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IXe rencontre gouvernement-secteur privé : Développer un partenariat dynamique malgré la situation de crise

Publié le mardi 29 septembre 2009 à 09h16min

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Le monde des affaires burkinabè et le gouvernement se sont, une fois de plus, donné rendez-vous à Bobo-Dioulasso pour leur traditionnelle rencontre annuelle. Outre les questions brûlantes, dont la crise financière et les inondations, les parties ont convenu d’un contrat d’objectif à atteindre et portant sur douze domaines d’activités.

Cette concertation entre le monde des affaires burkinabè et le gouvernement a toujours été l’occasion de revisiter les préoccupations, anciennes et nouvelles qui freinent l’émergence d’un secteur privé prospère. Plusieurs réformes ont été engagées pour ce faire, mais force est de reconnaître que des goulots d’étrangement demeurent. Aux difficultés structurelles, viennent s’ajouter celles conjoncturelles. Outre l’éternel problème du coût de l’énergie, les acteurs du privé ont encore déploré la forte pression de la charge fiscale. La fraude et la concurrence déloyale, véritables gangrènes de l’économie nationale, ont encore été décriés.

A cette liste, il faut ajouter les problèmes spécifiques à chaque domaine d’activité et qui sont multiples et diversifiés même si tous les acteurs ont salué le climat propice des affaires. Lassina Diawara, représentant la Chambre de commerce a, par exemple, déploré entre autres, la faible productivité du travail et l’inadéquation de la politique de financement bancaire. Le Conseil national du patronat, le Groupement des petites et moyennes entreprises et la Table filière karité ont pointé du doigt la fiscalité trop élevée, le manque de transparence dans la passation des marchés, la concession de plus en plus récurrente des marchés de gré à gré. Le porte-parole de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) souhaitera l’application d’une taxe préférentielle en ce qui concerne le transport en commun et celui des marchandises. Quant à l’Ordre des pharmaciens, il a souhaité une meilleure protection de sa profession à travers le renforcement de la lutte contre les médicaments de la rue et l’application d’une charge fiscale allégée. Dans la foulée, le patronat burkinabè a demandé l’exonération de la TVA sur certains produits pharmaceutiques. En somme, chaque groupe a défendu sa chapelle.

Actualité oblige, la crise financière internationale et les inondations du 1er septembre se sont invitées aux débats. Mais la vision du Premier ministre Tertius Zongo face à cette situation nouvelle est tout autre : “La crise ne présente pas seulement des dangers, mais offre également des opportunités”. Alizéta Ouédraogo surnommée “Gando” n’est pas du même avis et pense que ce sinistre est la pire catastrophe que certaines entreprises n’ont jamais connue. Beaucoup d’entre elles, selon la PDG de Tan Aliz, ont vu leur outil de travail, leurs matières premières et produits finis dégradés par les vagues d’eaux dévastatrices. Elle suggère donc qu’une étude d’impact sur les entreprises sinistrées soit diligentée, et que des solutions soient envisagées suivant les cas. Quant aux entreprises frappées par la crise financière, elles ne survivront, selon le Premier ministre, que par leur capacité d’innovation et d’adaptation à inverser la tendance.

2010 : année de réformes fiscales

Dans les réponses aux préoccupations des opérateurs économiques, le chef du gouvernement, Tertius Zongo, assisté de plus d’une dizaine de ministres, s’est voulu franc. Pour ce qui est du récurrent problème de l’allègement des charges fiscales, le chef du gouvernement a dit : “L’important, ce n’est pas de diminuer les impôts à tout va, mais d’alléger les procédures de l’administration fiscale”. Et d’ajouter : “Nous allons travailler à ce que l’administration fiscale accompagne les entreprises. Pour ce faire, nous allons opérer d’importantes réformes en 2010”. Les autres préoccupations évoquées par les représentants des différentes couches socioprofessionnelles du secteur privé, ont été aussi examinées par le gouvernement.

De la réduction des coûts des facteurs de production (transport, électricité…), à la fraude et la concurrence déloyale en passant par la gestion de la passation des marchés publics, Tertius Zongo et ses ministres ont fourni bien d’éclairages. En ce qui concerne les marchés publics, certains intervenants se sont inquiétés des longs délais de règlement des factures par l’Etat. “Le délai normal est de 45 jours, mais malheureusement on constate que cela peut atteindre 90 jours. Nous allons travailler à remédier à cette situation”,
a répondu la ministre déléguée chargée du Budget, Marie Thérèse Drabo/Kéïta. Quant à la question de la fraude et de la concurrence déloyale, le Premier ministre a été direct : “Les fraudeurs ne se trouvent pas au gouvernement, mais dans le privé. Ce qui est dommage, c’est qu’ils ont des complices dans l’administration”. Se voulant concret, Tertius Zongo a pris le cas du marché des cycles. “Dans ce domaine, il y a des gens qui, avec la complicité de certains membres de l’administration, prétextent qu’ils ont des usines de montage de cyclomoteurs, pourtant il n’en est rien”, a-t-il affirmé. “Ils ne font qu’importer des pièces détachées. Ils ne montent rien. Mais tout cela va finir.

Désormais, si on constate qu’il n’est pas question d’une vraie chaîne de montage d’engins, les intéressés vont payer les impôts au même titre que le commerçant de cycles au marché”, a prévenu le Premier ministre. Bien d’autres sujets ont été abordés mais celui qui a le plus surpris, c’est l’exemption d’impôts souhaitée par les entreprises sinistrées, suite à la pluie diluvienne survenue le 1er septembre à Ouagadougou. “La situation de ces entreprises sera étudiée, mais ce n’est pas pour autant qu’elles vont échapper aux impôts”, a rétorqué Tertius Zongo. Des solutions face à la crise économique. Aux traditionnels et spécifiques problèmes du secteur privé burkinabè, est venue s’ajouter la crise économique qui met à mal bon nombre de sociétés burkinabè.
Ce qui a conduit au choix du thème évocateur de la présente rencontre gouvernement/secteur privé : “Quelle stratégie de promotion du secteur privé dans le contexte de crise économique ? ”. Ce thème a fait l’objet d’une étude, menée par le consultant et banquier, Pierre Claver Damiba qui a présenté les résultats à la rencontre.

A écouter celui-ci, le Burkina Faso, à l’instar des autres pays de l’UEMOA est bel et bien atteint par la crise économique mondiale. “Dans nos pays, elle se manifeste par la réduction des flux de capitaux, l’augmentation de la pauvreté, etc.”, a-t-il fait savoir. Au regard de la fragilité de notre économie, le consultant a proposé des solutions à court et à long termes, qui pourraient concourir à la promotion du secteur privé burkinabè dans ce contexte difficile. Il s’agit entre autres, de la promotion des politiques budgétaires volontaristes, de la pénétration des marchés sous-régionaux et internationaux, d’assurer et de faciliter le financement des entreprises. Ces propositions de solutions ont été jugées “pertinentes” par le Premier ministre et les membres du gouvernement qui ont promis de travailler à assainir davantage le climat des affaires au Burkina. A propos, ce pays à force de réformes, a été classé cette année, premier pays réformateur en matière d’affaires dans l’espace UEMOA par le rapport “Doing business” de la Banque mondiale.

Du reste, le rapport de mise en œuvre des recommandations issues de la rencontre gouvernement/secteur privé 2008, présenté à la rencontre, fait cas de “niveau de réalisation satisfaisant”. Beaucoup d’actions, a-t-on appris, ont été réalisées dans divers domaines (fiscalité, création d’entreprises…). Quoiqu’il en soit, Tertius Zongo a promis que tous les problèmes évoqués çà et là seront résolus à court, à moyen ou long termes, mais avec “réalisme”. Mieux, il a fait adopter les recommandations du rapport de la rencontre gouvernement/secteur privé 2008. On note parmi celles-ci, un plan d’actions propre à chaque département ministériel pour la mise en œuvre des recommandations et l’application stricte de l’ensemble des mesures prises dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires. Par ailleurs, le chef de la délégation de l’Union européenne, Amos Tincani, a souhaité que le volet “dimension sous- régionale” soit pris en compte dans l’organisation de la rencontre gouvernement-secteur privé, avec l’implication d’institutions comme l’UEMOA et la CEDEAO.

Clarisse HEMA, Frédéric OUEDRAOGO & Kader Patrick KARANTAO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 29 septembre 2009 à 11:06, par somebody En réponse à : IXe rencontre gouvernement-secteur privé : Développer un partenariat dynamique malgré la situation de crise

    C´est l´occasion ici pour le gouvernement d´être clair avec les opérateurs économiques sur les hausses extravagantes des prix des denrées de première nécessité (alimentation et construction).

    pour l´habitat le gouvernement peut carrément baisser les taxes de douanes et donner des instructions fermes á la douanes pour éviter la corruption, afin que les matériaux de construction, surtout le ciment, soient accessible à tous. C´est comme cela qu´on évitera à l´avenir des sinistrés d´une telle ampleur. Et il faut aussi que les "nopérateurs néconomiques" respectent cela.
    Il faut bâtir solide et durable !

  • Le 29 septembre 2009 à 23:15, par jeune entreprise de yatenga En réponse à : IXe rencontre gouvernement-secteur privé : Développer un partenariat dynamique malgré la situation de crise

    bonjour. je demande au PM de voir dans les provinces si les entreprises locales peuvent payer les impot.non et non.pourquoi c’est la concurence déloyale.les grandes entrprises cassent les prix et prennent tous les marchés au niveau local.consequences les locaux frement .plafonnés les marchés pour les locaux.dix millions par exemples si non les locaux vont disparaitre.

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