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Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

Publié le vendredi 3 juillet 2009 à 02h28min

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Pendant quatre (4) heures d’horloge, de 9h à 12h45, les journalistes de Sidwaya ont "cuisiné" leur invité du mois de mai. Comme d’habitude, le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Laurent Sédogo ne manque jamais de mot et trouve toujours réponse à tout. La politique n’a plus de secret pour lui puisqu’il peut justifier d’une expérience de plus d’une vingtaine d’années. Le développement rural est sa passion ; il lui a consacré une thèse de doctorat. Sa fomation de militaire géographe est le socle sur lequel ce soldat du développement bâtit son expérience. Ce n’est donc pas par hasard qu’il se trouve aujourd’hui à la tête de l’un des plus gros départements ministériels du pays après avoir dirigé celui de l’Environnement et du Cadre de vie. A la salve de questions, le colonel de la paysannerie a placé ses obus droit au but.

Sidwaya (S.) : Le prix des céréales continue de grimper alors que le gouvernement dont vous êtes membre affirme que la production céréalière 2009 est excédentaire. Comment expliquez-vous cela ?

Laurent Sédogo (L.S.) : En effet, nous avons plusieurs fois été interpellés sur cette question. Le prix des céréales ont augmenté de façon inhabituelle, à tel point que l’on en arrive à douter des chiffres de la campagne agricole.

Certaines personnes ont même cru à une manipulation politicienne. Tel n’est cependant pas le cas. Vous n’ignorez pas que le gouvernement a investi beaucoup d’argent dans cette campagne agricole 2008/2009, afin d’assurer une bonne récolte aux producteurs et pallier la flambée des prix des céréales. Effectivement, la campagne agricole a tenu ses promesses. Ma hantise fut alors de voir les producteurs brader leurs productions à des commerçants qui les revendraient chères, plus tard.
Nous avons donc proposé et obtenu du gouvernement, l’achat et le stockage de céréales pour faire face à la période de soudure.
Vous avez certainement suivi, à l’époque, les nombreuses concertations entre le gouvernement, le secteur privé (Banques et professionnels du riz) les organisations de consommateurs, les organisations paysannes et les organisations professionnelles des producteurs, pour déterminer un prix plancher d’achat du kilogramme de riz aux producteurs, eu égard aux coûts de production et aux subventions consenties au secteur agricoles par le gouvernement. Malgré cela, les prix ont continué d’augmenter. Ainsi, le prix du sac de 25kg de riz décortiqué qui , entre le début et la fin du mois de décembre, n’excédait pas 9 000 FCFA dans les zones cotonnières, atteignait déjà à 10 000 FCFA, à la même période.

Cette situation peut s’expliquer d’une part, par la survenance de certains aléas non pris en compte dans les prévisions de la campagne agricole 2008/2009. En effet, au moment où nous déclarions un excédent céréalier de plus de 700 000 tonnes, les pays voisins qui, habituellement ravitaillent nos marchés, entre janvier et avril, ont connu des inondations et un déficit de production. Leurs commerçants se sont alors rabbattus sur les marchés burkinabè. Il en a résulté une hausse rapide des prix des céréales.
D’autrepart, la campagne agricole précédente na pas été suffisamment bonne. Il a certes été constaté un excédent céréalier, mais celui-ci était relativement faible. Les zones traditionnellement excédentaires se sont retrouvées déficitaires et vice-versa. Vous vous rappelez qu’en son temps, la campagne pluvieuse 2007/2008 a curieusement commencé au Nord. A Ouahigouya la pluviométrie avoisina même les 800 millimètres. A la fin de la campagne agricole, il a fallu d’abord, de part et d’autre, reconstituer les stocks, avant de ravitailler les marchés. Cela a favorisé la hausse des prix des céréales en cours.

Enfin, d’importants achats de céréales éffectués par certaines ONG, ont également favorisé cette hausse des prix des céréales. Les prix proposés par ces ONG ont été largement au-dessus du prix plancher convenu.
Dès lors, il était difficile de maintenir ce prix plancher, dans lequel cependant toutes les parties prenantes étaient sensées y trouver leur compte : aussi bien les paysans, les professionnels du riz, les partenaires financiers que les consommateurs. Nous avons donc demandé aux paysans de faire en sorte que les prix restent autour de 15 000 F le sac de 50 kg, pour le rendre plus concurrentiel auprès du consommateur Burkinabè. Mais le prix du riz était déjà le plus élevés de toutes les céréales. Alors que d’habitude, c’est plutôt l’inverse qu’on voyait. Tout cela nous a beaucoup instruit. Pour les prochaines fois, nous allons beaucoup discuter avec les organisations paysannes, pour que tout le monde comprenne que le meilleur support de la production est la consommation nationale. Si l’on décourage la consommation nationale, il n’y a pas de production.

Des prix spéculatifs déjà au niveau bord champ, à la longue n’arrangent pas l’économie nationale. Produire à 5 F et revendre à 10 F, pour avoir le maximum de profit en une seule campagne agricole, n’est pas une vision économique.
L’économie tient compte des facteurs, des coûts de production et de la marge bénéficiaire. S’il est vrai qu’il faut faire en sorte que les producteurs ne sortent pas perdants d’une compagne agricole, il est également indispensable d’œuvrer à ce que les prix proposés sur le marché ne découragent pas la consommation locale.

S. : Que dites-vous des producteurs et des commerçants qui stockent les céréales pour les revendre plus tard à des prix exhorbitants ?

L.S. : C’est tout à fait naturel et humain. Si le commerce de céréales est leur activité habituelle, c’est normal qu’ils essayent d’en tirer le maximum de profit. D’ailleurs, la question est revenue à la Journée nationale du paysan. Et la réponse du chef de l’Etat a été claire. Pendant plus de 20 ans, le prix à l’achat des céréales aux producteurs a stagné entre 6 000 F et 8 000 F. Par contre, pendant la même intervalle, le salaire des fonctionnaires a évolué. Cependant, les producteurs subissent également l’inflation comme les fonctionnaires et achètent les produits au même coût.
Eux aussi ont le droit de bien vivre du fruit de leur labeur. Pour les commerçants, c’est la même chose. La nature du commerce, c’est de faire du profit. Cependant, cela doit se faire selon les règles de l’art, dans le cadre d’une économie organisée. Ce que nous regrettons, c’est que le contexte économique sous régional et mondial actuel ne nous permet pas de mener une politique de production nationale capable d’accompagner le développement de l’économie. Et cela est remarquable depuis le lancement de l’action coopérative paysanne, avec l’installation des premiers paysans dans les périmètres aménagés de la vallée du Sourou. A l’époque nous avions estimé qu’il conviendrait d’établir une sorte d’équilibre, une péréquation entre la capacité nationale de production et le marché national, sous-régional et international. Autrement, nous n’allons jamais pouvoir renforcer la production du riz. Et c’est ce que nos constatons aujourd’hui. Nous devons profiter de la crise financière internationale, pour conquérir notre marché national. Le gouvernement est très engagé dans cette voie. Il faut donc que nous trouvions de bons mécanismes, pour ne pas décourager le consommateur à aller vers la production nationale. C’est à cela que nous allons travailler avec le ministère du Commerce, et surtout avec les producteurs et les commerçants.

S. : La diversification agricole que vous prônez actuellement est-elle un désaveu des politiques agricoles antérieures ?

L.S. : On peut dire beaucoup de choses sur cette question. Mais, depuis l’époque des ORD jusqu’à nos jours, nous avons toujours travaillé au développement rural selon un fil conducteur. Il est parfois arrivé d’explorer des pistes que l’on abandonne par la suite. Le développement, ce n’est pas de la mathématique.
Si en mathématique, 1 + 1 font 2, il n’en est pas ainsi en matière de développement. Le développement est une conjugaison complexe de beaucoup de facteurs. Si toutes les conditions ne sont pas réunies, on aura beau investir des milliards, mais sans atteindre les résultats escomptés. Cela engendrera des critiques certes, mais cel ne dépend pas du seul gouvernement. La preuve est que le monde entier s’est réveillé avec une crise alimentaire que personne n’avait prévue.

A l’époque des ORD, par exemple, l’objectif visé a été l’autosuffisance alimentaire. Le Gouvernement y a alors mis ce qu’il estimait être les moyens nécessaires pour atteindre cette autosuffisance alimentaire. Cela exigeait des producteurs, un changement de comportement, l’adoption de bonnes méthodes culturales. L’encadrement agricole rapproché était orienté vers ce but. Des encadreurs ont sillonné les villages pour apprendre aux paysans à cultiver en ligne, à lutter contre les ravageurs, …etc. Mais à un moment donné, on s’est rendu compte que cela ne suffisait pas. Dans les années 90, le gouvernement a changé de stratégies sous l’instigation des institutions internationales. Partant du principe que, puisque l’Afrique n’arrive pas à se nourrir par sa propre production, elles ont conlut qu’il fallait laisser le marché le faire. Aussi, comme l’Asie produit suffisamment du riz à moindre coût, était –il utile de le produire en Afrique, puisqu’il revenait beaucoup plus cher. Mais, l’évolution ultérieure nous a démontré que cette vision était érronée. Cela était prévisible dès le départ. C’est pourquoi dès l’année 2002, le gouvernement a élaboré une lettre de politique de développement rural décentralisée (LPDRD), sur la base de laquelle, a été élaborée une stratégie de développement rural (SDR).

L’un des axes majeurs de cette politique, est la maîtrise de l’eau. A cet effet, une stratégie de maîtrise de l’eau par le développement de la culture irriguée a été mis en oeuvre. Par la suite, un document guide de révolution verte a été adoptée pour opérationaliser la SDR. Il vise à intensifier la production agricole à travers le renforcement des investissements dans le secteur ( mécanisation agricole, sécurisation foncière, apports d’engrais et de semences), l’organisation et l’encadrement du monde rural et la liaison production-marché.
La grande difficulté est que cette démarche, fondée sur l’approche projets dans l’ensemble du secteur, a rapidement montré ses limites. Nous avons tiré beaucoup de leçons. Les stratégies actuelles se basent sur l’approche programme qui sert de fil conducteur.

A Ouahigouya, par exemple, les paysans ont produit beaucoup de céréales l’année dernière. Un rapide calcul démontre que le profit tiré de la vente de cette production sur le marché national est insignifiant par rapport à celui des tomates et des oignons qu’il produisent habituellement. La croyance à l’époque que, la seule production des céréales permettrait d’atteindre l’autosuffisance alimentaire est erronée. Le consommateur burkinabè ne se nourrit pas que de céréales. Nous devrions le savoir avant, mais je ne suis pas mécontent que nous le sachions à présent. Nous ne pouvons en vouloir à personne si nous n’avons pas pu jusqu’à maintenant, atteindre l’autosuffisance alimentaire. L’opinion s’en tient très souvent aux comparaisons complaisantes, perdant de vue le fait que nous devons rattraper en 40 ans, ce que les autres ont mis trois siècles à atteindre. Ce qui est utile c’est de compter sur nos forces réelles pour avancer.

S. : D’aucuns pensent que la stratégie agricole repose uniquement sur du spectacle pour faire venir les financements à Ouaga 2000 plutôt que dans le monde rural. Qu’en pensez-vous ?

L.S. : Je ne le crois pas.

S. : Par exemple quand on veut coûte que coûte planter des bananes à Djibo, n’est-ce pas faire du spectacle ?

L.S. : Ce que nous avons fait n’est pas de l’utopie. Dans le Namentenga par exemple, il y a des terres abandonnées parce que très dégradées. Nous avons pensé qu’avec le génie de l’homme, on peut amener de l’eau partout. Si nous avons pu faire pousser de la banane au sahel, ce n’est pas le sorgho que nous ne pouvons pas y faire pousser. Ce n’est pas du spectacle, c’est de la pédagogie. C’est pour montrer aux producteurs, que tout est possible. Aucune terre n’est définitivement dégradée. Dans les années 70, on a vu une grande migration des producteurs du Bam, du Lorum, du Yatenga etc, vers l’Ouest du fait de la dégradation de leurs terres. Heureusement, les plus intelligents sont restés. Je rends hommage de ce fait aux actions de certaines personnes comme le docteur Bernard Lédéa Ouédraogo et certaines ONG, qui ont œuvré à la récupération des terres dégradées. C’est ainsi que nous allons inverser la tendance pour restaurer nos écosystèmes détruits. Déjà, la densité des arbres a doublé en 10 ou 15 ans. Mieux, certains producteurs qui avaient migré vers l’Ouest, sont revenus progressivement dans leur village.

S. : Vous dites que vous avez tiré des leçons du passé alors que vous incitez des gens à faire la culture maraîchère, sans prévoir la transformation. Que dites-vous des tomates qui pourrissent dans les champs par faute d’écoulement ?

L.S. : Généralement, c’est quand vous vous blessez en trébuchant au seuil de votre porte que vous vous décidez enfin à le corriger. C’est ce qui nous est arrivé. Eh bien, nous avons Trébuché et nous sommes tombés. Pendant longtemps effectivement, nous avons mis l’accent sur la production végétale sans que les autres mécanismes ne suivent. Dans les années 2000, nous avons intensifié la production dans certaines filières si bien que nous nous retrouvons aujourd’hui avec des méventes. Après analyse, nous avons résolument opté pour une agriculture orientée vers le marché. C’est à cet effet que nous avons créé une direction générale de la promotion de l’économie rurale chargée de contribuer à la liaison entre la production et le marché. Le monde a changé et il faut changer avec. Nous sommes en train de tourner la page de l’agriculture de subsistance pour une agriculture commerciale intensive. Les dispositions sont prises pour que les producteurs adhèrent à cette vision. La construction de l’usine de transformation de la tomate et des fruits et légumes à Loumbila en est une. Si les producteurs se rendent compte qu’en produisant la tomate ils peuvent la vendre à un bon prix, ils s’engageront dans cette voie.

S. : La diversification de la production agro-sylvo-pastorale est-elle également une sorte de remise en question de votre politique agricole basée sur la culture du coton ?

L.S. : Il n’est pas mauvais de se remettre en cause de temps à temps. Tout homme sensé doit quotidiennement se remettre en cause. Je n’ai jamais eu peur de me tromper. Lorsque je suis convaincu d’une chose, je l’essaye jusqu’à ce que je me rende compte qu’il y a problème. En ce moment alors, je passe à autre chose. Avec le coton, nous reconnaissons aujourd’hui que la monoculture pose problème. Nous ne sommes pas les seuls dans cette situation. Les Ivoiriens avant nous ont vécu les conséquences néfastes de la monoculture avec le café-cacao. Pour corriger nos erreurs, nous nous sommes désormais lancés dans une logique de diversification agricole. Toutefois, sachez que le producteur du coton est en même temps producteur de céréales. La politique de diversification agricole s’accompagne de calculs économiques. Il revient aux producteurs d’identifier les spéculations les plus rentables à leur niveau et de les valoriser.

S. : Encore faut-il qu’ils arrivent à changer leurs habitudes alimentaires pour consommer ce qu’ils produisent.

L.S. : Nous ne demandons pas aux gens de changer leurs habitudes alimentaires. Si les Yadsé produisent de la pomme de terre, ils ne sont pas obligés de ne consommer que de la pomme de terre. Il leur suffit simplement d’utiliser une partie de leur bénéfice pour acheter des céréales. La politique que nous voulons mettre en œuvre est de faire en sorte que le paysan cesse de survivre pour devenir un véritable opérateur économique. Petit à petit, avec les discussions et les sensibilisations, nous allons y arriver. Déjà, la mayonnaise commence à prendre. Il suffit de faire une analyse des foires que nous organisons (telles que la foire du Yatenga, la fête de la pomme de terre...) pour se rendre compte qu’il y a de plus en plus une prise de conscience chez les producteurs.

Notre salut viendra de l’organisation de notre marché national. Nous avons 14 millions de Burkinabè donc 14 millions de consommateurs. En ville, tout le monde mange le riz. Cette consommation s’accroît chaque année de 5 à 6 %. Nous n’allons pas importer du riz du Vietnam ou de la Thaîlande pendant que nous pouvons le produire dans nos plaines. Nous pouvons même aller plus loin pour voir comment conquérir le marché sous régional. Des Hollandais m’ont confié que le meilleur haricot vert qui se trouve sur le marché hollandais est le haricot vert du Burkina Faso qu’ils ont découvert au Ghana. Mon collègue ivoirien m’a dit également que son pays est gros consommateur de haricot vert, mais qu’il ne savait pas que nous en produisons beaucoup. L’ivoirien est aussi un gros consommateur de pomme de terre et de viande. Ces trois produits suffisent aux producteurs du Yatenga pour aller à la conquête de marchés extérieurs. En outre, Les pays côtiers consomment le haricot ou « benga » (niébé), en grande quantité. Le Nigeria par exemple, représente un marché de plus de 140 millions de consommateurs. Dire donc que le Sahel n’est pas une zone de production agricole est un cliché ancien qu’il convient d’abandonner. Nous disposons de beaucoup de potentialités et les pays côtiers ont également besoin de nous.

S. : Après le coton génétiquement modifié, on entend parler de niébé et de sorgho génétiquement modifiés. Qu’est-ce qui conforte le gouvernement dans cette lancée ?

L.S. : N’allez pas trop vite en besogne. Pour l’instant, nous sommes à la phase des tests scientifiques. Nous n’avons pas dit que cela faisait partie de nos politiques. Ce sont nos chercheurs qui ont fait la proposition de produire du niébé génétiquement modifié eu égard aux difficultés de production et de conservation de cette spéculation. Le gouvernement a quant à lui choisi d’inciter à la culture de coton OGM parce que l’une des graves contraintes de la culture de coton, qui en baisse le rendement, est la nécéssaire lutte contre les insectes ravageurs avec des produits chimiques qui ruinent la santé des producteurs. Les OGM, permettent de palier ces contraintes, en intégrant dans les gènes de la graine du coton génétiquement modifié un principe qui lutte contre le principal ravageur du coton. Grâce à cette trouvaille, les producteurs ne traitent plus leur champs que deux fois, au lieu de 6 à 8 fois. Ainsi, ils gagnent en argent, en temps et en santé.
Pour le niébé également, la contrainte majeure reste les ravageurs. Nos chercheurs ont d’une part trouvé une meilleure alternative de conservation par le triple ensachage. D’autre part ils ont découvert le principe qui permet d’intégrer dans les gènes de la graine même du niébé génétiquement modifié, un principe actif qui lutte contre les ravageurs du niébé. Nous attendons de voir ce que cela va donner concrètement. Mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là. Nous sommes toujours au stade de curiosité scientifique.

S. : Où en sommes-nous avec la vente de tracteurs subventionnés aux producteurs ?

L.S. : Nous avons en effet acquis 700 tracteurs grâce à l’opération Team 9 de mécanisation agricole. Cela, d’ailleurs, ne constitue pas une première. Il y a eu beaucoup d’opérations de ce genre. C’est sur la base des expériences passées que l’opération actuelle est organisée. Plus de 450 tracteurs ont été déjà vendus. La demande est forte. Malheureusement les moyens ne suffisent pas à accompagner les acquéreurs. Il conviendrait par exemple d’assurer le service après vente, pour la fourniture de pièces de rechange et les réparations. Nous prévoyions d’ouvrir trois ateliers pour la maintenance de ces tracteurs, mais jusqu’à présent aucun atelier n’a encore vu le jour. En outre, nous ne disposons plus de remorques pour les tracteurs de 40 chevaux restants. La recherche de solutions est en cours pour résoudre ce problème d’ici le mois de juillet 2009.

S. : Depuis que vous avez parlé d’agrobusiness, les paysans craignent que des gens qui ont les moyens ne viennent prendre les bonnes terres à leur détriment. Qu’en dites-vous ?

L.S. : D’abord être agrobusiness-man, ce n’est pas être un “agro-dealeur” ou faire de la spéculation foncière. Je crois que cette mauvaise compréhension est partie d’une traduction tronquée du concept en français. En anglais, le mot « agri-business » est un concept.

L’idée est de faire de l’agriculture une activité économique sur une base entrepreneuriale. Un vrai entrepreneur agricole ne prend pas la terre dont il n’a pas besoin ou qu’il aura du mal à mettre en valeur. Pour produire de la fraise par exemple, on n’a pas besoin de beaucoup de terre. En Israël, ils font 100 tonnes de fraises à l’hectare. Pour nous, les agrobusinessmen qui se taillent de grands domaines pour ne rien en faire ne sont pas des agriculteurs. Un agriculteur doit maîtriser ces facteurs de production.

A ceux qui se plaignent, ou qui ont peur d’être dépouillés, je voudrais dire ceci : rassurez-vous. Tous ceux qui se sont accaparé des terres à perte de vue, seront obligés dy renoncer. La fiscalité domaniale va mettre fin à tout ce pillage, car la terre est un capital soumis à impôt.

S. : Avec la crise financière et la récession économique qui s’aggravent, ne craignez-vous pas pour le sort du coton burkinabè ?

L.S. : Oui, il y a des motifs d’inquiétude. C’est d’ailleurs pour cela que nous travaillons à trouver d’autres alternatives. C’est là une des raisons supplémentaires pour la diversification.
Par ailleurs, si la vente du coton fibre pose problème, peut-être que l’utilisation de son huile comme biocarburant ou comme aliment, permettra de surmonter les difficultés.
On peut adopter une telle démarche tout en explorant les autres possibilités, car il serait étonnant qu’un jour on n’ait plus besoin du coton et de ses sous-produits. Mais, je dois dire que la mévente n’est pas le seul facteur qui plombe la filière. Un autre problème est celui de la productivité, c’est-à-dire le rendement à l’hectare. Si le coton se vend mal et que la production à l’hectare est faible, les difficultés s’accroissent. Par contre, si la productivité à l’hectare est meilleure, elle compense plus au moins les pertes.

S. : Ne craignez-vous pas que la loi sur la sécurisation foncière réduise le domaine foncier agricole ?

L.S. : Non. L’objectif est d’assurer une sécurisation des investissements agricoles en vue d’une production plus importante. Pour l’Etat, le problème ne se pose pas, puisque les gens ne vont pas aller borner dans son domaine foncier.

S. : Cela ne constitue-t-il pas une forme d’expropriation de l’Etat ?

L.S. : Il existe un domaine foncier national et le domaine foncier des paysans. Ils sont libres de céder leurs terres à qui ils veulent. Si quelqu’un s’accapare d’une forêt classée, il y a alors problème.

S. : Et concernant la mise en œuvre du Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) qui dit que chaque portion de l’espace doit avoir une destination et un visage précis ?

L.S. : Chaque portion de l’espace national doit avoir une destination et un visage précis. Cet aspect des choses n’est pas perdu de vue. La mise en œuvre de la loi ne signifie pas que le territoire appartiendra désormais plus à X qu’à Y. La loi concilie l’existence de droits fonciers individuels et les nécessités d’aménagement du territoire, c’est-à-dire de déterminer la destination des terres, de réaliser des infrastructures et équipements collectifs bénéfiques à l’ensemble de la nation.
Les deux questions sont harmonisées dans la loi pour éviter ces genres de problèmes. La loi sur la Réforme Agraire et Foncière (la RAF) est en cours de relecture pour l’adapter à cette nouvelle approche.

S. : Le Burkina Faso a abrité, il y a quelques jours, un forum sur l’alternance démocratique. Quel est votre avis sur cette question ?

L.S. : En prince je suis astreint au devoir de réserve... Mais mon avis est que nous sommes en démocratie. Nous devons nous en tenir à notre loi fondamentale. qui décide de l’alternance ? Un principe fondamental de la démocratie veut que ce soit le peuple qui désigne par voie de scrutin transparent et équitable celui qui doit le représenter au niveau local ou national. Un dispositif légal, institutionnel et réglementaire a été mis en place à cet effet. Le peuple décidera en temps opprotun. Où est donc le problème ? Le vrai juge qui décide de l’alternance c’est le peuple. L’alternance ne se décrète pas, ce serait de la dictature.

S. : Ne pensez-vous pas que c’est quand-même trop pour un seul individu de passer plus de 20 ans au pouvoir surtout quand on sait que le pays regorge de bien d’autres compétences ?

L .S. : Supposons qu’en 2010 le Président du Faso se présente comme candidat à l’élection présidentielle, ce qui est autorisé par la constitution, et que le peuple estime qu’il a suffisamment duré au pouvoir. Il appardiendra aux électeurs de le lui faire savoir à travers le suffrage universel ! N’est-ce pas ?

S. : Mais tout le monde sait ce que vaut l’électorat burkinabè. Il suffit de quelques sacs de riz ou de maïs pour amener des gens à voterdans un sens ou dans l’autre.

L.S. : Je m’inscris en faux par rapport à ce que vous affirmez là. Des gens ayant bénéficié de dons gadgets et autres cadeau pendant les campagnes électorales, n’ont pas toujours voté dans le sens souhaité par les donateurs. Il y a les électeurs des villes et ceux du pays réel. Il ne faut pas transposer des visions de certain écrivains de la ville à la campagne. Le Burkina est une terre de liberté et d’intégrité.
Si l’électorat ne veut pas d’un candidat, celui-ci ne sera pas élu. Pour certaines élections un candidat peut, (permettez-moi le terme) « magouiller » pour être sur la liste d’un parti politique et réussir à se fait élire. Mais en ce qui concerne l’élection présidentielle, le nombre de candidats n’est pas limité. Si le peuple ne veut pas d’un candidat donné, il l’exprimera à travers les urnes !

S. : L’alternance ne pourrait-elle pas venir de l’intérieur du Congrès pour la démocratie et le progrès (le CDP) ; c’est-à-dire qu’en 2010, que le parti désigne un de ses militant pour remplacer le Président du Faso ?

L.S. : Le congrès du CDP se tiendra bientôt. Ce sera certainement l’occasion de discuter des présidentielles. Chaque parti désigne le candidat qui lui convient. Je me demande a qui profite réellement de ce débat sur l’alternance et a quoi ça rime ? Alternance pour alternance, le constat par exemple dans notre pays est que ce sont les mêmes personnes qui détiennent les reines de certaines organisations de la société civile depuis des années. Ils sont responsables de ces organisations depuis des décennies. Pourtant les organisations de la société civile sont reconnues comme les structures les plus démocratiques. Je pense qu’on doit travailler sur la base du respect des principes généraux. Prenez par exemple le cas des organisations paysannes. Certaines personnes sont présidents de groupements, d’associations ou d’organisations professionnelles depuis leur création, mettant tout en œuvre pour rester à leur poste. Est-on fondé de parler de l’alternance quand soit même on est pas prêt à respecter ce principe ?

S. : Les réfondateurs qui dénoncaient certaines pratiques au sein du parti majoritaire ont finalement quitté le navire CDP. Comment appréciez-vous ce départ ?

L.S. : Les militants sont libres d’aller et venir comme ils le veulent. Combien ont démissionné du PDP/PS…et pas des moindres ? Combien ont démissionné d’autres partis politiques pour créer leurs propre partis ? La République ne s’est pas pour autant arrêtée de marcher. Ceci fait partie, je dirai, du piment de la vie politique. Il se trouve qu’au sein d’un parti, le CDP, des personnalités ont estimé ne plus trouver leur compte. Cela est normal car la vie est ainsi faite. A un moment donné on se sépare, on se retrouve par la suite, puis on se sépare à nouveau, et ainsi de suite... Ce n’est pas parce que cela se passe au sein du CDP que c’est un problème particulier. On voit les Sankaristes qui se séparent, qui se réunissent par la suite et font des fusions.

S. : N’est-ce pas des intérêts égoïstes qui amènent certaines personnes à claquer la porte de leur parti pour aller créer leur propre parti ?

L.S. : Ceci est votre point de vue. A mon avis, ce sont plutôt les insatisfactions politiques qui amènent les gens à claquer la porte des partis politiques. Cela dit, n’ayant pas personnellement eu l’occasion de discuter avec eux pour connaître leurs motivations, il ne sied pas de me lancer dans des spéculations inutiles.

S. : Ne croyez-vous pas que c’est nécessaire au regard de certaines réalités comme la faiblesse des ressources de limiter le nombre de partis politiques ?

L.S. : La pléthore de partis politiques découle de la façon dont nous avons construit notre démocratie. Il y a des pays où la loi fondamentale choisit de limiter le nombre de partis politiques. J’ai eu l’occasion de prendre part à des discussions sur les premières moutures de la Constitution de notre pays. Les avis étaient partagés sur la questions de limitation du nombre de partis politiques dans notre pays. Il a fallu choisir entre instaurer une démocratie, symbole de liberté d’opinions ou tailler les opinions politiques comme une paire de chaussure.
Il est de la responsabilité de la classe politique de limiter ou non le nombre de partis politiques dans notre pays. Peut-on légitimement empêcher un citoyen qui pense qu’il a un nouveau projet de société à proposer, de créer sa propre formation politique pour conquérir le pouvoir d’Etat ? C’est vrai aussi que c’est bien dommage que certains partis ne vivent que le temps d’une élection. Peut-être que leurs dirigeants gagneraient à rallier des formations qui leur permettront une meilleure présence sur la scène politique.

S. : L’actualité ces derniers temps est marquée par des grèves des travailleurs à répétition dans tous les secteurs. En tant que membre du gouvernement, quelle appréciation faites-vous de la situation ?

L.S. : En tant que militaire d’abord, je ne dispose pas de droit de grève. Je ne sais pas ce que c’est. Chaque fois que j’en entends parler, je tombe des nues. « La déformation de la tête, c’est depuis l’os », dit-on. Que l’on ne m’en veuille de ne pas comprendre sa logique.
Mais si les gens veulent s’exprimer à travers elle, pour demander un peu plus de droits, c’est leur droit. La convention du travail l’admet et le permet. La législation nationale l’autorise également, dans certaines conditions.
Cependant, quelque part, je me pose des questions. Quand je prends le cas de l’université où des grèves vont jusqu’à paralyser l’outil commun et remettre en cause beaucoup d’acquis (car notre université devenait une référence), je me pose des questions sur leur bien-fondé.

S. : Cela n’explique-t-il pas le fossé entre gouvernants et gouvernés ?

L.S. : Les gouvernants ne viennent pas de mars. Nous sommes tous issus de notre société et il ya des cadres de discussions.

S. : Mais on voit une majorité qui croupit sous la misère pendant qu’une minorité s’accapare de toutes les richesses du pays.

L.S. : Effectivement, c’est ce que les gens disent, notamment sur les avantages supposés des membres du gouvernement, pendant qu’eux-mêmes en exigent davantage. Je ne souhaite faire de polémique. Mais je ne crois pas que je serai surpris un jour, au cours d’une grève, entrain de brandir une pancarte pour revendiquer quoi que ce soit. Je ne l’ai jamais fait après 30 ans de service et ce n’est pas aujourd’hui, à moins de 10 ans de la fin de ma carrière que je le ferai.

Mais il est curieux que les gens déclarent que le train de vie des membres du gouvernement est très élevé tout en exigeant la même chose pour eux-mêmes. Comparaison n’est pas raison mais j’observe et voit ce qui se passe sous d’autres cieux. Comparé à notre condition, c’est le jour et la nuit. Les ministres ont des contrats avec le Premier Ministre et c’est connu. Je ne vois pas un ministre dans la sous-région qui gagne moins que ce je gagne. La plus part des cadres qui arrivent au gouvernement déchantent très vite, et se rendent rapidement compte que les supposés avantages ne sont rien en comparaison de la charge sociale que cela engendre par ailleurs. Si des gens doivent utiliser cet argument pour revendiquer, je pense que « nous ne sommes pas encore sorti de l’auberge ». Il y a actuellement de mon point de vue un jusqu’au-boutisme injustifié. Demander par exemple au gouvernement une augmentation inconsidérée des salaires, parfois même en menaçant de faire une grève illimitée jusqu’à la satisfaction totale de cette revendication me paraît tout simplement irréaliste, surtout avec les déséquilibres budgétaires que nous connaissons. Je souhaite que les les porte-parole et les leaders sachent faire la part des choses entre le réalisable et le non réalisable dans le cadre d’une véritable dynamique de dialogue pour le développement.
J’ai parfois l’impression que certaines revendications sont formulées avec le secret espoir que le gouvernement ne pourra pas les satisfaire afin de s’assurer qu’il y aura « bagarre ». Je précise que je n’ai jamais été syndiqué et je ne comprends pas le syndicalisme jusqu’auboutiste. J’exprime tout simplement un point de vue.

S. : Voulez-vous dire que les revendications des syndicats sont infondées ?

L.S. : Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Mais je constate que parfois la manière de poser certains problèmes est faite de telle sorte que nous ne puissions jamais y trouver des solutions. Dans quel but cela est fait ? Je l’ignore mais demander des avantages exorbitants, au gouvernement d’un pays comme le nôtre, qui n’arrive à boucler son budget que grâce à l’appui budgétaire extérieur, il ya de quoi se poser des questions. Et quand le mot d’ordre de grève exige la satisfaction totale de toutes les revedications on est presque sûr que la bagarre ne finira jamais, puisque le gouvernement ne peut pas objectivement les satisfaire toutes.

S. : Mais quand le gouvernement aussi, sous le prétexte que la satisfaction des revendications d’un syndicat incite les autres syndicats à revendiquer, refuse de traiter les doléances des syndicats, n’est-ce pas là aussi, faire preuve de mauvaise foi ?

L.S. : Au contraire c’est faire preuve de bonne foi. Si je prends le cas de l’université, un des arguments avancés, est que dans la sous-région nos enseignants ont les salaires les plus bas et que par conséquent il faudra les aligner sur leurs homologues de la sous-région. S’il en est ainsi, les membres du gouvernement aussi pourrons demander au Premier ministre de commencer d’abord par aligner le salaire des ministres du Faso, sur celui des ministres de la sous-région. Si cela arrivait, c’est ma femme qui serait très contente.
Mais je propose tout simplement que l’on s’asseye ensemble, qu’on apprécie le contenu de la calebasse de lait (c’est-à-dire le budget national) pour déterminer comment faire en sorte que tous en obtiennent un peu. L’information sur le budget est la chose la mieux partagée actuellement. Le salaire des ministres est voté par les députés. Soutenir que le gouvernement ne peut pas accéder à certaines revendications, c’est à mon avis faire preuve d’une très bonne foi. S’engager dans la voie qui consiste à promettre de donner ce que nous n’avons pas ou promettre de faire ce que ne pouvons pas faire, engendrerait à mon avis une grande pagaille. C’est comme un plat de riz posé au milieu de convives qui se mettent à piller. A la fin, certains convives en auront peut etre assez, mais la plus part d’entre eux n’auront rien, et ce qui est sûr une bonne partie du repas sera versée par terre.

S. : Quelles solutions alors préconisez-vous ?

L.S. : Mes solutions sont celles que le gouvernement propose tous les jours. Des cadres de concertation qui ont été mis en place et qui permettent au gouvernement de dialoguer de manière permanente avec les syndicats. Je profite de ces lignes rendre hommage aux collègues du gouvernement pour le travail d’explication qu’ils font tous les jours. Sous la houlette du ministre du Travail, il y a chaque fois des pourparlers entre gouvernement et syndicats. Je rends également homage aux responsables des centrales syndicale du moment qui également ont su instaurer ce climat de dialogue et qui donne de bons résultats à la satisfaction de tous. Lors des négociations qui ont abouti aux augmentations de salaire du mois de janvier dernier, tous les acteurs ont été concertés. Autour de la table de négociation, il y avait le ministre des Finances. Les grands économistes du pays ont été mis à contribution ainsi que les ministres chargés des secteurs sociaux. Des discussions franches et responsables ont abouti a des solutions consensuelles. C’est ça aussi la démocratie.

S. : Finalement que préconisez-vous pour une sortie de crise à l’Université de Ouagadougou ?

L.S. : Le gouvernement a déjà fait un certain nombre de propositions. Au départ, il y avait même eu un début d’acceptation de la part SYNATEB. Par la suite, ils sont revenus aux négociations avec d’autres revendications. Donc moi je voudrais simplement demander à chacun de savoir raison garder. Le gouvernement a consenti d’important efforts. Je ne dis pas que la situation dans notre université est des plus reluisantes. Mais je reconnais aussi l’énorme effort qui y a été fait depuis que personnellement je suis au gouvernement. Vous savez, je me surprends parfois à « envier » le montant du budget de mes collègues chargés des enseignements ! Par exemple cette année, nous avons besoin de financements pour appuyer la production de maïs avec des engrais. Malgré les efforts déjà déployés, il ya encore un gap à combler pour booster la production nationale. Dans le secteur de l’éducation, je souhaite que les gens reconnaissent les efforts qui sont faits dans ce pays même si ils souhaitent avoir plus, et que c’est petit à petit, qu’on pourra progresser. Pour l’université, c’est ce qui a été proposé. Il s’agissait de prendre le peu que le gouvernement pouvait donner sur-le-champ et de dresser un plan pour qu’à terme, tout soit résolu de façon définitive. Mais malheureusement, cette proposition a été rejeté par le SYNATEB. Dans ce cas, je ne vois plus ce qu’ on peut faire. Dans une négociation il faut savoir accepter ceratines concessions sinon ce n’est plus une négociation. C’est cela le dialogue. Il y a certes beaucoup à faire à l’université et ce, malgré tous les amphithéâtres qui ont été construits. Mais il faut aussi admettre, qu’il n’y a pas que cela comme priorité au Faso.

S. : Pendant ce temps l’université reste toujours surpeuplée.

L.S. : Oui l’université reste surpeuplée. Mais elle est à l’image du Burkina Faso.

S. : Cela n’est-il pas la résultante du fait que le gouvernement ne planifie rien ?

L.S. : Il n’en est rien. Mais ce que l’on ne planifie pas, c’est la démographie. Une université qui a été construite pour 3500 étudiants, si elle se retrouve avec 35 000 étudiants, il y a un problème. Vous dites qu’on ne fait pas de planification à l’université. Que dites vous de l’agriculture ? Déjà, nous n’arrivons pas à nous nourrir suffisamment.

S. : N’est-ce pas votre rôle que de planifier ? On dit que gouverner c’est prévoir.

L.S. : Justement. Nous travaillons à cela. Mais tout ne nous tombe pas du ciel. Cela demande des efforts soutenus et certains sacrifices que certains ne veulent pas consentir. Nous ne sommes pas dans une caverne d’Ali Baba. Tous les projets demandent des moyens. Il ya beaucoup de priorités et nous n’avons pas toujours les moyens. Par exemple l’année dernière, nous avons inscrit dans le budget de notre département ministériel, 800 millions de FCFA pour la réfection des barrages sinistrés. Mais à l’arbitrage budgetaire, cela n’a pas été retenu. Il y a eu d’autres priorités.

S. : On reproche au chef de l’Etat de s’occuper seulement de l’extérieur au détriment des questions nationales. Qu’en dites-vous ?

L.S. : Je crois que dans la république, chacun joue son rôle. Il est le chef d’orchestre. Ce n’est pas son rôle de s’occuper par exemple d’une grève des étudiants. Le gouvernement est là pour ça. Nous nous retrouvons chaque semaine en conseil des ministres pour débattre de toutes ces questions et recevoir des directives de sa part. Je crois que le chef de l’Etat joue bien son rôle. Le gouvernement fait des propositions, le Président du Faso donne des instructions et chacun fait son travail.

S. : Mais on voit qu’ailleurs ce n’est pas comme cela. En Côte d’Ivoire, le président s’est s’impliqué directement pour résoudre une situation pareille à celle que vit actuellement l’université.

L.S. : Chaque république s’organise comme elle l’entend. Ici nous avons un Premier ministre qui est chef du gouvernement et qui a une lettre de mission bien claire. Lui également choisit ses ministres et leur confie des missions qu’ils s’efforcent de remplir. Et c’est en fonction de cela que chacun joue son rôle.

S. : Ce ne sont pas les ministres que les Burkinabè ont élus. N’ont-ils pas le droit d’entendre celui qu’ils ont choisi sur des questions qui leur tiennent à cœur ?

L.S. : Il vous est possible d’aller au palais de Kosyam pour dire au Président que vous ne l’entendez pas suffisamment sur les sujets de préoccupation nationale. Pour l’instant, nous, nous estimons que nous sommes là pour ça. Je ne pense pas que le chef de l’Etat ait besoin de prendre un micro pour dire partout ce qu’il fait ou pour dire ce que les ministres doivent faire. S’il doit s’occuper de tout, les ministres ne serviraient à rien.

S. : Quel est aujourd’hui le niveau de réalisation du centre écotouristique de Bagré et pourquoi votre ministère est-il réticent à retrocéder la gestion du Centre au ministère en charge du Tourisme ?

L.S. : Soyez rassurés. La finition des travaux était prévue pour la fin du mois de mai. Mais elle ne sera effective qu’ en juin. Je l’ai visité tout récemment. Le ministre délégué chargé de l’agriculture y était la semaine dernière. Les députés ont fait un tour là-bas et chacun a vu l’état d’avancement des travaux de finition. Sur le plan du principe, il n’y a pas d’ambiguité ou d’amalgame. Le barrage de Bagré est une belle infrastructure qui qui au-delà de sa fonction première, va également permettre aux Burkinabè de s’offrir certains plaisirs touristisques, tout découvrant la nature (NDLR : le centre écotouristique de Bagré a été inauguré samedi).
Par contre, je n’ai pas connaissance des réticences dont vous parlez. D’abord, le gouvernement n’a pas vocation à gérer des infrastructures Touristiques et hotellières. Est-ce que vous avez déjà vu un hôtel géré par le gouvernement ? Dans le cas d’espèce il s’agit d’un projet réalisé dans le cadre d’un programme intégré de mise en valeur de la plaine de Bagré. dont le ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, en assure la tutelle technique et administrative.

Le tutelle financière relève du ministère de l’économie et des finances. Le projet de réalisation d’une telle infrastructure en face du plan d’eau de Bagré a été jugée judicieuse. Les démarches necessaires ont donc été entreprises auprès de notre partenaire qu’est la République de Chine Taïwan, qui a bien voulu nous accompagner dans sa conception et sa réalisation. Si vous y allez vous serez très enchantés. Concomittamment à la réalisation de ce centre éco-touristique, six (6) Collèges d’Enseignement Général (CEG) ont été construits et plusieurs kilomètres de pistes rurales aménagées, à Bagré.
Actuellement une alimentation est en cours de construction. C’est la preuve que la plaine de Bagré a bien été transformée en un grand pôle de développement. Mais nous n’oublions pas que nous avons des prérogatives de service public pour la gestion intégrée de l’eau et de la production agricole. Rassurez-vous, nous n’allons pas outre passer nos attributions. Le projet a été initié par nous et financé par notre partenaire. Mais à son terme il deviendra une infrastructure hôtelière touristique dont la gestion sera mise à concurrence entre des opérateurs du secteur privé.

S. : La date de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire a été fixée au 29 novembre prochain. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

L.S. : La Côte d’Ivoire m’est chère car c’est dans ce pays que j’ai passé mon adolescence. J’y ai fait mon école secondaire (Ecole Militaire). Là-bas, j’ai des racines, car j’ai commencé à découvrir le monde dans ce pays. C’est avec beaucoup de peine que j’ai observé les déchirements survenus. Cela m’a fait un choc de constater que mes frères n’ont pas su trouver un mécanisme pour éviter que les divergences ne débouche sur ce conflit malheureux. Aujourd’hui nous ne pouvons que pousser un ouf de soulagement, puisque que le processus de sortie de crise est en route et que nous voyons enfin se profiler à l’horizon, des élections libres et transparentes dont la date est déjà annoncée. Je souhaite seulement que les frères Ivoiriens trouvent l’intelligence et le courage pour véritablement aboutir à cette sortie de crise, avec le soutien de notre pays à travers la facilitation conduite de façon admirable par le Président du Faso.

S. : Quelles solutions préconisez-vous pour une sortie de crise et une paix durable au Tchad qui connaît des conflits récurrents ?

L.S. : Je ne puis rien préconiser. Je ne peux que souhaiter. Chaque pays porte sa croix. J’imagine le calvaire que vivent les populations des pays où il y a des conflits ou autres crises. Nous avons, certes de la chance de ne pas connaître de tels tourments et nous devons rendre grâce à dieu et continuer à travailler car la paix est une construction permanente. Il n’en demeure pas moins que notre développement durable est confronté à de nombreuses autres contraintes. Qu’en est-il des pays où les conflits sont récurrents ou latents ? Je souhaite donc vivement que la paix revienne au Tchad pour permettre la construction de ce pays et favoriser son developpement durable.

S. : Quel message l’Afrique peut porter à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui se tiendra en décembre prochain au Danemark ?

L.S. : L’Afrique n’est pas la plus responsable de cette situation. Malheureusement, nous en payons le plus lourd tribut. Depuis longtemps, nous avons attiré l’attention de la communauté internationale sur le phénomène. On avait pensé que les sécheresses étaient des phénomènes localisés et propres à l’Afrique. Aujourd’hui on se rend compte que c’est un phénomène global et auquel une solution planétaire doit être trouvé. La survie de notre planète ne doit donc pas être prise en otage par des considérations et des calculs politiciens, géopolitiques, géostratégiques ou économiques. C’est ce point de vue que nous avons défendu au cours de plusieurs conférences. C’est bien que l’Afrique soit présente à cette Conférence des Nations unies sur l’environnement. Elle lui servira encore de tribune pour continuer son plaidoyer pour plus de solidarité en vue faire face conséquences des changements climatiques. En 2007, le Secrétaire général de l’ONU, Son Excellence Monsieur Ban Ki-moon, avait demandé aux grandes puissances du monde de prendre un engagement politique sur le changement climatique. Aujourd’hui, le temps n’est plus aux débats inutiles et stériles, mais à celui de l’action. La communauté internationale doit comprendre qu’elle ne réussira en rien sans l’Afrique, car ce continent fait partie du monde et ses problèmes environnementaux ont aussi une incidence au plan global. Il faut que les pays industrialisés aident l’Afrique de faire face aux conséquences des changements climatiques en nous aidant à financer nos programmes d’adaptation. Au Burkina Faso, nous préparons ardument pour participer à ce sommet et nous y ferons sûrement des propositions concrètes pour une meilleure prise en charge de nos programmes de développement dans ce nouveau contexte.

S. : Qu’est-ce qui empêche le gouvernement de développer le secteur de l’énergie solaire pour pallier un tant soit peu les problèmes énergétiques ?

L.S. : Nous travaillons déjà à développer ce secteur. Si vous prenez le programme du ministère en charge de l’énergie, le solaire est déjà utilisé comme une des alternatives pour satisfaire les besoins énergétiques en milieu rural. Il existe beaucoup de villages qui disposent de l’énergie électrique solaire pour la satisfaction de certains besoins essentiels tel l’éclairage. Le conseil des ministres a d’ailleurs récemment décidé, de construire une centrale pilote pour la production et la distribution de l’électricité à base d’énergie solaire. Il existe cependant des facteurs limitants. En effet, dans le domaine de l’énergie solaire, même si le matériel déjà installé est d’entretien facile, les investissements initiaux sont d’un coût très élévés. En outre les bailleurs de fonds n’ont pas encore l’habitude d’investir dans ce domaine, ce qui rend difficile l’élaboration et l’adoption de projets. Mais la perspective de la raréfaction des énergies fossiles, renforce de plus en plus l’intérêt pour l’énergie solaire. Déjà les prix des composants ont été divisés par deux ou trois.

S. : La justice française a épinglé des présidents africains notamment Omar Bongo et Dénis Sassou N’Guesso pour biens mal acquis. Comment voyez-vous la suite de cette affaire ?

L.S. : Je ne vais pas décider à la place de la justice française. Mais je me pose un certain nombre de questions. Quel est l’objectif visé ? Que veut on prouver ? Que les africains sont incapables d’assoir des mécanismes de bonne gouvernance et qu’il faut encore les occidentaux pour nous montrer ce qu’il faut faire ? On ne peut pas être plus royaliste que le roi. C’est aux Africains de se prononcer sur les actions de leurs dirigeants et de se défendre. Pour moi les gens sont en train de faire du spectacle. Ce n’est pas un mécanisme endogène donc le résultat à mon sens n’aura aucun effet durable .

S. : Au Togo, les frères Eyadéma se disputent le pouvoir. Quelle est votre lecture de cette situation.

L.S. : L’information fournie par les autorités togolaises fait cas d’un député qui aurait attenté à la sécurité nationale. Des mesures ont été alors été prises pour contrer ses velléités. Je m’en tiens à cela et j’espère que la classe politique togolaise saura trouver les ressorts et les arguments pour faire en sorte que cet incident n’entame pas la sortie de crise dans ce pays déjà meurtri. Sinon la politique n’a rien à voir avec la famille. C’est dommage que les principaux antagonistes soient de la même famille. Ils auraient sans doute pu trouver des compromis en famille. Mais comme on le dit, la politique a des raisons que la raison elle-même ignore. Il s’agit de dissensions politiques. Il reste à souhaiter que, prenant appui sur les principes fondamentaux de démocratie et les institutions républicaines de leur pays, les Togolais réussissent à faire en sorte que ces divergences n’aient des conséquences dommageable sur la vie politique togolaise et compromettent les efforts de sortie de crise.

S. : Le président nigérien, Mamadou Tandja, veut modifier la constitution dans son pays. N’est-ce pas une négation de la démocratie au Niger et un recul de l’Etat de droit en Afrique ?

L.S. : La classe politique nigérienne est souveraine. Si les Nigériens estiment en toute âme et conscience qu’il n’y a pas de problème, c’est leur droit. Il faut se méfier de certains clichés figés. Certaines personnes prêchent le respect de principes fondamentaux dans d’autres contrées, tout en ne donnant pas eux-mêmes un bon exemple. certains médias les suivent inconsidérément au nom de la démocratie. Les Africains doivent être vigilants et savoir user parfois des principes ancestraux de dialogue pour résoudre les différends et traverser les périodes de crise. Dans l’etat de droit tel que nous l’avons copier de l’occident toutes les clauses sont écrites. Chez nous certaines clauses non (encore) écrites ont quand même force de droit surtout dans la gestions des crises. Je souhaite donc que les nigériens aillent au fonds de nos mécanismes traditionnels si nécéssaire, là oû le droit moderne a montrer ses limites pour trouver une issue à une mésentente qui je l’espère en tout cas est passagère. S’il y a des problèmes il faut s’aseoir et discuter, pourvu qu’il y ait le consensus ou que la majorité approuve.

S. :. Vous voulez dire qu’il y a lieu de tropicaliser la démocratie pour prendre en compte nos réalités africaines ?

L.S. : Je ne pense pas qu’il faille en arriver là. Il est évident que ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis ne peut pas, pour le moment du moins, arriver chez en Afrique. Cela est clair. Quand est-ce que les Américains ont fêté le 200e anniversaire de leur démocratie ? Depuis quand la démocratié a été proclammée en France ? Savez-vous quelles sacrifices elle a consentis pour que sa démocratie soit telle que nous la percevons aujourd’hui a l’image de sa devise "Liberté, égalité, fraternité", adoptée depuis la révolution de 1789. Savez-vous combien de temps cela a exigé ? Remontez le fil de l’histoire, 1920, 1930, 1940, 1950, observez comment se pratiquait et se pratique la démocratie en Europe ? Le problème de l’Afrique c’est cela : vouloir sauter du stade A au stade E, sans considerer les étapes B,C et D est une gajeure ! Mais nous les Africains, nous préfèront procéder ainsi. La démocratie ne s’impose pas du dehors. Par exemple, depuis le retour de la démocratie au Burkina Faso, on dit un homme une voix. Pourtant amusez-vous à aller battre campagne dans nos villages sans aller saluer le chef du village. Certains chefs n’hésitent pas à considérer leurs concitoyens comme leurs sujets et exercent sur eux des pressions de toutes sortes Ce sont là une de nos réalités. Vrai ou faux ? Pourquoi donc aurions-nous peur de nous regarder dans la glace,

S. : On cite souvent le bon exemple des pays comme le Ghana et le Bénin ?

L.S. : C’est bien vrai. Et pourtant bien de scrutins dans ce pays sont également entachés de sang. Dans la plus part des processus électoraux au Ghana on compte souvent trois, quatre, cinq morts. Vous avez déjà vu cela ici au Burkina Faso ? Nous devrions de temps en temps, une capacité d’analyse de notre propre situation.

S. : Tout de même ne trouvez-vous pas qu’il y a des cas flagrants comme celui de Tandja ?

L.S. : Nous sommes au Burkina Faso et Ouagadougou est à 575 km de Niamey. Ne voyez-vous pas que ce jugement est une insulte à la démocratie et à l’intelligence des Nigériens ? Si vu d’ici le problème est si sérieux que dites vous de ceux qui sont là-bas ? Le président Tandja souhaite organiser un référendum. Si les Nigériens sont contre, ils vont le lui démontrer.

S. : Notre crainte est que ces genres de comportements anti-démocratique ne crée desémules chez nous.

L.S. : Je pense que les journalistes, ne doivent s’exprimer ou réagir comme comme l’homme de la rue. C’est une proposition que le président nigérien a faite pour le Niger. Quels arguments avons-nous au Burkina Faso, pour contester pareille proposition faite par un citoyen de ce niveau pour son pays ? Attendez-donc la réaction des principaux concernés. Autrement nous nous rendrons coupables d’impérialisme intellectuel. Permettez aux Nigériens d’en décider eux-mêmes. Le président Tandja a fait une proposition. Il appartient aux aux Nigériens de l’accepter ou non. Le Général De Gaulle en son temps en avait fait de même et les Français lui opposé un refus catégorique. Les Nigériens également prendront leur responsabilité et décideront ce qui est bien pour eux.

S. : Une monnaie unique pour l’espace CEDEAO est-elle une bonne idée ?

L.S. : En tout cas, j’en vois tout de suite, les avantages, notamment dans le domaine du commerce du niébé et du bétail-Viande. J’imagine également déjà tout ce que nous engrangerons en commercialisant nos produits dans un grand pays comme le Nigeria. Sans parler du Ghana à côté, où les transactions commerciales sont souvent très difficiles.
Imaginez bien les difficultés qu’éprouvent nos commerçants pour changer, parfois dans le marché noir, le CFA en Naira ou en Cedi. Il me vient à l’idée une question simple : Et si le Nigeria, le Ghana et nous avions une monnaie commune ? Si nous utilisions tous le naira ou le franc CFA ? Les Européens quant à eux, perçoivent bien les avantages de la monnaie commune. Je suis bien placé pour en juger, car à l’époque je séjournais aux Pays-Bas.
Lorsque vous êtiez à Paris et que vous vouliez passer dans un autre pays européen, il fallait encore faire des calculs pour les changes. Mais depuis que tout le monde est passé à l’euro, ces difficultés ont pris fin. Je crois qu’une des grandes intelligences des Africains de l’Ouest serait d’adopter une monnaie unique. Évidemment, cela nécessiterait un dispositif complexe, mais nous devons surmonter tous les obstacles, car nous avons tous à y gagner.

S. : Quel souvenir gardez-vous de la révolution burkinabè ?

L.S. : Beaucoup de souvenirs. Certains sont très agréables et d’autres un peu moins. Mais en tout et pour tout, c’était une aventure humaine qui m’a beaucoup édifié, qui m’a formé et dont je suis extrêmement fier. Avec le recul, on peut dire beaucoup de cette époque. Vous savez, avec des “si” on peut mettre Paris dans une bouteille ou faire de chacun de nous un Barack Obama. Mais, nous avons vécu notre réalité. Je ne peux que rendre hommage aux hommes et femmes qui se sont engagés dans la révolution. Aujourd’hui je peux dire que je suis un peu privilégié puisque je vois ce que nous avons tenté de faire, les objectifs que nous avons voulu atteindre, mais on pouvait mieux faire. L’autosatisfaction, c’est vrai, n’est pas une bonne chose.

Aujourd’hui, avec le recul, toute évaluation faite, cela a vraiment valu la peine. Certes, cela n’a pas été facile. Il en a résulté beaucoup de sueur, de sang et de larmes. Dans la vie d’un pays, il arrive généralement que des générations se sacrifient au profit d’autres. J’estime que nous sommes de ceux-là. Nous avons intensément vécu cette période. Cela a été, pas au sens péjoratif, un don de soi, un sacrifice. Si j’étais mort pendant la période de la révolution, je serai parti avec le sentiment du devoir accompli. Plusieurs Burkinabè étaient dans le même état d’esprit. Il m’arrive parfois de fermer les yeux et de me demander ce qu’il serait advenu de la Haute Volta si, si.... Maintenant, il incombe peut-être aux historiens de tirer les conclusions. Mais je demeure convaincu que les révolutionnaires n’ont pas eu tort de faire ce qu’ils ont fait. Ils auraient peut-être pu faire mieux ou faire autrement, mais dans le feu de l’action il y a toujours des imperfections. Aucune œuvre humaine n’étant parfaite.

S. : Comment voyez-vous le service national populaire devenu aujourd’hui SND que vous avez dirigé entre 1985 et 1987 ?

L.S. : Pour avoir effectivement dirigé le Service national de développement (SND), je vois l’avantage et l’intérêt qu’une nation comme le Burkina Faso a à y gagner. Toutes les générations qui sont passées par le service national de développement ont constaté une chose : c’est l’esprit de cohésion suscité. En effet, chaque fois que les gens se retrouvent dans des sphères de négociation et constatent qu’ils sont de la même promotion de service national populaire ou de SND, aujourd’hui, des alliances se tissent aussitôt et les choses vont vite. Pour moi, c’est un ciment national, un facteur de cohésion . Car le service national de développement a contribuer à mettre ensemble, des jeunes de même génération, sans distinction de sexe, de niveaux d’instruction et venus d’horizons divers. Ils ont effectué ensemble les mêmes travaux dans des unités de production. Au debut, cela n’a pas été facile, puisque cela se passait dans des conditions d’extrême dénuement. Je me rappelle le choc que cela à suscité au sein de la première promotion, envoyée à Bobo-Dioulasso pour la formation militaire de base et dont la plupart venait fraîchement de débarquer de Paris. Le choc était d’autant plus grand que nos militaires sont relativement doués pour casser la superbe des jeunes conscrits pour les intégrer dans les rangs !

Toutes choses normales dans une armée et qui produit toujours le résultat escompté. La preuve, à la sortie beaucoup sont venus me dire : “camarade directeur, ce n’était pas facile mais ce que nous avons enduré et appris, nous a permis de découvrir nos capacités, face à l’adversité. Le service national a été pour moi, une école de la vie”. C’est véritablement une grande école de civisme pour la société et pour des jeunes. Ce n’est pas pour rien que dans nos sociétés traditionnelles, il y a des séances d’initiation des jeunes. Lorsque vous quittez le stade d’adolescence pour le stade adulte, vous êtes obligatoirement soumis aux rites divers de l’initiation. Vous comprenez alors que la condition de l’adulte est différente de celui du jeune étudiant, bon vivant et sans souci. L’autre aspect important du SNP ou du SND, c’est le lien établit entre la formation théorique et la pratique sur le terrain. Je suis très heureux que de nombreuses personnes aient eu une meilleure maîtrise de leur profession grâce au service national. Il a permis à beaucoup de jeunes se découvrir de nouveaux talents ou vocations.

Le plus étonnant est que les jeunes ruraux installés dans leur terroir par le service national, sont toujours à leur poste. Tout portait à croire qu’ils démissionneraient tous ou se reconvertiraient à d’autres emplois, compte tenu des difficultés. Pourtant je reçois de temps à autre des messages de certains d’entre aux me disant : “nous sommes devenus adultes, nous avons femme et enfants et nous sommes toujours démeurés dans notre coopérative. Nous gagnons de l’argent à Fara et Poura, à Manga, du côté de Orodara, dans le Mouhoun, le Sourou…”. Le service national a permis de véhiculer de nombreux messages sur la citoyenneté, le patriotisme, le courage et le travail bien fait. Il a également permis de faire comprendre aux jeunes que la vie n’est pas aussi facile et qu’entre l’école, cette phase d’adolescence où l’on pense que tout est facile et celle où l’on devient un vrai responsable, c’est parfois le jour et la nuit. Mais, pour passer de la nuit au jour, il faut au préalable avoir été préparé. En cela, le service national est vraiment une bonne école de formation.

L.S. : A ce qu’on dit, Laurent Sédogo aurait connu une traversée du désert. Vous auriez même échappé à une élimination physique. Est-ce vrai ?

L.S. : (Rires) Pour répondre à cette question, je pars de ma conception de la vie. Je suis un soldat. Dans mon métier et depuis l’âge de 12 ans, j’ai appris à aller là où on me dit d’aller. C’est par essence mon métier. Sur cette base, je ne considère pas les positions que j’occupe comme attachées à ma personne. Car, je suis en mission. Dans ma mission, il y a des endroits douillets, mais aussi des endroits plus difficile à tenir. Mais je suis préparé à cela. Ce n’est pas pour autant que je dois considérer comme une traversée du désert, le passage d’une fonction prestigieuse à une fonction moins prestigieuse. Diriez – vous cela parce que vous avez vu quelque part dans mon CV que j’ai servi au Haut commissariat du Passoré à Yako ? Détrompez-vous. Dans ma carrière, mon séjour au passoré a été l’un des moments où j’ai découvert, comme ceux du service national, pas mal de difficultés mais que j’ai été fier et heureux de les surmonter, parce que j’ai vu d’autres réalités pires. Jeune officier, je n’ai servi nulle part ailleurs qu’à Ouagadougou.

L’artillerie était ici. De là, je suis allé à l’état-major. J’ai été directeur du service national, puis Secrétaire général du ministère de la Défense. Je suis allé ensuite en province et j’ai découvert un autre Burkina Faso que je ne connaissais pas. J’étais chargé des études économiques au Haut-commissariat du Passoré. Je peux vous dire que nous y avons fait de belles choses. A l’époque à Yako, on a connu le boom de l’or de Bouda. Avec le Haut-commissaire, nous avons pris des dispositions pour éviter les installations anarchiques sur les site d’or. J’ai essayé de me rendre utile là où j’étais. Par la suite, j’ai été affecté au développement rural, puis j’ai été en stage et obtenu le diplôme de docteur. Peut-on dire qu’il s’est agit d’une traversée le désert ? Je ne suis pas de cet avis. L’admettre serait, quelque part, injuste.
Vous affirmez par ailleurs qu’on a voulu attenter à ma vie. Vraiment au Burkina Faso, il y a tellement de légendes qui courent ! Bref ! J’ai toujours été serein. j’ai eu des divergences avec mes camarades politiques. Chacun a pris ses responsabilités et s’en est allé de son côté. Je ne m’occupais même plus de politique.

J’avais totalement tourné la page. Parce que pour moi il n’y a pas que cela dans la vie. J’ai tenté d’apporter ma contribution au développement économique, social et politique de mon pays. Et, le jour où la page s’est tournée pour moi, je me suis tourné résolument vers autre chose. Je me suis donné à plein à ce que je faisais et voilà les résultats. Pendant ce temps, je ne sais pas s’il y en a qui étaient cachés quelque part et qui m’attendaient avec un fusil, je ne l’ai jamais su. Je n’ai pas non plus des capacités de géomancien pour taper le sable et savoir qui m’en voulait. Je n’étais pas au courant.

S. : Quel est pour vous le secret de la réussite ?

L.S. : Pour réussir, il faut croire en ce que l’on fait, même si quelque part, un peu de chance est aussi nécessaire. Mais le secret de la réussite, c’est le travail, le travail et toujours le travail. De ce point de vue, je ne me suis jamais économisé quand il s’est agi d’aller à la tâche. Je me rappelle un jour de ce qu’a dit mon père une fois à la suite d’un différend : “Dans la vie, ce qu’il y a de plus important, ce n’est pas de vouloir faire absolument ce dont on a envie. Mais il faut bien faire ce que tu as à faire aujourd’hui. Si on te dit d’être balayeur, fais-le surtout avec le maximum d’abnégation”. Malheureusement je me rends compte que la jeune génération veut aller très vite en besogne, user de la courte échelle. Et quand on monte trop vite, on descend plus rapidement. Il y a des étapes qu’il faut néssairement franchir. En le faisant, il ne faut pas penser que c’est un enfer. Chaque étape de la vie compte. Au moment où on franchit cette étape, quelle que soit la difficulté, qu’on se dise que cela peut passer. Mais pour que cela passe, il ne sert à rien de se lamenter sur son sort et accuser Dieu. Il faut travailler pour mettre toutes les chances de son côté. Sans doute un jour, le bon Dieu dira : « tiens, ce bonhomme ne se décourage jamais, il n’a jamais baissé les bras. Faisons quelque chose pour lui ».

S. : On dit de vous que vous êtes disponible, infatigable, est-ce que cet engagement vous laisse du temps pour des loisirs ?

L.S. : Quand je fais quelque chose je le fais à fond. C’est vrai que je n’ai plus assez de temps pour m’adonner à des activités ludiques.
Mais quand j’ai l’occasion, je m’éclate. J’ai des amis avec lesquels je suis bien heureux. J’ai toujours mes relations d’avec des gens que j’ai connu à l’école primaire, au secondaire, au supérieur etc.
On se retrouve de temps à autre pour partager des moments agréables.
Quand je dis que le secret de la réussite est le travail, le travail et toujours le travail, je n’exclus pas le loisir. En effet, dans la vie il n’y a pas que le travail. Je fais plein d’autres choses et j’essaie de me consacrer à ma famille. Je profite pour leur rendre hommage car, je suis sûr qu’elle a traversée certainement des moments difficiles avec moi. Je n’avais pas assez de temps pour le leur consacrer mais j’ai eu la chance que Dieu m’a donné une femme qui me comprend, qui me supporte dans ce que je fais et qui essaie de m’assister.

S. : Laurent Sédogo serait-il prêt à prendre une deuxième femme ?

L.S. : Pas possible ! Je ne suis pas du tout intéressé ! Pourquoi ? Je suis allé voir le film de Abdoulaye Dao, “Une femme pas comme les autres”, je me suis dis donc, “Tiens c’est comme cela ?” J’ai alors compris que la polygamie n’est pas facile. J’ai compris qu’il ne faut pas faire aux autres ce que vous ne pouvez supporter. Ce film a renforcé mes convictions contre la polygamie. D’abord je suis chrétien.
Quand on regarde la vie des familles polygames, dans notre société, vraiment cela est souvent très difficile. Déjà je n’ai pas suffisamment de temps à consacrer à une seule femme, alors quel temps aurais-je pour deux ? L’autre raison est de nature socioculturelle. Si j’épouse une femme de plus, elle voudrait aussi de moi, un ou deux enfants. Alors que, moi, j’en ai fini de ce côté. La nuit, ça crie partout... Sur ce plan, j’ai déjà eu ma « traversée du désert »(rires). Dieu merci, ils sont tous « partis » maintenant. Si je prends donc une jeune femme maintenant, je crois que je n’aurai plus ma tranquilité du soir. Je pense que mon avenir est derrière moi. Je viens d’une famille polygame et faisant un peu le parallèle, je me rends compte que cette vie n’est pas facile.

S. : Pensez-vous donc que la polygamie est une violence faite à la femme ?

L.S. : N’allons pas vite en besogne ! Ce film a été pour moi, une occasion d’introspection. Œuvrons donc avec mes collègues de l’Action sociale et des droits humains, pour que le gouvernement rachètent les droits de ce film pour le diffuser largement. Il est très éducatif. Je ne blâme pas les polygames, mais si l’on tient compte de certaines considérations il y a des choix que l’on ne ferait pas.

S. : Qu’est-ce qui justifie l’absence du Ministère de l’Agriculture dans l’attribution des prix spéciaux aux journalistes méritants ?

L.S. : Rien ne le justifie. Le Ministre Filippe Savadogo a d’ailleurs gentiment attiré mon attention là-dessus. Vous savez, on apprend par ses erreurs et je fais mon mea culpa. En effet, jusque là, je n’avais pas accordé beaucoup d’importance à la participation de mon département aux palmarès du prix galian, mais désormais, je promets de le faire.

S. : Sidwaya malgré sa bonne volonté n’arrive plus à vous suivre partout dans les champs faute de véhicule. Que comptez-vous faire dans ce sens ?

L.S. : Je ne l’avais pas constaté. Je prends bonne note. Je vais en parler avec votre directeur général et nous conviendrons de ce qu’il ya lieu de faire.

S. : La campagne agricole vient de commencer. Avez-vous un message particulier ?

L.S. : A l’endroit des paysans, nous avons effectivement des messages. Nous avons tenu la journée de programmation de la campagne agricole. Nous avons tiré des conclusions.
La crise qui nous a frappés a été salvatrice. Comme on le dit souvent, c’est dans la douleur qu’on accouche. Pour nous, cela doit être l’occasion d’une renaissance du monde rural.
Il faut que nous prenions conscience de nos capacités. Le Burkina Faso n’est rien sans les producteurs.

Il faut donc que le monde rural prenne conscience de sa position, de sa force et du rôle qu’il a à jouer comme moteur dans la société. Je souhaite que cette crise soit l’occasion pour nous de renforcer cette conviction. Il faut que, ce que nous avons amorcé l’année dernière puisse continuer. Le marché est là, nous devons le conquérir par notre génie à adopter des comportements nouveaux.
Le gouvernement est dans de bonnes dispositions avec la communauté internationale pour apporter son appui nécessaire. La volonté y est parce que, là où les portes nous étaient fermées, elles nous sont désormais largement ouvertes. Ne lachons pas la proie pour l’ombre.
On a parlé de l’agrobusiness, j’ai vu le comportement de certaines catégories d’agriculteurs au cours de la campagne. Comme je l’ai dit, il y a des choses que nous n’avons pas l’habitude de faire.
On ne peut pas se lever tout de suite et s’imposer comme des agrobusiness man.

Par exemple, en ce qui concerne le riz, le maïs et les autres spéculations, nous pouvons faire en sorte que la production soit décuplée pour qu’il y ait une bonne consommation.
Mais nous ne devons pas nous dire que notre tour est venu, et qu’il faut qu’on gagne tout et tout de suite. En procédant de la sorte, le marché se détournera de nous et là nous nous trouverons le bec dans l’eau.
Voilà donc la pile de messages que je veux leur lancer. Nous avons prévu des sorties, il y aura des fora régionaux et nous allons rediscuter de tout cela. Chacun sera mis face à ses responsabilités et nous allons réaffirmer les engagements du gouvernement pour qu’ensemble avec l’aide de Dieu et une bonne pluviométrie, la campagne à venir soit plus réussie que celle de l’année dernière.

La Rédaction

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 3 juillet 2009 à 11:23 En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    "Nous sommes au Burkina Faso et Ouagadougou est à 575 km de Niamey. Ne voyez-vous pas que ce jugement est une insulte à la démocratie et à l’intelligence des Nigériens".Tandja a commis des actes antidémocratiques et il est du devoir des autres pays(démocratiques) de condamner ses actes. Ce n’est pas un ingérence du tout.

  • Le 3 juillet 2009 à 14:17, par Nuée En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    ".....Ici nous avons un Premier ministre qui est chef du gouvernement et qui a une lettre de mission bien claire. Lui également choisit ses ministres et leur confie des missions qu’ils s’efforcent de remplir. Et c’est en fonction de cela que chacun joue son rôle".

    Je crois savoir qu’au Burkina, jusqu’à preuve du contraire, c’est le Président du Faso qui est en même temps chef de l’Etat et chef du Gouvernement. La preuve est que c’est lui qui dirige toujours les conseils des ministres. Est-ce une erreur du ministre où c’est moi qui me trompe ? Merci de m’informer.

  • Le 3 juillet 2009 à 14:40, par Nuée En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    Le Ministre Laurent Sédogo,affirme : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient ».

    Cette affirmation est vraie, mais le problème est qu’au Burkina, seul un groupuscule de gens bénéficie des sacrifices concentis par les anciennes générations au détriment du grand nombre...

    Si on ne peut pas sauter de A en E en matière d’exigences démocartiques, on ne doit pas non plus commencer à compter de Z à A pour certains (le grand nombre) et de A,K,Z pour d’autres (le groupucule). L’alphabet doit être uniforme pour tous.

    C’est dire que si l’on ne peut pas demander au Gouvernement de faire des efforts en matière d’exigences démocartiques parce que l’Afrique serait encore à ses années de balbutierment, alors ne dites pas non plus, aux commerçants qu’ils ont le droit de spéculer pour chercher du profit en affammant le peuple, en faisant de la surenchère de prix....parce que le peuple aussi n’est pas prêt pour faire face aux dures lois du marchés de la demande et de l’offre des temps modernes....

    Quelles sont ces manières ? Quand il s’agit de sa responsabilité, le Gouvernement crie, on me demande trop....ma situation ne me permet pas de respecter mon engagement....Je ne suis encore prêt....Mais quand il s’agit des autres, c’est à dire d’une garnde partie du peuple, on crie au respect des règles du jeu....

    SVP, ayez pitié un jour du peuple qui ne demande qu’à avoir deux repas par jour pour vaguer tranquilement à ses occupations....SVP...

  • Le 3 juillet 2009 à 15:04 En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    Merci aux journalistes de Sidwaya pour leurs questions pertinentes. Cela permet de découvrir davantage nos hommes politiques. J’avoue que j’ai été édifiée par les réponse du ministre et cela me conforte dans ma pensée qui est que j’aime le Burkina mais je déteste ses politiciens actuels. Ils nous font honte.

  • Le 3 juillet 2009 à 15:09 En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    Bonjour Monsieur le Ministre, avec tout le respect que je vous dois, je me permets de réagir à des aspects de vos propos et pour essayer de vous laisser percevoir votre réelle personnalité selon certaines personnes qui prétendent vous connaître.

    A vous écouter, vous apparaissez comme un homme parfait : modeste mais grand connaisseur très intelligent, averti et aguerri sur tous les sujets, réfléchissant plus que les autres avant d’agir, innocent et inoffensif, capable de se surpasser, ouvert et acceptant le dialogue et les contradictions, privilégiant l’intérêt général sur l’intérêt personnel, l’un des rares citoyens à aimer son pays…Cependant, certaines personnes qui prétendent vous connaître à travers vos faits et non vos dires, vous attribuent exactement le contraire de certains des traits caractéristiques que vous voulez vous imputer.

    J’ai été souvent témoin que l’on vous accuse de mégalomane suspicieux, plein de préjugé sur les autres, ne croyant qu’à lui et lui seul, admettant très très difficilement son tord ou ses erreurs (cf les brigades forestières que vous aviez créées envers et contre toutes les mises en gardes de vos collaborateurs), d’être rancunier et revanchard, détestant les personnes ambitieuses qui prétendent connaître comme vous, obsédé à montrer que les autres ont toujours tord et que vous vous avez toujours raison, d’être impardonnable pour ceux qui arrivent à prouver votre tord sur un sujet donné, d’être adepte d’un état trop interventionniste et de dirigeant trop dirigiste. Vos rencontres régulières que vous instituez ne seraient que du folklore et des instances où l’on devrait applaudir tous vos actes, les avis des autres ne compteraient que comme du beurre devant votre seule volonté. Il semble que vous fulminez de colère devant certains avis que l’on ose opposer aux vôtres ? Et lorsque vous arrivez à vous maîtriser sur place, la rancune n’est pas pour autant pour s’estomper le lendemain. J’espère que les gens exagèrent.

    Lorsque vous suggérez que les cultures soient définies en fonction des zones, c’est beau et cela vous fait apparaître rationnel, mais il convient de vous rappeler qu’il n’appartient pas à l’Etat de dire aux gens ce qu’ils doivent cultiver ou pas. Le rôle de l’Etat est de prendre des mesures incitatives pour tout promoteur agricole, et dans certains cas qui doivent être limités, de démontrer par des exemples. Il revient aux promoteurs privés de choisir leurs spéculations en fonction du marché, d’autres facteurs et d’autres raisons qu’eux seuls connaissent et vivent. De toute façon les gens sont dotés de raison et personne n’entreprend une activité pour perdre.

    Je ne puis épuiser mes observations dans ce forum, mais mon souhait est que vous fassiez un effort pour être réellement comme l’image que vous voulez donner de vous. N’allez pas croire surtout que je suis un adversaire politique…..Croyez en ma sincérité en disant vouloir de votre bien….
    Fraternelement

  • Le 3 juillet 2009 à 16:28, par Passek taalé En réponse à : Reponse

    "Dans un pays il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient" voilà qui est bien dit et nous n’en doutons point Monsieur le ministre mais il en demeurt une préoccupation pour moi et pour bien d’autres je l’espère.L’amalgame ici est entre "des générations qui se sacrifient" et "des générations qu’on décide déliberement de sacrifier à l’autel de la corruption, de la gabegie, du laxisme, du "je m’en foutisme" et d’ailleurs on est au Faso et quand ton derrière est bien soudé tu peux te permettre certaines choses. Sans vouloir créer d’amalgames il serait mieux de regarder l’herbe qu’on a à brouter sous nos pieds que de nous divertir en citant comme exemple d’autres Etats souverains au risque de faire de l’ingérances. Les étudients sont étendus, la jeunesse au Faso souffre et nos braves paysans ont besoin de plus de soutiens. On ne demande pas à celui qui n’a rien de se sacrifier car en un mot ce serait se moquer de sa misère. Que ceux d’en Haut fassent plus de sacrifice pour ceux qui sont en Bas. Le peuple a faim et parfois se croit délaissé alors Pardonner pensez Réellement a nous

  • Le 3 juillet 2009 à 16:47, par robert En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    MR LAURENT SEDEGO EST UN GRAND HOMME CES REPONSES SONT UNE PISTE UNE FACON DE VOIR L ACTION GOUVERNEMENTALE BURKINABE MAIS UN HIC DEMEURE CROIT IL LUI MEME A CE QU IL NOUS BALANCE ? TEL EST LA QUESTION

  • Le 3 juillet 2009 à 18:00, par mytdbakèta En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    voici un ministre qui au moins ne tourne pas autour du pôt,et cela s’explique en parti par son parcours et sa formation de base.Il semble de pas danser en diection des épineux lorsque le tambourinier utilise une faucille pour battre son tambour.
    Evidemment pour paraphraser un acteur de cinéma je dirai qu’il est est bon chanteur dans une chorale ou on entonne de mauvaises chansons.Il assume, il reconnait qu’il peut se tromper. Ils sont combien dans notre landerno politique à reconnaitre leur tord et ne pas utiliser la méthode dite CDR qu’affectionnent certains gourous du parti majoritaire. Et pourtant il fût un CDR bon teint.Il préconise le dialogue, mieux il reconnait la liberté bien comprise des commerçants des céréales à fixer leur prix. Tout cela est intéressant si nous étions dans un pays ou tout le monde optait pour la transparence en tout lieu et en tout temps.Mais Monsieur le ministre est un peu idéaliste ; Ce qui est une bonne chose en soi.Mais là ou j’aurai voulu qu’il soit indulgent c’est ce qu’il considère comme l’intrangigence des syndicats. Cela peut aussi s’expliquer par ce qu’ils voient autour d’eux ; "affaire sanyou demande" .vous connaissez cette expression ?leurs militants voient des réussites qui ne s’expliquent pas par l’effort et le travail bien fait ,mais par des accointences, des parentées etc.Et pourtant, burkinabe que nous sommes nous devions partout et pour tout être logés à la même enseigne.Les chances taillées sur mesure ne sont rien d’autre que la corruption et le favoritisme. Je suis certain qu’en vrai révolutionaire, il comprend cela mais militaire il se doit de parler avec réserve.Un aspect sur lequel je ne le suis pas totalement c’est celui du libre choîx des populations pendant les élections fussent elles présidentielles.Ma question est la suivante, pour celui qui a faim, à partir de quand fait on le choix entre le pain d’aujourdhui et la promesse d’un futur meilleur. Vous savez nos parents ne disaient t-ils pas "je ne vais pas planter un manguier parceque je risque de mourrir sans en manger les fruits". Demain s’arrête à la taille du grenier qu’on a rempli aujourd’hui pour nourir sa famille. Tout le reste c’est comme disait mon oncle " dmi ti sida kaî yé lad sin datin ndî nda ki kom". Le chemin reste long pour faire de nos populations des personnes conscientes de leur choîx politique. De même on sait que de le monde et pour toute l’humanité, les changements sont nées des reflexions d’un individu ou de de groupe d’individus qui ont du payer de leur vie pour voir triompher les idées qu’ils ont émises (confère Thomas Sankara et la révolution d’AOUT 83).Même pour cela L’usage qu’on fait de ces idées laisse à désirer. Concernant la reflexion sur les orientations en matière de politique agricole, la meilleure c’est d’accompagner les agriculteurs dans leur choîx tout en évitant le folklore qui caractérisent certains lancements de projets.Aussi là ou visiblement les gens veulent faire des culture de contre saison leur garantir de l’eau pendant le temps que dure le cycle végétatif des spéculations faites, l’on veut faire de l’élévage soyez à l’écoute de celui qui trime parce que les aliments à bétail sont vendus ailleurs au plus offrants ; la sofitex c’est avant un outil de développement du burkina et non un fond de commerce et j’en passe.Vous pouvez réussir dans votre mission si à coté, les amis d’aujourd’hui, les manges mils ne suivaient pas vos pas pour picorer les grains que vous mettez en terre.

    • Le 3 juillet 2009 à 19:15 En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

      ...ne pas utiliser la méthode dite CDR qu’affectionnent certains gourous du parti majoritaire. Et pourtant il fût un CDR bon teint.Il préconise le dialogue, mieux il reconnait la liberté bien comprise des commerçants des céréales à fixer leur prix
      je me permets de demander a comprendre ce que vous voulez dire par la. Il me semble trop facile aujourd’hui pour tout le monde de critiquer cce que furent les CDR et ce qu’ils firent. Loin d’absoudre les CDR (ou tout autre personne ou organisation sous le CNR, il est important de se remettre dans le contexte de l’époque et de relire les assises des CDR et les discours de snkara (et ceux qui l’ont critiqué a ce propos). Parce sedego fut quelqu’un q ui a eu de lourdes responsabilités durant la revolution je ne peux pas accepter ce langage qu’il vient tenir aujourd’hui : il faut savoir ce qu’on veut (j’imagine qu’il le sait !!!)
      un simple mamadou

  • Le 3 juillet 2009 à 18:01, par dugu lamini sadjan En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    A monsieur le Ministre Sedgo,
    J’ai vraiment apprécié votre clairvoyance dans tout ce que vous avez dit à propos du secteur de l’agriculture même si les aléas de la nature décident toujours à notre place après 40 années d’indépendance. Et ça, vous n’y pouvez rien, c’est un problème africain que Sarko a lâché à la face noire de tout un continent. Nous sommes mal partis.
    Concernant le cas de l’Université, vous êtes un peu à côté de la plaque. Les revendications, vous le savez bien sont légitimes, et si vous nous emmenez le cas des ministres, nous pouvons vous répondre également qu’il suffit d’établir les rapport entre ce qu’un ministre gagne et ce qu’un enseignant d’université gagne dans les mêmes pays de comparaison. Il n’y a qu’au Burkina que cette différence est criarde à tel point que certains enseignants n’hésitent pas à entrer au gouvernement pour terminer leur maison. La situation de l’enseignant d’université est critique. Avec un doctorat au recrutement (Bac + 9 dans les sciences sociales), vous êtes payés à 86 000 frcs. Malgré toute la volonté qui vous anime, personne ne peut vous comprendre. Vous venez de faire une thèse et vous savez ce que ça vaut. Demandez à vos frères qui ont fait le même chemin avant vous, ils peuvent vous raconter leur galère. Posons balle à terre et regardons bien les choses en face. Le Burkina est à la pointe de la recherche scientifique. Il ne faut pas croire que les recherches comme les OGM, le palu, l’archéologie, les langues… sont menées par des chercheurs venus d’ailleurs comme cela se voit dans les autres pays. Il y a rare de spécialiste (extérieur) d’une question du Burkina qui n’a pas son collègue au pays. Le Pr. Basile Guissou vous a bien dit que nous sommes bien classés en Afrique et il suffit de demander au CAMES, nous avons les meilleurs candidats à toutes les sessions. Nous avons une autre chance, celle d’avoir des chercheurs et enseignants chercheurs qui n’ont autre ambition que de faire avancer la recherche et c’est bien cette catégorie qui est à la base des revendications. Ils ne veulent pas de nomination pour acheter voiture, maison, maîtresses… Ils veulent travailler et être payé en fonction de (Karl Max). Vous voyez monsieur le ministre, si l’on ne prend pas garde, on risque de voir nos chercheurs aller soit au gouvernement soit à l’assemblée pour ne plus avoir la possibilité de s’investir correctement dans l’édification de la nation. Autant nous pouvons dépenser de l’argent pour entretenir des institutions comme l’assemblée nationale, le CES, le médiateur, le CSC… dont les impacts sont très peux visibles sur la vie nationale, autant nous pouvons investir dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le pays qui a vu naître Ki-Zerbo ne doit pas hypothéquer son avenir par des spéculations. Tous les efforts consentis dans l’enseignement primaire n’auront aucun résultat sérieux sans une recherche conséquente sur le développement de l’éducation et cette compétence n’est pas au MEBA mais à la recherche. Donc, gérons au mieux le peu que nous avons. Les Etats-Unis dominent le monde non pas à coup de Coca Cola (pas de pub) mais par les progrès réalisés grâce à la recherche. Nous n’avons donc pas le choix, c’est « chercher pour périr ».

  • Le 3 juillet 2009 à 20:21, par Bello En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    J’ai trouvé cet interview intéressant que j’ai bien pris soin de le lire en intégralité. Des réponses dignes sont apportées à certaines questions mais d’autres ont été esquivées. Il est important de souligner quand même la gravité liée à certains manques de prévision. Car ceci est le rôle de l’État.Dire que l’université était construite pour 3500 étudiants et que maintenant on en dénombre 35000 pour le même espace est vraiment signe que la prévision est absente. N’est ce peut être pas de l’incompétence ? N’enfonçons pas le clou en disant que la démographie est imprévisible, le plan de développement d’un pays devrait reposer sur ces prévisions démographiques. Ne marchons pas à l’aveuglette car cela peut être fatale puisque nous compromettons l’avenir de notre descendance. Par ailleurs, sur le silence du président, je le trouve personnellement exagéré. Dire qu’il délègue son premier ministre et lui charge de tout n’est pas de la démocratie. Il n’est pas un responsable de ressources humaines d’une entreprise. Il est le président de la république donc le commandant de bord. Il est tenu quand même de dire au peuple dans quelle position il se trouve et où il le conduit et par où il passe.En un mot rendre compte. Je n’oublie pas de saluer par contre le courage de Mr SEDEGO et ses réflexions philosophiques intéressantes. Le pays tend de plus en plus vers la démocratie mais des efforts restent à faire.

  • Le 5 juillet 2009 à 20:01, par Koumbem Tipousga En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    Bonjour.
    J’avais beaucoup d’estime pour ce monsieur, mais helas, je déchante. C’est incroyable ce qu’il dit de l’UO. Lui-même devrait enseigner avant qu’on ne l’appelle au gouvernement. S’il avait été enseignant, c’est sûr que ces enfants ne seraient pas partis. Il faut être honnete. J’ai plus lu un politicien qu’un militaire.
    Nous savons tous que les ministres gagnent beaucoup d’argent en dehors de leur traitement. Tout le monde subit la pression des parents quelque soit sa situation.
    Le député doit avoir environ 1500000 par mois, pourquoi s’il est nommé ministre, même délégué, il quitte pour dire qu’il est appelé à de hautes fonctions alors que le salaire du ministre tel que nous le connaissons ne vaut pas un million cinq.
    monsieur le ministre, merci pour votre longue interview, mais souffrez que nous soyons aussi intelligents pour savoir.
    Les grands philosophes de la Cote d’ivoire comme les Yamké ont soutenu l’ivoirité et voila la suite.
    On vous regarde continuer de manger et de fermer les yeux sur les réalités. Le reveil sera douloureux.
    Merci encore.

  • Le 8 juillet 2009 à 14:26, par Kon Ndoungtouly En réponse à : Laurent Sédogo, Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques : « Dans un pays, il faut des générations qui se sacrifient pour que les autres bénéficient »

    Oui Mr le Ministre ! l’alternance ne se décréte pas ,elle se prépare c’est pourquoi comme une alerte sonnée et bien avant le forum sur l’alternance du groupe Zeph DIABRE il eu plurieurs foras ici au Faso pour attirer l’attention qu’il est tps que le peuple se réveile . même si l’ampleur médiatique n’a pas atteint ce parogxisme , reconnaissons que le réveil s’approche.
    C’est de bonne guerre ,toutes les vérités ne se disent pas n’est pas ?
    Alors qu’on arrêtte de nous chanter que c’est le peuple qui doit se prononcer au travers de ces urnes qui sont déjà bourées .
    N’est il pas mieux d’avoir un peuple déjà conscientisé que la furie de peuple un beau jour ?

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