LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Sur les traces de nos ancêtres esclaves : Cape coast castle ou le château fort

Publié le jeudi 15 juillet 2004 à 08h09min

PARTAGER :                          

Dans le cadre de leur voyage d’études au Ghana, les étudiants du CFPI ont visité le château fort de Cape Coast le 10 mai 2004. Situé à environ une centaine de kilomètres d’Accra, le château fort de Cape coast a été, vers le XVe siècle, le lieu de transit de milliers d’esclaves noirs vers l’Europe et l’Amérique. Visite guidée.

Le château fort de Cape Coast est situé sur une colline au bord de l’Océan atlantique. Berceau de la souffrance des esclaves noirs, Cape coast porte les stigmates des misères endurées par les Noirs.

A l’entrée, des canons sont exposés. Des canons sont aussi placés sur le haut du château, seize à l’est et à l’ouest. Ils protégeaient la ville des assauts de l’ennemi. Dans la cour sont entassés des boulets. Notre visite commence par le musée où sont exposées les verreries et les pierreries que l’on échangeait contre les Noirs.

Monsieur David Yao MENSAH, notre guide, nous explique que le troc consistait à échanger un homme contre trois fusils, une femme contre un fusil et les verreries contre les enfants. Au mur sont accrochées les photos des grands hommes noirs qui ont marqué l’histoire : Marcus Garvey, Haïlé Selassié, Bob Marley, Martin Luther King, Elijah Mohamed, Mohamed Ali, etc.

Derrière ce mur se trouve cette image, grandeur nature, que ceux qui ont lu le livre d’histoire du cours élémentaire reconnaîtront : des esclaves enchâinés par le cou et dandinant les uns après les autres. Le musée de Cape coast castle regorge aussi d’objets traditionnels, des hamacs, des cannes, des parures des rois ashanti ainsi qu’une pirogue et ses rames. Ces objets donnent un aperçu de la vie quotidienne des Ghanéens. Ainsi, ce musée présente les traces de la traite négrière en même temps qu’il montre les richesses de la tradition ashanti.

Après le musée, nous visitons la grotte aux esclaves. Ce sont des grottes souterraines. L’entrée mesure environ 1 m 60. Nous l’empruntons en faisant attention à ne pas perdre l’équilibre, tellement la pente est raide et rude à descendre. D’abord, la prison des esclaves rebelles. C’est une enceinte d’environ cinq (5) mètres sur quatre (4) avec un toit en forme de coupole. Son système d’aération consiste en trois petites ouvertures par le haut, orientées vers l’océan Atlantique ; une autre ouverture est dirigée vers l’intérieur du château fort. Par cette dernière, un esclave soumis surveillait les esclaves rebelles. Dans ce lieu, explique le guide, étaient entassés près de 200 esclaves.

Alors que nous ne sommes qu’une trentaine de personnes, nous suffoquons et avons du mal à respirer. Qu’ en était-il alors des 200 personnes ? Nous sommes là, figés. D’une voix monocorde le guide nous explique : « Nos pieds foulent le sang, la sueur, la peau séchés de nos ancêtres noirs qui sont passés par là ». En effet, sur les murs, les traces de sang noircies et laissées depuis le XVe siècle sont encore visibles. Douloureux souvenir.

Pour embarquer, les esclaves sortaient par la porte du non-retour. De la grotte aux esclaves rebelles, un sinistre couloir nous conduit dans l’enceinte des esclaves soumis. D’une largeur légèrement supérieure à la précédente et composée d’un double compartiment, elle recevrait 800 personnes. Elle a par contre la même architecture que celle des esclaves rebelles. Elle est munie d’un observatoire par où les gardes surveillaient les esclaves.

Il n’y a ni lumière ni toilette ni eau. Les esclaves faisaient tous leurs besoins sur place. Ils ne mangeaient qu’une seule fois par jour et n’avaient pas le droit de communiquer sous peine de tortures sévères. L’observatoire de surveillance donnait directement sur l’entrée de la chapelle située au -dessus de la grotte aux esclaves. C’est de la prison des esclaves soumis que partait le tunnel donnant sur l’Atlantique.

Par celui-ci, aujourd’hui bouché, les esclaves étaient emmenés de nuit. Ils prenaient des pirogues pour embarquer dans les bateaux à voile anglais mouillant au large et en partance pour l’Amérique. Notre guide nous explique que le transport se faisait de nuit pour éviter que les esclaves ne sachent leur destination finale.

Ils sortaient par « la porte du non- retour » ("Door of non return" est écrit sur le fronton de la porte en sortant du château fort)" L’esclavage a été aboli en 1887. Depuis une cérémonie mémorable en 1998, il est écrit au verso de la porte du non-retour : « Door of return », « La porte du retour ». En allant à « La porte du non-retour », nous passons par la prison des femmes esclaves, identique à celles déjà visitées.

L’esclavage : une honte pour l’humanité

Nous débouchons sur l’océan atlantique par "La porte du non-retour" et observons les vagues qui viennent s’écraser sur les roches de la côte. Ces roches sont muettes, mais elles portent le témoignage des souffrances de cette multitude d’âmes emmenées de force vers d’autres contrées. Après les explications du guide, nous rentrons par "La porte du retour" pour visiter la chambre du gouverneur.

La terrasse de la chambre à coucher ainsi que celle de la salle à manger sont en bois venu spécialement de la Grande-Bretagne. Des fenêtres en vitre donnant sur l’océan captent « la climatisation naturelle » d’après les mots du guide. Face à la chambre du gouverneur, la tour de garde des sentinelles du château fort. Les gardes surveillaient le fort à partir d’une lumière qui, allumée sur un autre château, signalait la présence de l’ennemi.

Après le « room » (chambre en anglais) du gouverneur, nous visitons la salle de réunions des colons. Notre visite se termine par la lecture d’un écriteau fixé à la porte de la grotte aux esclaves. Il dit succinctement que l’esclavage est une honte pour l’humanité et qu’aucun peuple n’a le droit de faire souffrir un autre peuple.

Daouda Ouédraogo Ouaga - Accra - Ouaga

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique