Même si officiellement le multipartisme existe dans le pays, c’est le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) qui domine de tout son poids la scène politique angolaise. Les élections législatives organisées en 2008 ont permis au parti présidentiel de remporter plus des 2/3 des 220 sièges au Parlement. Cela devrait permettre au Président de faire modifier la Loi fondamentale, comme cela semble devenu la règle en Afrique, afin de pouvoir régner à vie. José Eduardo Dos Santos, cependant, ne semble pas avoir besoin de ce coup de pouce. C’est dire que la démocratie n’est pas la chose la mieux partagée au pays de Agostino Néto, prédécesseur de Dos Santos. Cela ne semble pas offusquer outre mesure les grands pays de ce monde dont les dirigeants se bousculent aux portes du palais présidentiel à Luanda, la capitale du pays. Les dirigeants chinois, russes et américains, entre autres, ont conclu en Angola et avec le président Dos Santos des accords de coopération bilatérale ou ont renforcé leurs relations économiques.

L’Angola est donc un pays très courtisé, en raison notamment de ses énormes richesses énergétiques qui suscitent beaucoup d’intérêt. Les critiques sur la bonne gouvernance, le respect des droits humains, la lutte contre la corruption ne sont pas pour l’instant très audibles, dès lors qu’elles sont véhiculées par le principal parti de l’opposition, l’UNITA, qui n’est plus que l’ombre de lui-même depuis la liquidation, il y a de cela quelques années, de son leader Jonas Savimbi. Savimbi était en effet l’obstacle à la paix et le principal adversaire de Dos Santos. Maintenant qu’il a réglé son cas à ce rebelle qui lui a tenu tête durant des années, plus rien ne se dresse sur le chemin de José Eduardo qui peut fixer solidement ses racines dans l’optique d’un règne à vie. On voit mal qui pourrait l’en empêcher, vu qu’au plan interne, la contestation est réduite à sa plus simple expression et qu’au plan international, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, et le président russe, Dimitry Medvedev, ont été reçus récemment en grande pompe par le président angolais. C’est que le pays est un vaste marché où il existe beaucoup d’opportunités d’affaires à exploiter.

La bonne gouvernance, les droits de l’homme ainsi que le respect des libertés peuvent encore attendre. Ils ne sont pas nombreux à dénoncer les dérives du régime de Dos Santos qui est à la fois président de la République, chef du gouvernement, chef des armées et chef de la police. C’est aussi lui qui nomme les principaux juges et bien d’autres personnalités aux postes les plus importants. C’est dire donc que c’est une minorité qui gère les richesses du pays tandis que la majorité des Angolais vivent avec moins de deux euros par jour. Cette dictature de velours suit ainsi calmement son cours, sans inquiétude, dans l’indifférence de la communauté internationale qui, comme à ses habitudes, fait la politique du deux poids deux mesures et réagit en fonction des intérêts.

Il est grand temps que les dirigeants africains en finissent avec la célébration de ces anniversaires qui frisent le ridicule. José Eduardo Dos Santos a fêté ses 30 ans en 2009. Mouammar Kadhafi, quant à lui, vient de célébrer ses 40 ans de règne. Ils sont bien partis pour se fossiliser car de toute évidence, ils ne manifestent aucun signe de lassitude.

Par Boureima OUEDRAOGO SONRE

Le Pays