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PRESIDENTIELLE GABONAISE : Des auto proclamations grosses de dangers

Publié le mardi 1er septembre 2009 à 01h53min

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Les Gabonais se sont rendus aux urnes. Ils y ont été en masse, le 30 août dans le but d’élire celui qui remplacera Omar Bongo Ondimba, et qui, partant, aura désormais entre les mains les destinées de l’ensemble des ressortissants de ce pays. Au lendemain de l’élection présidentielle, l’incertitude continue de régner. Une incertitude qui frise l’inquiétude, et pour cause. Pas moins de trois des candidats jugés favoris au scrutin présidentiel de dimanche revendiquent haut et fort la victoire, chacun pour son camp.

André Mba Obame, Pierre Mamboundou et Ali Bongo Ondimba, se seront tour à tour auto proclamés vainqueurs, sur la base d’estimations dont eux seuls ont le secret, mais en se gardant toutefois de présenter des chiffres officiels crédibles. Et cela, alors même que la commission électorale qui a en charge la gestion du dépouillement du scrutin, n’a pas encore pipé mot, et encore moins le ministère de l’Intérieur qui, selon la réglementation, a mandat pour annoncer les résultats du vote de dimanche. Qu’est-ce à dire ? Pourquoi cette course pour revendiquer si ce que l’on réclame vous revient pleinement de droit ?

Cette fébrilité traduit sans doute, premièrement, que les divers candidats qui se livrent à pareil jeu ne font pas vraiment preuve d’esprit de démocratie : tout scrutin est régi par des textes, et le scrutin que les Gabonais ont connu n’échappe nullement à la règle. Il n’est pas sain de se plier à cette législation avant le scrutin pour royalement l’ignorer par la suite.

Ce sont là des gesticulations fort compréhensibles, étant donné l’importance de ce scrutin pour les candidats et pour le Gabon tout entier, mais elles ne justifient rien du tout. Importance d’autant plus rehaussée que le scrutin est à un tour et que chacun des candidats ferait tout et le reste pour le remporter. Mais, en toute bonne sagesse, l’esprit démocratique devrait l’emporter sur le reste. Même en politique, il faut savoir rester fair-play. C’est plus qu’une nécessité pour soi et pour ceux dont on rêve de conduire la destinée.

Si l’on pousse plus loin l’analyse, on dira que les différents candidats, à l’issue du scrutin, auront fait leur "boulot". Ils auront, au cours de la campagne électorale, eu le temps de proposer à leurs compatriotes, leurs visions, leurs philosophies politiques ainsi que les projets de société qu’ils rêvent de réaliser pour le Gabon. Mais leur rôle s’arrête là. Le dépouillement du scrutin ainsi que la proclamation des résultats reviennent de droit à d’autres instances. Il n’est pas sain qu’ils s’arrogent une tâche qui n’est pas du tout la leur. Et en le faisant, ils n’administrent rien d’autre que la preuve qu’ils sont en passe d’être de mauvais perdants.

Car, de toute façon, de tous ces "appelés" à la présidentielle, ne devra rester qu’un seul élu. Forcément. Au regard de ce qui se passe, on peut légitimement se demander si, à la proclamation des résultats, tout le monde acceptera, démocratiquement, la loi qui se sera dégagée des urnes gabonaises.

Et puis, un autre indice qui donne à penser que les déclarations des uns et des autres sont de mauvais aloi, ce n’est pas en Afrique que l’on connaît généralement les résultats d’un scrutin, le soir même du vote. Les différents candidats qui se sont empressés à l’auto proclamation ne sont pas sans le savoir. Alors ? De quelle manigance politique relève cet empressement décidément très malsain ?

Il pourrait tout simplement signifier le contraire des affirmations contenues dans chacune des déclarations et traduire que les différents candidats qui se voient déjà vainqueurs avant la lettre, ressentent quelque part plus de difficultés qu’ils n’osent l’avouer.

Car, on l’aura vu, cette élection présidentielle n’aura été une sinécure pour personne. Pas même pour le candidat du "grand" PDG que d’aucuns donnaient déjà élu, mais se mettant en lice, juste pour la forme. Aucun des candidats, s’il sort vainqueur, ne sera en mesure de dire qu’il aura vaincu sans péril. Et c’est sans doute tant mieux pour le Gabon car il se sera défait de certains scores fleuves de réélections qui, à la vérité, n’étaient que des plébiscites. Reste que cette nouveauté se devra d’être entérinée par une autre, celle de l’esprit des candidats ayant pris part au scrutin.

Et là, on attend de voir, car, au regard de ce qui se passe, les motifs d’inquiétude sont ce qui manque le moins. Si même avant que les résultats officiels ne se fassent connaître, on observe tant de fébrilité et de démagogie malsaine, dans un jour ou deux, lorsque les instances chargées de faire connaître les chiffres officiels décideront de livrer ce qu’ils savent, qu’adviendra-t-il ?

En tout état de cause, c’est le Gabon tout entier qui se trouve aujourd’hui, à la croisée des chemins. Il faut souhaiter qu’il sache négocier sereinement ce virage. On organise des élections pour un changement pour le mieux, dans la vie d’un pays. Un scrutin perd de sa saveur et de son intérêt s’il précipite un pays dans le gouffre de la division, des clivages et des mésententes, dont on sait malheureusement quand on y entre mais dont on ignore quand on pourrait en sortir.

La présidente par intérim, Rose Francine Rogombe, a certainement du pain sur la planche. Il lui faudra sans doute faire preuve de plus de fermeté pour réduire tant d’indiscipline qui le dispute à la déraison. Elle ne sera pas la seule à se surpasser : la commission nationale électorale devra elle aussi faire montre de célérité pour le dépouillement du scrutin. Elle évitera ainsi la multiplication de déclarations fracassantes qui ont pour effet d’en rajouter à une certaine confusion déjà malheureusement bien sensible. Enfin, la sagesse des concurrents à cette présidentielle peut contribuer à calmer le jeu et sans doute aussi les esprits. Encore faudra-t-il qu’ils y songent. Mais pourquoi n’y songeraient-ils pas ? Eux qui, dans leurs déclarations, terminent presque tous en demandant que Dieu bénisse le Gabon ! On implore Dieu pour qui on aime !

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 1er septembre 2009 à 05:28, par bogan En réponse à : PRESIDENTIELLE GABONAISE : Des auto proclamations grosses de dangers

    Il ne faut pas enflammer ce pays pour vos interets
    egoistes.Je pense aussi que tout le monde peut gagner sauf
    Ali bongo

  • Le 1er septembre 2009 à 16:56 En réponse à : PRESIDENTIELLE GABONAISE : Des auto proclamations grosses de dangers

    Je pense qu’aucun des candidats ne peut dire qu’il avait la totalité des procès verbaux de tous les bureaux de vote le lundi soir. Moi je suis à port-gentil et ce n’est que lundi nuit que les procès verbaux des lacs sont arrivés à la commission provinciale de la SENAP de Port-gentil. De Grâce Que chaque candidat observe la procédure du publication des résultats. QUE RIEN QUE CE QUI EST DANS LES PROCES VERBAUX SOIT COMMUNIQUE AU MONDE ENTIER. ET QUE CELUI QUI SERA PROCLAME REFFETE LE CHOIX DU PEUPLE.

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