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Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

Publié le mercredi 17 juin 2009 à 02h10min

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Ce qui s’est passé hier sur l’avenue du Défilé n’est pas sans rappeler les derniers hommages rendus au souverain chérifien Hassan II en 1999 : on y revoit les présidents Bill Clinton, Jacques Chirac, et d’autres dirigeants des pays du monde entier suivant la dépouille mortelle du roi que côtoyaient alors l’actuel monarque, M6, et le prince Sidi Mohamed.

Omar Bongo Ondimba, décédé officiellement le 8 juin 2009 à Barcelone, a eu droit à ce que Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, Blaise Compaoré, François Bozizé, Denis Sassou Nguesso, Obiang N’Guema.... s’inclinent sur sa dépouille mortelle. Au total une quinzaine de chefs d’Etat ont fait le déplacement à Libreville pour dire adieu à leur collègue, et Dieu seul sait que certains lui doivent en partie soit leur accession à la magistrature suprême, soit la consolidation de leur pouvoir.

Grand homme, OBO l’était même si en bon Bantou du sud-est du Gabon, il était petit de taille et avait donc une prédilection pour les chaussures à haut talon, ça donne toujours quelques centimètres de plus. Partisan du dialogue, il parvenait toujours au moyen de palabres et de mallettes d’argent à domestiquer ses opposants. Sans oublier ses médiations dans les brûlots qui essaiment en Afrique. Seule ombre à son tableau : la manne pétrolière n’a pas profité au million de ses compatriotes mais à lui, à sa famille et à ses proches.

Ce n’est donc pas sans raison que le Gabon a décrété un deuil national de 30 jours. A la différence du deuil officiel, qui ne paralyse pas véritablement sinon en partie les activités sociales et économiques, celui national gèle pratiquement tout puisque tout est en arrêt : les taximen ne roulent pas, épiceries étals et grands magasins ont baissé leurs rideaux, bref les affaires tournent au ralenti. En Afrique, le deuil, surtout s’il est national, met le pays en veilleuse. A l’évidence, le Gabon est sur répondeur depuis le 8 juin 2009. Une africanité qui n’est pas propre au Gabon, car, sous nos cieux partout, il faut vénérer un mort, surtout un patriarche, chef de clan ou de tribu.

Cependant si les écrans des télévisions ont montré des mines déconfites, des visages tristes ou en larmes et des proches qu’on console, les pensées de beaucoup se ramènent à cette équation : qui aura la majorité des suffrages des Gabonais après l’intérim de Rose Rogombe ? Pourra-t-on conjurer en totalité le syndrome togolais ? la France a-t-elle déjà choisi Ali ben Bongo comme on le susurre ? Ce qui expliquerait les huées à Sarkozy son arrivée ? Un tour d’horizon du contexte élimine pour cette fois-ci les opposants Zacharie Myboto et Pierre Mamboundou, deux des adversaires sérieux du défunt.

Tout tournera donc autour de :
- Ali Ben Bongo, qui a l’appareil du parti présidentiel, le PDG, la cote dans la grande muette, dont il était le patron et un trésor de guerre conséquent. Si, de nos jours, l’homme semble ne pas s’y intéresser, ce n’est qu’apparence, et après tout, ne constitue-t-il pas un garant des intérêts français qui y sont toujours nombreux (pétrole, bois, base militaire, donc position géostratégique) ?
- Paul Touingui, le gendre : ce serait le président par défaut, car, de l’avis de ceux qui connaissent le microcosme, OBO aurait préféré que sa fille Pascaline fût un ... homme ; alors il lui aurait remis son sceptre sans hésiter.
- Pascaline Bongo : hypothèse de plus en plus improbable même si elle continuera à jouer un rôle influent dans le sérail.

- Jean Ping : « le Chinois », ex-gendre de Bongo aussi nous confiait en février 2007 à l’Hôtel Martinez sur la croisette, lorsque nous lui demandions s’il fait partie des dauphins putatifs, que « le président OBO n’aime pas parler de sa succession » (1). Paroles de diplomate sans doute, car celui qui est aujourd’hui patron de la commission de l’UA fait bien partie des favoris.

C’est pourquoi cette question de succession dynastico-constitutionnelle chemine avec ces montagnes d’hommages. Des détails seront réglés et concomitamment à la messe de l’évêque de Libreville à l’intention du défunt, se tiendront des messes basses surtout avec Nicolas Sarkozy dans des salons feutrés pour, ne serait-ce qu’écrire le nom du remplaçant de Bongo au crayon. Quitte à ce que le peuple gabonais le rejette dans les urnes ?

Notes :
(1) Confidence faite à l’auteur à l’hôtel Martinez lors du Sommet France-Afrique tenu à Cannes en février 2007.

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2009 à 05:26 En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

    La france exagere. On ne dit pas a une puissance "ex" colonisatrice de nuiire a ces propres interets mais je me dis que la france en fait trop maintenant et poussera les peuples africains qui ont plus muri que nos colons ne l’ ont realise, a la revolte. Dis- donc, ou sommes- nous ? Ainsi donc c’est le retour au royaumes dynastiques, alors ?

    • Le 17 juin 2009 à 10:52, par Paris Rawa En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

      De toute façon, dans la configuration politique actuelle, il n’y a pas de pouvoir exécutif gabonais possible si la France ne le veut pas. Tous le monde sait que pour tenir un pays africain, il faut tenir le cordon de la bourse (finance et économie), tenir le fusil (armée et toutes les forces de sécurité) et imposer sa volonté sans discuter (concentration des pouvoirs). Or il est évident que le Gabon est dans une forme de dépendance financière (CFA) et économiques (grandes entreprises françaises) entretenue avec la France et que son armée n’est qu’un appendice de l’armée française (plus ancienne et plus grande base militaire française en Afrique). Il est donc tout aussi évident que celui qui prétendra exercer officiellement pouvoir au Gabon, devra (officieusement) se faire porter par la puissance qui, réellement, tient déjà en main le cordon de la bourse et le fusil gabonais. Mais publiquement et officiellement, tout cela sera habillé d’une grande apparence de démocratie.

      Qu’à cela ne tienne ! Espérons seulement que celui ou celle qui sera "l’héritier" de fait de OBO soit un fin politique qui sache ruser avec les éternels profiteurs rusés, pour faire de son pays un levier de développement et d’autonomie souveraine pour son peuple et pour les africains en général. Dans un pays aussi riche, il ne suffit pas de distribuer arbitrairement les richesses dans le seul but d’éviter les conflits ethniques pour prétendre ensuite être un grand homme politique : il faut aussi et surtout conduire son pays à répondre à sa véritable vocation nationale et internationale eu égard aux différentes potentialités humaines et matérielles qui doivent participer à la grandeur de la nation. C’est ce qu’il faut souhaiter pour toute l’Afrique. Pour le moment, une chose semble sûre : il y aura continuité au Gabon. Mais si par la suite il n’y a pas de rupture politique, on ne fera que reporter à plus tard la rupture sociale jusqu’à ce que soient réunies les conditions de son expression violente. Que Dieu (et surtout les politiciens inconscients et insouciants) nous en garde.

    • Le 17 juin 2009 à 12:43, par BIC- BANG En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

      Merci mon frère d’avoir réagi. A vrai dire la france exagère. Que disent et font nos intellectuels en Afrique. Disons carrement NON à la France. Qu’elle s’occupe de la france et laisse l’Afrique aux Africains. J’ai honte de voir l’acharnement français. DEBOUT AFRIQUE. DEBOUT GABON et REFUSE LA DICTATURE IMPOSEE PAR LA FRANCE.

    • Le 17 juin 2009 à 14:48 En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

      on a hue Sarkozy. nous commenccons a rentrer dans l’histoire.

  • Le 17 juin 2009 à 10:13, par Koudou En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

    Qui sont ces visages pâles qui transportent l’homme court de libreville ? Sont-ils gabonais ou des français venus amadouer le peuple gabonais ?

  • Le 17 juin 2009 à 11:01, par Mytidbkèta En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

    article interessant et je retiendrai qu’a coté du du faiseur de roi qu’est la France,il y a le peuple qui à travers les urnes peut dire non à une succession dynastique. Mais qui est le peuple en ce moment ou la démarcation financière est devenue une phylosophie des tenants des pouvoirs africains.Cette démarcation permet - 1)de se constituer un trésor de guerre à travers le mot d’ordre lancé en direction de la famille au pouvoir (proche parents , beaux-parents neuveux, cousins etc)
    2) d’affamer le peuple afin de le rendre plus vulnérable et corruptible lors des élections tout en distillant le même message à savoir que de toute façon c’est les même, mieux vaut prendre un 500f contre un bulletin plutôt que de tout perdre quand on a faim,
    3) maintenir le suspens jusqu’à la campagne. En ce moment, on bat le rappel des parents pour sortir les sous avec l’assurance qu’ils seront payés au centuple après les élections.
    C’est au nom de ce peuple là que nos dirigeants parlent. Vous avez parlé du rejet des urnes est ce que vous y croiyez, le souhaitez vous pour les régimes pourri, il ya combien de desks politiques qui comme vous le pensent, eux qui passent la journée à tendre le ’’alla pas moré" au lieu d’ouvrir l’oeil du peuple , ne sont t’ils pas complices de cet état de fait ?
    En réalité ces genres de successions, en afrique finissent toujours par des bains de sang. Aussi que ceux qui ont assez amassé non seulement rendent au peuple son dû mais qu’ils permettent l’avênement de véritables responsables soucieux non pas de leurs ventres mais de l’intérêt du peuple qui veut des écoles et universités fonctionnelles pour leurs enfants, des retenues d’eau pour produire et des routes pour rapprocher les villes et villages. Les distributions d’argent on en a cure car avilissants et abrutissant les individus.

    • Le 17 juin 2009 à 19:37, par Rastapopulos En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

      merci mon frère pour la pertinence de ton analyse. c’est ainsi la réalité des peuples africains. les africains ont été libres la dernière fois en 1300 c’est à dire la période avant l’esclavage. depuis le temps de la traite, notre condition d’esclave ne fait que se dégrader comparativement à l’évolution des besoins de liberté de tout être humain. voyez vous, on intronise quelques individus et on dit que ce sont eux le peuple. Eux aussi ne se gênent pas à dire qu’ils parlent au nom du peuple et le peuple aussi se laisse croire qu’ils parlent pour lui avec les autres communautés, alors que son besoin le plus élémentaire pour être un homme libre (éducation) est froissé et piétiné. les élections viennent encore et le peuple gabonais va croire qu’il a choisi... Pourquoi on ne permet jamais au peuple REEL de proposer ses propres candidats (oublions les histoires de démocratie des partis politiques) et ensuite choisir son représentant ?

      • Le 21 juin 2009 à 07:54, par Twin En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

        la nivaquine est amer à boire. pourtant, il guérit. comprenez que ce qui se passe n’est que la simple manifestation de la société capitaliste dans laquelle nous vivons.seuls les intérêts comptent. et les plus forts écrasent les plus faibles. ainsi va la vie

  • Le 17 juin 2009 à 16:26 En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

    pourquoi ces des blancs, certainement pas des gabonais qui portent le cercueil de l’ Insignifiant gabonais, nous avons notre Insignifiant aussi a Simonville ? si des blancs portent le cercueil d’ un blanc comme negre, peut- etre que ya diamant ddans. Gabonais, ouvrez l’ oeil, et le bon.

    Yam Yiid Naaba.

    • Le 17 juin 2009 à 17:45 En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

      1. Pour repondre á la question : Pourquoi des blancs portent le cercueil du defunt président BOMGO (Paix á son âme) : Il s’agit de la photo du départ du corps de Barcelone (Espagne). Ce sont donc des soldats espagnols qui portent le cercueil.
      2. Je constate que beaucoup de monde parle du Gabon, de son président et de son peuple sans vraiment les connaitre, á commencer par ce journaliste et bien d’autres (RFI, France24, BBC Afrique) qui ne sont qu’á la recherche du sensationnel.
      3. Le deuil national ne veut pas dire que tout est fermé á Libreville, l’administration et le business fonctionnent : le journaliste a-t-il mis les pieds á Libreville depuis le 8 Juin pour affirmer de facon peremptoire que tout est fermé ?

    • Le 17 juin 2009 à 22:23 En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

      Pcq Gombo est un blanc qui ’s est cache sous la peau d ; un noir pour voler et piller le Gabon au profit de son pays,la france, la nation la plus exploitateuse de l’afroique. Sans l’ afrique, la france aujourd’ hui declare la faillite de l’etat.Pvez vous comprendre que malgre l’ or , le diamant, le coton, le cafe-cacao, le petrole qu’ ils nous volent ils soient toujours presque la derniere nation en mnatiere de developpement en europe. France, change de politique. Sinon le reveil va etre douloureux. A bas la franceafrique.

  • Le 17 juin 2009 à 19:39, par dimvädersgatan En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

    Mes freres,reflechisses un peu a ce que vous dite.Ces visages palent que vous voyies sont des militaires espagnoles et cetait lors du rapatriment de la depouille mortelle de OBO au Gabon.Merci.

  • Le 17 juin 2009 à 22:44, par couly En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

    Ce sont des militaires espagnols qui portent la depouille de bongo car on est en ESPAGNE. ils le transportent dans l’avion militaire qui l a ramené de Barcelone a Libreville !!!

  • Le 24 juin 2009 à 13:53 En réponse à : Obsèques de Bongo : Messe et messes basses au palais du bord de mer

    Dimvandergaten or whatever, vous ne reflechissez pas plus que les lecteurs. Attention a ne pas insulter l’ intelligence des gens. Si le journaliste n’a pas fait son travail de clarification, notre reaction est legitime car nous reagissons par rapport a un scheme clair : le Gabon, l’ etat etranger le plus francais. Ce n’est donc pas par ignorance que nous avons reagi ainsi. C’est surtout a vous de reflechir.

    Negrement mais fierement.

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