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Sinistré du 1er septembre : Le Centre médical Schiphra reprend du service

Publié le mercredi 23 septembre 2009 à 04h22min

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Lentement mais surement, l’ex-dispensaire protestant se remet de l’inondation du 1er septembre dernier. Au terme d’une semaine d’arrêt, tous les services ont rouvert.

« A l’épreuve de l’eau, tout a résisté. Sauf les appareils de l’imagerie », indique Marie Claire Traoré, première responsable des lieux. Une radio en marche sur 7, un échographe sur 2, un scanner en réparation… L’inventaire est peut, réjouissant mais l’embellie s’installe au fil des efforts. « On vient d’essayer le mammographe et ça marche bien. Pour le scanner, ça promet. Les techniciens nous disent que, jusqu’à présent, leurs essais réussissent », indique le Dr Marc Kabré, chef du service de l’imagerie. Dans une des pièces de l’imagerie, trois à quatre personnes s’affairent autour d’une machine. C’est l’équipe qui répare le scanner. Le technicien qui répare est un ingénieur en informatique.

C’est un Burkinabè qu’on a envoyé se former quelques mois à Clermont-Ferrand. Il est aidé d’autres techniciens : un Suisse, un Belge, un Burkinabè.
Dans les couloirs du bâtiment de l’imagerie, des patients attendent. Preuve, s’il en fallait, que « depuis une semaine, nous avons repris l’échographie, les radios standards », pour reprendre le Dr Kabré. Avec quelques désagréments tout de même : l’attente quelque peu prolongée et la marche partielle de certaines prestations. « Parce qu’il y a les examens spécialisés que nous ne pouvons pas encore faire. »
Au jour du 16 septembre, tous les services fonctionnaient. Le dispensaire, le laboratoire des analyses, les services spécialisés (service dentaire, maternité, etc.) Même la pharmacie et le Centre de récupération et d’éducation nutritionnelle (CREN), sérieusement
« malmenés » par les eaux. « Dans l’inondation, le CREN a perdu toute sa provision de vivres. Le sorgho, le petit mil, la farine de maïs, les lentilles et autres aliments pour nourrissons ont été trempés.

Le temps d’évacuer l’eau de la cour, de nettoyer la boue et sortir le contenu du magasin, les céréales ont commencé à germer », raconte Yvonne Zoétaba, responsable du CREN. « Chaque année, nous enregistrons des inondations, mais ça n’a jamais atteint ce degré. Les lits ont été submergés, les matelas flottaient sur l’eau. » Le pire dans la mésaventure, c’est la perte d’un des nourrissons du CREN. Déjà trop affaibli, il n’aurait pas supporté le froid et les déménagements.
De ce côté du complexe médical, gravats du mur d’enceinte, stocks de friperie mis à sécher au soleil, frigidaires hors d’usage marquent bien le passage de l’eau. Ici et là, quelques nourrissons donnent de la voix. L’on n’a réadmis à l’internement qu’une dizaine des 27 pensionnaires présents au Centre de récupération et d’éducation nutritionnelle, le jour de l’inondation, explique Mme Zoétaba. Les autres enfants, éligibles au suivi mensuel au regard de leur état sanitaire satisfaisant, ont été renvoyés chez eux.

Côté propreté des lieux, plus aucune trace de l’invasion de l’eau. L’univers aseptisé a repris ses droits. Le service d’hygiène est passé par là. Précaution indispensable pour ces lieux, même après les efforts conjugués, salués au passage par la première responsable de Schiphra. « Juste après le séisme, les agents du centre ont œuvré à sortir le matériel, mettre au soleil, trier, jeter, nettoyer. Des jeunes sont venus en renfort. ».
Même dans le drame, il y a du bon à retenir. « C’est la présence des enfants de la cour. Nous avions un magasin rempli de blouses neuves en réserve. Ce sont ces enfants-là qui ont lavé ces blouses. C’est un point qui m’a vraiment touchée de tous les gestes de compassion. Nos voisins nous ont aidés, nous avons reçu, entre autres, la visite du maire de Nongr-Massom, celle du ministre de la Santé et de tout son staff. »

L’appel à la solidarité

Au résultat, le vieux dispensaire protestant trône fièrement sur la berge Nord du barrage n°2 de Ouagadougou. Doucement, Madame Traoré et son équipe s’activent à panser les plaies, dans l’ordre de l’humainement faisable.
Le reste, laissé aux bons soins du « Seigneur. Il va nous aider », professe Marie Claire Traoré. Non sans lancer un appel à la solidarité, à la générosité de tous. Avec le même leitmotiv « Nous mettons tout en œuvre pour que les malades trouvent chez nous, à de petits prix, tout ce dont ils ont besoin. » proclame Mme Traoré. « Soigner les gens moins cher, prendre surtout en charge les gens qui n’ont pas les moyens est notre créneau. Nous nous assignons le devoir de soigner le corps et l’âme », ajoute Marc Kabré, le chef de l’équipe chargé de l’imagerie.
C’est peu de dire qu’il y a fort à faire pour conserver ce label. Réserves de films à reconstituer pour les scanners et les radios, stock pharmaceutique à refaire, etc. « On venait juste de faire l’approvisionnement pour les films radio, pour le mammographe...

On avait tout juste fait le réapprovisionnement pour la pharmacie aussi. » Jusqu’aux désinfectants. Dans l’un des rares commerces où on les trouve à Ouagadougou, les pastilles d’eau de Javel ont doublé de prix. Sans compter les deux voitures et l’ambulance, complètement « foutues ».
Chiffrer les dégâts ne serait pas possible pour l’instant.
« Parce qu’on ne sait pas encore si les appareils médicaux vont reprendre. S’ils ne reprennent pas, il faut croire que les sommes vont être beaucoup plus élevées. Mais on peut dire que ce qu’on a perdu en médicaments peut être estimé à plus de 3 millions de francs CFA. Sur le scanner, il faut estimer au moins 5 500 000. Les films et autres, je ne peux pas les évaluer parce qu’on a toujours eu des réserves », indique
Mme Traoré. Et le service social qui croule déjà sous les demandes d’assistance. « Depuis le sinistre, la demande a augmenté. La queue est vraiment de plus en plus longue concernant les demandes. Les gens viennent nous demander de l’assistance.

On a des demandes de vêtements, d’argent, de soins médicaux. Nous essayons de faire le maximum pour répondre aux besoins de soins médicaux, mais pour le reste, nous sommes limités. Nous sommes nous-mêmes sinistrés. Nous ne disposons que de vêtements pour enfants, de 0 à 24 mois. Nous demandons aux bonnes volontés de nous aider à faire revivre la solidarité », lance la responsable, Sandrine Traoré.
L’appel semble avoir été déjà entendu. Des colis disposés au service social l’indiquent. Ce sont des vêtements apportés par des gens, renseigne la chef de service. « L’action missionnaire en France à Bordeaux, qui nous soutient nous a envoyé un peu d’argent. Il y a les églises et des proches qui nous ont aidés. Il y a surtout de petits dons (de 5, 10 000 francs) provenant du personnel. Des infirmiers qui ramènent leurs frais de garde, de permanence, etc. Nous avons eu beaucoup de petits gestes », se réjouit Marie Claire Traoré.

Hortense ZIDA

Sidwaya

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