Finalement, deux mois après la réunion de cette grande instance statutaire, les 37 gourous du BEN ont accouché des 13 nouveaux commissaires régionaux, ces ambassadeurs de Roch Marc Christian Kaboré à travers tout le pays. Par décision n°2009/007/CDP/CN/BPN/BEN en date du 18 septembre 2009, les premiers responsables du parti majoritaires dans les régions ont été nommés ou reconnus.

Un tour d’horizon de la liste fait ressortir un respect de la coutume politique dans le parti, c’est-à-dire le dosage géopolitique habituel, qui fait qu’on oscille entre continuité et demi-surprises. Revue de détail :

 Région de la Boucle du Mouhoun : Bongnessan Arsène Yé revient de... loin. Il avait déjà signé son retour en réintégrant le BEN en juillet passé. Ayant accompli son Golgotha politique en silence et stoïquement, il retrouve sa « place », et beaucoup lui reconnaissent cette qualité d’homme qui sait s’adapter aux situations.

Le cas de l’ex-patron des structures populaires sous le Front populaire confirme la rumeur selon laquelle si on sait encaisser en tapinois et souffrir en silence à côté de Blaise, un jour on refait surface. Il remplace Marc Oubkiri Yao, « refondateur » et démissionnaire du CDP. Exit par contre Dieudonné Maurice Bonanet, qui assurait l’intérim et qui nourrissait des ambitions bien légitimes.

 La région des Cascades voit la confirmation de Benoît Ouattara, qui jouera le rôle du défunt Alain Ludovic Tou.

 Dans la région du Centre, Simon Compaoré reste à son poste, secondé en cela par Clément P. Sawadogo. Comme pour dire qu’au Kadiogo et dans ses environs, « Tebguéré » maîtrise sa chose. CQFD pour l’avenir.
 Au Centre-Est, rien de nouveau non plus : Alain Bédouma Yoda s’y maintient, preuve que dans les combats futurs du parti, il faudra compter avec lui.

 Zambendé Théodore Sawadogo reste également au gouvernail du Centre-Nord. Il incarne le prototype même du militant mobilisateur qui évite les feux de la rampe. Secondé en cela par « Dim », un politique à la barbe toujours naissante, qui a blanchi sous le harnais ; ce duo ne sera pas de trop pour le CDP dans les 3 prochaines années électorales.

 Région du Centre-Ouest : Tandaogo Hubert Yaméogo, de l’avis de certains, qui sont dans les secrets des dieux ,aura réussi à « sauver sa tête », car, sur la première liste du BEN, confectionnée lors du dernier Congrès, son nom ne figurait pas. Et c’est in extremis que « Hubert SONABHY » a intégré le saint des saints. Le voilà confirmé, ce qui fait taire toutes les rumeurs.

 Le centre-Sud n’enregistre pas non plus de changement et c’est naturellement Jean-Bertin Ouédraogo qui présidera aux destinées de cette région. L’enfant de Konlobwamdé, dans le canton de Guirgo (Kombissiri), confirme le bien que le parti et les populations pensent de lui, mais dont la preuve devra être faite lors des échéances à venir.

 C’est depuis le 2240 de l’avenue Massassuchetts à Washington, où il officie comme ambassadeur, qu’Ernest Paramanga Yonli commandera aux militants de la région de l’Est. D’aucuns avaient pensé qu’en raison de cette fonction aux USA, on allait le décharger, mais, apparemment en tout cas, le sable de Tansarga veille toujours au grain.

En réalité, sauf en période électorale, la présence des commissaires n’est pas souvent indispensable, d’autant plus qu’ils sont secondés maintenant par des adjoints et, dans le cas d’espèce, son ami Innocent Coulidiaty de la CNSS mettra, chaque fois que de besoin ,la main dans le cambouis.

 Est-ce la fin des querelles dans les Hauts-Bassins entre les différents clans avec la nomination de Soungalo Apollinaire Ouattara ? Confirmé dans un grand ministère (Fonction publique, où, soit dit en passant, il fait du bon boulot) après son passage comme ministre délégué aux Collectivités locales, Soungalo poursuit son ascension politique.

Serait-ce suffisant pour mettre un terme aux histoires de légitimité et de caste que ses adversaires lui collent à la peau ? Car, à l’évidence, au lieu de lire cela comme la victoire d’un camp sur l’autre, il faut plutôt y voir le fait que le CDP a voulu ménager Thomas Sanon, souffrant. Espérons seulement que les bisbilles récurrentes seront mises en sourdine.

 Yacouba Barry prend la région du Nord : la logique a été respectée. Après la suspension de Salif Diallo de toutes les instances du CDP le 17 juillet 2009, on ne pouvait pas trouver choix plus conséquent que la nomination de celui qui passait pour le second de Gorba, même si leurs rapports n’ont pas toujours été au beau fixe. Dans une contrée hautement politisée telle que le nord du Burkina, plusieurs noms du successeur de l’actuel ambassadeur à Vienne avaient été jeté en pâture :

naturellement, il y avait Boureima Badini, mais on voyait mal le représentant spécial du Facilitateur en Côte d’Ivoire lâcher le dossier ivoirien, surtout en ce moment précis, pour un tel poste, qui sera....prenant dans quelques mois pour des raisons évidentes ; puis celui de Fatou Diendéré avait été susurré, mais pour des considérations sociologiques, le parti, manifestement, a préféré qu’elle supplée Yacouba, car, battante comme elle est, ce ne sera pas une personne inutile. Même le nom de Komi Sambo Antoine a circulé...

Au Burkina, la fonction politique permettant aux gens de se révéler, Yacouba Barry hérite de la section du Nord, et il faut espérer qu’il va combler le vide laissé par Gorba et surtout colmater les brèches qui, quoiqu’on dise, existent malgré les dénégations.

 Le président du CDP, Roch Marc Christian Kaboré, garde la haute main sur le plateau central, secondé par le docteur es consultations Jean-Léonard Compaoré.
 Dans le Sahel, Kader Cissé reste indéboulonnable de son siège de commissaire politique.

 Enfin, dans le Sud-Ouest, le permanent du QG du CDP, Anicet Ollo Pooda, prend du galon : plus que la confirmation de Domba Jean-Marc Palm comme commissaire titulaire, c’est la montée de l’administrateur du siège du parti qui fait l’évènement, et à ce rythme, on ne serait pas étonné de le retrouver à l’issue des prochaines législatives député.

Roch et ses 12 disciples ont déjà des défis, bien que terrestres, à relever : 2010, la présidentielle, à laquelle leur « militant émérite », Blaise, sera candidat, 2011, les municipales, et en 2012 les législatives. Pourront-ils sortir victorieux de toutes ces compétitions ?

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga