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DEMISSION DU PRESIDENT DE LA CENI EN MAURITANIE : Un coup d’épée dans l’eau

Publié le lundi 27 juillet 2009 à 01h34min

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Sid Ahmed Ould Deye

Le jeudi 23 juillet 2009 au soir, le Conseil constitutionnel mauritanien confirmait la victoire de Mohamed Ould Abdel Aziz, cassant le cou aux recours des trois candidats malheureux. Cette confirmation en elle-même ne fut pas surprenante. C’est plutôt la démission quelques heures plus tôt du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a détonné comme un croassement de corbeau dans un concert de rossignols.

Sid Ahmed Ould Deye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a claqué la porte de la CENI sous prétexte qu’il avait des "doutes" sur la "fiabilité" du scrutin. Cette attitude a pondu quelques questions. Pourquoi avoir attendu d’être à l’orée de l’investiture de Abdel Aziz avant d’émettre ces doutes, lorsqu’on sait que Deye a été à la tête de la même CENI qui déclarait quelques jours plus tôt que le scrutin a connu des irégularités mais qui n’entacheraient pas sa crédibilité ? Ou alors, aurait-il fini par croire aux fameux "OVNI électeurs" de Ould Daddah ? Etant représentant de la société civile, il ne serait pas étonnant que Deye ait fini par se laisser convaincre que Mohamed Ould Abdel Aziz a effectivement utilisé une technique digne d’extraterrestre pour gagner les élections.

Ou existerait-il de réelles et graves irrégularités ? En tant que président de la CENI, Ould Deye est de fait perché sur une sorte de tour de contrôle qui lui permettrait de déceler les larcins. Dans ce cas, est-ce la conscience d’avoir été utilisé comme un drap pour tenir au chaud les supposées fraudes de Abdel Aziz qui l’aurait motivé à démissionner ? Sa conscience le gronderait-elle devant une possible trahison de sa part vis-à-vis de ses campagnons de bataille ?

Moult questions s’accumulent et se bousculent. Mais il n’est pas à espérer que des réponses les disperseraient, en tout cas, pas venant de la bouche de Deye, qui affirme qu’elle est cousue par les fils d’un devoir de réserve. Qu’à cela ne tienne. Même si un cadavre ne revèle pas sa présence par sa voix, son odeur finira par le faire. Pour le reste, cette démission de Deye fait partie de ces petites épines qui s’accrochent à quelques fils du manteau présidentiel sans néanmoins pouvoir le décrocher des épaules de Ould Abdel Aziz.

Aussi, Ould Daddah et ses compagnons devraient-ils à présent cesser de s’agiter car à cette allure, ils finiraient par revêtir, eux, les guenilles des mauvais perdants. De plus, fraudes ou pas, leur adversaire a maintenant l’aura protectrice de la loi sur lui et le fouet du pouvoir en main. Lui présenter le postérieur et Abdel Aziz n’hésiterait pas à le rouer de coups avec ledit fouet, et paisiblement, puisque son crâne et ses oreilles sont protégés par le parapluie de la loi. Les opposants gagneraient par conséquent à accepter l’évidence, car lorsqu’un vent est plus fort que soi, lui faire obstinément face, c’est faire preuve d’inconscience.

Par Abdou ZOURE

Le Pays

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