Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
Il fallait vraiment le faire ! Le tribunal de grande instance de Niamey a ordonné la levée de l’interdiction de voyager et la restitution du passeport de Mahamadou Issoufou, président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) et leader de l’opposition. Le juge a rappelé que tout prévenu nigérien gardait sa liberté d’aller et venir au nom de la présomption d’innocence. On se souvient que, le 10 septembre dernier, Mahamadou Issoufou se rendait à l’aéroport de Niamey pour prendre un vol pour Cotonou lorsqu’un policier l’aborda pour l’informer qu’il est sous le coup d’une interdiction de voyager, tout en confisquant son passeport.
Selon la police, le président du PNDS fait partie des 124 députés présumés coupables de détournement de biens publics, dont certains sont déjà inculpés mais laissés en liberté provisoire.
Scandalisé par un tel comportement, le leader de l’opposition porta alors plainte pour voie de fait contre le commissariat de l’aéroport et contre l’Etat du Niger. Et mardi 22 septembre dernier, la Justice lui a donné raison en ordonnant la levée de l’interdiction de voyager, la restitution du passeport et la condamnation de l’Etat du Niger aux dépens.
Voilà une justice réellement indépendante, en dépit de la chape de plomb qui s’abat depuis un certain temps sur tous ceux qui aspirent à un minimum de justice et de démocratie. Et véritablement, ce n’est pas la première fois que nous louons l’indépendance de la justice nigérienne, qui a osé, au paroxysme de la dictature de Tandja, dire le droit, rien que le droit. En rétablissant Mahamadou Issoufou dans la plénitude de sa liberté d’aller et venir, le juge d’instruction estime que ce n’est pas parce qu’on est inculpé par la justice qu’on est interdit de voyager.
Pour le juge, la seule obligation de la loi envers un inculpé, c’est qu’il en soit informé. Mamadou Tandja, qui a choisi la voie judiciaire pour mieux traquer ses opposants, vient ainsi de perdre une manche dans cette période préélectorale où chacun des différents protagonistes du landernau politique nigérien fourbit ses armes. En effet, à quelques semaines des législatives anticipées, prévues le 20 octobre, la bras de fer semble avoir pris de l’épaisseur entre le successeur du défunt président colonel Malam Wanké et son opposition, qui, quoiqu’on dise, reste l’une des plus crédibles de la sous région.
Sous le fallacieux prétexte « d’opérations mains propres », Mamadou Tandja entend en finir avec l’opposition, qu’il peine à museler. Mais en frappant dans le tas les 124 élus du peuple qu’il a chassés de l’hémicycle le 26 mai dernier, pour insubordination à sa funeste révision constitutionnelle, il se tire une balle dans le pied. Ce, d’autant plus que, parmi les 124 députés, figurent en bonne place ses proches.
Est de ceux-là Hamed Algabid, ancien patron de l’Organisation de la conférence islamique, chef d’un parti politique, le Rassemblement démocratique pour le progrès (RDP), qui soutient sans faille le président Tandja, même dans ses dérives autoritaires. Le pouvoir nigérien, à travers cette prétendue opération mains propres, entend pousser son opposition jusque dans ses derniers retranchements. Et Tandja se doit de savoir qu’un homme qui n’a plus aucune issue de secours et qui n’a plus rien à perdre est potentiellement dangereux.
Par Boureima Diallo
L’Observateur Paalga
Vos commentaires
1. Le 26 septembre 2009 à 01:56, par wend waoga En réponse à : Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
Au vu du comportement "à la mode" de nos jours des institutions judiciaires en Afrique,le Niger fait des exploits qui sont dignes des anales de l’histoire contemporaine africaine ! Ca met tellement du baume au coeur que d’avoir une fois de plus la preuve que l’Afrique n’est pas seulement fait que de " GROS ENFANTS ",étiquette qui lui colle si bien,au regard du comportement de la plus part de ses fils(???)dirigeants !
Le 27 septembre 2009 à 12:31, par Mr COMPAORE En réponse à : Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
Je voudrais par le présent écrit témoigner mon admiration, mon grand respect et ma fierté pour cette justice du Niger. Marchez tout droit la tête haute, Messieurs les juges, l’Afrique entière vous regarde avec beaucoup de fierté. Au milieu de ce tas de détritus qui constitue l’administration de nos pays en voie de sous- développement, vous, magistrats et autres juristes du Niger (du moins certains d’entre vous),faites honneur ; je mesure la difficulté de votre mission surtout qu’il y a pas mal à vos cotés qui coiffés de leur toge et épitoge tentent inlassablement et de façon indigne de freiner la roue de l’histoire.
Puisse votre exemple faire tache d’huile et franchir les frontières du pays d’Amani Diori pour atteindre d’autres pays voisins truffés de dossiers judiciaires pendants ? là où des juges jouent aux caméléons équilibristes avec pour seule boussole,la quête de quelques strapontins ! Qu’Allah et les mannes des ancêtres vous protègent car vous en avez besoin.Cela ne dispensent pas les autres composantes de la société de jouer leur partition pour servir avec loyauté et probité rien que le peuple.
2. Le 26 septembre 2009 à 16:22 En réponse à : Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
je ne suis pas etonne du comportement du president nigerien apres son cimena devant la nation nigerienne et la communaute internationale en compagnie du president sarkozy ou il disait qu’il ne briquerait pas un autre mandat apres les precedents constitutionnels .tout laisse a croire que sarko est venu dire a tandja de se presenter il ne dirait rien la france pays de grandes libertes ne doit pas laisser ce qui se passe au pays de l’uranium sans dire mot oh gain quand tu nous tiens
3. Le 26 septembre 2009 à 21:11 En réponse à : Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
Dites- moi, ces juges nigeriens ont- ils fait le droit sur Mars pour se comporter avec tant de "desinvolture" ? Je n’ ose meme pas croire que c’est le meme droit Napoleonien. Je suis sur que les juges burkinabe sont asez intelligents pour s’ inspirer. Mais c’est peut- etre plus difficile quand on est juge d’ u n pays pauvre et qu’ on aspire talonner de tres pres le mode de vie tres releve de la plupart de nos avocats qui roulent avec des Americaines (voitures s’ entend).
Claude Salami
4. Le 27 septembre 2009 à 18:15, par kipre En réponse à : Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
Il faut dire qu’en Afrique on a du chemin faire non seulement en matere de developpement mais aussi en democratie. Grand bravo au peuple nigerien qui ne cesse de donner des lecons aux autres.
Je profite de l’occasion pour souhaiter bon retour a Wend waoga dont les ecrits sont des sources de lumieres pour la jeunesse montantes en quette de democratie. Cela faisat un bon moment qu’on ne l’avait entendu. Recoit mes salutations patriotiques.
Le 28 septembre 2009 à 01:26, par wend waoga En réponse à : Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
Merci, frère Kipre !Mais vous tous qui pensez comme moi,vous etes là ! Croyez-moi,vous ne pouvez imaginer à quel point je me réjouis de savoir que je ne suis pas seul,car je suis convaincu que ceux qui pensent que mes écrits servent à quelque chose,ont quelque chose qui bouillonne en eux,et ce quelque chose ne peut etre que du patriotisme.Permets-moi,Kipre,de donner des explications quant à mon absence ces derniers temps.Laissons celà faire partie de la norme des choses,étant donné que nous avons les meme inquiétudes pour le devenir de l’Afrique en général,et celui du Burkina en particulier ! J’étais en déplacement pour des raisons professionels et,à cause du stress que j’avais face à mon devoir,je n’avais qu’une envie de dormir,à chaque fois que je rentrais enfin la nuit. Je me le devais parcequ’après la fatigue de la journée,il fallait avoir l’esprit assez clair pour aborder le programme du lendemain,et celà m’a coupé un certain temps d’avec les infos. Je nous souhaite à tous que rien en ce monde,ni les milliards ni les ménaces de mort,de désoeuvrément ou de chantage quelconque,n’arrive à bout du patriotisme qui nous anime. Tenons bon !
5. Le 28 septembre 2009 à 10:25, par Citoyen En réponse à : Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
Les magistrats nigériens font vraiment la fièrté de l Afrique. Nos magistrats burkinabè devraient ouvrir l’oeil et le bon et au bon moment et au moment qu’il faut pour affirmer courageusement leur indépendance.
6. Le 28 septembre 2009 à 17:45, par MILLOGO En réponse à : Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger
Bravo Magistrats nigéien,vous n’êtes pas des lâches et vous mérités de porter le titre de juge. Vous faites votre travail correctement parce-que vous aviez prêter serment devant le peuple pour le faire.Vous êtes contientieux,et à cause d’un seul homme vous n’avez pas osés trahir tout un peuple je vous félicite. Malheurs à ceux qui trahissent leur peuple.