LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Burkina-Côte d’Ivoire : 16 opposants ivoiriens chez Blaise

Publié le mercredi 21 juillet 2004 à 12h41min

PARTAGER :                          

Le président Blaise Compaoré a accordé le 20 juillet 2004 dans la matinée une audience à une délégation d’opposants ivoiriens regroupés au sein du groupe dit du G7. Cette délégation sillonne les capitales africaines pour présenter la situation politique qui prévaut en Côte d’Ivoire ainsi que les points de blocages de l’application des Accords de Linas-Marcoussis.

En retour, elle recueille les suggestions et propositions des présidents pour une sortie de crise en terre d’éburnie. Ce séjour s’inscrivait dans la perspective d’Accra III, le sommet initialement prévu le 29 juillet 2004 dans la capitale ghanéenne, mais finalement reporté sine die.

La communauté internationale est mobilisée au chevet de la Côte d’Ivoire, qui traverse depuis le 19 septembre 2002 la crise politique la plus grave de son histoire. De Lomé à Accra en passant par Marcoussis , Bamako, Libreville..., ce ne sont pas les initiatives qui ont manqué pour amener les antagonistes à parler le même langage, celui de la paix et de la réconciliation nationale.

Dans le cadre du prochain sommet sur la crise ivoirienne initialement prévu pour le 29 juillet, mais finalement reporté, cette délégation du G7 s’était déjà rendue à Libreville au Gabon, à Kara au Togo, et à Cotonou au Bénin. Après Ouagadougou, la délégation devrait continuer à Tripoli, où elle rencontrerait le Guide libyen.

En acceptant de recevoir la délégation du G7 que son avion est allé chercher à Cotonou, le président du Faso accomplit en fait une mission, celle que lui avait confiée ses pairs à Addis-Abeba lors du dernier sommet de l’Union africaine : amener les opposants au régime ivoirien, notamment les ex-rebelles regroupés au sein des Forces nouvelles, à faire des concessions et à revenir dans le gouvernement de réconciliation, qu’ils ont quitté depuis les événements du 25 mars 2004.

Ce jour-là, une manifestation pacifique des marcoussistes sera réprimée dans le sang, faisant au moins 120 morts. Un rapport onusien établira quelques semaines plus tard la responsabilité directe de la présidence ivoirienne dans ce massacre.

Hier au palais de la présidence, la délégation reçue par Blaise Compaoré était composée de 16 personnes issues des formations politiques suivantes : PDCI-RDA, RDR, Forces nouvelles (MPCI, MPIGO, MJP), UDPCI et MFA. Elle était conduite par Alphonse Djédjé Mady, président du G7 et secrétaire général du PDCI-RDA.

C’est ce dernier qui s’est adressé à la presse après l’audience présidentielle. Il a dit aux journalistes la disponibilité du président Compaoré à aider à la résolution de la crise ivoirienne.

Voici ce qu’il a confié aux nombreux journalistes burkinabè comme ivoiriens qui suivent la délégation dans son déplacement (1).

D. Evariste Ouédraogo
San Evariste Barro
L’Observateur


Alphonse Djédjé Mady : "Accra III doit se tenir avant Accra III"

Quelles sont les grandes lignes de votre entretien avec le chef de l’Etat ?

Comme vous le savez tous, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont liés par des liens indestructibles, créés par la nature. La Côte d’Ivoire traverse depuis septembre 2002 une situation dramatique. Nous sommes donc venus rencontrer le président Blaise Compaoré pour le tenir informé de l’évolution de la situation, des difficultés de mise en œuvre de l’Accord ivoiro-ivoirien conclu à Linas-Marcoussis en France et complété à Accra au Ghana.

C’est donc pour lui faire le point de cette situation dans les difficultés de son application et lui demander de peser de tout son poids sur la prochaine réunion, prévue à Accra à une date qui reste à être déterminée parce qu’aux dernières nouvelles, le 29 juillet ne serait pas la bonne date, pour que le président Compaoré s’implique pleinement et entièrement dans la recherche de solutions.

Qu’est-ce que le Burkina, qui est souvent mis à l’index, peut faire pour le retour de la paix en Côte d’Ivoire ?

• Dans un litige qui existe entre un homme et sa femme qu’est-ce que chacun peut apporter dans son règlement ! Je viens de vous rappeler en des termes beaucoup plus diplomatiques que la Côte d’Ivoire et le Burkina sont liés par des liens indestructibles. Il ne peut exister une situation au Burkina sans qu’on suspecte, que cela soit prouvé ou pas, la complicité de la Côte d’Ivoire et vice versa.

Nous ne sommes pas venus à un procès. Nous savons que les intérêts ivoiro-burkinabè sont les plus naturels, les plus liés.

Qu’avec tous les pays limitrophes de la Côte d’Ivoire, nous avons un sort commun. Qu’on accuse le Burkina ou pas, ce n’est pas cela le plus important. C’est ce que les chefs d’Etat, responsables devant l’histoire de l’évolution de nos pays, peuvent faire qui est le plus important. Il n’y aura pas de bonheur en Côte d’Ivoire sans que cela rejaillisse sur le Burkina.

Il ne saurait y avoir de bonheur au Burkina sans que cela rejaillisse sur la Côte d’Ivoire. Le reste, ce sont des incompréhensions qui existent toujours dans une famille. Entre un grand frère et un petit frère. Ce sont des broutilles qu’il faut dépasser pour régler les problèmes les plus importants.

Quelles sont les raisons du report du Sommet d’Accra ?

• Je disais plus haut "il semble". Comme ce n’est pas moi, qui ai décidé du report du Sommet, je ne peux pas vous en dire le pourquoi. J’ai appris, hier nuit, alors que cette délégation s’attendait à être à Accra le 29 juillet, qu’il se pourrait qu’il y ait un report de ce Sommet, et que le président de la République de Côte d’Ivoire, M. Laurent Gbagbo, serait au Maroc pour rencontrer le président Omar Bongo, qui devrait diriger l’organisation de cette rencontre. C’est eux qui nous diront le moment venu, pour quelles raisons c’est reporté.

Reporté ou pas, l’important pour nous c’est qu’Accra III doit se tenir avant Accra III, c’est-à-dire que c’est dans les préparatifs d’Accra que réside le succès. Ce n’est pas en nous réunissant à Accra III sans que rien n’ait été préparé qu’on aura un succès. Nous tournons donc pour voir tous ceux qui peuvent peser dans la résolution de la crise pour leur fournir tous les éléments d’information, recevoir d’eux les directives et les instructions et voir ce que chacun doit faire, pour qu’Accra III soit non pas la dernière étape, mais une étape déterminante, parce que le dialogue doit être continuel, car quand il s’arrête, c’est la crise qui commence.

Est-ce que cela va jouer sur votre périple ?

• On verra. Au village on dit que tant que la plaie n’est pas cicatrisée on ne compte pas les mouches. Alors nous allons continuer si nécessaire les périples jusqu’à ce qu’on trouve une solution.

Propos recueillis par D. Evariste Ouédraogo
San Evariste Barro

(1) Il s’agissait de confrères de Fraternité Matin (le quotidien d’Etat), du Nouveau Réveil (proche du PDCI) du Patriote (RDR) et du Front (proche des Forces nouvelles).


Liste des membres de la délégation du G7

1. PDCI-RDA
-Alphonse Djédjé Mady ;
-Noël Nemin ;
-Bernard Ehui ;

2. RDR
-Abou Touré ;
-Bancongo Cissé ;
-Adama Bictogo

3. Forces nouvelles (MPCI, MPIGO, MJP)
-Louis Dacoury Tabley ;
-Michel Gueu ;
-Sidiki Konaté ;
-Yeneman Coulibaly ;

4. UDPCI
-Alassane Salif N’Diaye ;
-Messé Woï ;
-Kénémagnon Oulaï ;

5. MFA
-Joël N’Guessan ;
-Bakary Sinan ;
-Jacob Anaky

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Tidjane Thiam en successeur de Henri Konan Bédié. Jusqu’où ?
Côte d’Ivoire : Robert Beugré Mambé nommé Premier ministre
Côte d’Ivoire : L’étrange destin de Marcel Amon Tanoh