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BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

Publié le lundi 6 juillet 2009 à 01h06min

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L’élément le plus remarquable du document final adopté par les participants au 13e sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu du 24 juin au 3 juillet 2009 à Syrte, en Libye, est sans doute le changement de nom de la Commission, qui a été rebaptisée "Autorité". Au-delà du changement de nom, la nouvelle structure composée de 12 membres dont un président et un vice-président, aura essentiellement pour mission la coordination des politiques de défense et des relations internationales.

Toutefois, les circonstances dans lesquelles a été adoptée l’Autorité commune, ainsi que le pouvoir apparemment limité dont elle est investie, suscitent quelque réserve quant à l’atteinte de ses objectifs. En effet, l’Autorité de l’UA est le fruit d’un compromis à l’issue de plus de quatre heures de discussions marquées par des divisions sur les compétences et le nombre de secrétaires de celle-ci, et le rythme de la réforme de l’Union. Preuve s’il en est besoin, que la querelle entre les partisans de l’union sans préalable, et ceux de la démarche progressive est loin d’être enrayée. Mais à ce propos, les précisions du président Jean Ping sont sans équivoque. L’Autorité n’empiétera pas sur la souveraineté des pays membres, et elle n’est pas la phase définitive de la création du gouvernement de l’UA.

Pour entrer en vigueur, l’accord doit être ratifié par les parlements des 53 pays membres, puis suivra la transformation de l’Acte constitutif de l’Union en vue d’intégrer les changements opérés. Le nouvel appareil n’aura donc pas les pouvoirs étendus comme l’a souhaité Mouammar Kadhafi, président en exercice de l’UA, et la formation d’un gouvernement panafricain ne sera pas pour demain la veille. N’en déplaise à ceux qui prônent l’avènement des Etats-Unis d’Afrique, sans être sûrs que les conditions nécessaires à une fusion viable sont réunies, mettant ainsi la charrue avant les boeufs. Si parmi ces derniers il s’en trouve qui méritent un crédit raisonnable étant donné qu’ils n’affichent aucune intention de vouloir profiter de la situation — c’est le cas entre autres du président sénégalais Abdoulaye Wade — il n’est cependant pas exagéré de faire preuve de méfiance vis-à-vis de ceux qui sont prêts à tout ou presque pour voir l’Afrique unie, peu importe les moyens employés et les conséquences d’une telle précipitation. Et l’on peut citer en exemple dans cette dernière catégorie de chefs d’Etat, le Guide de la révolution libyenne dont l’empressement semble cacher des desseins inavouables parce que peut-être aux antipodes des intérêts communs du continent.

Outre ses propos partisans, antidémocratiques et d’adepte du pouvoir à vie, certaines visites du président libyen dans certains pays africains, aux allures de campagne préélectorale marquée par d’extravagants bains de foules, ainsi que certains investissements très calculés faits à la tête du bénéficiaire et à coup de pétrodollars, sont autant de manquements qui font douter de la bonne foi du roi des rois africains. Et même s’il n’est pas superflu de penser comme celui-ci l’a exprimé pendant le sommet, que l’intégration du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) aux structures et procédures de l’UA contribuerait à résoudre les problèmes notamment de paix, de sécurité, de démocratie, de bonne gouvernance politico-économique, d’intégration et de coopération sous-régionale, l’on ne peut s’empêcher de se demander si les mots du colonel ont été bien pensés, ou s’ils valent aussi pour la pratique. Car on a toujours en mémoire ses déclarations partiales en Mauritanie où il était censé tenir sinon des propos véridiques, du moins un langage d’apaisement du fait de la tournure prise par la crise dans ce pays. L’on n’oubliera pas non plus de si tôt les expulsions de ressortissants africains par les autorités libyennes.

Toutes choses qui laissent entrevoir une absence de sincérité dans les prétentions de Kadhafi, tellement le hiatus entre ses actes et ses promesses est considérable. De là à penser que ce dernier veut réaliser, et le plus vite possible, puisqu’il est de loin un ex-jeune, l’unité africaine surtout pour s’en servir comme sa chose personnelle et par la même occasion inscrire son nom en lettres d’or dans les annales de l’histoire de l’ Afrique, il n’y a qu’un pas que les vrais acteurs de l’unité du continent, par précaution, ont vite fait de franchir. Et les raisons pour aller progressivement mais sûrement à la réalisation des Etats-Unis d’Afrique sont à la fois légion et valables. Quand on sait que dans une entreprise comme celle consistant à unir tout un continent, du début dépend la fin, pour que ce projet ne fasse pas l’effet d’un feu de paille, il est impératif d’en poser de vrais jalons. Les regroupements étatiques d’envergure continentale comme l’Union européenne dont les retombées sont de nos jours palpables et enviables ne se sont pas réalisés en si peu de temps.

Des étapes élémentaires sont utiles et pourraient consister en un renforcement des regroupements sous-régionaux existants, en y créant les conditions de paix, de sécurité, de démocratie et de libre circulation des personnes et des biens, sans lesquelles toute tentative d’union à l’échelle continentale serait vouée à l’échec. Et pourquoi, afin de faire la preuve palpable de leur sincérité, les chefs d’Etat qui s’estiment prêts pour l’union définitive et totale ne formeraient-ils pas un club au sein duquel ils créeraient toutes les conditions sus-citées en supprimant par exemple les contraintes de déplacements et d’échanges entre leurs pays ?

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2009 à 09:37, par PERSEVERANCE En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

    Merci cher journaliste pour le rafraîchissement de la mémoire. A dire vrai, je ne crois pas en la sincérité de ce quidam qui nourrit des ambitions cachées tant ses desseins sont inavoués. On ne saurait prôner l’unité si on s’en prend aux autres en les chassant de son pays. Les beaux et mielleux discours n’arriveront à convaincre personne si nos actes, comportements et attitudes révèlent le contraire de ce que nous disons. D’ailleurs, il convient de lui rappeler qu’il est loin d’être le géniteur de ce qu’il prétend défendre. Qu’il se garde de récupérer les idées d’autrui pour assouvir ses instincts égoïstes. En outre, on remarque que ce quidam n’est qu’un opportuniste. Après son échec cuisant pour le panarabisme, il nourrit l’espoir de ratisser large en se tournant vers l’Afrique. Pensez-vous que les Arabes se considèrent Africains ? J’en doute fort.

    • Le 6 juillet 2009 à 20:21, par Paris Rawa En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

      Il faudrait déjà un minimum de règles pour la présidence en exercice de l’UA : Pourquoi des aventuriers (putschistes, tripatouilleurs constitutionnels, présidents à vie, héritiers du pouvoir) qui n’ont jamais été vraiment élus par leurs propres peuples auraient-ils le droit de présider et représenter, au plus haut niveau, tout le continent africain ?! Pourquoi ?? La seule règle de rotation suffit-elle pour nous imposer d’avaler de telles couleuvres ?

      Pourquoi voudrait-on que des pays sérieusement démocratiques acceptent de céder une part de souveraineté qui serait ensuite exercée par Mugabé et ses copains du club "UA" des chefs d’états ? Si c’est le peuple qui est réellement détenteur de la souveraineté et qui investit et contrôle ceux qui l’exercent en son nom, comment prévoit-on cette élection et ce contrôle à l’échelle du continent ? Place à un Référendum ? Le rôle d’un Parlement Africain ? Quand l’UA et sa commission se targuent de ne plus accepter la prise du pouvoir par la force militaire ou par la rue, comment se fait-il alors que l’UA se laisse présider (pour ne pas dire violer et ridiculiser) par ceux-là même qui ont accompli de telle forfaitures dans leur propre pays ? J’aimerais tant que les chefs d’états vraiment démocrates aient le culot de se rebeller au sein du club pour réclamer plus de respect pour l’organisation Africaine. Auront-ils ce courage un jour ?! En tout cas les peuples sont murs et n’attendent que de vrais leaders pour les aider à se libérer de leurs kidnappeurs et à réaliser l’intégration africaine réelle.

      Quelqu’un a chanté : "Allez dire aux hommes politiques qu’ils enlèvent nos noms de leurs busness : on a tout compris !" A moins que ces politiciens se décident enfin à s’occuper sérieusement de nos busness à nous !

  • Le 6 juillet 2009 à 09:54, par lilboudo En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

    "Et pourquoi, afin de faire la preuve palpable de leur sincérité, les chefs d’Etat qui s’estiment prêts pour l’union définitive et totale ne formeraient-ils pas un club au sein duquel ils créeraient toutes les conditions sus-citées en supprimant par exemple les contraintes de déplacements et d’échanges entre leurs pays ?".

    Problème bien posé ! Pourquoi expulser des Africains de son territoire, et être à la fois partisan d’une union ici et maintenant ? Qu’adviendra t-il donc si l’union était faite ? Sera t-on vite rattrapé par le réalisme des égocentrismes nationaux ?

    • Le 6 juillet 2009 à 13:17, par ismael zizien En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

      ne pensez vous pas que ceux qui estiment ne pas être près cacherais aussi des ambitions personnelles ?
      s’il faut attendre de régler tout les problèmes d’afrique avant de l’unir, cette union n’est pas pour dans deux ciècle. il y a aussi des chef d’état qui on peur des changement que ça pourrais apporté la fragilisation de leurs pouvoir interne par qu’ils ne pourrons plus gérer les pays comme leurs entreprises !
      pourquoi ne demander l’avis de la population africane ? en faisant des référendum dans chaque pays ? attention pas comme on organise les élections au burkina mais libre et transparent !!! sans magouilles !
      commençons par un pas et s’il y a des des choses à régler ça se réglera par la suite.
      on n’a rien à perdre en s’unissant par contre tout à perdre en attendant que des chef d’état corrompus et poursuivis par la justice nous brouillent les pistes de libération !!!

      • Le 7 juillet 2009 à 01:08, par wend waoga En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

        Tout-à-fait d’accord avec toi,Ismael Zizien !Ces gens commencent à nous agacer avec leur "pas pret" !Dans la généralité,celà fait bientot 50 ans que les pays africains ont pris leur "indépendance" mais,jusque-là,personne n’est pret à quoi que ce soit ! Pour eux,des gens comme Sankara avaient surement de bonnes idées,mais "ils allaient trop vite,alors qu’il faut faire doucement !".Doucement en attendant quoi ? Que l’occident renonce à sa volonté de faire de l’Afrique une consommatrice potentielle et concurrentiellement innofensive ? Qu’elle n’ait plus rien comme richesse naturelle sur laquelle elle peut s’appuyer pour prétendre à une autosuffisance et à une réele indépendance ? Ou bien jusqu’à ce que nous soyions conditionnés à dire un jour à notre père ou à notre mère "Vas te faire foutre !" ? Jusqu’à quand devons-nous attendre pour etre prets ?

        • Le 7 juillet 2009 à 11:47, par ismael zizien En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

          neibéogo wend waoga !
          je crois qu’ils sont sincères ceux qui pense qu’on n’est pas près ! même nos intello suivent le chemin tracé sans pour autant se posés des questions.
          veulent-ils que les européens nous donnes la "permission"de nous unirent ? par ce que quand ça vient d’eux ont est tout de suite d’accord !
          dans le parcoure il n’est pas exclus de faire des erreurs c’est comme ça qu’ont grandis ! et surtout vaincre la peur de se prendre en compt !!!
          ils disent ici que les africains sont des grands enfants qui ne peuvent pas se mètres d’accord aurons t-ils raison ???
          passe une bonne journée bilfou m’saambiiga !!!

          • Le 8 juillet 2009 à 02:14, par wend waoga En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

            M’nedaa !je suis complètement désespéré,quand je vois le comportement de nos soi disant intellectuels !Laurent Bado a raison quand il dit qu’il ne s’agit pas d’etre seulement intellectuel,mais il faut etre aussi intelligent !Et nos dirigents sont assurément le premier,mais je doute du second !Nous voyons tous que ce chemin tracé n’est pas pour le bonheur de l’Afrique,pourquoi persister là-dessus ? De quoi nos dirigents ont-ils peur ? se ppourrait-il qu’ils fassent tout ce "béni-oui-ouisme" juste pour conserver leurs pouvoirs ? Ou bien se pourrait-il que s’ils ne suivaient pas la volonté du colon,un TSUNAMI pourrait s’abattre sur l’Afrique,ou bien une grande sécheresse pourrait s’abattre sur le continent ? Je me pose ces questions parceque je ne crois pas aux méfaits des embargots,car d’embargot sur les pays africains,j’en reve justement !Il y a trop d’assistance économique et alimentaire à mon gout !Je suis convaincu que c’est cela qui fait dormir nos dirigents sur leurs lorriers et non aucun sens de projection dans le futur pour le pays,puisque étant convaincus qu’en cas d’urgence,une aide viendrait de quelque part,et je déteste ca !

  • Le 6 juillet 2009 à 12:19 En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

    je suis tout à fait daccord avec les deux premiers intervenants.Il y’a des étapes à franchir pour espérer un jour réaliser les Etats unis d’Afrique( la paix sous régionale, la circulation libre des personnes et des biens dans les pays de l’union africaine, le renforcement de la démocratie .....). Comment vouloir réaliser les états unis d’afrique dans une afrique où il y’a des dictatateurs qui s’opposent même aux principes élémentaires de la démocratie.

  • Le 6 juillet 2009 à 12:49, par Africain En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

    Bonjour,

    A cette allure je pense qu’il vaut mieux ne plus dire que l’union fait la force. Certains ont raison de dire que c’est classe intellectuelle qui nuit au developpement, sans toutefois cherher a renter dans des precisions qui nous devieraient du debat. Il y a bien longtemps que gens veulent aller à cette union lentement et surement. Il n’est pas possible de dire oui à l’union quand la situation africaine actuelle vous dit peu de choses. Souffrance pour les populations africaines. je ne sais pas si l’important est l’avancé du continent ou empêché le col. kadaffi d’être à la tête de l’UA. Pourquoi pas accepter d’aller à l’union à la condition qu’il n’en soit pas le leader. Sa reponse à cette condition eluciderait beaucoup plus les questions.

  • Le 6 juillet 2009 à 22:17, par solar En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

    la dernière phrase (question) est très bonne ! ceux qui sont chauds n’ont qu’à commencé et on verra bien ! L’Union EUrop a évolué avec 6 pays, puis 15 et maintenant, elle est à 27 pays ! une union afr comme voudrait Mr le Guide compterait bien trop vite 53 pays donc 53 antités plutot très différentes et les reggrets vont vite voir le jour.une union,c’est bien mais c’est pas facile de s’unir ;dans une petite famille déjà,c’est la guerre donc imaginons 53 pays ! belle question !

  • Le 6 juillet 2009 à 23:11 En réponse à : BAGARRE AUTOUR DE L’AUTORITE DE L’UA : La pénible marche vers les Etats-Unis d’Afrique

    Pour commencer, il faut que le président nigérien quitte le pouvoir. Pour cela, les chefs d’états de la CEDEAO doivent le faire partir et veiller à ce que les constitutions ne soient plus tripatouillées. Comment peux t on parler d’une UA quand dans certain pays des présidents confisquent le pouvoir. Pour aller vers une UA, il faudrait que les constitutions soient respectées dans les espaces sous régionaux pour espérer un jour parvenir à une constitution qui régira tout ces chefs d’états et aussi le premier responsable de cette UA. Nos présidents doivent aussi comprendre que pour qu’une union se fasse il faut qu’ils acceptent de partir du pouvoir pour protéger aussi leurs relations.

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