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Après les inondations du 1er septembre : Une nouvelle vie commence pour les sinistrés

Publié le mercredi 14 octobre 2009 à 06h24min

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Ils sont plusieurs dizaines de milliers, les Ouagalais qui ont connu le sinistre du 1er septembre dernier. Une inondation qu’aucune mémoire d’ancien n’a déjà emmagasinée. Depuis lors, que de cas sociaux : des familles brisées, des sans abris et des enfants déscolarisés. Après avoir squatté les établissements scolaires, la rentrée scolaire les a désormais poussés dans d’autres centres d’accueil où pour eux, commence une nouvelle vie.

Des tentes à perte de vue, du monde grouillant de toute part, c’est le décor que présente l’hippodrome de Ouagadougou. Sis au quartier Hamdalaye de la capitale du Burkina ; ce lieu est depuis le 23 septembre 2009, l’un des centres d’accueil des sinistrés des pluies diluviennes du 1er septembre dernier. Les femmes s’activent à la cuisson des repas dans d’énormes marmites, tandis que les hommes palabrent devant les tentes de divers coloris et que les enfants, les plus insouciants de tous courent dans tous les sens. Tout au fond de l’espace entouré par un muret d’à peine un mètre de haut, une longue file, surtout composée de femmes, passe devant trois recenseurs assis à même un table banc.

“C’est le énième recensement auquel nous sommes soumis depuis les inondations“ ; ainsi s’exprime une jeune femme qui tient son enfant en main. “Hier, c’est la Croix Rouge qui est venue faire un recensement et pour aujourd’hui nous ne savons même pas quels sont ceux qui sont en train de faire le recensement“, poursuivra t-elle. Renseignement pris auprès des trois recenseurs, il s’agit de l’Action Sociale et l’objectif est de savoir exactement combien de personnes vivent dans ce centre d’accueil. Pour l’instant, ils sont estimés à plus de 5000 réfugiés repartis dans 17 groupes en fonction de leur provenance géographique.

“Nous sommes environ 250 dans mon groupe“ explique Bagayan Adama, responsable du groupe de Sondgo A.C. “Nous rendons grâce à Dieu et remercions beaucoup les autorités, parce qu’ici nous ne manquons de rien“ ; ainsi poursuivra celui que tous appellent affectueusement le vieux. Le calme et la profondeur de son regard lui donnent une aura naturelle qui force le respect. Le calme s’est fait autour de lui pour le laisser s’exprimer.
« Chaque matin, nous prenons les vivres auprès des responsables du site ; il s’agit selon la volonté de chaque groupe, de riz, de farine de maïs, de haricot, etc. ils nous donnent également de l’argent pour la popote. Des latrines ont également été aménagées dans ce centre et l’eau a été mise à la disposition des réfugiés ». Pour des personnes qui ont vu tomber leurs maisons et qui ont perdu tout leurs biens il y a donc de quoi avoir le sourire, même mieux, rire aux éclats comme ces braves dames en train de cuire du riz sous un soleil cuisant de midi.

“Quand est ce que nous retrouverons un chez-nous ?“, voici cependant la question que se pose Adama Bagayan chaque jour qu’un nouveau soleil se lève. A ce moment, l’on peut dans ses yeux revivre la tragédie qui lui est arrivée, perdre en une journée, ce qu’il a mis plus d’un demi siècle d’existence à bâtir, pour se retrouver, lui le respectable vieux avec toute sa famille dans un camp de réfugiés. Mais difficile de lui donner une réponse.
La balle est dans le camp des plus hautes autorités de ce pays. C’est en tout cas l’avis de Paul Zoungrana, l’un des responsables au centre d’accueil des sinistrés de l’INJEPS, sis au quartier Goughin de Ouagadougou. Paul Zoungrana est chargé de l’alimentation. Et pour ce secteur, les sinistrés sont largement comblés. Régulièrement, plusieurs organismes viennent faire des dons en vivres, savons et autres. Le centre d’accueil de l’INJEPS qui compte 1597 réfugiés, comprend aussi un dispensaire dans lequel les consultations et les médicaments sont totalement gratuits. Au coté de Paul Zoungrana, Sékou Tragéma ne cesse de recevoir du monde. Il est chargé de l’action sociale et son rôle est de venir en aide aux différents pensionnaires du centre pour les questions cruciales, notamment d’éducation ou de santé.

Sept centres, gérés par des comités composés des municipalités, de l’Action Sociale et des ONG et associations, accueillent plusieurs dizaines de réfugiés. Des personnes démunies qui reconnaissent trouver en ces lieux une planche de salut. Un toit, de l’eau et de la nourriture, mais aussi du matériel : cuisinière à gaz, bouilloires, sceaux, nattes à coucher et autres ; mais la récurrente et douloureuse question revient sur toutes les lèvres : Allons nous retrouver un foyer ?

Hermann Nazé

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