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REFERENDUM AU NIGER : Le "oui" l’emporte, le coup d’Etat aussi

Publié le lundi 10 août 2009 à 01h48min

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C’est fait et c’est le contraire qui aurait fait écarquiller des yeux de hibou. Mamadou Tandja, contre vents et marées, est arrivé à ses fins : 92,5 % des 68,26 % des Nigériens qui ont voté le 4 août, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ont dit "oui." Oui au mandat illimité. Oui à un Tandja plénipotentiaire et omnipotent. Bref, oui au tazartché.

L’opposition a beau s’offusquer et clamer à qui veut l’entendre que le taux de participation réelle ne valait que 7 %, le lait est trait. Comment l’opposition l’ingurgitera-t-elle, ce lait ? Enfourchera-t-elle le cheval brûlant et bruyant des manifestations de rue ? Croiser le fer avec le pachyderme destructeur de Tandja, et enrayer ainsi les performances économiques et politiques du Niger ? Et dans ce cas, l’armée restera-t-elle… muette ou va-t-elle recouvrer l’usage de la parole ? Autre inconnue, le FDD (Front pour la défense de la démocratie) et consorts bouderont-ils les législatives d’octobre prochain ? Il faut souligner d’ailleurs que le résultat ne serait pas meilleur s’ils participaient à ces élections législatives. La nouvelle Constitution nigérienne, concoctée par le président nigérien, a pris le soin de n’accorder à la future Assemblée nationale qu’un pseudo pouvoir de contrôle et de sanction sur l’exécutif. Reste la dernière hypothèse : les rangs des anti-tazartché vont-ils se disloquer pour aller grossir le nombre des tazartché ? Va-t-on vers une opposition sans âme et sans objet dans ce régime dictatorial ? Les prochains jours dissiperont tout ce brouillard.

Pour l’instant, et dans tous les cas de figure, Mamadou Tandja a engagé son pays sur un chemin de fer dont les rails sont très instables et dont la gare de destination risque d’être un précipice. Comment le maître de Niamey compte-t-il gouverner dans ce pays dont la partie éclairée et avertie de la population grogne contre lui ? Utilisera-t-il ses super pouvoirs contre tous ceux qui oseraient s’opposer à sa gouvernance ? Dire oui à cette question ne serait pas trop osé, jusqu’à preuve du contraire.

Au plan international, même si la CEDEAO et l’Union africaine (U.A) comptent pour des sauterelles dans la besace politique, économique et budgétaire de Tandja, l’Union européenne, elle, vaut deux cuisses de dromadaire. Mamadou Tandja restera-t-il fidèle à sa parole en dirigeant le pays "sans avoir besoin de la communauté internationale", comme il l’a martelé il y a quelques jours ? Et la communauté internationale, elle, quelle sera son attitude ? Elle qui, en essayant de s’ériger contre le tazartché, s’est fait envoyer valdinguer d’un revers de boubou par le président nigérien. N’est-il pas temps de trouver autre chose que ces sanctions solennelles, mais sans conviction, qui n’arrivent plus à vaincre les chefs d’État récalcitrants ?

Par Abdou ZOURE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 10 août 2009 à 22:46, par sauvy En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le "oui" l’emporte, le coup d’Etat aussi

    Bien cher journaliste,
    Ce qui arrive aujoud’hui au Niger affecte tout le continent à mon avis. Je vous assure que nous nous sommes vus 20 ans en arrière si non 30 ans par rapport aux espoirs des années 1980. Je pleure pour mon continent. Pendant que les autres se battent pour conquérir la planète Mars, nous on peine à donner à manger à nos populations et on se plaire dans les tripatrouilles de constitution. Honte à Tandja et ses alcolytes. Je comprend l’opposition, ils n’ont pas les moyens et cela peut arriver nimporte ou en Afrique. Les efforts de Mandéla, de Konaré, de Kérékou et autres sont vains avec ces tripatrouilles genre Tandja. je conseille à l’opposition, aux syndicats, à la société civile, de rendre le pays ingouvernable. je préfère une situation d’exception, qu’une démocratie de façade que nous propose Tandja. Je sais que je souleverai un tolet en préconisant une telle solution, mais voyez, Tandja n’est pas du genre avec qui il faut dialoguer. Il ne connait que le langage de la force.
    Merci

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