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Suspension des activités d’orpaillage en saison pluvieuse : Le ministre Kader Cissé veille au grain

Publié le mercredi 12 août 2009 à 01h21min

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Après le Sud-Ouest, le ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, Kader Cissé, a poursuivi le lundi 10 août 2009, sa tournée sur les sites d’orpaillage de la Comoé afin de constater de visu l’effectivité de la mesure de suspension de l’exploitation artisanale d’or. Le constat est qu’à Dramandougou dans la commune rurale de Tiéfora et à Niarebama dans le village de Diarrabakoko, commune de Banfora, les exploitants ont compris le bien-fondé de cette décision en abandonnant les puits d’or au profit des activités agricoles.

Le 9 août 2008, 34 orpailleurs ont péri dans des puits d’exploitation artisanale d’or à Konkéra dans les environs de Batié. Surpris par des vagues d’eau au fond du trou, ces audacieux à la recherche du métal jaune n’ont pas eu d’échappatoire. Pour éviter un tel drame à l’avenir, le gouvernement a pris des mesures préventives. C’est l’esprit de l’arrêté interministériel conçu par les ministères de la Sécurité, de l’Administration territoriale et des Mines, des Carrières et de l’Energie, à la suite de cet accident. L’une des décisions-phares de cet arrêté est la suspension temporaire, en saison pluvieuse, des activités d’orpaillage. L’objectif du séjour du ministre Kader Cissé, sur ces deux sites de la province de la Comoé est non seulement de constater l’effectivité de l’application de cette mesure, mais aussi d’échanger avec les différents acteurs impliqués dans l’exploitation de ces sites sur leurs préoccupations. « Je suis venu vous dire que c’est dans votre intérêt que nous avons pris cette décision », a expliqué le ministre Kader Cissé.

Sur le site de Niarébama difficile d’accès, près de mille âmes y vivent depuis 2007, de l’exploitation du métal précieux. De l’avis de Aristide Ilboudo, détenteur d’un permis d’exploitation, ce site comporte peu de risque en ce sens que les trous d’extraction d’or sont peu profonds. Ils varient entre 0,5 et 2 mètres. Malgré cela, les activités ont été suspendues en application des textes. En attendant le 30 octobre 2009 pour la reprise, les orpailleurs se sont reconvertis dans les activités agricoles. Prenant de petites portions de terre par-ci, par-là, ils s’occupent dans des champs de maïs, de mil et d’arachide. Le ministre Kader Cissé a surtout insisté auprès d’eux, sur les risques encourus par l’activité aurifère pendant la période des pluies. A son tour, le maire de Banfora, Souleymane Soulama, a saisi la balle au bond pour déplorer le manque de retombées économiques au profit de la commune en dépit de l’intensité des activités
sur le site.

Le code minier bientôt en relecture

Même son de cloche du côté du maire de la commune rurale de Tiéfora qui s’est inquiété de la prolifération des sites aurifères dans sa commune. Au total, huit sites sont exploités dans sept villages. Les orpailleurs à la recherche du trésor caché, a déploré Sidiki Koné, font fi de toute considération des autorités et des coutumes. « Lorsque nous avons voulu connaître les propriétaires des sites d’orpaillage et la nature des contrats qui les lient à l’Etat, quelle n’a pas été notre difficulté ». Et d’insister sur le fait que cette activité ne génère aucune ressource pour le budget communal. « Après des années d’orpaillage, notre environnement est parsemé de galeries qui mettent en danger la vie des orpailleurs », explique-t-il.

En 2008, un orpailleur a péri suite à un éboulement et chaque année, le bétail y tombe, même souvent des bergers. Et Sidiki Koné de relever que parallèlement, « le vol de bétail est devenu récurrent dans les villages abritant les sites et au plan sanitaire, les infections sexuellement transmissibles et le SIDA sont fréquents, de même que la consommation de la drogue dure et le développement du banditisme ». Visiblement remonté contre les orpailleurs, le bourgmestre a sollicité du ministre, une plus forte implication des collectivités dans la délivrance des permis d’exploitation des sites aurifères. En réponse, le ministre a annoncé la relecture très prochaine du code minier pour l’adapter au nouveau contexte de la communalisation intégrale. L’actuel code date de 2003, avant donc la communisation intégrale.

A cette époque, a précisé le ministre, il n’y avait que 10 sites contre 270 en 2009. « L’orpaillage fait vivre directement près de 700 000 personnes et nous ne pouvons pas fermer les yeux là-dessus », a soutenu le ministre Kader Cissé devant les orpailleurs fortement mobilisés à Dramandougou. Un atelier national est annoncé pour recueillir les préoccupations des différents acteurs. Mais ce que l’on sait d’ores et déjà, c’est que des taxes seront instituées au profit des communes rurales. Autre point, le cahier des charges des exploitants des sites s’annonce plus contraignant. Leur rôle social, de préservation de l’environnement et de la santé des orpailleurs sera plus accru. S’adressant aux orpailleurs, le ministre leur dira ceci « La vie est très importante et vous ne devez pas la risquer ». Avant de quitter les lieux, le ministre et sa suite sont allés constater des trous d’extraction à l’abandon. Les puits dont certains avoisineraient 30 mètres de profondeur, sont recouverts de bâches et de bois en attendant la fin des pluies.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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