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Rentrée scolaire 2009-2010 : Espoirs et inquiétudes des sinistrés

Publié le lundi 28 septembre 2009 à 04h22min

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C’est bientôt la rentrée scolaire sur toute l’étendue du territoire burkinabè. Suite aux inondations du 1er septembre, de nombreux établissements scolaires de la capitale Ouagadougou hébergent les sinistrés. Ce qui n’est est pas sans jeter un doute sur la tenue effective de la rentrée le 1er octobre. Mais il n’en est rien, elle aura bel et bien lieu à la date indiquée. Pour nous rassurer, nous avons approché la directrice provinciale de l’enseignement de base du Kadiogo et le directeur provincial de l’action sociale et la solidarité nationale du Kadiogo. Nous avons également sillonné quelques sites d’hébergement pour voir comment les parents d’élèves sinistrés appréhendent eux aussi la rentrée.

Les inondations, qui ont durement endommagé la capitale Ouagadougou le 1er septembre dernier, n’auront pas d’incidence sur la rentrée scolaire. Elle aura effectivement le 1er octobre 2009.
La preuve, la rentrée administrative a été effective même dans les écoles qui ont accueilli les sinistrés. Pour la directrice provinciale de l’enseignement de base du Kadiogo, Mme Estelle Zongo, l’effectivité de la rentrée administrative a confirmé la tenue de celle pédagogique. "Les deux ministères en charge de l’éducation, à savoir le MEBA et le MESSRS ont fait le lancement de la rentrée administrative à Saaba le 15 septembre 2009. En ce qui concerne la province du Kadiogo qui compte vingt (20) circonscriptions d’éducation de base, la rentrée administrative a été effective. Je me suis fait représenter surtout à travers la commune où il y a des problèmes concernant les familles qui ont été accueillies dans nos écoles.

Dans la plupart des cas, les sinistrés étaient là, mais comme nous comprenons la situation qui prévaut depuis le 1er septembre 2009, cela n’a pas empêché les enseignants de se rendre dans les écoles et de trouver un endroit pour exécuter les tâches administratives", a soutenu Mme Zongo. Concernant l’évacuation des sites qui ont en majorité des écoles, tout semble bien marcher afin que les salles de classes soient disponibles d’ici le 1er octobre. De l’avis de la DPEBA, les autorités sont à pied d’œuvre pour que les sites définitifs soient prêts pour accueillir les sinistrés qui sont dans les écoles. Une rencontre avec le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, les partenaires techniques et financiers le 14 septembre a démontré que tout le monde s’attelle à ce que cette rentrée pédagogique soit une réalité.

Les responsables en charge de l’éducation de base du Kadiogo ont échangé avec les parents d’élèves sinistrés au sujet de leur scolarisation. "Nous avons recensé les élèves qui sont sur les sites d’accueil avec leurs parents et ceux qui sont hébergés qui sont restés dans les abris précaires. Nous détenons un effectif de ces élèves", a précisé Mme Estelle Zongo. Par ailleurs, elle a souligné que des entretiens relatifs au déplacement sur les nouveaux sites ont eu lieu et des dispositions ont été prises pour les parents qui souhaitent que leurs enfants changent d’établissement et ceux qui désirent que les leurs restent dans les écoles d’origine. Le problème d’effectifs qu’une telle situation va certainement occasionner nécessitera l’érection de tentes là où le besoin se fera sentir.

Un mot d’ordre a été lancé par la DPBA à l’endroit des enseignants pour que les élèves sinistrés soient traités d’une manière spéciale afin de leur permettre de réaliser un meilleur rendement scolaire. En plus de la gratuité de l’enseignement et des fournitures scolaires, d’autres soutiens seront accordés aux élèves sinistrés. Des tenues et des cantines scolaires. Cette année, avec la situation qui prévaut, d’autres efforts seront consentis en faveur des élèves sinistrés pour soulager leurs parents qui ont pratiquement tout perdu. La DPEBA, Mme Zongo a affirmé qu’en plus de la gratuité de l’enseignement et des fournitures scolaires, des sacs d’écoliers seront distribués aux élèves. "Des cantines scolaires seront créées pour un certain nombre de temps. Il y a également des vêtements qui ont été confectionnés par les services techniques du MEBA, pour être mis à la disposition des élèves sinistrés. Ces vêtements ont été présentés lors du lancement de la rentrée administratives à Saaba" a-t-elle ajouté. Mme Zongo n’a pas manqué de lancer un appel à l’endroit du monde éducatif : "je lance un appel au monde éducatif à prendre toutes les dispositions nécessaires, à se tenir apte et à être disponible pour que la rentrée pédagogique soit effective dès le 1er octobre. Je voudrais également inviter les enseignements à laisser parler leur cœur, à exprimer leurs compassions à tous ces enfants et à faire preuve de conscience professionnelle face à cette situation préoccupante". Face à la rentrée qui s’annonce avec son lot de sinistrés, la direction provinciale de l’action sociale et de la solidarité nationale du Kadiogo n’est pas en reste.
La direction provinciale de l’action sociale et de la solidarité nationale du Kadiogo travaille également à sa façon pour aider les élèves sinistrés à bien effectuer leur rentrée pédagogique à l’instar de tous leurs camarades.

L’œuvre de l’action sociale

Le directeur provincial de l’action sociale, M. Gabriel Kiemdé a expliqué leur action en ces termes : "Au niveau de l’action sociale, nous n’allons pas déroger à notre règle qui consiste à prendre en charge les orphelins et enfants vulnérables (OEV). Pour les élèves sinistrés, nous ferons des efforts pour qu’ils soient pris en charge pour la rentrée scolaire. Dans nos projections immédiates, il est prévu un soutien pour la reconstitution de l’état civil car il y a des élèves qui ont perdu leurs actes de naissance et leurs diplômes. Nous sommes en train d’étudier la situation au cas par cas afin que ces élèves puissent aller à l’école".

L’action sociale a également procédé au recensement des enfants de zéro (0) à dix huit (18) ans qui sont sur les sites en vue d’une prise en charge. Environ vingt trois mille huit cent quatre vingt quatorze (23894) enfants ont été recensés. Pour la prise en charge des OEV, il est prévu des vélos. Aux dires de M. Kiemdé, des vélos seront également donnés aux élèves sinistrés qui seront éloignés de leurs établissements. Du côté des autorités administratives, aucun nuage ne semble assombrir la rentrée pédagogique. Pour cerner le climat de la rentrée chez les parents d’élèves sinistrés, nous avons parcouru trois sites dans trois communes de Ouagadougou dont Baskuy, Nongr-massom et Bogodogo. Commune de Baskuy, école Kossoghin. Il est 8h 35 mn ce samedi 19 septembre 2009 lorsque nous pénétrons dans la cour de l’école. Les infirmiers officient sous une tente à l’effigie UNICEF, des femmes s’activent autour de grosses marmites sur le feu, quelques-unes donnent de l’éclat à leurs vêtements, d’autres se tressent les cheveux, des sinistrés échangent avec les forces de sécurité sous un arbre. M. Salam Wangrawa sinistré et père de quatre (4) enfants nous livre ses préoccupations pour la rentrée : "C’est un sérieux problème pour moi en tant que parent d’élèves.

Les agents sont venus échanger avec nous au sujet de la rentrée scolaire. Ils nous ont signifié que nous allons quitter l’école pour aménager sur de nouveaux sites. J’ai deux enfants qui vont au collège et les deux autres sont à l’école primaire. C’est très difficile au regard de ce qui nous est arrivé. J’ai un parent qui a promis de prendre en charge les frais de scolarité d’un de mes fils". M. Blaise Ouédraogo, l’air grave vient à notre rencontre et nous confie ses inquiétudes relatives à la rentrée scolaire. "Avec la situation que nous vivons, c’est avec peine que nous envisageons la rentrée. J’ai particulièrement une inquiétude par rapport aux nouveaux sites dont on nous parle. Si je dois m’y rendre, mes deux enfants ne pourront plus aller dans leurs écoles de départ. J’aimerais qu’il y ait plus de concertation avec les autorités à ce sujet”, a dit M. Ouédraogo. Il a déclaré aussi avoir bénéficié de soutien de la part de ses connaissances pour la scolarisation de ses enfants et a salué l’élan de solidarité manifesté par les Burkinabè à leur endroit. Mme Aminata Sankara, mère de cinq (5) enfants est arrivée au Burkina à la faveur de l’opération Bayiri. Pour elle, cette situation est le comble de ses malheurs. "Je ne saurais quoi vous dire à propos de la rentrée scolaire. Je n’ai plus de maison, j’ai perdu tous mes biens et j’ai cinq (5) enfants qui sont à l’école. Les autorités sont venues recenser les élèves.

J’espère qu’elles aideront nos enfants à poursuivre leurs études", a laissé entendre Mme Sankara, l’air désemparé. Mlle Roseline Ouédraogo, une élève sinistrée qui doit faire la 1ère fonde son espoir sur le recensement des élèves. "J’ai échangé avec ma mère à propos de la rentrée mais elle m’a clairement signifié qu’il sera difficile que j’aille à l’école cette année. Je suis orpheline de mère, c’est donc elle qui s’occupe de moi. Mon espoir est rivé sur ceux qui sont venus enregistrer les élèves", soutient-elle.
Commune de Nongr-Massom école sacré cœur. Dans cette école c’est la même scène de ménage qui est donné à voir. Quelques gamins s’amusent dans la cour, d’autres sont alignés sous la tente pour être vaccinés. C’est la même inquiétude qui se lit sur le visage des parents d’élèves quand nous évoquons la rentrée scolaire. Mme Binta Simporé, mère de trois enfants a soutenu qu’en dépit de la détresse dans laquelle elle se trouve, elle luttera pour que ses enfants reprennent le chemin de l’école le 1er octobre. Quant à Mme Brigitte Koudougou, elle se dit plus préoccupée par le problème de logement. "Si j’ai une maison dans le quartier, mes enfants pourront se rendre à leur école", a-t-elle précisé. Tous nos interlocuteurs rencontrés dans cette école ont confirmé que les élèves ont été recensés et ont émis le vœu que les autorités les soutiennent pour la rentrée.

Commune de Bogodogo, école camp 1178. La cour de l’école est calme. Les gens par petits groupes, se reposent à l’ombre des arbres. La plupart des personnes interrogées déclarent être dans un dénuement total et confient le sort de leurs enfants à la volonté des autorités administratives. "L’inspection primaire de Ouaga IV est venue s’entretenir avec nous au sujet de la rentrée. On a pris les noms de tous les élèves présents sur le site. Jusque-là les autorités se sont bien occupées de nous. Nous espérons qu’elles en feront de même pour nos enfants qui vont à l’école", a affirmé M. Alidou Ouédraogo père de deux (2) enfants. Mme Victorine Zibango, mère de quatre enfants, elle a une autre préoccupation, elle ne veut pas être éloignée de l’école qui les abrite car dit-elle ses enfants y suivent les cours.

Quant à Mlle Ouédraogo, une élève de 3e, elle, prétend que ses parents ne veulent pas évoquer la rentrée avec elle : "Comme l’eau a emporté tous nos biens, mes parents sont un peu dans l’embarras pour ce qui est de mes études. Mon espoir se porte sur la délégation qui nous a recensés en tant qu’élèves. Elle a promis nous aider avec des fournitures et tenues scolaires pour la rentrée".
Même si la rentrée scolaire préoccupe véritablement les parents d’élèves sinistrés, une autre inquiétude est revenue sur leurs lèvres, celle du logement. Chacun aimerait être chez soi.

Sidwaya

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