse d’un fonds en multipliant les opérations et en ouvrant plusieurs comptes dans plusieurs pays au nom de sociétés fictives. Avec l’étau qui se resserre contre les banques et les paradis fiscaux, ainsi que la levée du secret bancaire sur ordre de la justice, les criminels sont contraints de recourir à de nouvelles méthodes pour blanchir leur argent. Il semble que les commerces tels que les bijouteries et les entreprises d’import-export sont les premières cibles pour blanchir l’argent.
De même, l’établissement de fausses factures entre des sociétés-écrans permet de faire croire que l’argent est tout à fait propre. Le blanchiment de capitaux représenterait ainsi entre 2 à 5 % du produit intérieur brut mondial. Soit entre 200 et 1500 milliards de dollars par an. Une somme colossale qui suffirait à l’Afrique pour combattre la pauvreté, la faim, la maladie et partant à se hisser au rang d’un continent développé. Les principaux mouvements terroristes reconnus à ce jour, sont entre autres Al Qaida, le PCC, le MS 13, les Panthères rouges, les pirates somaliens.

S. N COULIBALY

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 6 octobre 2009 à 10:01, par Paris Rawa En réponse à : Lutte contre le blanchiment d’argent : La chasse aux criminels est ouverte

    Encore ! Un nouvel organe en plus pour lutter contre la corruption. Ce qui est dramatique, c’est que la nouvelle structure viendra s’ajouter à celles qui existent déjà, sans que pour autant la corruption recule d’un pouce dans cette patrie des hommes intègres. Quelle malédiction nous a frappés pour nous rendre capables d’identifier nos problèmes et d’être pourtant comme paralysés quand il s’agit d’y remédier. La méthode est bien rodée : on identifie le problème, on crée une structure pour le résoudre, on identifie le coupable, mais la sanction ne tombe pas... Au mieux on s’égare dans une procédure judiciaire interminable. Au pire la justice prononce un non lieu ou un acquittement. Et tout le monde continue à se lamenter sur la corruption qui gangrène notre société. N’est-ce pas plutôt la culture de l’impunité qui pose le plus grand problème ?

  • Le 6 octobre 2009 à 10:44, par CEDRIC En réponse à : Lutte contre le blanchiment d’argent : La chasse aux criminels est ouverte

    esperons que ce ne sera pas une institution en plus et de trop ! Elle agira pour faire valoir la justice et non pour les beaux yeux de qui k c soit.

  • Le 6 octobre 2009 à 12:50 En réponse à : Lutte contre le blanchiment d’argent : La chasse aux criminels est ouverte

    Enfin, ce n’est pas trop tôt quand on voit ce qui se passe dans notre pays au vu et au su de nos dirigeants dans ce pays.

    Au-dalà de cette ouverture de "Guichet", j’ose espérer que, tout en tenant compte de l’esprit de bon voisinage que recommande la CEDEAO dans ses "Sacro-saintes pages", il y aura lieu que cette nouvelle équipe puisse faire une cahsse effrenée des "SCAMERS NIGERIANS" qui écument le pays avec ce que tout le monde sait, mais dont personne n’en parle.

  • Le 7 octobre 2009 à 03:25, par Sonia Sonny En réponse à : Lutte contre le blanchiment d’argent : La chasse aux criminels est ouverte

    Voilà une excellente structure, qui en faisant son travail comme il se doit, pourra renforcer la confiance que peuvent avoir les individus et les investisseurs en notre système financier. Il est primordial de lutter contre le blanchissement d’argent et le financement des activités terroristes. Dans le monde entier cette activité brasse par année 500 milliards à un billion de dollars américains ; cela veut dire que c’est de l’argent qui échappe au contrôle des gouvernements et qui aurait pu être utilisé pour financer des projets comme par exemple des écoles, des routes… Je ne connais malheureusement pas les chiffres spécifiques pour le Burkina (je ne suis pas certaine que c’est connu tout court), mais j’espère que c’est une lacune que pourra combler le CENTIF.
    Je crois au bien fondé de cette unité ; il faut savoir que le Burkina n’invente pas ce genre de structure ; le Canada et les Etats-Unis ont aussi leurs organismes de lutte contre le blanchiment d’argent et des activités terroristes.

    La question que je suis, par contre, tentée de me poser, c’est est-ce que la cellule aura les mains libres pour agir ?
    A entendre les propos de M. Jean-Baptiste Ouédraogo la cellule a son indépendance totale et doit saisir immédiatement le procureur du Faso qui lui se chargera, je suppose, de la mise en accusation, etc. j’ose donc croire que ce ne sera pas un organisme de plus, pour juste épater la galerie et que des sanctions seront prises contre ceux qui pratiquent ces activités illégales. Reste à attendre que l’assemblée nationale vote aussi la loi sur le financement des activités terroristes, comme elle l’a fait pour le blanchiment d’argent. Ceci donnera à la cellule un pouvoir de plus.

    Je continue à croire que le Burkina avance tranquillement, même si l’indice du développement humain du PNUD divulgué récemment n’est pas très reluisant (voir l’article de Fasozine : Indice de développement humain du PNUD : le Burkina Faso 177e sur 182)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)