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Patrimoine mondial de l’UNESCO : Les 13 nouveaux sites inscrits

Publié le mercredi 1er juillet 2009 à 00h38min

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Le Comité du patrimoine mondial, réuni pour sa 33e session à Séville en Espagne, a inscrit 2 nouveaux sites naturels et 11 sites culturels sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il a aussi procédé au retrait d’un site de la liste, la vallée de l’Elbe à Dresde en Allemagne. Le patrimoine mondial de l’UNESCO compte désormais un total de 890 sites.

Durant cette session qui a pris fin le 30 juin 2009, trois nouveaux venus ont rejoint les rangs des pays qui ont des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial pour leur valeur universelle remarquable. Il s’agit du Burkina Faso, du Cap-Vert et du Kirghizstan. Notre pays y a en effet inscrit à l’unanimité, les ruines de Loropéni. L’inscription de ce premier site burkinabè est le fruit d’une volonté politique affichée au plus haut niveau, d’une forte implication de chercheurs et d’experts de tout bord de la sous-région et de l’Europe et d’une grande détermination du ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication.

Bâties sur un espace de 11 130 m2, les ruines de Loropéni, de formes quadrangulaires partie d’un lot de ruines répertoriées dans le pays lobi. Elles sont les mieux préservées des dix forteresses que compte la région du Lobi. Elles s’inscrivent dans un ensemble plus large d’une centaine d’enceintes en pierre, reflétant la puissance du commerce transsaharien de l’or. Vieilles d’au moins mille ans selon des découvertes récentes, ces ruines sont situées près des frontières de la Côte d’Ivoire et du Ghana. L’emplacement a été occupé par les Lohron ou les Koulango, qui contrôlaient l’extraction et la transformation de l’or dans la région à l’apogée de cette exploitation aurifère (XIVe au XVIIe siècle).

Le site reconnu de valeur universel conserve encore beaucoup de secrets que pourront révéler des fouilles archéologiques supplémentaires. Loropéni semble, au regard des recherches avoir connu plusieurs niveaux d’occupations et d’abandons dont le dernier, définitif, est intervenu entre le début et le milieu du XIXe siècle. Son inscription ouvre une ère nouvelle pour le rayonnement culturel de notre pays au plan international. Il favorisera le développement du tourisme au Faso et genèrera des dévisses importantes pour le développement national. Pour le ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Filippe Savadogo, “cette reconnaissance de Loropéni est une longue marche pour le respect, une marche qui a abouti à la reconnaissance de notre patrimoine culturel, nous apportant beaucoup plus de confirmation de nos identités culturelles. Cela nous donne une légitime fierté d’appartenir à une même communauté de destin. La reconnaissance de ce site comme bien d’importance universelle, signifie qu’il n’appartient plus uniquement au Burkina Faso mais à tous les peuples du monde auxquels sa protection incombe désormais”.

Outre Loropéni le comité a inscrit au niveau de l’Afrique, Cidade Velha, Centre historique de Ribeira Grande (Cap-Vert). La ville de Ribeira Grande, rebaptisée Cidade Velha à la fin du XVIIIe siècle, a été la première ville coloniale construite par les Européens sous les tropiques. Située au sud de l’île de Santiago, elle conserve une partie de son tracé ferroviaire et d’importants vestiges, dont deux églises, une forteresse royale et la place du Pilori avec sa colonne de marbre de style manuélin.

Autres sites culturels inscrits cette année sur la liste du patrimoine mondial, le Palais Stoclet (Belgique). Conçu en 1905 à la demande du banquier et collectionneur Adolphe Stoclet par l’un des chefs de file du mouvement artistique de la Sécession viennoise, l’architecte Josef Hoffman, ce Palais a été réalisé sans limite financière ou esthétique. Avec leur géométrisme épuré, le palais et le jardin (terminés en 1911) marquent un changement radical au sein de l’Art nouveau, changement qui annonce l’Art déco et le mouvement moderniste en architecture. Le Palais Stoclet est une des réalisations les plus abouties de la Sécession viennoise. Il abrite des œuvres de Koloman Moser et de Gustav Klimt, liées à la conception du Gesamtkunstwerk (architecture, sculpture, peinture et arts décoratifs s’intègrent dans une même œuvre). Il témoigne du renouveau artistique de l’architecture européenne et présente un haut niveau d’intégrité dans ses dimensions d’architecture extérieure, d’architecture et de décoration intérieures, avec des meubles et objets originaux.

Le Mont Wutai (Chine), également inscrit, avec ses cinq plateaux est l’une des montagnes sacrées du bouddhisme. Ce paysage culturel compte 53 monastères, dont la grande salle orientale du temple de Foguang, le plus haut placé des édifices en bois de la dynastie Tang qui ait survécu, avec ses sculptures d’argile grandeur nature, et le temple de Shuxiang de la dynastie Ming, avec un vaste ensemble de 500 statues “suspendues” représentant des légendes bouddhiques tissées dans des images en trois dimensions de montagnes et d’eau.

Globalement, les bâtiments du site présentent un catalogue du développement de l’architecture bouddhique et de son influence sur la construction palatiale dans une grande partie de la Chine pendant plus d’un millénaire. Le Mont Wutai, littéralement le mont aux cinq terrasses, est la plus haute montagne du Nord de la Chine. Sa forme naturelle remarquable est caractérisée par des versants escarpés et les cinq sommets dénudés et arrondis. Les temples ont été construits depuis le 1er siècle apr. J.C et jusqu’au début du XXe siècle.
La Tour d’Hercule (Espagne), tout nouveau sur la liste ou Le Farum Brigantium, à l’époque, a été construit par les Romains à la fin du 1er siècle après J.C. Situé à l’entrée du port de la Corogne, ce phare monumental (55 m) est construit sur un rocher représentant déjà une altitude de 57 m. La Tour s’élève sur trois niveaux de plus en plus restreints. Le premier correspond à la structure du phare romain. A la base, se trouve un petit bâtiment romain rectangulaire.

Le site comporte aussi un parc de sculptures, ainsi que les pétroglyphes du Monte dos Bicos datant de l’âge du Fer et un cimetière musulman. Les fondations romaines du phare ont été dégagées lors de fouilles menées dans les années 1990. De nombreuses légendes accompagnent l’histoire de la Tour au Moyen Age au XIXe siècle. C’est le seul cas de phare de l’Antiquité gréco-romaine véritablement conservé et toujours en activité.
Le comité a aussi inscrit le système hydraulique historique de Shushtar (Iran). Ce chef d’œuvre du génie créateur humain aurait été entrepris dès Darius le Grand, au Ve siècle av. J.-C. Il s’agit de deux grands canaux de dérivation des eaux de la rivière Kârun. L’un d’entre eux, le canal Gargar, fournit encore de l’eau à la ville de Shustar par une série de tunnels et fait fonctionner tout un ensemble de moulins. Après une falaise spectaculaire, l’eau tombe en cascades dans le bassin aval, avant d’entrer dans la plaine au Sud de la ville, où elle a permis le développement de vergers et de terres agricoles sur une surface de 40 000 ha. dénommée Mianaâb (Le paradis). Le bien comprend des lieux remarquables, dont le château Salâsel, centre de contrôle de tout le système hydraulique, la tour Kolâh-Farangi qui mesure le niveau de l’eau, des barrages, ponts, bassins et moulins. Il témoigne du savoir-faire des Elamites et Mésopotamiens, ainsi que de l’expertise plus récente des Nabatéens et de l’influence du génie civil romain.

Le Kirghizistan, nouveau venu

Egalement reconnue comme valeur universelle, la Montagne sacrée de Sulamain-Too (Kirghizistan). Le site domine le paysage de la vallée du Fergana et forme l’arrière-plan de la ville d’Osh, au croisement d’importantes routes de la soie d’Asie centrale. Pendant plus d’un millénaire et demi, Sulaiman-Too a été un phare pour les voyageurs, une montagne sacrée révérée de tous. Ses cinq pics et ses flancs abritent de nombreux anciens lieux de culte et des grottes ornées de pétroglyphes, ainsi que deux mosquées plus tardives (XVIe siècle) et largement reconstruites. Sur le site, on a recensé 101 emplacements comportant des pétroglyphes représentant humains, animaux ou formes géométriques. On y trouve aussi de nombreux sites rituels dont 17 sont encore utilisés. Dispersés autour des pics, ils sont reliés par des sentiers et sont associés à des croyances : cures soignant la stérilité, les migraines, le mal de dos et accroissant la longévité. Ce lieu de vénération mélange croyances préislamiques et islamiques. Le site est un parfait exemple de montagne sacrée d’Asie centrale, révérée pendant des millénaires.

La ville sacrée de Caral-Supe (Pérou) a aussi désormais le privilège de figurer sur la liste du patrimoine mondiale. Ce site archéologique qui s’étend sur 626 ha est situé sur un plateau désertique aride en surplomb de la verdoyante vallée de Supe. Il date de la période archaïque tardive des Andes centrales, il y a 5 000 ans, et il s’agit de la plus vieille cité de ce type aux Amériques. C’est un site impressionnant en termes de conception et de complexité de ses éléments architecturaux et spatiaux, notamment de ses monumentales plateformes de pierre et de terre et de ses cours circulaires creuses. Caral, qui n’est qu’un des 18 établissements urbains de la zone, est particulièrement bien préservé. On y trouve une architecture complexe et monumentale, notamment six grandes structures pyramidales. Un quipu (une corde à laquelle plusieurs autres cordelettes nouées étaient attachées, servant à enregistrer et transmettre des informations dans les Andes) retrouvé sur place témoigne du développement et de la complexité de la civilisation de Caral. Pendant sa période d’occupation, soit environ 1 000 ans, Caral fut plusieurs fois remodelé. Le plan de la ville et certaines de ses composantes, notamment les structures pyramidales et le groupe résidentiel de l’élite, témoignent de fonctions cérémonielles, traduisant la puissance de ce que l’on pourrait qualifier d’idéologie religieuse.

Les Tombes royales de la dynastie Joseon (République de Corée) que le comité vient d’inscrire est un ensemble de 40 tombes réparti sur 18 sites différents. Les tombes royales ont été construites sur plus de 5 siècles, de 1408 à 1966. Elles visaient à honorer la mémoire des ancêtres, saluer leurs réussites, asseoir l’autorité royale, protéger les esprits ancestraux du mal et offrir une protection contre le vandalisme. Des endroits particulièrement beaux ont été choisis pour les tombes. Protégées sur l’arrière (elles sont au milieu d’un versant), elles sont orientées vers le sud, face à un cours d’eau et, idéalement, face aux chaînes de montagnes au loin. Outre la zone funéraire, les tombes royales comportent une zone de cérémonie et une zone d’entrée. En plus des monticules funéraires, les édifices associés font partie intégrante des tombes royales : le sanctuaire en bois en forme de T, l’abri des stèles, la cuisine royale, la maison des gardiens, la porte à pointe rouge et la maison du gardien des tombes. L’extérieur des tombes est orné d’objets en pierre, notamment des représentations humaines ou animales. L’inscription des tombes royales de la dynastie Joseon complète deux séries de tombes royales déjà inscrites sur la liste du patrimoine : les zones historiques de Gyeongju (République de Corée) et l’Ensemble des tombes de Koguryo (République populaire démocratique de Corée).

Le Pont-canal et le canal de Pontcysyllte (Royaume-Uni), nouveaux biens du patrimoine mondial sont situés au Nord-Est du pays de Galles. Les 18 km du canal de Pontcysyllte représentent un exploit du génie civil de la Révolution industrielle. Achevé au début du XIXe siècle, le canal surmonte d’importantes difficultés géographiques. Sa construction a demandé des travaux de génie civil importants et audacieux car il s’agit d’un ensemble d’un seul bief, sans aucune écluse. Le pont-canal, conçu par le célèbre ingénieur Thomas Telford, est une œuvre pionnière par ses choix technologiques et sa hardiesse architecturale. Le recours à la fonte et au fer forgé a permis la réalisation d’arches légères et résistantes, ce qui confère au pont-canal une allure monumentale mais élégante. Le bien est inscrit en tant que chef-d’œuvre du génie créateur humain et remarquable synthèse de l’expertise européenne de cette époque. Il s’agit aussi d’un ensemble innovateur qui a inspiré bien d’autres projets un peu partout dans le monde.

Enfin, derniers biens culturels inscrits cette année, La Chaux-de-Fonds / Le Locle, sont un ensemble d’urbanisme horloger (Suisse). Implantés dans les montagnes du Jura suisse, sur des terrains peu propices à l’agriculture, ces deux villes voisines illustrent un développement urbain original qui reflète les besoins d’organisation rationnelle de la production horlogère. Planifiées au début du XIXe siècle, après trois grands incendies, les villes sont entièrement destinées à cette production. Leurs tracés selon un schéma ouvert et en bandes parallèles, imbriquant l’habitat et les ateliers, correspondent aux besoins de la culture professionnelle horlogère qui remonte au XVIIe siècle mais se maintient encore aujourd’hui. Le site constitue un remarquable exemple de villes ordonnées par une activité mono-industrielle, bien conservées et toujours en activité. La planification urbaine des deux villes s’est adaptée au passage d’une production artisanale avec travail à domicile à une production manufacturière plus intégrée, avec les usines de la fin du XIXe et du XXe siècle. Quand il analyse la division du travail dans Le Capital, Karl Marx prend comme exemple l’industrie horlogère du Jura suisse et invente à propos de La Chaux-de-Fonds le terme de “ville-manufacture”.

Le Comité a aussi inscrit des sites naturels cette année sur la liste du patrimoine mondial. Il s’agit d’abord de la mer des Wadden (Allemagne / Pays-Bas). Ce site comprend l’Aire de conservation de la mer des Wadden néerlandaise et les Parcs nationaux allemands de la mer des Wadden de Basse-Saxe et Schleswig-Holstein. Cet écosystème tempéré de zones humides côtières est le fruit d’interactions particulièrement complexes entre des facteurs physiques et biologiques. On y trouve une multitude d’habitats de transition : chenaux à marée, bancs de sable, prairies d’herbe marines, moulières, barres de sable, vasières, marais salés, estuaires, plages et dunes. Le site inscrit représente près de 66% de l’ensemble de la mer des Wadden. L’endroit héberge de nombreuses espèces de plantes et d’animaux, dont des mammifères marins comme le phoque commun, le phoque gris et le marsouin commun. Il s’agit aussi d’un site de reproduction et d’hivernage pour plus de 12 millions d’oiseaux par an. Pour 29 espèces d’oiseaux, la mer des Wadden accueille plus de 10% de la population migratrice. Le site est un des derniers écosystèmes intertidaux naturels à grande échelle où les processus naturels se poursuivent de manière quasi non perturbée.

Il y a ensuite, les Dolomites (Italie), cette chaîne de montagnes, située dans le Nord des Alpes italiennes. Elle compte 18 sommets de plus de 3 000 mètres. Le site couvre 141 903 ha et constitue un des plus beaux paysages de montagne du monde, caractérisé par des murailles verticales, des falaises abruptes et une forte densité de vallées très étroites, longues et profondes. Le bien comprend neuf éléments représentatifs de la diversité de ces paysages spectaculaires - pics, pinacles, murailles - qui sont d’importance internationale pour la géomorphologie. On y trouve aussi des reliefs glaciaires et des systèmes karstiques. Le tout est caractérisé par une nature dynamique avec de fréquents éboulements, inondations et avalanches. Le bien présente aussi un des meilleurs exemples de préservation de systèmes de plateformes carbonatées du Mésozoïque, incluant des registres fossilifères.

Des sites ont par ailleurs vu leurs inscriptions connaître des extensions sur la liste du patrimoine mondial. C’est le cas de la Grande Saline de Salins-les-Bains (France) qui a exploité depuis le Moyen Age, et vraisemblablement avant, des saumures. Elle a été inscrite en tant qu’extension de la Saline d’Arc-et-Senans, construite par Claude-Nicolas Ledoux. Le site s’intitule désormais De la Grande Saline de Salins-les-Bains à la saline royale d’Arc-et-Senans, la production de sel ignigène. L’extension comprend trois bâtiments : magasins à sel, bâtiment du puits d’Amont et un ancien logement. Elle est reliée à la saline d’Arc-et-Senans et témoigne de l’histoire de la production de sel en France.
Le Parc naturel des récifs de Tubbataha est lui maintenant une extension du Parc marin du récif de Tubbataha, inscrit sur la liste du patrimoine en 1993. Avec cette extension, ce site de la province de Palawan (Philippines) va voir sa superficie tripler.

Levo_a (Slovaquie) a été inscrite en tant qu’extension de Spi_sk_ Hrad et les monuments culturels associés. Le site étendu s’intitule : Levo_a, Spi_sk_ Hrad et les monuments culturels associés. Le centre historique de la ville de Levoca a été fondé au cours des XIIIe et XIVe siècles, au sein d’une enceinte fortifiée. L’essentiel du site a été préservé et on y trouve l’église Saint-Jacques avec ses dix autels du XVe et XVIe siècles, une collection remarquable de retables en bois polychromes de style gothique tardif, dont le maître-autel à retable, de 18,6 m de haut, édifié vers 1510 par Maître Paul.

Un site retiré de la liste

Pour la deuxième fois dans l’histoire de la Convention du patrimoine mondial, adoptée en 1972 par l’UNESCO, un site a été retiré de la liste du patrimoine mondial. Il s’agit de la vallée de l’Elbe à Dresde (Allemagne) que le comité a retiré cette année pour n’avoir pas su conserver sa valeur universelle exceptionnelle qui lui avait valu son inscription sur la liste, suite à la construction d’un pont à quatre voies au cœur de ce paysage culturel.

Victorien A. Sawadogo

Sources : UNESCOPRESSE

- N.B. : Les images des sites étrangers inscrits sont également extraites de la collection de la Photobanque de l’UNESCO.

Sidwaya

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