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Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

Publié le jeudi 1er octobre 2009 à 06h01min

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La nouvelle n’est pas encore rendue publique. La Société industrielle du Faso (SIFA) mettra en décembre prochain, la clé sous le paillasson. La rude concurrence des motos d’origine asiatique a eu raison du fleuron burkinabé des cycles et cyclomoteurs. Après maintes tentatives de reconquérir son marché perdu, la société a été contrainte d’annoncer la cessation de ses activités pour la fin de décembre 2009. De sources proches des travailleurs, un protocole d’accord a été signé le 11 juin 2009 à l’issue d’“ âpres ” négociations entre la direction et les employés, scellant définitivement le sort de cette entreprise créée en 1964.

Empêtrée depuis deux ans dans des difficultés d’écoulement de ses produits, due à la mévente, la SIFA est en passe de mettre la clé sous le paillasson. Cette cessation d’activités qui semble évidente, est annoncée pour fin décembre 2009. En effet, ces derniers mois, les choses sont allées de mal en pis pour cette entreprise. En juillet dernier, le bradage de sa gamme de motocyclettes de marque Peugeot, a provoqué les rumeurs les plus folles sur son sort parmi lesquelles, son rachat par Watam Kaizer (un concessionnaire d’engins à deux roues implanté à Ouagadougou). Simple rumeur ou vérité ?

Joint au téléphone après plusieurs tentatives infructueuses, le directeur général de la SIFA, Seydou Ouédraogo, parle d’une intoxication distillée à dessein, affirmant au passage que “ le déstockage est une pratique courante dans les entreprises ”. Il n’en dira pas plus, promettant tout de même de nous contacter pour un entretien poussé. Et depuis lors, plus rien ! Malgré notre insistance pour en savoir plus les semaines suivantes, une sorte d’omerta semble y régner. Pourtant, les faits sont têtus. Le sort de la SIFA est déjà connu, du moins dans l’entreprise. Un protocole d’accord d’arrêt de toutes les activités a été signé le 11 juin 2009 entre le patronat et le personnel. Ce protocole qui doit entrer en vigueur à partir de septembre prochain, fixe les modalités de licenciement des travailleurs dont une bonne partie est depuis des mois, au chômage technique. Cet accord définit les conditions de paiement des droits légaux et autres avantages liés à leur licenciement. Si les choses se confirment, en décembre 2009, tout sera fini et pour les ouvriers et pour le personnel administratif. En juin 2008, indique un employé, le directeur général face à la “ grave ” crise qui ne faisait qu’empirer, avait porté à la connaissance des travailleurs que la “ boîte ” n’était plus rentable et que les actionnaires ont décidé l’arrêt des activités.

Un silence déconcertant

A l’époque, les travailleurs étaient peu convaincus de cette perspective. Un ancien cadre de la société, sous le sceau de l’anonymat, nous confie que cette situation était difficile à comprendre puisque, dans le même temps, la société aurait payé plus de 200 millions de FCFA de dividendes aux actionnaires. Lors du passage du gouverneur, Pascal Témaï Benon, le 20 novembre 2008 dans le cadre de sa tournée de prise de contact avec ses administrés, le directeur général de la SIFA avait tiré la sonnette d’alarme au regard de la baisse vertigineuse du chiffre d’affaires. Les stocks de motocyclettes s’empilaient dans les magasins, amenant ainsi les différentes chaînes de montage à tourner au ralenti. Les méventes sont sans précédent. En 2003, la société a vendu 18 596 vélos, 20531 cyclomoteurs et 3800 motos contre 3676 vélos, 8760 cyclomoteurs et 766 motos en 2007.

Ce qui a ramené le chiffre d’affaires de 12 milliards en 2003 à 4 milliards de F CFA en 2007, soit une perte de 66%. Les impôts et taxes ont suivi la même courbe. De 2 milliards de FCFA versés à l’Etat au titre des impôts et taxes en 2003, la SIFA, tenaillée par des difficultés, n’a pu payer que 655 millions de francs en 2007. Le sort de la société semblait scellé et le licenciement de 23 personnes avec tous les droits légaux payés en fin mars 2009, était comme un mauvais présage. Se résignant à crier à la concurrence déloyale, le directeur général a assisté impuissant, à la faillite de son entreprise. Pourtant il y a deux ans, certains cadres, vu la situation, auraient suggéré à la direction, une baisse des prix des motos surtout que la société obtenait désormais les pièces détachées des engins à moindre coût au près d’un nouveau fournisseur. “ Mais nous n’avons pas été écoutés ”, regrette un cadre de l’entreprise sous le couvert de l’anonymat. Connue autrefois sous l’appellation d’Industrie voltaïque du cycle et du cyclomoteur (IVOLCY), l’actuelle SIFA fabrique sous licence plusieurs modèles pour le compte de Peugeot France et Yamaha du Japon. A la faveur de son rachat en 1993 par la Compagnie française d’Afrique occidentale (CFAO), elle a pris l’appellation de Société industrielle du Faso (SIFA). En 1990, au temps fort du boom cotonnier, elle a réalisé son plus gros chiffre d’affaires de 15,5 milliards de FCFA.

La fin du monopole

En 2000, alors qu’elle se vantait d’avoir produit environ 45 000 engins, la SIFA se voyait confrontée à une compétition jamais égalée. Le marché national connaissait pour la première fois une invasion d’autres marques de motocyclettes importées au début par des commerçants isolés, et après par des sociétés structurées telles Megamonde et Watam Kaizer. C’est la fin du monopole. La Yamah, motocyclette “ fétiche ” de la SIFA vendue à 1 300 000 F CFA, est concurrencée par d’autres motos asiatiques de marque JC, Omaha et Sanili, cédées autour de 450 000 F CFA. C’est le début du calvaire. Dès lors, les prix abordables de ces motos “ intruses ” détournent les clients de la SIFA. Désormais, les facteurs qualité et durabilité de la marque Peugeot mis en avant par la SIFA sont battus en brèche par les concurrents. David Doulkom, un agent de Burkina Motos, revendeur grossiste des produits SIFA reconnaît que le design, l’esthétique et la variante prix sont les principaux facteurs ayant amené les clients à se tourner vers les motos asiatiques. La SIFA, selon lui, n’a pas su s’adapter à l’évolution du marché et à la réalité économique des consommateurs.

A Burkina Moto, un revendeur des produits de marque Peugeot, la nouvelle de la fermeture prochaine de la SIFA a provoqué un séisme. Selon cette entreprise commerciale, les ventes de produits SIFA sont en chute libre depuis deux ans. Dans les bureaux tout comme à la boutique de vente de motos, la psychose de la perte d’emploi hante les esprits. L’air hagard, un agent nous confie qu’en cas de fermeture de l’usine SIFA, c’est “ la catastrophe ”. Pourtant à CFAO Motors, (autre revendeur des marques Peugeot), on semble ne pas trop s’inquiéter. Pour l’instant, précise le chef d’agence de CFAO Motors, Gustave Kinda, il est difficile de mesurer l’impact de la fermeture de l’usine SIFA sur leurs activités. Ce, d’autant plus que la marque Crypton, son produit phare introduit en 2002 marche bien et est en mesure de compenser l’arrêt de la vente des motos P50, Delta et Ninja, produites par SIFA. Chez les commerçants de cycles et cyclomoteurs aux alentours du grand marché de Bobo-Dioulasso, la page SIFA semble désormais tournée. Seules quelques P50 confinées au milieu des dizaines de motos asiatiques sont encore perceptibles. Pour combien de temps encore ?

Déjà mal en point, l’économie de Bobo-Dioulasso risque de ressentir un autre coup, si d’aventure l’usine SIFA venait effectivement à fermer ses portes. Les conséquences économiques et sociales vont être, sans nul doute, désastreuses pour les travailleurs et leurs familles. Le nombre des déflatés de la zone industrielle va être revu à la hausse. A plein temps, la SIFA emploie 200 travailleurs. Et si l’on s’en tient au protocole d’accord, d’ici à fin décembre, tout le monde sera libéré. Les victimes collatérales, elles, vont se compter par centaines, voire par milliers. Il faut ajouter à cela, le manque à gagner au niveau du budget communal. On estime à une centaine de millions de F CFA, la contribution de la SIFA au titre des impôts, patentes et taxes diverses à la commune de Bobo-Dioulasso.

Frédéric OUEDRAOGO (ouedfredo2003@yahoo.fr)


Qui est le nouveau repreneur ?

Le black out observé par le directeur général Seydou Ouédraogo, fait courir toutes sortes de rumeurs sur les noms des éventuels repreneurs de la SIFA. Outre Watam Kaizer, le nom de Megamonde revient avec insistance. Même les cadres ne semblent pas en mesure d’en dire un mot. D’autant que depuis des mois, les réunions périodiques sont suspendues et le directeur général communique peu. Toutes choses qui créent un malaise au sein du personnel.

F.O.


Que dit le protocole d’accord ?

Réunis en assemblée générale le 11 juin dans l’enceinte de l’usine, la direction générale, l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL) et les délégués des travailleurs entament des négociations qui vont aboutir à la signature d’un protocole d’accord suivant l’article 99 du code du travail. Les discussions, à ce que l’on dit, ont été rudes autour de l’arrêt des activités et du licenciement de l’ensemble des travailleurs. Mais les parties vont finalement trouver un terrain d’entente sur les départs échelonnés de fin septembre à fin décembre 2009. Il a été convenu entre ces parties, du paiement des droits légaux, de l’application de mesures d’accompagnement sous forme de l’équivalent de 12 mois de salaire de base pour les travailleurs non cadres et de 8 mois pour les cadres plus la prime d’ancienneté, ainsi que la remise d’un certificat de travail. Pour le paiement des droits légaux, il a été décidé qu’il se fera au moment du départ des intéressés. Autre point figurant dans le protocole d’accord visé par la direction régionale du travail et de la sécurité sociale : son application “ interdit ” toute action éventuelle par l’une ou l’autre des parties.

F.O.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 1er octobre 2009 à 08:05 En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

    Les evenemements ont finalement donnes raison au precedent DG qui a su quitter les affaires avant que les affaires ne le quittent.

    • Le 1er octobre 2009 à 17:28, par Paris Rawa En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

      Si une politique nationale de l’industrie et de lutte réelle contre la pauvreté avait permis aux Burkinabè moyens (cotonculteurs, fonctionnaires, commerçants et petits entreprenneurs...) d’investir leurs épargnes sous forme d’action dans une entreprise comme la SIFA, peut-être que celle-ci aurait eu les riens solides pour résister à la concurrence. Ces petits actionnaires burkinabè qui recevraient des dividendes sur leurs comptes en banque y auraient certainement vu leurs intérêts n’auraient peut-être pas plébiscité les "envahisseurs".

      Dans une certaine mesure, on a pas toujours besoin d’être un grand économiste pour savoir les politiques qui peuvent nous sauver du sous-développement : il faut beaucoup de bon sens, d’engagement et d’amour pour nos populations. La sagesse moaga le dit clairement : "rit m ye kiida m ye" (= à manger seul on meurt seul) . La SIFA (la politique économique) a mangé sans les burkinabè et parfois même à leurs dépens ; ceux-ci n’ont pas hésité à se retourner vers l’étranger pour sauver leurs portemonnaies. Conséquence, la SIFA meurt sans leur compassion. Il en sera toujours ainsi de nos unités industrielles. Tant qu’elles sont rentables, elles ne pensent qu’à tondre le consommateur sans faire de lui un partenaire, l’obligeant même à trouver des solutions mortelles pour ceux qui l’exploitent ainsi sans jamais partager. C’est un problème de stratégie de développement industrielle que les gouvernants n’auraient jamais dû se la laisser dicter par l’extérieur, puisqu’il s’agit de vie ou de mort de la nation à petit feu et par appauvrissement. On ne négocie jamais sa propre mort, on se bat à mort !

  • Le 1er octobre 2009 à 10:03, par ARGUS En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

    Un milliard de fois félicitation Monsieur LE JOURNALISTE pour cet article excellement écrit, documenté et qui met l’information en situation et en contexte. Quelle joie immense de lire pareils papiers qui s’ils se multipliaent, contribueraient à l’information réelle des citoyens. Vraiment courage à vous.

  • Le 1er octobre 2009 à 13:06, par ras En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

    Bonne réussite sur le plan technique pour les vélos, L2(Le Cenou m’a sauvé) les P50, Ninja,etYamDam. Sur le plan commercial, c’est tout autre, les prix sont hors de portée du burkinabé moyen et les motos sont la principale cible des malfrats. La contrefaçon, la fraude, la concurrence et le manque de vision stratégique on certainement eu raison de cette entreprise qui fut à un moment donnée, une fierté nationale.

    • Le 1er octobre 2009 à 15:48, par carlos En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

      Dépuis que les moto "chintoc" ont envahi le marché national, je me suis toujours demandé pourquoi les moto SIFA étaient aussi chères ? Pourquoi la Yam Dame qui vient de la mème région(Extrème-Orient) que d’autres motos peut-elle couter 3 ou 4 fois plus cher que ces dernières ? On me parlera certainement de la fraude en oubliant les produits de Mégamonde ou Watam ! je voudrais pas défendre ces deux sociétés, mais la Sifa doit rconnaitre que c’est les burkinabe qui ont tranché en se rendant justice ! si par leur chix ils encouragent la "fraude" c’est logique étant entendu que la Chine et autre Dubai sont les NASA de la contrefaçon ; et cela n’émeut personne !
      Tout compte fait avec la mort de la Sifa c’est l’exploitation occidentale néocoloniale qui agonise !

    • Le 1er octobre 2009 à 17:27, par modeste En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

      - "Ce qui devait arriver, arriva" ; la fin de SIFA était bien prévisible : un monopole de marché qui n’a pas su s’adapter avec le pouvoir d’achat des consommateurs et les réalités du marché ; une gestion manquant de vision. Comment expliquer les prix "IMBATTABLES" des produits de la SIFA, lorsque dans le même temps il ya des produits à portée de la bourse du consommateur. On me dira que c’est une question Qualité-Prix ? Chacun a sa réponse.

      - C’est bien triste pour les opérateurs du secteur qui perdront leur travail, mais vivement que les monopoles d’une certaine ère puissent tirer les lecons qui s’imposent.

  • Le 1er octobre 2009 à 15:17, par faso 33 En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

    Comment un conseil d’administration qui récupère des dividendes reste muet par rapport au déficit de la SIFA. Il aurait été bon d’employer des cadres commerciaux qui valorisent l’entreprise et proposer des solutions viables !! Encore une entreprise de bobo qui va disparaitre et se retrouver dans qqs mois à ouaga !!
    Faso 33

  • Le 1er octobre 2009 à 15:37 En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

    Si l’Etat avait mis en place une politique visant à développer les transports en commun, moins de ces motos de qualité douteuse entreraient frauduleusement et la SIFA existerait bel et aujourd’hui et serait une société prospère et pérenne. Aussi, la circulation au Burkina serait plus fluide et moins dangereuse. Combien d’accidents mortels avons nous sous les yeux chaque jour ?Qui n’a jamais perdu un parent ou une connaissance par accident de la circulation ? Aujourd’hui on encourage l’importation massive de ces motos très dangereuses dans le pays qui ne font que des malheureux. L’objectif principal ne serait pas de sauver la SIFA d’une concurrence déloyale si une politique mise en place visait à règlementer et réduire le commerce des cyclomoteurs, mais d’accorder une vie paisible et épanouie aux citoyens burkinabé. Chaque parent pourrait au moins passer une journée de travail entière dans la quiétude sans vivre cette anxiété quotidienne du retour sain et sauf de son enfant. La moto est devenue certes une nécessité dans ce pays mais si les transports en commun étaient dévéloppés, le problème de déplacement serait entièrement résolu. Faisons quelque chose.

  • Le 1er octobre 2009 à 20:11, par Traoré San En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

    Ce n’est que justice rendue aux consommateurs Burkinabé. La SIFA à mon avis constituait l’exemple d’escroquerie et de mauvaise gestion......En effet comment peut on imaginer qu’une moto qui coûte tout au plus 400 000 FCFA au Japon, soit importée dans son ensemble sans que même un rayon fabriqué sur place et qu’on revende cette moto à plus du million aux pauvres citoyens avec comme prétexte que c’est durable....ce n’est pas normal.....En plus avec tous ces milliards récoltés annuellement sur plusieurs décennies, il n’ y a eu aucun plan d’avenir pour une autonomie de fabrication...il fallait toujours continuer d’importer du Japon......Heureusement que les asiatiques qui eux au moins travaillent nuits et jours sont venus sauver les burkinabé.....sinon imaginer cette crise actuelle, combien de ménages pourraient s’offrir le luxe de payer une moto SIFA à chacun des enfants pour se rendre à l’école ?.....Si les produits SIFA coûtaient autour de 400 000 je crois qu’ils n’auraient jamais été détronés par les autres que l’on connait actuellement....Tous ces milliards sont allés où aujourd’hui pour que la SIFA ne soit pas capable de faire face à la concurence qui était pourtant prévisble.....c’est comme ça que travaillent les noirs...sans lendemain.....et quand survient la crise ils se lamentent....l’Afrique Noire est vraiment mal partie.....et pour toujours.Rappelez vous des magasins SOVOLCOM devenus FASOYAR sous la Révolution, qui auraient pu de nos jours être les magasins de référence dans chacune de nos 45 provinces pour juguler les effets pervers de ctte vie chère.....au bonheur des burkinabé...que sont ils devenus aujourd’hui ?

  • Le 3 octobre 2009 à 19:52 En réponse à : Industrie du cycle : La concurrence enterre la SIFA en décembre

    Je suis l’ un des derniers a pleurer la mort de SIFA. Je dois dire pour commencer, que je ne suis pas Burkinabe mais ce pays m’a tout donne. Ma famille s’ y est installe depuis 1978 et j’ai du la quitter pour un long temps en 1986 pour l’aventure aux USA. J’y ai toujours ma famille a Bobo et je me sens la legitimite d’ajouter mes fifty cents au debat. J’ ai achete ma premiere YamDam a 280.000f en 1983. Aujourd’ hui, sans que les burkinabe ne gagnent plus, cette meme moto est a 1. 300.000. Pourquoi ? Simple gourmandise et aussi cecite en affaires ?. Je regrette que des familles aient a souffrir de ca, n’etant pas responsables de cette banqueroute. Mais en verite, il faut dire qu’ en affaires, il faut savoir se readapter. La SIFA ne s’ est meme pas emue du fait que Ouaga est devenu un port sec et que beaucoup de burkinabe peuvent acheter aussi des Aurevoir -La -France, quelque pollueuses qu’ elles fussent. Mais on s’en fout. A la guerre comme a la guerre. La SIFA s’est comportee comme cette jeune fille dont la dite beaute est montee par la tete et qui a mis la barre tres haut, vraiment tres haut, au point que les soupirants les plus "attrayants" se detournent d’elles. Vieille comme du gombo, elle bat le rappel de la troupe des soupirants qui ne sont plus la pour lui danser la farandole. Et meme la, la SIFA a ete moins intelligente que notre Belle puisqu’elle est restee trop incrustee dans son idee que ce n’est pas a elle de descendre et rencontrer les clients ou ils sont mais aux clients de monter vers elle. Si la SIFA est restee tetue face a la realite, en toujours arguant du fait qu’ elle a la qualite avec eux, elle aura appris que la qualite a elle seule ne fait pas le marche achalande. Et que cette qualite dont elle aime tant parler ne saurait etre son monopole a elle. La qualite, si qualite il y a vraiment, a un prix, un prix que le commun des mortels du Burkina ne pouvait plus s’ offrir. Meme a supposer que les nouveaux engins venus de la meme Asie soient de moins bonne qualite, les consommateurs preferent acheter une apres l’ autre. Si on imagine que ces nouvelles venues ont une duree de vie maximum, a prouver, de 7 ans, si je dois changer de monture tous les 7 ans, j’ en suis toujours a 1.200.000f apres 21 ans. Alors que tout de suite je bousille 1. 300.000f dans la YamDam SIFA a un moment ou je ne suis que debutant dans ma carriere, donc mon pouvoir d’achat est tres faible. Mon jeune frere qui vient de finir l’ Universite de Ouaga m’avait demander il y a deux ans, de lui acheter une YamDam. J’ai dit niet car la YamDam est trop cher et elle n’a pas 3 ou 4 roues, ce sont les memes 2 roues que les autres. Tout s’est passe comme si a la SIFA, les gens n’ ont pas fait des etudes (Gestion des Affaires). Il ne s’ agit pas d’ etre patriote ou de ne l’ etre pas. Il s’agit d’ integrer le concept d’ economie des echelles dans l’ approche commerciale. Dans cette economie des echelles, plus on vend a moindre cout, plus on gagne. La SIFA aura merite ce qu’ elle merite depuis sa creation. La note populaire est impitoyable. Et puis, cette entreprise serait- elle plus Burkinabe que les MegaMonde et consort ? Regardez de pres les actionnaires. Historiquement la CFAO ne s’ est jamais installee a Dakar, Abidjan ou Ouaga pour les beaux yeux des negres que nous toujours restes, au vu de leur comportement de tous les jours.
    La SIFA va mourir, vive l’ entreprise des cycles la plus proche des realites du Burkinabe moyen.
    Alpha Dio, Sociologue, dilletante en Commerce International, University of Pittsburgh, USA

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