LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Lutte contre la fraude : Le cri de détresse des industries de Bobo

Publié le mardi 21 juillet 2009 à 02h04min

PARTAGER :                          

La coordination des travailleurs de l’industrie pour la lutte contre la fraude a animé mercredi dernier dans l’après-midi un point de presse. A l’ordre du jour, des échanges avec les hommes de média, la situation jugée critique des industries dans la ville de Sya. Pour la coordination, il faut arrêter et le plus vite possible ces vagues de licenciements et autres menaces de fermetures d’unités. Des pratiques devenues monnaie courante et qui continuent d’affecter la zone industrielle de Bobo troublant ainsi le sommeil des braves travailleurs encore en activité.

Au moment même où débutait cette rencontre avec les journalistes, un des membres de la coordination nous apprenait que l’effectif de la CBTM venait de connaître le même jour, un rétrécissement avec le licenciement d’une trentaine d’employés.

Il ne s’agit pourtant là que d’un exemple parmi tant d’autres si l’on s’en tient à la déclaration liminaire du président de la coordination et surtout à ce tableau synoptique qui permet de mesurer la gravité de la situation du fait de la chute vertigineuse de l’effectif global des travailleurs à la zone industrielle de Bobo et à la SN-SOSUCO.

Selon le document, il ressort que de 21 987 travailleurs en 2000, il n’en restait plus que 16 104 en 2008. Ce chiffre ne prend cependant pas en compte les récentes compressions opérées à la SN CITEC, à la SIFA ou encore à la CBTM. Outre ces mesures de restriction des effectifs par les employeurs, les travailleurs, selon la coordination, sont aussi confrontés à la perte éventuelle de leur outil de travail.

Des unités industrielles comme la CBTM qui se préparent à mettre la clé sous le paillasson (si ce n’est déjà fait) viendront s’ajouter bientôt à d’autres structures comme la SIFA, la SAP, la SN SOSUCO et la SN CITEC, si rien n’est fait pour les extirper de ce climat délétère dans lequel elles évoluent. A entendre les conférenciers, la situation va de mal en pis au fil des années et la plupart des unités sont actuellement au bord du gouffre. Il faut donc agir pour sauver ce qui peut encore l’être.

Tel semble être le leitmotiv de cette coordination qui dénonce avec une certaine énergie la fraude qui sévit au Burkina. Un phénomène qui est en train de prendre des proportions inquiétantes et qui serait à leurs yeux la cause profonde du marasme de nos industries.

"A l’heure où je vous parle, nous avons recensé 20 000 tonnes de sucre invendues à la SN SOSUCO, et 20 000 tonnes d’huile stockées à la SN-CITEC. Certaines unités comme la SAP, les GMB, les GMF ou winner industrie connaissent aussi des méventes. Et quand on n’arrive pas à écouler sa production, il faut forcément arrêter les machines.

Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui. Cette situation est due au fait que le marché burkinabé est actuellement inondé de produits frauduleux. Et la concurrence déloyale à laquelle sont confrontées nos industries est plus que jamais compromettante pour leur survie", a déclaré le président de la coordination, Aboubacar Diawara.

La lutte contre la fraude semble être un vain mot au Burkina et les conférenciers de s’en prendre ouvertement au ministre Mamadou Sanou qu’ils accusent de garder un silence coupable face à la situation et d’être plus préoccupé par le commerce et l’artisanat que par ces industries qui se meurent à petit feu.

Toujours est-il que pour la coordination, l’Etat jusque-là n’a rien pu faire pour juguler la fraude dont les principaux acteurs, selon les conférenciers, seraient les intouchables de la république. "Au Burkina, les textes sont clairs en matière de lutte contre la fraude.

C’est dans la pratique qu’il y a énormément de difficultés. Et en plus, les autorités se permettent encore d’exiger des industries déjà mal en point le rachat des produits saisis par la douane. Rien que pour cette année 2009, la SN SOSUCO a déjà dépensé inutilement plus de 30 millions pour le rachat des produits saisis et qu’il faut détruire".

Après les multiples démarches qu’elle juge infructueuses auprès du président de l’Assemblée nationale, du ministre du Commerce et de l’UEMOA, la coordination interpelle désormais le chef de l’Etat Blaise Compaoré afin qu’il s’implique personnellement dans cette lutte contre la fraude au Burkina. C’est à ce prix que "nous pourrons sauver les emplois et éviter dans le même temps à notre pays une catastrophe sociale", a conclu Abdoulaye Diawara.

Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 juillet 2009 à 11:49, par TIBO NEW YORK En réponse à : Lutte contre la fraude : Le cri de détresse des industries de Bobo

    Merci beaucoup mr DIAWARA,
    votre effort pour la survie de nos unites est sans doute honorable.Je prie dieu pour que le chef de l’Etat lise l’article et nous pousse sinon l’industrie a bobo est entrain de mourir.
    Patron Blaise,s’il te plait prend la chose en main et aide nous sinon nous allons disparaitre.

  • Le 21 juillet 2009 à 16:08, par le bon citoyen En réponse à : Lutte contre la fraude : Le cri de détresse des industries de Bobo

    Bonjour à tous

    Je pense que si cette coordination a vu juste en rappelant la nécessité de sauver l’industrie bobolaise, elle s’est trompée de cause. La vraie raison est la mondialisation. Prenez l’exemple de CFAO, La Yamaha V80 est vendu à plus de 1 300 000 FCFA, les Djakarta et autres reviennent quelque soit les taxes imposées à moitié prix, comment la CFAO pourra tenir devant ces concurrents ?

    J’ai été écœuré de voir qu’au renouvellement des bureaux CDP du Houet, des jeunes ont chanté et montré leur confiance au CDP sans attirer l’attention des dirigeants sur ce problème qui, s’il n’est résolu, verra la mort certaine de Bobo Dioulasso.

    Le maire de Bobo a lancé un projet d’infrastructures à coût de milliard pour la ville. Moi à la place de ce maire, j’aurai proposé au gouvernement d’investir ces milliards dans les usines de Bobo pour améliorer leur compétitivité. La mairie récupérera ensuite les taxes pour les infrastructures.
    J’aime bien cette ville de Bobo Dioulasso et ça me fait très très mal de voir que cette ville connaitra un sort peu enviable si rien n’est fait pour sauver son industrie.

    Alors je lance un appel aux autorités, à la mairie de Bobo et à la population bobolaise pour qu’on ne laisse pas les choses se gâter pour courir derrière les solutions

    Bonne journée

  • Le 21 juillet 2009 à 23:31, par leadercheick En réponse à : Lutte contre la fraude : Le cri de détresse des industries de Bobo

    l’anarchie est le pire des fléaux aucune société aucun Etat ne pourra se développer sans industrie, ne rien dire , ne rien faire,et laisser progresser la contrefaçon c’est tué des emploies c’est compromettre l’avenir de notre industrie embryonnaire.
    dites à nos politiques de prendre les mesures nécessaires ;
    dites à nos douaniers de faire preuve d’une bonne conscience professionnel ;
    dites à nos commerçants d’arrêtés d’encourager la contrefaçon.
    il faudrait surtout que nos entreprises s’alignent sur le prix du marché et surtout d’éviter de profiter de leur position de quasi monopole pour fixer des prix hors de portés pour les Burkinabés

  • Le 27 juillet 2009 à 19:34 En réponse à : Lutte contre la fraude : Le cri de détresse des industries de Bobo

    Je pense que ya un manque de volonte de nos politiques.Sinon qu’est ce qui coute un premier ministre a voter une loi sur la fraude.Cette loi pourrait etre :< tout camion transportant un produit pour concurrencer une unite locale deja existante est automatiquement saisi et brule>.Autrement dit tout moyen de transport pris en flagrant delit transportant un produit frauduleux dans le but de concurrencer illegalement une unite locale,est automatiquement saisi et brule.qu’a meme mr tertius.Ca c’est dur ca ?
    renforcer la surveillance dans les frontieres,dotes la douane de moyens adequats pour chasser les fraudeurs,diminuer beaucoup de taxe sur l’industrieparmi tant d’autres solutions.Tertius ca c’est dur ca ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)