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Burkina Faso - Côte d’Ivoire : La normalisation ?

Publié le mardi 20 juillet 2004 à 14h26min

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Les 15 et 16 juillet dernier, la grande Commission mixte ivoiro-burkinabè s’est réunie à Abidjan, chose qu’elle n’avait pas faite depuis 1999 : principale question à l’ordre du jour, la normalisation des relations politiques et économiques entre les deux pays frères. Si des avancées significatives ont été notées, il reste que le chemin de la réconciliation n’est pas totalement balisé.

Les retrouvailles entre Burkinabè et Ivoiriens auront été précédées d’un intense ballet politico-diplomatique, malgré le climat lourd qui prévalait entre les deux capitales. On se rappelle qu’après le déclenchement de la crise ivoiro-ivoirienne et la mise à l’index des autorités burkinabè par leurs consœurs ivoiriennes, les relations s’étaient détériorées entre les deux pays, au point d’entraîner la fermeture des frontières terrestres.

Une situation déplorable (pour des raisons évidentes) qui durera pratiquement un an. Dans l’intervalle, moult délégations ivoiriennes avaient fait le déplacement de Ouagadougou pour expliquer le "nouvel esprit" des autorités ivoiriennes, ce qui en retour, a amené le Burkina Faso a dépêché son ministre des Affaires étrangères, Youssouf Ouédraogo à Abidjan (courant mai 2003) pour y esquisser la position de son pays en vue d’un retour progressif à la normale.

Puis le temps et la diplomatie "souterraine" faisant leur œuvre, le ministre d’Etat burkinabè, Salif Diallo pouvait "décréter" la réouverture des frontières terrestres et la reprise des relations commerciales jusque-là interrompues. Puis Compaoré et Gbagbo eux-mêmes se rencontreront à Bobo-Dioulasso en novembre 2003, toujours dans l’optique d’un retour à la normale.

Le menu de Bamako

C’est, nous le pensons, cette normalisation qui vient d’être concrétisée la semaine dernière, Burkinabè et Ivoiriens ayant en effet convenu de la reprise des relations commerciales entre les deux pays dans un corridor sécurisé côté ivoirien.

Aussi, les deux pays se sont engagés à ne pas servir de "base-arrière" pour d’éventuels déstabilisateurs de l’un ou l’autre d’entre eux. Last but not least, ils ont promis de renforcer leur coopération en matière de défense.

Cependant, une question essentielle n’a pas trouvé de réponse adéquate au cours de cette rencontre, et devra certainement être discutée à Bamako en fin de semaine entre "ATT", Gbagbo et Compaoré, si tant est qu’elle intéresse aussi le Mali.

Il s’agit du contentieux des droits humains qu’une décennie de gestion ivoiritaire du pouvoir a généré. Les Burkinabè plus que quiconque ont pâti de ces violations massives du droit à la vie et à la propriété depuis 1999.

On est mémoratif que courant septembre 1999, plus de 10 000 Burkinabè avaient été expulsés de Tabou (Sud-Ouest ivoirien) et leurs biens pillés. Après Tabou I, il y eut Tabou II en 2000 avec toujours les mêmes scènes et actions macabres à l’encontre des allogènes burkinabè.

Déjà, le prétexte pris était l’implication "néfaste" du Burkina Faso dans la politique intérieure ivoirienne. Après septembre 2002 et "l’indexation" du Burkina Faso, la "chasse" aux Burkinabè pouvait reprendre de plus belle.

Entre-temps, il y avait eu Yopougon en octobre 2000 (les victimes avaient été "ciblées") et le complot de janvier 2001 qui avaient vu de nombreux Burkinabè tués. Le rubicon sera franchi avec le rudoiement de notre ambassadeur, la mise à sac du domicile privé de l’épouse du président Compaoré à Abidjan et celle de notre consulat à Abidjan.

Autant de faits et d’événements organisés qui ont permis au Burkina d’établir un mémorandum clair et précis, chose que les autorités ivoiriennes ont rejetée lors des travaux, en mettant tous ces crimes sur le compte de la guerre. C’est ce contentieux qui doit être vidé à Bamako en toute responsabilité et sans parti pris. C’est "l’esprit ivoiritaire" qui avait amené Abdoulaye Wade à affirmer "qu’un Burkinabè endure plus de souffrances en Côte d’Ivoire qu’un Noir en Europe" qu’il faut "tuer".

Le remède existe avec Marcoussis, une "potion" amère certes, mais nécessaire. Si les trois hommes en conviennent, Accra III sera forcément une réussite.

Boubakar SY
Sidwaya

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