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Microfinance en Afrique : La crise financière est passée par là

Publié le lundi 13 juillet 2009 à 03h37min

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La 4è conférence panafricaine sur la microfinance a refermé ses portes le jeudi 9 juillet 2009 sous de meilleurs auspices. Recommandation a été prise d’œuvrer à ce que la microfinance finance plus le monde rural et de l’ancrer dans un système inclusif. Et ce, bien que la crise financière mondiale ait secoué sévèrement le secteur.

Réduction du coût des transactions, introduction de nouvelles technologies dans l’offre financière, culture de la transparence et du professionnalisme, adoption d’une réglementation incitative, financement de l’agriculture, relecture des taux d’usure, défiscalisation… la microfinance se destine un nouvel avenir malgré un contexte de hautes turbulences. En tout, 36 communications ont permis aux 427 participants de faire ce pas en avant nécessaire et incontournable pour l’érection d’une inclusion financière des institutions de microfinance. Si hier, celles-ci voyaient aux banques un concurrent dans le financement des petites et moyennes entreprises sur le continent, aujourd’hui, on veut tourner la page.

Désormais, banquiers et praticiens du microcrédit ont décidé de parler de complémentarité notamment dans le financement de l’agriculture. « La microfinance largement implantée en milieu rural ne finance pas l’agriculture parce que les IMF ne disposent pas de ressources à moyen et long terme pour financer des investissements devant impulser une plus grande croissance de la production agricole.

Les IMF financent dans les zones, rurales la consommation, de petits prêts qui ne sont pas destinés à l’achat d’engrais, de pesticides. Ces crédits à court terme ne sont pas des prêts d’investissement », explique Rasmané Ouédraogo, consultant en microfinance. Financer l’agriculture impose dorénavant aux IMF de disposer de ressources à moyen terme.
Des recommandations ont ainsi été faites pour que les Etats et les banques centrales dotent les IMF de ressources longues en vue de pouvoir faire face aux investissements agricoles. « Nous avons souhaité au sein de notre organisation (NDLR : Association professionnelle des institutions de microfinance-APIM/Burkina) que la réflexion puisse servir à permettre un large accès de nos populations, que ce soit les individus, les entreprises rurales et urbaines, qu’elles aient un accès au financement.

Nous ressortons ragaillardis de cette conférence par l’ensemble des communications enrichies par les discussions et l’apport des universitaires.
Ce qui permettra à chaque institution de voir quelles sont les correctifs nécessaires à l’accomplissement de nos missions respectives », commente le président de l’APIM-Burkina, Mamadou Ouédraogo.
En cela, la présente conférence semble avoir fait un examen minutieux de l’offre de services financiers par la microfinance en Afrique. Des communications livrées par les praticiens et des universitaires ont ainsi balisé le terrain pour une microfinance plus efficace qui réduit les coûts de ses interventions en vue d’offrir des services abordables.
La microfiance doit se servir de systèmes comme les « mobil banking » pour se rapprocher des clients.

Il y a aussi le « branchless banking » qui consiste à offrir des services financiers à des populations éloignées sans avoir une agence sur place. « Nous avons appris comment développer des produits en étant plus à l’écoute des clients, développer des produits financiers pour répondre plus aux attentes de la clientèle », indique Rasmané Ouédraogo, consultant en microfinance.
Et le secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, Daniel Bambara de se réjouir de voir que cette conférence ait été une occasion d’échanges constructifs ayant permis d’appréhender les préoccupations de la microfinance. Toute chose qui, selon lui, aura un impact positif sur le quotidien des millions des familles adhérant au microcrédit.

Pour ce faire, la microfinance a besoin d’introduire le système d’intermédiaires qui peut également être un relais pour sa dissémination. Toutefois, les débats ont porté sur le rôle du secteur face à la crise financière internationale et l’impact de celle-ci sur la microfinance. Selon M. Ouédraogo, il ne fait aucun doute que « la crise a beaucoup touché les institutions au Nord ». Dans nos pays, dit-il, il y a une réduction d’environ 25 % des flux financiers. « Les IMF ne collectent plus autant d’épargne que par le passé. Les ressources collectées sont consommées immédiatement et il n’y a plus de financement pour soutenir la production. Ce sont les effets de la crise financière », avoue M. Ouédraogo. Une situation qui interpelle les IMF à cultiver les valeurs africaines de solidarité afin d’éviter les dérives constatées et vécues ailleurs si elles veulent résister à la crise.

S. N. COULIBALY

Sidwaya

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