Les clients des banques de l’Union économique et monétaire ouest africaine peuvent désormais accéder à des crédits moins chers. La BCEAO vient en effet de baisser ses taux directeurs et les coefficients de réserves obligatoires applicables aux établissements de crédit. L’annonce des mesures induites par l’appréciation de la Banque centrale sur l’évolution récente de la situation économique, monétaire et financière des Etats de l’UEMOA a été faite par le gouverneur de la BCEAO qui a animé une vidéoconférence depuis le siège de l’institution monétaire à Dakar (Sénégal).

Pour le gouverneur, Tabley-Dacoury, ces mesures visent à créer les conditions d’une croissance plus forte des économies de l’Union, ramenée du fait de la crise économique de 4,7 à 3,5%. "La Banque centrale a décidé d’adopter une politique monétaire plus accommodante, marquée par un desserrement des conditions monétaires relatives aux taux directeurs et aux coefficients de réserves obligatoires applicables aux établissements de crédit", a-t-il déclaré devant un parterre de journalistes connectés dans les huit agences de la BCEAO. Ainsi, le taux de la pension dégringole de 4,75 % à 4,25 %.

C’est une baisse qui vise à inciter les banques à réduire les taux d’intérêts débiteurs de sorte à rendre le crédit moins cher pour les agents économiques (opérateurs économiques, ménages, entreprises...). L’abattement des taux de réserves obligatoires applicables aux banques concerne le Mali, le Bénin, le Niger et le Sénégal où ils chutent de 15 à 9 %. Dans les autres pays, ils sont maintenus à 7% au Burkina, 5% en Côte d’Ivoire et 3 % pour le Togo et la Guinée Bissau. Selon M. Tabley-Dacoury, la BCEAO souhaite ainsi accroître la capacité d’offre de crédit en libérant des ressources de trésorerie supplémentaire pour les banques. "La Banque centrale vise, par la même occasion, une harmonisation progressive des coefficients des réserves obligatoires applicables aux banques dans les différents Etats membres de l’Union", a indiqué le gouverneur.

C’est une riposte au fait que la banque centrale, qui a mis en place une cellule de veille pour suivre de près l’évolution de la crise, a constaté que les banques accordent moins de crédits probablement à cause de leur frilosité, des craintes et des risques inflationnistes. "On attend une relance de l’activité économique avec un crédit moins cher pour que les agents économiques soient incités à contracter du crédit et surtout à investir", a rassuré le gouverneur de la BCEAO.
C’est une décision qui s’inscrit dans le cadre d’un mouvement d’ensemble observé au plan international par la Banque centrale, a commenté, de son côté, le directeur national de la BCEAO pour le Burkina , Bolo Sanou relativisant toutefois "à problèmes similaires, solutions comparables".

La BCEAO cherche donc à minimiser ou à lever les contraintes de liquidité en vue de créer les meilleures conditions de relance de la machine économique. "Ça passe par ce type de décision car c’est une mesure qui permet à la Banque centrale de restreindre ou de relâcher des ressources en vue d’augmenter les capacités d’une banque. En réduisant les coefficients, on laisse aux banques de la liquidité libre pour faire du crédit", a expliqué M. Sanou. Et ces mesures semblent d’ores et déjà mettre du baume au coeur des banquiers. C’est le sentiment que partage le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF). "C’est une décision salutaire prise par l’autorité monétaire", a apprécié Mamadi Napon. Et c’est tant mieux pour la reprise de la vitalité économique malmenée pour l’instant par la crise économique.

S. Nadoun COULIBALY (cou_nad@yahoo.fr)

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