LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Salfo Sawadogo : Vespa, mon amour !

Publié le mardi 29 septembre 2009 à 04h26min

PARTAGER :                          

Salfo Sawadogo

Il a passé sa vie à chérir et à faire vrombir de bonheur la Vespa. Une moto qui se fait si rare de nos jours et qu’il affectionne toujours. Il n’envisage pas moins de tirer sa révérence, laissant à son fils, les armes nécessaires pour une reconversion réussie. Salfo Sawadogo, alias « Salfo Vespa », peut, cependant, toujours compter sur l’affection de ses trois épouses et de ses onze enfants…

« Vespas trafiquées - Des années 60 - Allant dans le centre - Frôlant les 90 - Feux rouge - Commence la danse - Des clignotants lancés et du vent sur le visage - Donne-moi une moto - J’adore ma Spéciale - Donne-moi une Vespa et je t’emmène à la fête »…

Tel est le couplet d’une célèbre chanson du groupe européen Lunapop, qui met en exergue le goût, l’amour pour cette moto particulière, qui était à la mode jusque dans les années 1970. Salfo Sawadogo dit « Salfo Vespa », qui réside à Saint-Léon, un quartier de Ouagadougou, aurait dit la même chose de cette moto, sinon mieux. Lui qui a consacré sa vie à réparer cet engin et qui lui voue un culte presque religieux. Il n’hésite d’ailleurs pas à lui déclarer sa flamme. « J’aime la vespa à cause de sa résistance, mais aussi de sa conduite agréable. »
Chaque matin, en effet, c’est en enfourchant une Vespa qu’il se rend à son atelier de Saint-Léon. Là, il exerce dans un décor de carcasses de l’auguste moto. « Celle-ci date des années 1970, je me souviens comme si c’était hier. C’est le magasin Aubaret qui l’avait importé au pays », affirme-il, en désignant l’une des motos. Papa Sawadogo est actuellement un vieillard à la barbe blanchie. Il passe presqu’inaperçu dans les rues de la capitale. L’époque où les propriétaires de Vespa montaient la garde dans son lieu de travail est bien loin. Certains venaient pour une révision générale, d’autres pour réparer une petite panne.

Plus loin encore est le jour où Salfo Sawadogo a débuté dans la mécanique. Il ne se doutait pas alors qu’il allait y faire une longue carrière. Il tenait pinces et tournevis avec une imprécision déconcertante, et ne faisait pas montre d’une grande conviction. Mais son patron avait des qualités managériales, et tenait à faire du jeune de Namassan, un mécanicien de haut vol. Ce qu’il réussit au prix d’une patience à toute épreuve et de conseils avisés.

Un fils, un espoir

Aujourd’hui, la Vespa ne court plus les rues à Ouagadougou. Elle a cédé sa place aux Rainbow et autres engins plus récents et sophistiqués. Avec cette bourrasque du changement, les affaires du vieux Salfo ne sont plus au beau fixe. Il envisage même de se reconvertir à la réparation de ces nouveaux engins « génération spontanée ». Mais la Vespa colle toujours à la peau de ce natif de la province de l’Oubritenga. Aussi, ce sera plus à son fils, qui fait, lui aussi, la mécanique, d’incarner cette reconversion.

A 58 ans, on n’a plus les mêmes réflexes. On parle moins de l’avenir. Quand on l’évoque, c’est avec beaucoup de souvenirs. En plus de la rupture œdipienne avec la Vespa que redoute le « Vieux Salfo », se pose la question financière. Le vieil homme veut mettre les petits plats dans les grands pour que son fils exerce la mécanique. Son souhait, un attrayant atelier dans lequel il pourra exercer son métier. « Aujourd’hui, tout est argent. Tout est aussi apparence. Il faut certes transcender ces deux choses, mais jamais les perdre de vue », confie-t-il sagement. Du moins, à l’aube de cette retraite méritée, se console-t-il de trouver, en la personne de son fils, un digne continuateur de l’œuvre de sa vie, même si ce dernier devra exercer ses talents sur des engins plus récents.

Et lorsque certains de ses anciens clients baissent la vitre de leurs voitures pour le gratifier de leurs salutations, « Salfo Vespa » a la satisfaction morale d’avoir été utile pour sa société…

Fasozine

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 5 octobre 2009 à 19:16, par drissa En réponse à : Salfo Sawadogo : Vespa, mon amour !

    Vraiment bravo à Monsieur Sawadogo. Quant au journaliste ayant rédigé l’article, il est quand même étonnant qu’il dise que Monsieur Sawadogo est un viellard alors que plus tard dans l’article il indique que ce dernier a 58 ans. Donc à 58 ans on est un vieillard ??? Pour la gouverne du journaliste, les fonctionnaires de catégorie B vont à la retraite à 58 ans, donc ce sont des vieillards ?? que dire des catégories A qui y vont à 60 ans ?? Soyons sérieux quant on écrit afin de ne pas verser dans un sensationnalisme inutile ! Ah oui, pour terminer, Blaise Compaoré a 58 ans mais je ne suis pas certain que vous le qualifierez de vieillard.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique