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Le Président du Faso devant les députés ivoiriens : Un appel à l’intégration des peuples

Publié le vendredi 18 septembre 2009 à 04h05min

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Le Président du Faso s’est prononcé hier, jeudi 17 septembre 2009, devant les députés ivoiriens qui ont interrompu leurs vacances pour venir l’écouter au cours d’une session extraordinaire ouverte à cet effet. Nous vous proposons le message délivré à cet effet..

L’évolution des nations se caractérise par des mouvements de continuité et des ruptures. Les bouleversements sociopolitiques ont parfois placé les peuples devant leur responsabilité, à travers des épreuves souvent tragiques. Face à ces situations, es nations les plus vaillantes parviennent à réaliser, par leur unité et leur courage, un sursaut salutaire pour construire un avenir meilleur. Le peuple ivoirien a su, au cours des cinquante dernières années, bâtir une nation prospère, susciter l’admiration de la communauté internationale et a illustré sa capacité à changer le cours de son destin.

La crise récente que la Côte d’Ivoire a traversée et qui a menacé d’ébranler ses institutions républicaines, a été surmontée grâce à l’attachement de ses fils et filles à l’unité nationale, aux valeurs de paix et de démocratie. Aujourd’hui, nous nous félicitons de ce que la sagesse légendaire du peuple ivoirien ait prévalu sur les velléités de division et que lentement mais surement, s’installent la paix des cœurs, la volonté de faire triompher les idéaux de paix et de solidarité.

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Mesdames et Messieurs les députés ;
Mesdames, Messieurs ;

C’est avec une fierté légitime que je m’adresse au peuple frère de Côte d’Ivoire, à travers ses dignes représentants que vous êtes.
Je suis particulièrement honoré par votre invitation qui traduit la profondeur des liens que la proximité et l’histoire ont scellés entre Ivoiriens et Burkinabè. Ma présence dans votre hémicycle est le signe de cette profonde amitié et de notre vision commune du futur.
Je félicite Son Excellence Monsieur Laurent Gbagbo, pour la clairvoyance politique avec laquelle il poursuit la gestion des affaires publiques.
Je voudrais également, dans cette enceinte de la représentation nationale où se reflètent la liberté et la paix en Côte d’Ivoire, rendre un vibrant hommage à tous les héros de la lutte pour l’indépendance et la démocratie.
Je pense particulièrement au Président Félix Houphouët Boigny, père de la nation et grand homme d’Etat dont les idéaux et les talents de bâtisseur sont un référant majeur dans l’édification de sociétés de paix et de progrès sur le continent africain.

Le peuple burkinabè, parmi les premiers, s’est reconnu dans cette vision et, à travers ses dignes fils comme Daniel Ouezzin Coulibaly, Philippe Bebzinda Kaboré, Maurice Yaméogo et tant d’autres, l’a accompagné dans la construction de divers espaces de paix, de fraternité et de progrès en Afrique. Il nous incombe de raviver cet élan de solidarité et de continuer à cultiver ce qui nous rapproche, afin de bâtir ensemble un monde meilleur pour les générations présentes et futures.

Mesdames, Messieurs ;

Je vous réitère les chaleureuses salutations du peuple burkinabè qui voit en la Côte d’Ivoire, un pays étroitement lié au sien par la géographie, l’histoire et qui représente pour un pays enclavé comme le nôtre, une porte ouverte sur la mer, un partenaire et un allié irremplaçables.
La forte présence de ressortissants étrangers dans votre pays témoigne de votre attachement aux valeurs d’amitié et de solidarité.
Ces grandes vertus qui fondent également les relations entre les différentes composantes de la société ivoirienne ont guidé votre action dans la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou et de ses accords complémentaires et contribué à favoriser la réconciliation nationale. Je saisis cette occasion pour rendre un hommage appuyé à Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, Président de la République, à Monsieur Guillaume SORO, Premier Ministre, à tous les acteurs politiques et à l’ensemble des parlementaires pour leur ferme engagement à faire prévaloir les intérêts supérieurs et la cohésion de la nation.

Honorables députés ;
Mesdames, Messieurs ;

La Côte d’Ivoire est un pays aux fortes potentialités économiques dont les performances attestent de la volonté politique de ses dirigeants et de l’ardeur au travail de ses hommes et femmes. Reconnue comme le premier producteur mondial de cacao, elle a su tirer avantage de cette position pour bâtir une économie forte, basée sur la promotion des secteurs clés de l’agriculture, la sylviculture, les mines, l’extraction pétrolière, l’industrie agro-alimentaire et le transport maritime.
La Côte d’Ivoire mérite parfaitement d’être à l’avant-garde de l’intégration régionale. Mais au-delà de cette réussite qui fait la fierté de toute l’Afrique de l’Ouest, le peuple ivoirien a su préserver et développer ses valeurs ancestrales d’ouverture et d’accueil.
La coexistence harmonieuse de la communauté burkinabè avec les populations ivoiriennes constitue le symbole de cette tradition d’hospitalité.

Honorables députés ;
Mesdames, Messieurs ;

La crise qui secoue le monde et dont les conséquences sont dramatiques pour l’économie des pays africains, les besoins immenses de développement ainsi que les impératifs de paix et de sécurité nous imposent de consolider les initiatives d’intégration, afin de bâtir un espace solidaire et stable, capable de résister aux vicissitudes d’une mondialisation débridée. C’est pourquoi en juillet 2008, le Président Laurent GBAGBO et moi-même, avons signé un Traité par lequel nos deux pays s’engagent à œuvrer pour la promotion de la paix et à relever ensemble, les défis majeurs de notre temps, marquée par une mondialisation dans laquelle il n’y a pas de place pour les économies peu performantes et sans ambitions.
Aussi, j’apprécie hautement le soutien inconditionnel que nos peuples respectifs ont apporté à ce choix politique, à travers leur représentation nationale.

Il s’agit pour nos deux pays de renforcer l’axe Yamoussoukro-Ouagadougou et d’assumer des responsabilités historiques plus grandes dans le processus d’intégration de notre sous-région.
Bien plus qu’un simple accord de coopération bilatérale, ce Traité d’amitié et de coopération est un instrument au service de sécurité collective et du développement de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
Dans ce sens, je renouvelle à Monsieur Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblée nationale et à l’ensemble des parlementaires, mes sincères félicitations pour leur engagement en faveur de la ratification du Traité.
La tenue de la première session du Conseil des Ministres vient concrétiser la mise en œuvre de ce Traité.
La pertinence des résultats auxquels nous avons abouti sur l’ensemble des sujets, traduisent le caractère irréversible de notre engagement à faire de cet accord un tremplin pour hisser nos pays au rang de pays émergents.
Je rends hommage à mon frère et ami, Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, au Gouvernement et au peuple ivoiriens, pour la qualité des réflexions menées et qui se poursuivront prochainement à Ouagadougou.

Mesdames, Messieurs ;

La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso doivent servir de locomotive au processus d’intégration dans la sous-région.
La dynamique nouvelle imprimée à leurs relations doit faciliter la réalisation de notre ambition commune pour un développement durable et intégré. A ce titre, il nous faut veiller à :
- redonner au corridor Abidjan-Ouagadougou, la plénitude de son efficacité économique ;

- réhabiliter et moderniser le réseau de chemin de fer pour le rendre plus opérationnel ;
- associer le Burkina Faso à la gestion des activités du port d’Abidjan ;
- faciliter le transit routier entre les deux Etats ;
- améliorer l’interconnexion des réseaux électriques par une augmentation des niveaux de fourniture d’énergie.

Monsieur le Président ;
Honorables députés ;
Mesdames, Messieurs ;

Dans quelques semaines, votre pays aura à relever le défi de réussir l’organisation de l’élection présidentielle, étape essentielle dans la restauration et la consolidation de la démocratie.
J’ai foi en la capacité des Ivoiriens qui se sont déjà appropriés l’Accord politique de Ouagadougou à assurer la tenue d’un scrutin libre et transparent.
Je puis vous réaffirmer la disponibilité du Burkina Faso à vous accompagner, dans cette œuvre de renforcement de la paix et la stabilité.
Je voudrais réitérer au nom du Gouvernement et du peuple burkinabè ma sincère reconnaissance pour le soutien inestimable apporté à nos populations sinistrées suite aux inondations.

Honorables députés ;

Dans le contexte des démocraties naissantes, l’Assemblée nationale se doit d’être le lieu privilégié du débat et du contrôle démocratique sur toutes les questions majeures pour la vie de la nation.
A ce titre, il revient au Parlement et aux parlementaires de faire de l’Assemblée un sanctuaire de la liberté et de la démocratie dans le respect du pluralisme et des droits de l’opposition.
Je dois aussi souligner que dans les situations de crise ou de sortie de crise, le rôle du Parlement et des parlementaires est tout aussi crucial pour ramener ou consolider la paix.
Je demeure convaincu que votre rôle sera déterminant dans l’édification d’une Côte d’Ivoire plus forte.

Vive la coopération ivoiro-burkinabè !
Vive l’amitié entre les peuples !

Je vous remercie

Siswaya

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