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Agriculture au Sahel : Le séduisant sésame bio de Gorgadji

Publié le mercredi 23 septembre 2009 à 04h22min

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A Gorgadji, commune rurale située à environ 60 km de Dori, dans le Sahel, des femmes s’essaient à la culture biologique du sésame et du niébé. Quoiqu’embryonnaire et balbutiante, cette nouvelle forme d’agriculture qui veut produire sain pour des assiettes saines, fait déjà des émules. Même si la préoccupation nationale est tournée vers la grande production

Tôt le matin du jeudi 17 septembre dernier, les femmes du groupement Eamda de Gorgadji se sont mobilisées autour de leur parcelle de sésame et de niébé. Elles doivent recevoir le ministre délégué et sa délégation qui effectuent une visite de terrain dans le champ. Ni le chaud soleil de 10h, ni la longue attente debout n’ont pas émoussé leur enthousiasme. Enturbanées, les perles bien en vue, elles sont heureuses de recevoir le ministre délégué sur leur champ biologique.

Et quand le cortège ministériel stationne aux abords de la parcelle, la délégation est accueillie par des youyous et de chants. Très vite, la fièvre monte d’un cran. La visite commence alors par la présentation du champ biologique par un agent de l’Agriculture. Celui-ci explique aux visiteurs qu’il s’agit d’une production de sésame et de niébé biologiques sur une superficie de 0,040 hectare. “C’est une expérience pour montrer aux producteurs qu’il est possible de produire ici du sésame biologique”, précise l’agent. Semé en juillet, le sésame est au stade de la floraison. Les femmes du groupement Eamda expliquent leur choix par le fait que la culture biologique est utile. Elles se disent conscientes du fait que cultiver bio préserve le sol et protège l’environnement tout en offrant un produit sain. “Il y a un intérêt à cultiver du sésame, ça sert à faire de la sauce, de l’huile. On va vendre et économiser les recettes issues de la production dans nos caisses”, soutient Aissatou Dicko, porte-parole des femmes. Elle ajoute que le "groupement réfute l’utilisation de l’engrais chimique et le traitement du sésame avec des produits phytosanitaires parce qu’ils sont nuisibles à l’environnement. “Nous avons décidé de n’apporter aucun produit chimique sur notre parcelle”, poursuit-elle.

L’agriculture biologique consiste à produire sans recourir aux produits phytosanitaires comme les pesticides, les fongicides, l’engrais chimique. La parcelle dite bio est alors traitée uniquement par des substances naturelles ou des engrais organiques. Le ministre délégué à l’Agriculture salue une belle initiative dans le Sahel. A Gorgadji, les vingt femmes membres du groupement Eamda traitent leur sésame avec le jus de neem. Mais, le groupement espère parer à la rareté du neem à Gorgadji en allant chercher la matière première dans les villages environnants. Le groupement pourra aussi faire des reboisements aux alentours du champ pour reconstituer le couvert végétal tout en assurant son autonomie dans l’approvisionnement en jus de neem. Pour Youssouf Ouattara, agronome, le jus de neem combat les parasites. “Les tests ont commencé il y a 20 ans avec le neem, la cendre et le piment. Apparamment, le neem est plus facile à trouver, le piment nécessite une grande quantité”, a indiqué M. Ouattara, ajoutant qu’une grande expérimentation de la culture biologique amenuisera la matière première : “Si tout le monde se met à traiter bio, la matière première fera défaut. Déjà dans certaines régions, la population vend les graines de neem comme à Ouahigouya”.

L’agriculture biologique fait ses premiers pas au Burkina Faso. Au niveau national, l’action est tournée vers la grande production parce que dit-on, “la culture bio, c’est un luxe”. Les techniciens de l’Agriculture estiment d’ailleurs que les rendements des cultures biologiques sont encore inférieurs à ceux des cultures conventionnelles. Or, la priorité du Burkina est de réduire sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur, d’assurer une autosuffisance alimentaire. C’est pour cela que le pays subventionne l’engrais à coût de milliards à chaque campagne agricole. Même s’il est reconnu que la culture bio évite la destruction des microorganismes du sol et favorise une consommation saine. Il est évident que consommeront bio, ceux qui en auront les moyens. Pour l’instant, les produits biologiques sont essentiellement destinés à l’exportation. Le marché local du bio peine à prendre son envol.

S. N. COULIBALY

Sidwaya

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